En ce 8 mai, peu importe l’oubli de la cédille
sur le ruban de la gerbe de roses et d’œillets
je n’ai pas oublié que mon père communiste
m’expliqua la Résistance
me parla des fusillés
me désigna l’Affiche rouge
m’apprit l’Internationale
me raconta Berlinguer
me lut Bertold Brecht
me montra Picasso
me chanta Jean Ferrat
m’emmena au Père Lachaise
me fit lire l’Huma
avec le marteau et la faucille
et avec la cédille
à Parti Communiste Français
père
Le ventre du père
Le ventre du père connait le désert
Ne s’habitue pas au désert
Abhorre le désert
Hurle dans le désert
Déchiré lorsque le train s’en va
Les rails gémissent leur meurtrissure
Quai tremblant
Quai vide
Déserté soudain
Toc toc sur la vitre du train
Sourires arrachés au pas de course
Lampes rouges tout au bout
Talons tournés dans l’autre sens
Quelques minutes à peine et tombe le silence
Enfants partis vers là-haut
Le ventre du père voudrait semer
Récolter en toute saison
Brasser les graines en amples grappes
Le ventre du père
Maudit la coupure
Vomit la fêlure
Le ventre du père rêve de balancelles
De lents baisers aux fronts de miel
De mots apaisés et de temps sans compter
Revienne le temps des locos fumantes
Dans la nuit aux écharpes offertes
Quand le père était enfant ébahi