Au Parc Fu Xing Gong Yuan à deux pas de la statue géante de Marx et Engels des allées ombragées mènent à une roseraie plantée du temps des colons français et de l’autre côté à une immense pelouse où se croisent lanceurs de cerfs volants en quête de vent jeunes couples avec petits bébés les premiers pas l’enfant hésite titube avance tournoie accroché au doigt de sa maman copines prêtes pour un pique-nique on jette une nappe sur l’herbe et hop on partage les cacahuètes les petits sandwiches les biscuits les gros pamplemousses à éplucher avec les doigts puis à peler ôter cette peau épaisse tu es entouré de centaines de dialogues de rires de cris partout une atmosphère paisible et vivante pas dérangeante un peu à l’écart vers l’ombre qui avance sous les arbres un kiosque à musique d’où s’échappe le son syncopé d’une batterie roulements de caisse claire cymbales grosse caisse rien que ce rythme là répétitif lancé par un homme assis avec ses baguettes en mains il accompagne du regard un couple de danseurs d’une élégance folle elle cheveux courts ses longues jambes sur ballerines vermillon son tee-shirt imitation Dior ses lunettes de soleil aux verres larges et son pendentif en jade lui tout mince élancé chemise rose il est gracieux classieux ondule du bassin lève ses bras au ciel tu remarques au-dessus de ses mains deux poignets bleus comme les joueurs de tennis pour s’éponger le front il ressemble à un professeur de danse il la conseille avec douceur leurs sourires et ses paupières fermées à elle traduisent le plaisir partagé sensualité palpable malgré le tchac tchac tchac de la batterie ils s’en accommodent en Chine on apprend à s’adapter à accepter on garde son calme on partage et ils enchaînent les pas et les figures seuls au monde jusqu’au coup de fatigue du batteur puis le retour à la sono à des musiques moins monotones elle et lui les partageront encore avec leurs corps et leurs cœurs peut-être même jusqu’à la nuit et au-delà qui sait.
In the mood for dance…