Le tocsin éternellement ?

tocsin2

Encore le tocsin hier matin tout près de la maison ces deux notes lancées en boucle par les cloches novembre déroule sa peine il n’y a que Bach pour me consoler m’empêcher de trop m’enfoncer sur le sentier glacé du chagrin penser aux chers disparus partis trop tôt penser à la mort à la mienne dans longtemps ce serait bien désir d’aller respirer dehors aussi de marcher vers les tombes au pied des arbres et juste avant de sortir presque par hasard mais existe-t-il vraiment le hasard tomber sur ce Tweet énigmatique de Nicolas Esse dont j’apprécie la poésie les photos de rando à vélo au bord du Lac Léman il me semble et puis l’humour décalé

Nous ne sommes pas faits pour mourir éternellement forcément je clique vers son site je lis le billet et je partage à voix haute

 

une fois le texte lu et enregistré et mixé je réalise que Nicolas Esse le publia en décembre 2014 à peine un peu plus de deux mois après le départ de Maman trop tôt envolée vers l’autre monde je suis sûr qu’elle aussi aurait été touchée par ces mots puissants ces vérités glaçantes sûr qu’elle non-plus n’aurait pas désiré mourir éternellement…

Vieux platane

IMG_1418

À force de subir le tocsin
tu te noues de dedans
vieux platane troué de chagrin
tes bras déployés cherchent
le peu de sève qu’il reste
à offrir à la croix
pourtant sans avoir l’air
tu arbores étonné
de petits rameaux verts
puisse le printemps t’offrir
oiseaux sur le feuillage
et souffles de désir

Oublier le toscin

Soudain, ce matin
Après tant et tant d’enterrements ici depuis janvier
Tant de tocsins lancés sur la ville
Tant de messes
De sanglots
De sorties les pieds par devant,

Soudain, ce matin
La grâce d’un tout petit bébé
Tout juste né ou presque
Il sommeille
Dans la poussette de sa maman de retour au travail
Épicière elle est
Joues rosies
Grâce autour du front et des yeux
De retour au travail parmi les légumes, les fruits et les fromages de pays
Et son minot tout mimi juste à côté de la caisse
Elle se pince de le voir si beau
Elle lui dit qu’il est gentil
Patient un peu
Il a les joues rosies comme elle.

Soudain, ce matin
Les embrasser
Oublier le tocsin.

Le tocsin du 1er août, 100 ans après

Peu avant 16 heures hier après-midi, je suis monté à l’église Saint-Vincent de Salies-de-Béarn. À l’intérieur, les sonneurs en étaient aux derniers réglages. Au rythme du tocsin, le cœur serré, je me suis laissé happer à l’extérieur, saisi par la mémoire de ces millions de jeunes hommes appelés vers l’effroyable catastrophe qui inaugura le 20ème siècle, il y a cent ans jour pour jour. Lorsque je suis rentré dans l’église pour écouter le tocsin de dedans, la pluie s’est mise à tomber.

1eraoût14deux

129 enfants de Salies-de-Béarn ne sont jamais revenus de la Grande Guerre.

1eraoût14trois