Bientôt l‘offrande juteuse –
pour l’heure,
le pêcher savoure
temps
Une rose et un haiku pour Aslı
Ai approché cette rose
puis suis remonté vers les arbres
voir s’ils avaient changé
depuis l’an passé
m’ont dit qu’ils pensaient à l’amour
qu’ils ne redoutaient pas
les jours qui s’égrènent
qu’ils avaient tout leur temps
– craignons surtout les souffrances humaines
m’ont murmuré
les absorbons en silence
aurions envie nous aussi de crier
j’ai pensé à la douleur d’Aslı Erdoğan
pas vu un seul arbre depuis août
et soudain trop d’arbres
trop de gens
Aslı qui doit trembler comme une feuille
car à nouveau devant les juges aujourd’hui
pour elle
vers elle
cette rose d’espoir
et ce haiku de Issa :
Rien qui m’appartienne
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l’air
Elle te dit
Doigts glacés
yeux caramel
elle te dit qu’elle vit du côté de la mort
du côté de tous ceux
pour qui le ciel un jour s’est obscurci
elle dit que sa vie
ne pèse pas plus
qu’à l’aube, la griffure d’un moineau
sur la terre gelée des parcs et des jardins
elle dit que nos vies éparpillées
s’enfoncent à petits pas
chaque jour un peu plus
vers le silence éclaboussé de villes rasées
de rues vidées de leur sang
de maisons débarrassées de leur chair
de femmes, d’hommes et d’enfants dévastés
elle dit que pourtant
alors qu’approche le chaos
plus personne ne crie
nulle part
elle dit aussi que malgré l’horreur
nulle part où aller hurler et puiser une espérance
sans voix tu regardes ses lèvres pourpre
souffler vers toi chaque syllabe
à la trace tu suis ses mots
traverser son âme
danser sur ses dents enfantines
et percer ton cœur bouillant
tu en accompagnes chaque volute
consumé de chagrin
tu voudrais à présent réchauffer ses doigts
goûter au suc de ses yeux
la ramener vers la vie qui bat
de l’autre côté des sables du temps
Cette photo, « Les sables du temps » est signée Romain Veillon.
Elle vous attend parmi des dizaines d’autres exposées jusqu’au 18 décembre grâce au Musée de la Poste, à l’Espace Niemeyer à Paris. L’expo s’intitule « Temps suspendu ».
Tempus fugit
Une vie de lézard
ce serait quoi ?
jouir au soleil, peu importe l’heure
retourner s’allonger au temps des Romains
une respiration simple
un corps gracile
des pattes lestes
sans autre vertige que celui de l’instant
une vie de lézard
ce serait aussi
sans pensées ni calcul
retrouver
l’art de la fugue à volonté
à l’ombre des cadrans
la recherche des failles
l’adoration des fissures
le culte des cachettes
les plaisirs de l’obscur
une vie de lézard
ce serait un peu comme
nous rêverions nos vies
si nous pouvions l’espace d’un instant
oublier le temps qui s’enfuit
Le ventre du père
Le ventre du père connait le désert
Ne s’habitue pas au désert
Abhorre le désert
Hurle dans le désert
Déchiré lorsque le train s’en va
Les rails gémissent leur meurtrissure
Quai tremblant
Quai vide
Déserté soudain
Toc toc sur la vitre du train
Sourires arrachés au pas de course
Lampes rouges tout au bout
Talons tournés dans l’autre sens
Quelques minutes à peine et tombe le silence
Enfants partis vers là-haut
Le ventre du père voudrait semer
Récolter en toute saison
Brasser les graines en amples grappes
Le ventre du père
Maudit la coupure
Vomit la fêlure
Le ventre du père rêve de balancelles
De lents baisers aux fronts de miel
De mots apaisés et de temps sans compter
Revienne le temps des locos fumantes
Dans la nuit aux écharpes offertes
Quand le père était enfant ébahi
Marie aux oiseaux
Chez Marie, il y a un jardinet dehors, un buffet avec de jolis verres dedans, des photos d’enfants aux murs et puis une voix malicieuse empreinte de bonne humeur. Marie est une dame béarnaise qui ne se séparerait pas de sa pendule pour tout l’or du monde.
J’ai oublié de vous dire que Marie fêtera ses 90 ans le 19 mars prochain.
Tempête d’orage
A l’aube ce matin, nous avons été réveillés par une tempête d’orage. Soudaine et bienfaisante
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Ce gros orage n’a duré qu’un quart d’heure. En rouvrant les volets, nous avons senti une agréable fraîcheur pénétrer dans la maison.