꧁ Sons de chaque jour꧂

  • La voix d’Apollinaire

    Merveilleux document sonore déniché sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel : Guillaume Apollinaire récite « Le Pont Mirabeau ». L’enregistrement a été réalisé entre 1911 et 1914. La qualité sonore n’est pas excellente mais on suit bien le poète au fil de ses vers légendaires.
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    Le Pont Mirabeau
    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
                Et nos amours
           Faut-il qu’il m’en souvienne
    La joie venait toujours après la peine
     
         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure
     
    Les mains dans les mains restons face à face
                Tandis que sous
           Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l’onde si lasse
     
         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure
     
    L’amour s’en va comme cette eau courante
                L’amour s’en va
           Comme la vie est lente
    Et comme l’Espérance est violente
     
         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure
     
    Passent les jours et passent les semaines
                Ni temps passé
           Ni les amours reviennent
    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
     
         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure
     Guillaume Apollinaire (1880 – 1918)
  • La colère d’IAM

    Poétique et politique, le dernier opus d’IAM « Arts Martiens ». Puissant, comme toujours. Révolté, comme toujours. Jamais désespéré. Métissé et marseillais. Comme toujours. Extrait de l’un des titres : « Les raisons de la colère ».
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    [Akhenaton]
    Si tu pouvais voir ce qui brûle dans mon thorax
    Ma vie j’la dois au rap, j’la dois à l’orage
    J’ai pas eu l’parcours de pt’its cons dans la hype, non
    Adolescent j’étais pas le king de la night, non
    J’avais mon groupe c’était l’Criminosical
    On trainait près des bars à pute à deux pas du Pussycat
    J’ai embrassé la nuit sur ses lèvres
    Et la rue m’a pris par la main
    Elle a fait d’moi un putain d’bon élève
    Debout jusqu’à la fin
    J’ai pris les blocs qui m’entouraient
    Au fil de l’épée avec mes mains comme Saladin
    Pourquoi confier mes s’crets
    Dans le boulot tête claire
    Mon imagination j’laisse faire
    J’écris mes BO des cages à lapins
    Au jour le jour mes traits s’allongent sur la feuille
    Non j’pense toujours pas à demain
    J’suis c’que l’rap a créé d’plus solide
    Tu t’pêtes le dos sur deux pignons d’olives
    Y’a pas d’amour ici, cette guerre à plein régime
    Régie par les lois du bitume qu’importe les origines
    J’ai dû rater un truc : « Peace Love et HAving fun »
    Sont devenus « Bitch Drogue et Heavy Gun »
    Rares sont ceux qui ont des roses à offrir
    Bienvenue à la table garnie au fish et aux frites
    Où le sens de la vie s’est égaré dans la brume
    Où les p’tits ne savent pas poser un nom sur un légume
    Au coeur du pire ennui j’ai posé ma balise
    Élaboré mon plan attendant que Dieu me l’avalise
    Depuis dans c’pré où les vassaux me tolèrent
    J’écris un peu tous les jours les raisons de ma colère
    (Refrain)
    Quand on se tue à la tâche, pour rien dans la récolte
    Normal que les vents portent la révolte
    Que la terre où l’on marche est labourée par des molaires
    Comprenez-vous au moins les raisons de la colère ?

    [Shurik’n]
    J’ai toujours le feu depuis l’jour où j’ai croisé sa route
    J’ai appris à voir dans le noir et occis tous les doutes
    On a voulu m’parquer mais j’ai flairé le piège à loup
    Et la passion m’a enlevé et élevé comme une louve

    Grain d’sel dans l’océan j’ai pas voulu m’dissoudre
    J’ai remonté l’courant jusqu’à ce qu’une autre porte s’ouvre
    Il m’fallait un ailleurs là bas ça sentait trop le souffre
    Par manque d’envie combien des nôtres croupissent dans les douves
    Laisse moi traîner ma plume sur cette route immaculée
    Semer les graines les plus dures les mots les plus ciselés
    Sans but, isolé, déçu, l’abandon les recrute
    Et le vide les attend pour les faire rissoler
    J’suis désolé
    C’est pas ma faute si les esprits les plus durs
    Commencent à vaciller sous l’poids de leur bracelets
    Du coup le monde s’arrête là au coin de la rue
    Tellement sûrs d’échouer qu’au final ils n’essaient même plus du tout
    Et ça tombe dans l’facile, ça grossit les statistiques
    Ça fait des choix douteux aux moments les plus fatidiques
    Aucun exemple à l’horizon la place est désertique
    Il en faut peu aux affamés pour brûler leurs principes

    A force d’entendre qu’on était bons à rien
    Beaucoup ont fini par le croire
    Quoi ? Pourquoi je serre les dents ?
    Mais qu’est ce que tu veux que je fasse d’autre ?

    Je veux pas me faire avaler
    Y’a une goutte d’avenir à glaner
    Laisse moi foncer droit dessus au lieu de rester assis à râler
    Trop de barrières, moi je veux les voir les vertes vallées
    Si je fatigue c’est le courage qui va me chaler, aller
    Maintenant j’ai plus le temps, les aiguilles tournent vite

    Et je veux pas finir par me dire que la vie c’était mieux avant
    J’suis personne aucun être sur terre ne me fera taire
    Sur ma feuille j’étale toutes les raisons de ma colère
  • La Marseillade de Djam Deblues

    Il y avait la Marseillaise reggae de Gainsbarre, il y a la Marseillade de Djam Deblues. Le bluesman marseillais est venu la jouer samedi dernier au Rouge Belle de Mai, lors de la première Soupe aux livres marseillaise. Il l’avait interprétée l’an passé au cabanon du Frioul, pour fêter ses 3 ans de chanson en solo. Tendez bien l’oreille et vous verrez que cette Marseillaise colle parfaitement à l’actualité…
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    LA MARSEILLADE
    (Djam Deblues)

    Allez minots de la Marsiale
    Aujourd’hui on va se gaver
    Entre nous plus de linge sale
    Dans l’anis on va le laver ! (bis)
    Tu captes qu’après Marignane
    Brament les nervis à Le Pen
    Ils croivent qu’à la ouaneguène
    Y vont t’escaner sans castagne !

    Zarmas sacs-de-vin
    Contre ces nazillons
    Buvons chantons !
    Du jaune pur
    Et des microsillons !

    Y nous cherchent ou quoi ces comiques ?
    Gaou-galines ou bien plus pire
    Y se croient des bombes atomiques
    Esprès qu’on s’esplose de rire ! (bis)
    Marseillais t’as pas de manières
    Que tu les veux dans ta cité
    Et de les laisser méditer―ranée
    De nous escamper en galère !

    Qué ! rien qu’un rien de nazillards
    Font les crabes dans le panier ?
    Qué ! ces sinistres allumards
    Veulent nous prendre à la contrée ? (bis)
    Ho Bonne-Mère ! retiens-moi
    Y me monte le rouge au front
    Du temps qu’ils tapent le carton
    Nous on coupe les reines et les rois !

    Tressudez faïous de la fève
    Ou allez vous néguer aux Goudes !
    Parce que des fois que si je me lève
    Mais d’abord je lève mon coude ! (bis)
    Comme on voit double hè bé mon vier
    Te casse qu’on verse sous la table
    On vous met deux fois plus minables
    A brouméger sur vos souliers !

    Marseillais on va être brave
    On va pas les tuer beaucoup
    Juste se les empéguer grave
    Avant de s’empéguer entre nous ! (bis)
    Mais ces cousins d’Adolphe Thiers
    Tant y préfèrent mieux qu’on leur prête
    De suite nos téléfounettes
    Pour pouvoir appeler leurs mères !

    Amour violent pour le pastis
    Qui voudrait nous lever nos verres ?
    Liberté ma belle saucisse
    Laisse-nous de tuer le ver ! (bis)
    Sous nos casquettes les cigales
    Tchatchatchatchatchent avé l’assent
    Pour qu’ils leur vient avant longtemps
    Les bras qui rapetissent et la gale !

    On va pas chercher un travail
    Déjà que les jeunes en ont pas
    C’est pas qu’on serait des brancaïs
    Mais tu nous vois marcher au pas ? (bis)
    Et si on quitte le Ricard
    Gisclant du bar de la Marine
    Ceux-là qui partent en biberine
    Y vont nous tanquer Marine au bar !