Que Noël vienne pour les migrants

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Migrants présents ici dans ces pages ces enfants et ces grands
ces gestes ces solidarités qui sauvent malgré la loi qui scandaleusement punit
ces voix qui ne se taisent pas pour dire nos peurs notre effroi parfois
pour clamer notre exigence d’humanité et notre honte souvent
migrants par la mer par les montagnes
nos sœurs nos frères en danger migrants accueillis chassés reconduits renvoyés
migrants salués par les mots d’Anna Jouy
dans ce texte publié chez les Cosaques des frontières de Jan Doets
en ce jour de Noël
envie de le lire à voix haute
et de partager

Mots sous l’aube le blog d’Anna Jouy

Les Cosaques des Frontières le site de Jan Doets

Photo de ci-haut @@StefanodeLuigi

Un thé à la menthe sans frontières

affichesmigrantsQuitter le métro station Noailles et juste à la sortie face au marché des Capucins tomber sur cette affiche les frontières tuent oui là-haut dans les Alpes tout près de nous imaginer le calvaire de ces jeunes migrants africains raconté ici être fier de la solidarité des gens de montagne guidés au quotidien par ce que leur dicte leur conscience leurs valeurs leurs principes souvent dans la crainte des gendarmes

vieuxportensuite descendre vers le Vieux-Port là où tout a commencé pour notre Marseille là où ses fondateurs phocéens choisirent de se poser après des jours et des jours de mer les mêmes qui pour construire la ville puisèrent dans l’antique carrière de la Corderie aujourd’hui dévastée endeuillée

accoulespuis aller saluer le clocher de l’Église des Accoules au pied de ce quartier du Panier où je passai les deux premières années de ma vie elle au moins personne ne va la menacer personne ne projette de la couper en morceaux pour vendre le terrain à un promoteur enfin mèfi quand-même Marseille regorge parfois de mauvaises surprises poursuivre la balade à travers les lieux familiers et m’asseoir devant un thé à la menthe dans ce café où je me plais à écouter les gens parler arabe

ne rien comprendre à ce qu’ils disent mais pas grave au contraire en capter les sons savourer les intonations deviner les humeurs les émotions de celles et ceux qui échangent ici en paix devant la même boisson que moi Marseillais comme moi frères et sœurs de la même cité qui n’en finit pas d’être blessée humiliée et de tenter de panser ses plaies comme elle peut

pizzaavant de m’en repartir une petite faim m’arrêter chez Charly où la pizza est une maxi-régalade me souvenir des mots de Jean-Claude Izzo sur le bonheur .

Serge, 65 ans, vit dans la rue à Biarritz

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Yeux bleus azur ; longue barbe blanche ; moustache jaunie par le tabac ; bonnet gris ; Serge a 65 ans ; accroupi dans un coin au bout de la Grande Plage de Biarritz ; sous le balcon de l’Hôtel du Palais ; précisément sous la piscine du cinq étoiles ; à l’abri du vent ; à ses pieds trois grands sacs plastique  ; un pour ses vêtements ; un pour ses couvertures et sa nourriture ; un matelas plié dans l’autre ; hier après-midi ; marée basse ; à peine un ou deux degrés au-dessus de zéro ; quelques surfeurs à l’eau ; et Serge posé sur un oreiller bleu foncé ; à regarder l’océan ; comme presque chaque jour depuis 4 ans ;

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Serge a un peu de mal à respirer ; il a aussi perdu ses dents ; lui ai apporté une veste chaude ; du thé sucré ; une tranche de gâteau basque aussi ; offerte par l’un des serveurs d’un café près du Casino ; Serge a mis la veste sous son blouson ; et puis il a parlé ; au début aucun son n’est sorti de sa bouche ; juste quelques mots murmurés ; trop froid pour laisser passer un son ; après le thé sa voix a commencé à se frayer un chemin dans l’air glacé de janvier ;

Serge a travaillé toute sa vie sur les marchés ; vendait des vêtements en région parisienne ; il ne touche ni retraite ni RSA ; sans papiers il est ; le matin il fait la manche près des Halles de Biarritz ; Serge n’a plus de contact avec sa famille ; espère le printemps pour monter sur Arcachon ou sur Royan .

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Liberté pour Aslı Erdoğan

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À Paris, Bordeaux, Nantes, Brest et tant d’autres lieux hier-soir
des femmes et des hommes sont venus crier Liberté pour Aslı Erdoğan
partout a été lue une lettre de l’écrivaine turque
écrite depuis la prison pour femmes d’Istanbul
entre maison de fous et léproserie
où elle est enfermée depuis juillet
accusée de terrorisme
elle risque la prison à vie

hélas pas pu me rendre à l’un de ces rassemblements
alors, en solidarité et en soutien à Aslı Erdoğan
j’ai lu un extrait de Le visiteur matinal
l’une des nouvelles de son recueil Les oiseaux de bois

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À la Maison de la poésie à Paris
la maman de l’écrivaine était là
émue et digne
devant elle, Françoise Nyssen, Présidente d’Actes Sud
a tenu à témoigner
c’est elle qui édite Aslı Erdoğan

Je suis venue vous dire qu’Asli a trouvé sa maison chez Actes Sud,
un abri, un foyer, un recours.
Nous publierons bientôt un texte qui a été interdit jusqu’à aujourd’hui en Turquie,
et nous continuerons de le faire.
Asli est un écrivain – elle a une patrie mais elle est sans patrie ; elle a écrit des livres magnifiques sur Rio et Genève, elle écrit sur la mort, sur la douleur des gens .
Lisez-la, et vous comprendrez qu’elle ne PEUT être une terroriste.

Yigit Bener, ami intime et traducteur d’Aslı a parlé lui aussi

Face à tant d’oppression, il nous reste la dérision.
On m’a toujours dit :  » Ah, mais tu ne ressembles pas à un turc » , à Paris comme en Turquie. Inch’Allah – je souhaite un avenir moins sombre pour tous les écrivains et les journalistes – il nous faut à toute force la solidarité dans le monde et la liberté d’expression en Turquie. Il faut faire, et encore faire, et ne jamais cesser de faire.

Aujourd’hui, Aslı Erdoğan vit avec des problèmes de circulation sanguine
elle souffre d’une infection des poumons, d’une hernie discale et d’hypoglycémie
elle est menottée pour aller à l’hôpital et parfois le médecin n’est même pas là
elle connait la solidarité qui est née en Turquie et dans le monde
ce qui compte énormément pour son moral et dans sa solitude
son audience est prévue pour le 29 décembre

Actes Sud publiera ses chroniques littéraires  – qui lui ont valu d’être arrêtée – en janvier prochain sous le titre Le silence même n’est plus à toi
elles ont été lues hier soir à la Maison de la poésie par Céline, une comédienne turco-française

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Chaque matin sur Twitter, je poste une photo de ciel pour Aslı Erdoğan
comme je le fis il fut un temps avec des fleurs pour l’artiste chinois Ai Weiwei
je continuerai tant qu’elle ne retrouvera pas la liberté

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* Anne Savelli, Mathilde Roux, Joachim Séné, Pierre Cohen-Hadria, dédient une page à sur leur site L’aiR Nu

* Tous les matins à 8 heures, le magazine Diakritik met en ligne un texte par jour, jusqu’à la libération d’Aslı Erdoğan, avec le titre On n’enfermera pas sa voix

 

 

 

 

 

 

Alep crie fort

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Il a été blessé à la tête dans les bombardements
mais il ne le montre pas
250.000 personnes, dont 20.000 enfants en bas âge, risquent de mourir de faim
à Alep-est dont il est le maire
mais il ne pleure pas
sa ville brûle,
plus un seul de ses 7 hôpitaux bombardés fonctionne
mais il ne hurle pas
La Russie et la Chine ont dit non
à des pourparlers sur la Syrie
mais il ne s’énerve pas
il dit que si le conseil de sécurité reste les bras croisés
ce sera un permis de tuer

ce que réclame Brita Hagi Hasan
d’une voix calme et ferme
c’est que nous autres citoyens
envoyions des messages à notre président,
descendions dans les rues,
organisions des manifestations

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Brita Hagi Hasan est venu nous parler d’Alep hier-soir
en mairie du 2ème arrondissement de Paris
nous étions quelques poignées de femmes et d’hommes
oui, à peine quelques poignées

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dont Jean-François Bernardini
le chanteur corse d’I Muvrini
le militant de la paix et de la non-violence
auteur de « Alep s’endort » chanté vendredi dernier
au Zénith de Paris

au-delà du sublime de cette chanson
reste en moi un profond sentiment de honte et d’impuissance
méme si de nombreuses associations appellent à manifester
en solidarité avec la population d’Alep
ce samedi 10 décembre
partout en France
c’est le moins que nous puissions faire, avouons-le
en regardant Alep mourir.

Ai Weiwei ! Let’s sing 艾未未!

J’ai joint ma voix à celle de ces enfants, femmes et hommes chinois parce que je sais que nommer signifie faire un pied de nez à l’oubli, à la disparition, à l’effacement. Ai Weiwei n’a pas disparu de la scène, non. Seulement voilà,  il ne pourra pas assister au vernissage de l’exposition  » Ai Weiwei – Evidence  » que lui consacre à partir d’aujourd’hui le Musée Martin Gropius Bau à Berlin. L’artiste reste privé de passeport. Les autorités chinoises le lui ont confisqué en 2011. Ce qui l’empêche de sortir de Chine mais pas de créer.

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ARTE Creative n’oublie pas Ai Weiwei. Elle présente sa performance filmée « Fresh Flowers » : chaque jour depuis le 30 novembre 2013, il dépose un bouquet de fleurs fraichement coupées dans le panier d’un vélo garé devant son atelier de la banlieue pékinoise.

Les gabians de la Canebière

En remontant Canebière tard hier-soir, nous avons été accompagnés par des gabians qui s’époumonaient au-dessus des arbres et des toits. Auparavant, le lancement de mon livre « En attendant la pluie » s’était passé dans une ambiance très amicale au Miyadori-do, le magasin d’art et d’objets japonais de Françoise Potheau. Une quarantaine de personnes présentes. Parmi elles, Messieurs Masaki Sato et Masaki Morimoto, Consul général et Consul général adjoint du Japon à Marseille, Jean Darot, éditeur des Editions Parole et Franck Di Benedetto, 1er adjoint au maire de Digne-les-Bains. Plus de photos, par ici.

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Je suis, tu es, nous sommes Grecs

Comme plus de 20.000 internautes, j’ai suivi hier-soir la soirée pour le peuple grec organisée au Théâtre du Châtelet par Médiapart et Reporters sans Frontières., avec le soutien de nombreuses associations et medias. Parmi les moments forts, j’ai retenu cette intervention d’Anne Dimitriadis, porte-parole d’un appel lancé par des écrivains grecs et français, « L’extension du noir« , soulignant le poids grandissant d’Aube dorée, le parti néonazi grec, depuis le début de la crise dans ce pays.

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A l’issue de ce tout premier évènement public organisé en France depuis la fermeture sauvage, le 11 juin dernier, du groupe ERT qui rassemble l’ensemble de l’audiovisuel public grec, a été lancé l’appel du Châtelet pour la Grèce***. Un concert a clôturé la soirée, donné par Katerina Fotinaki, compositrice chanteuse et musicienne, accompagnée de Stamos Semsis, premier alto de l’Orchestre national de l’ERT, et d’Orestis Kalabalikis, guitariste. Extrait

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Et pendant ce temps, l’ERT continue de diffuser… sur le net

*** L’Appel du Châtelet pour la Grèce

L’indépendance de l’information, le pluralisme des opinions et la liberté de la culture sont des principes démocratiques élémentaires. Toute atteinte autoritaire à ces droits fondamentaux est un crime contre la démocratie, sa vitalité, sa diversité et sa créativité.

C’est pourquoi toutes les démocraties ont construit des services publics de l’audiovisuel, financés par l’impôt et au service des citoyens. Leur existence doit être une protection contre la soumission de l’information et de la culture aux seules logiques économiques, de profit et de rentabilité.

Quels qu’en soient les arguments, la décision prise, le 11 juin 2013, par le gouvernement grec de fermer, du jour au lendemain, les radios et les télévisions publiques est une violation de ces principes, indigne d’une démocratie. C’est une violation de plus des valeurs politiques constitutives de l’Union européenne.

« Le système de l’audiovisuel public dans les États membres est directement lié aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias », proclame ainsi le protocole sur l’audiovisuel public annexé au Traité européen d’Amsterdam de 1997.

En Grèce se joue aujourd’hui l’avenir commun des peuples européens, non seulement celui de nos économies mais surtout celui de nos démocraties. Nous n’acceptons pas que l’Union européenne la transforme en laboratoire de politiques autoritaires faisant fi des libertés au nom des finances : de politiques qui ruinent la démocratie au nom de l’argent, faisant passer les intérêts privés avant le bien public.

Nous appelons nos élus et nos gouvernants à prendre toute la mesure de l’alarme que représente la faute du gouvernement grec. Nos nations et notre continent ne sauveront pas leurs économies dans le recul ou l’abandon de la démocratie. Ce chemin est celui des catastrophes, du chacun pour soi, des haines réveillées et des inégalités accrues.

Solidaires du peuple grec dans l’épreuve qu’il traverse, nous affirmons tous ensemble, dans la diversité de nos sensibilités, que les périls qui menacent l’Europe et ses pays membres ne seront conjurés que par l’approfondissement de la démocratie, par l’extension des droits et le renforcement des libertés.
À Paris, le 18 juin 2013

Signataires : Mediapart, Reporters sans frontières, L’Humanité, Les Inrockuptibles, Marianne, Politis, Regards, Témoignage Chrétien, Attac France, Roosevelt 2012

 

 

 

Arte à la grecque

Immense respect pour Arte Journal, diffusé en version grecque ce mercredi 12 juin, en signe de solidarité avec les salariés de la radio-télévision publique grecque ERT, dont la diffusion a été sauvagement interrompue mardi 11 juin sur décision du gouvernement d’Athènes. Ce geste est exemplaire. Il attise le sentiment de révolte qui m’anime. Il conforte mon rejet et ma condamnation des lamentables politiques d’austérité ,dans cette Europe qui ne cesse de se déshonorer. Extrait

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La page de l’édition spéciale d’Arte Journal

Lire l’analyse de François Bonnet sur Mediapart

ERT se mobilise et continue à diffuser sur le net

Les cerisiers de Kamaïshi

Les cerisisers. Ce thème traditionnel japonais a été joué hier à Digne en la cathédrale Notre Dame du Bourg, lors d’un concert destiné à recueillir des fonds qui contribueront à aider la reconstruction de la ville de Kamaïshi, très durement touchée par le tragique tsunami du 11 mars 2011. Au piano, Keiko Kuida et à la flûte, Cyril Javanaud.
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Le sakura  – cerisier ornemental au Japon – sur Wikipedia
Les cerisiers et le tsunami, un blog à découvrir