C’est une croisière où l’on ne s’amuse pas mais où l’on écrit. Avec les moyens du bord. Un voyage entrepris à l’heure où le monde s’est mis à vriller dans l’hécatombe, due à la même maladie qui tue la terre et les hommes. Depuis le 11 mai, sommes confinés à l’intérieur d’un grand paquebot, Pandémonium 1, dont nous ne savons pas, ne savons plus s’il dérive ou s’il est arrimé à quai comme une arapède géante à son rocher. C’est un bateau refuge pour tenter de guérir. Ici, le remède c’est le récit. Essayer d’apercevoir une issue possible au désastre grâce à l’écriture. Chacune et chacun dans sa cabine, nous laissons les mots advenir. Nous pourrions nous croire isolés. Seuls. Abandonnés. Il n’en est rien. Tenez, dans ma cabine C12, sise sur le pont C, m’est parvenu le flow poétique de Sabine Huynh, une passagère confinée en A433. Elle est tout là-haut sa cabine, mais je l’ai entendue nous dire qu’il nous faut croire au printemps. Ça me fait du bien de lire ça, à voix haute, moi qui en suis resté à une écume grise…