Promener dans quelques allées
l’oreille dressée
l’œil attiré
par une sonnette-coq
écouter au portail
tomber sur un transistor
abandonné
pour minutes ou heures
posé sur la machine-à-laver
comprends le proprio
trop souvent l’info servie dans le poste
moins qu’à la télé mais quand-même
me laisse lessivé
happé par la tentation
de la fuite vers le silence-radio
radio
Ravel, Zygel et les Massin
Prends le temps
aussi souvent que possible
de me rendre disponible
à l’écoute de la radio
et de la musique
Ravel hier
et Zygel
Maurice et Jean-François
sur France Inter
Ravel le natif de Ciboure
et sa Rapsodie espagnole
racontée
décrite
détaillée avec gourmandise
par le pianiste et professeur
à écouter
comme on visite un musée
comme on se laisse guider
dans les pas de celui qui éclaire
et permet d’orner ses émotions
de savoir et de comprendre
de faire connaissance
La Preuve par Z de Zygel
ma évoqué un souvenir d’adolescent
captivé je fus, à la télé, en 1970
par Brigitte et Jean Massin
et leur série d’émissions dédiées à Beethoven
à l’occasion du bicentenaire de son anniversaire.
* Pour prolonger la découverte de Maurice Ravel, visiter la page du Lycée Raymond Queneau d’Yvetot, dédiée à l’éducation musicale.
Feuilletons-radio, étonnez-nous !
#journeemondialedelaradio
le hashtag a fleuri ce lundi sur Twitter
d’ordinaire je me tiens à distance de ces messes
artificielles
désincarnées
sans intérêt
mais là, pas le même feeling
parce que la radio
plus de trente ans de ma vie qu’elle résonne fort et fait sens
mondiale donc cette journée
alors j’ai ressorti de l’ordi un souvenir sonore
ramené l’automne dernier de Shanghai
depuis l’intérieur d’un taxi
branché sur un feuilleton radiophonique
n’ai rien compris du tout
of course
mais ai bien observé le visage du chauffeur
tandis qu’avançaient la voiture et l’épisode
le vivait intensément
entre froncements de cils et sourires
me suis souvenu des dames d’un certain âge
dans mon quartier de Marseille
étaient abonnées à leurs feuilletons
ne loupaient pas un épisode
c’était un rendez-vous important de leur journée
en ai oublié les noms
l’INA m’en a rappelé quelques uns
Noëlle aux quatre vents
San Antonio
et puis mon ami Fañch Langoet
mémoire vivante de la radio
m’a parlé de sa grand-mère
elle écoutait 51, rue courte sur Radio Luxembourg
La Famille Duraton aussi
lui assis sur ses genoux
– et aujourd’hui lui ai-je demandé ?
– pas grand chose hormis le Feuilleton de France Culture
quotidien du lundi au vendredi
pour lequel la chaîne ne fait pas grande publicité …
et pourtant
cette Amérique de Kafka
entre autres rendez-vous du soir
elle en vaudrait bien de la promo, non ?
suis pas un penseur de la radio
loin s’en faut
mais peut-être y aurait-il quelque chose de beau
d’intelligent
de sensible
à creuser et créer dans le filon du feuilleton
quelque chose d’utile aussi
à feuilletonner et feuilletonner encore
avec de belles histoires
de la mise en haleine
de l’étonnement
des rendez-vous d’écoute et de partage
ça nous changerait de la fade et triste radio filmée
dont il paraît que c’est moderne et tout et tout
que c’est l’avant-garde de l’audiovisuel
peuchère …
en attendant
le podcast est là et bien là
et je ne m’en prive pas
Binge Audio et Julien Cernobori par exemple
ont créé chaque jour le désir d’être en même temps
aujourd’hui et le lendemain
pour suivre leur Super Héros
Hélène elle se prénomme
vivement le 21 mars
pour découvrir le deuxième personnage exceptionnel
de ce très beau feuilleton
ce sera un jeune homme
En silence et profond jusqu’aux cieux
Parti saluer les arbres
avec en tête
leur murmure magique raconté par Cendrine Robelin
l’autre jour sur France Culture
forêt de Brocéliande pour elle
forêt d’ici pour moi
moins dense
moins profonde
mais belle et recueillie aussi avec son bestiaire
silencieux tel un cimetière
parlé au grand arbre-éléphant
fait coucou au petit arbre-chouette
souri à l’arbre-taureau
les ai tous approchés
ai caressé leurs têtes moussues
leur ai demandé de me confier
leur vérité d’arbres coupés
privés par l’homme de majesté
réduits à l’état de souches abandonnées
m’ont répondu que comme les humains
souffrent et crient et se plaignent parfois
que comme nous autres
meurent aussi parfois
et se retrouvent en tombe
n’ai pas voulu les croire
je sais que jamais arbres ne meurent
sauf par le feu
et que sinon continuent de vivre
même trop tôt coupés dans leur élan
vivants sont depuis leurs racines
en silence et profond jusqu’aux cieux
Écouter au port, comme à la radio
J’ai toujours aimé écouter aux portes
depuis tout minot
si curieux suis des voix et des murmures
des paroles et des accents
des soupirs et des cris
qui passent et jaillissent et traversent
depuis l’autre côté
toujours été aimanté par la face cachée
celle qu’il faut deviner
imaginer
désirer
ceci explique sans doute mon amour de la radio
pas la triste et fade et formatée radio filmée de today
non
la vraie de vraie
la vibrante
celle qui s’écoute les yeux fermés
dans le noir
ou le regard accroché à la lumière des nuages
celle qui nourrit les images à l’intérieur
écouter aux portes
je continue bien sûr
aussi souvent que le puis
laisse trainer mon enregistreur
désire que restent ces sons
ces vibrations humaines
ces échanges
les mettre au chaud
les revisiter
les partager
les transmettre
écouter au port hier à Marseille
le lieu béni de ma prime enfance
près des bateaux amarrés ou à réparer
un court moment de radio vivante
improvisée
une femme
son homme
leur ami
avec l’accent d’ici
la légèreté d’ici
l’humour d’ici
gens du peuple marseillais que j’aime
mon peuple
que je ne me lasse pas d’écouter
Hashtag Jukebox embarqué
Radio France. La grève reconduite jusqu’à ce mardi 7 avril. Cela fera 20 jours. Du jamais vu dans l’histoire de la radio publique. Ce qui est désespérant, c’est que personne n’aperçoit d’issue à l’horizon. En attendant la sortie de cette crise très politique, le baladeur classique de Julien Cernobori me manque. Jean-Noël Jeanneney et son Concordance des temps me manque. Et plein d’autres aussi. Restent les podcast. La radio à la demande. Pas pratique en voiture. Là, c’est jukebox embarqué. La musique en boucle. Drôlement bien roulée – bravo aux programmateurs – mais j’avoue que je commence un peu à me lasser…
Là-bas ils y sont, à la radio
Vive la radio ! À partager sur la toile, cette émission commune, transchaînes, au 13ème jour de la grève à Radio France. Une espèce
de Là-bas si j’y suis fabriquée in situ, en direct
dans le studio 108 de la Maison
de la Radio, par la Société des Producteurs Associés de Radio France. Ils ont pris l’antenne avec l’ambition d’expliquer aux auditrices et auditeurs que nous sommes les raisons de la grève. Une émission destinée à rappeler qu’une véritable radio de service public, qui informe, éduque et distrait, indépendamment des puissances de l’argent comme du pouvoir politique, c’est plus que jamais précieux pour notre démocratie. La dessinatrice Louison a participé
à l’émission feutres à la main. Pour suivre le conflit à Radio France, ne pas se refuser une visite
quotidienne à Radio Fañch. Ni à la page SoundCloud des grévistes.
En voiture, parfois je monte le son
Sur la route pluvieuse soudain, à la radio, la grâce, l’élégance et le tempo de Stéphane Grappelli et Oscar Peterson. Je monte le son. France Musique dans le poste. Makin’ Whoopee. Les deux géants accompagnés de Kenny Clarke à la batterie et de Niels Henning Oersted Pedersen à la contrebasse. C’était en 1973. Et dans ma voiture en cette fin de matinée d’hiver.
Fañch, un amour d’écriveur calligraphe
Je sais. Je suis un veinard. Mon ami Fañch, flibustier de Bretagne, radiophile comme c’est pas permis, je l’ai vu en vrai s’adonner à son autre passion : l’écriture, la calligraphie. Il a dessiné devant moi, comme ça, tranquille, un soir, à sa table de bois. Et il a parlé. Comme dans la vie. Très bavard l’ami. Je me suis régalé de le voir et de l’écouter. Fañch est un artiste au cœur immense. Radical. Engagé. Drôlissime. Suis sûr qu’un peu de Marseille vit en lui. Beaucoup même. Pagnol n’est pas bien loin dans le sang de ce Breton fier et humble, façonné aux grandes marées et aux lumières des phares qui émerveillent et rassurent. Pour prolonger, écouter Fañch parler radio avec Léa Minod, dans la matinale culturelle de Vincent Josse sur France Musique. Son blog, Radio Fañch, c’est par ici.
La fraîcheur éternelle d’Henri Gougaud
Il nous a émerveillés ce dimanche après-midi en clôture du Festival Longueur d’Ondes, à Brest. Henri Gougaud rien que pour nous, sur la scène du cabaret Vauban. Une bonne heure d’échanges avec Jean Lebrun autour de sa mémoire de conteur. Celui qui débuta à la radio avec Claude Villers ne résista pas au plaisir de nous raconter cette histoire africaine. Et nous au bonheur de l’écouter.