Le crépuscule lambine

crépuscule

Le crépuscule n’en finit pas de s’éterniser. Comme s’il refusait de laisser la place à la nuit noire. Il s’étire dans l’air doux de mai, il lambine, il palpite de bleu doré. Si je le quitte des yeux, juste une seconde ou le temps d’un battement de paupière ou du passage d’une abeille égarée, le voilà absorbé par l’encre de la nuit. Survient alors l’heure de la chouette. L’écouter hululer puis demander aux étoiles qu’elles guident ses prières.

Premières

2016-04-28 20.10.22

Soudain au-dessus des tilleuls
tout là-haut
les premières hirondelles
envolées à tire d’ailes

Bientôt près du cimetière
tout en bas
les premières lucioles
tournées vers les nuits d’été

Demain vers ne sais quelle heure
autour de nous
les premières prières
lancées vers les cieux et les dieux

Peupliers

peupliers

Peupliers poudrés d’or
que lancent
vos prières vers la lune ?
les entends mais ne les comprends pas
parlerais bien le langage des arbres
il bruisse, grince, craque et gémit parfois
s’agenouiller pour écouter
au pied, là, juste au pied des troncs
puis
se tordre le cou vers les cimes
puis
clore paupières
puis
renifler les écorces
y laisser danser les paumes
guetter encore la montée des psaumes
éprouver ma petitesse

Bill Evans & Chet Baker – Alone Together