Comme un appel au cœur de l’absence
monté te retrouver …
la suite sur carnetdemarseille.com
Récits, lectures à voix haute, nouvelles, photos, vidéos et autres curiosités
Je coupe le son de ce blog pour quelques jours, quelques nuits et peut-être davantage. Besoin d’une pause. De paix. De silence. Verrai en temps voulu si le tempo repart. Prenez soin de vous.
Saudade. Morriña. Spleen. Déjà plus d’un quart d’année passé au passé. Lassitude. Mélancolie. Soif de quiétude. Se poser sous l’arbre. Relire Bashō en écoutant la musique de Yuki Murata. Retrouver la paix.
Je me remémore
beaucoup de souvenirs
fleurs de cerisier
et aussi
Un moment
nuit de lune
sur les fleurs
Radio France. La grève reconduite jusqu’à ce mardi 7 avril. Cela fera 20 jours. Du jamais vu dans l’histoire de la radio publique. Ce qui est désespérant, c’est que personne n’aperçoit d’issue à l’horizon. En attendant la sortie de cette crise très politique, le baladeur classique de Julien Cernobori me manque. Jean-Noël Jeanneney et son Concordance des temps me manque. Et plein d’autres aussi. Restent les podcast. La radio à la demande. Pas pratique en voiture. Là, c’est jukebox embarqué. La musique en boucle. Drôlement bien roulée – bravo aux programmateurs – mais j’avoue que je commence un peu à me lasser…
Premier vendredi du mois rime parfois pour moi avec VaseCommunicant. À l’initiative de François Bon et de Jérôme Denis, qui le désire se choisit un(e) partenaire et chacun(e) publie sur le blog (ou le site) de l’autre. Ce mois-ci, c’est avec Marie-Noëlle Bertrand * que j’échange. Elle a écrit 8 haikus, à découvrir sur carnetdemarseille.com. Mon poème a trouvé place sur son blog la dilettante. Voici la lecture à voix haute de ce VaseCo inspiré par 4 mots : En attendant le printemps.
Marie-Noëlle Bertrand est aussi sur Twitter @eclectante
J’ai franchi le pas. Impressionné et séduit depuis des mois par le projet que mène François Bon en partenariat avec le Pôle des arts urbains Saint-Pierre des Corps, le tour de Tours en 80 ronds-points. Alors, j’ai décidé de me lancer, de tenter le coup, et d’aller lire à voix haute – un jour peut-être crierai-je moi aussi – de la littérature. J’ai choisi Jean-Claude Izzo, un extrait de Marseille, la lumière et la mer, et me suis installé au rond-point de Callelongue.
Izzo parce que l’auteur des Marins perdus et du Soleil des mourants – je n’oublie pas Total Khéops et la suite – a écrit tant de beaux textes sur Marseille. Izzo car c’est lui qui m’encouragea à ne rien lâcher et à continuer à écrire, alors que mes nouvelles essuyaient refus après refus d’éditeurs parisiens.
Callelongue parce qu’avec L’Estaque, c’est le quartier d’une extrémité de ma ville. Ouvert sur la possibilité de s’en aller, de voyager, d’imaginer d’autres vies possibles, d’autres destins. Ce rond-point de Callelongue est l’ultime rond-point marseillais avant le chemin des calanques. Une impasse à l’extrême sud-est de la cité. Le décor est minimaliste : quelques cabanons dans le fond du port, un bar restaurant, un parking, le terminus de la ligne 20 du bus et une fontaine pour les marcheurs. Chaque fois que j’y viens pour promener entre mer et roches blanches, me revient en mémoire la voix de Izzo. Posée. Chaleureuse. Timide. Tout comme le quartier du Panier ou le marché des Capucins, au coeur de Marseille, cet endroit est intimement lié à l’écrivain. Izzo adorait s’y perdre, en toute saison. Cet ailleurs dans Marseille lui rappelait la Grèce fondatrice. Il y côtoyait les gens de peu. Pêcheurs, marcheurs, cabannoniers, anonymes happés par la magie de l’endroit. C’est peut-être ici qu’Izzo écrivit Marseille, la lumière et la mer, qui figure dans l’anthologie Méditerranées qu’il publia avec Michel Le Bris en janvier 1999, quelques semaines avant sa mort. Douze autres écrivains y sont associés, dont Erri de Luca, Amin Maalouf, Jacques Lacarrière et Assia Djebar.
Située à l’entrée du Parc national des calanques, Callelongue est posée tout au bout de la route du bord de mer, après le village des Goudes. Pour y accéder, il faut traverser le quartier de la Pointe-Rouge, qui nous renvoie à un passé industriel aujourd’hui mort et enterré. À partir de la fin du XVIIIème siècle, ce quartier abrita des usines : traitement de la soude, traitement du plomb, puis raffinage du soufre. La soude permettait d’alimenter les multiples verreries et savonneries marseillaises. Nettoyé de ses impuretés, le soufre était destiné aux moulins à poudre marseillais et aux industriels de textiles pour le blanchiment de la laine ou de la soie. Une partie de leur production était également exportée vers l’Orient. D’où l’intérêt d’une implantation en bord de mer. Aujourd’hui, les collines de Callelongue et des Goudes gardent quelques traces encore visibles de ces usines, entre autres des cheminées rampantes, condensateurs destinés au filtrage des vapeurs d’acide chlorhydrique.
Ce que le rond-point voit de Marseille
autour du rond-point
le rond-point vu de l’extérieur
Google Earth 43 ° 12’45.63 N – 5°21’12.18 E
Vive la radio ! À partager sur la toile, cette émission commune, transchaînes, au 13ème jour de la grève à Radio France. Une espèce
de Là-bas si j’y suis fabriquée in situ, en direct
dans le studio 108 de la Maison
de la Radio, par la Société des Producteurs Associés de Radio France. Ils ont pris l’antenne avec l’ambition d’expliquer aux auditrices et auditeurs que nous sommes les raisons de la grève. Une émission destinée à rappeler qu’une véritable radio de service public, qui informe, éduque et distrait, indépendamment des puissances de l’argent comme du pouvoir politique, c’est plus que jamais précieux pour notre démocratie. La dessinatrice Louison a participé
à l’émission feutres à la main. Pour suivre le conflit à Radio France, ne pas se refuser une visite
quotidienne à Radio Fañch. Ni à la page SoundCloud des grévistes.
En ce lundi teinté de brun et de bleu foncé, pas le cœur à parler. Juste envie de partager cette version de la chanson de Jean-Baptiste Clément. Elle nous vient de l’Empire du soleil levant.
Quand nous chanterons, le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur
Quand nous chanterons, le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles,
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendant de corail qu’on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles!
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d’amour.
J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps là que je garde au coeur
Une plaie ouverte.
Et Dame Fortune en m’étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur,
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur.
Couplet ajouté pendant la guerre de 1871
Quand il reviendra le temps des cerises
Pendores idiots magistrats moqueurs
Seront tous en fête.
Les bourgeois auront la folie en tête
A l’ombre seront poètes chanteurs.
Mais quand reviendra le temps des cerises
Siffleront bien haut chassepots vengeurs.
J’ai choisi mon animal préféré pour hurler à ma place. Pas assez de coffre, j’ai. Lui donne carte blanche. Des raisons de s’indigner, il y en a tant. Ne vais pas les énumérer toutes, mais bon, la proche reprise des expulsions locatives, la précarité des travailleurs qui gagne
du terrain, le FN présent au second tour des départementales ce dimanche dans tous les cantons de Marseille, la poursuite du massacre des éléphants et des baleines, l’Antarctique qui perd sa glace… tout ça me fait hurler. Ça ne change rien à rien mais ça me fait du bien.
Profiter de ce samedi pour balader dans cet immense parc de l’ouest de Tokyo. Tenter de lâcher prise. Rêver du printemps. Espérer. Essayer de s’assoupir malgré l’animation dans les allées. Relire Rotsû
Colline de hauts cerisiers-
je vais sommeiller
sur une pierre lisse.
et relire Shiki
Au papillon je propose
d’être mon compagnon
de voyage.
Bouleversé par ce texte de Sabine Huynh, publié mardi par Jan Doets sur son site Les Cosaques des Frontières. En dessous
du titre – Je résisterai – une photo
signée Marc Melki suivie
d’une note de Jan en quelques phrases : À l’adolescence, Sabine Huynh s’est retrouvée à la rue, après le divorce de ses parents. Aujourd’hui écrivain, elle évoque pour la première fois cette facette de sa vie dans un texte qu’elle a écrit pour soutenir le travail du photographe Marc Melki, qui s’attache à sensibiliser l’opinion publique sur le sort des sans-abris.
Cette lecture est un petit caillou arc-en-ciel que je sème sur le sentier où cheminent ensemble Sabine, Marc et toutes les personnes indignées par le sort de celles et ceux qui n’ont pas de toit. Pour prolonger, marcher jusqu’au site de Marc Melki Exils intra-muros où il mène campagne pour que toutes le familles et leurs enfants puissent avoir un toit dans notre ville.
Tout comme Montedidio, j’ai dévoré Le poids du papillon, le conte poétique d’Erri de Luca. Ne suis pas chasseur. Ne suis pas alpiniste. N’empêche, j’ai été bouleversé par ce texte où résonne l’amour de l’écrivain napolitain pour la montagne, ainsi que toute l’admiration qu’il voue au dépassement de soi dont font preuve parfois les humains. Cet extrait raconte la fin de l’histoire de ce roi des chamois et de ce chasseur vieillissant. Une rencontre sur les rivages escarpés de la mort. Je l’ai choisi pour sa beauté, sa poésie et pour ce qu’il dit de la finitude. Celles des rois comme celle des héros.
J’ai mêlé leurs voix et leurs mélodies* pour saluer la distinction dont Amnesty International a choisi de les honorer. L’artiste chinois et la chanteuse américaine recevront ensemble le 21 mai prochain à Berlin le prix Ambassadeur de conscience, pour leur combat en faveur des droits de l’homme. J’ai appris la nouvelle ce mardi matin sur Twitter, via le compte d’Amnesty Deutschland @amnesty_de. Désolant de se dire qu’Ai Weiwei ne sera vraisemblablement pas du voyage
dans la capitale allemande, assigné à résidence qu’il est à Pékin par les autorités chinoises.
* Ai Weiwei chante Give Tomorrow back to me, l’un des titres de son album The Divine Comedy – Joan Baez reprend Brothers in arms, le standard de Dire Straits.
Ne pas se fier aux apparences. L’hiver aux trousses, continuons d’avoir. Les aborigènes humiliés. Erri de Luca hospitalisé. Les baleines massacrées. Chez nous, le bleu foncé et le brun en avancée. D’où qu’elles viennent, les nouvelles nous racontent un hiver qui se prolonge. Ces oiseaux et ce piano, ce serait comme pour croiser les doigts. Comme pour nourrir la petite flamme de l’espoir. En récitant ce haiku de Yosa Buson :
Rien d’autre aujourd’hui
que d’aller dans le printemps
rien de plus.
Le morceau de piano qui accompagne les oiseaux est l’œuvre de la pianiste japonaise Yuki Murata, membre du groupe Anoice.
Le Journal japonais de Richard Brautigan. Découverte douce et sensuelle. Pendant plus de six mois, en 1976, l’écrivain américain découvrit le Japon et se prit d’une immense passion pour l’Empire du soleil levant. L’esprit des maîtres du Haiku hante ce recueil de poésie. J’y navigue souvent. La nuit notamment. Lorsque mes pensées s’envolent vers mes amis laissés au Japon. Pour prolonger cette écoute, découvrir le travail délicat de Margaux Fédensieu, les douze baies rouges.
Naples. Quartier populaire de Montedidio. Erri de Luca* en a fait un merveilleux roman. Nous y cheminons aux côtés d’un adolescent de 13 ans qui découvre la vie, le monde du travail, les sentiments amoureux. Ce jeune garçon sans prénom se raconte en écrivant son quotidien dans un long rouleau de papier, chéri comme un confident. Chapitres courts. Poésie à chaque page. Personnages gorgés d’humanité dans ce Naples des années 50 qui ressemble tant au Panier marseillais de mon enfance.
* Erri de Luca est poursuivi par la justice pour son soutien à un mouvement de refus de la ligne TGV Lyon-Turin, la TAV.
Un bazar chinois en plein Marseille. De la pop musique au mètre. Made in Beijing. Sans doute une chanson d’amour. Si c’était en français, je dirais que c’est de la soupe. Mais là, la chanson me fait voyager. Bientôt retourner là-bas.
À la demande générale, voici l’intégrale du feuilleton consacré au parler de Marseille. Pas interdit de venir tchatcher avec nous. Histoire d’écouter in situ ces mots et ces paroles de chez nous. Et de nous dire ce que ça vous évoque. C’est quand voulez.
Par paresse ou facilité, c’est souvent par des clichés et des images toutes faites que l’on évoque Marseille et les Marseillais. Notre parler peut s’y prêter. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, ne néglige pas ce travers qui rode autour de notre langue.
Bellures, je ne l’avais jamais entendu. Grâce à Pierre Échinard, je ne pourrai plus le dire. (à suivre)
Le cacou et la cagole. Souvent croisés dans les rues de Marseille. Ils peuplent aussi la chanson qui a lancé IAM : Je danse le mia. Ces deux mots ne sont pas passés inaperçus de Pierre Échinard et de son Dictionnaire du Marseillais. (à suivre)
Estranssiné, estramassé, tant et tant de fois entendus au quartier lorsque j’étais enfant. Ancrés dans le parler populaire, ces mots racontés par Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille. (à suivre)
Dégun. On le dit souvent à Marseille, ce mot. Personne, il signifie. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, nous en dit plus. (à suivre)
Je viens tout juste d’interviewer Fathy, l’un des dessinateurs du Ravi qui se produisent « en direct » à l’occasion du concert de soutien au journal pas pareil, ce vendredi soir 13 mars, aux Docks des Suds. Fathy est un caricaturiste historique du mensuel d’enquête et de satire mis en redressement judiciaire en novembre dernier et qui a obtenu du tribunal un sursis jusqu’au mois de mai. Fathy est aussi le fondateur du Festival International du dessin de presse, de la caricature et de la satire de l’Estaque, à Marseille. La prochaine édition aura lieu du 17 au 20 septembre prochains.
C’est à Marseille, aux Docks des Suds, que je viens de rencontrer Michel Gairaud, le rédacteur-en-chef du Ravi, juste avant le concert de soutien au mensuel pas pareil qui depuis 10 ans en PACA, mescle enquête et satire. En cessation de paiement depuis novembre, Le Ravi a décidé de continuer sa bataille pour faire vivre un journal indépendant. Le tribunal lui a accordé une période d’observation jusqu’en mai. D’ici là, la bagarre continue. Et l’espoir est grand, en dépit des grandes difficultés que connaît la presse, notamment dans les régions. À l’affiche du concert, Imhotep, d’IAM, Zé Mateo Chinese Man, The Coyotes Dessert, DJ Big Buddha, Bon Entendeur et Kantes DJ Set. Depuis 19 heures, 8 dessinateurs se produisent en « live » sur les écrans de la fête au Ravi : Charmag, Fathy, Eric Ferrier, Moix, Red, Trax, Yakana et Ysope.
Le Ravi est sur le web. C’est là que l’on peut s’abonner.
Le Ravi est sur Facebook.
Le parler marseillais est fait aussi de mots grossiers. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, en connaît quelques uns. (à suivre)
La pile. Bader. Deux mots choisis par Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, pour continuer de nous raconter le parler marseillais tel qu’il est présenté dans le Dictionnaire du Marseillais, publié il y a bientôt dix ans. (à suivre)
Peuchère. Le pauvre. Jean Échinard est l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a près de dix ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, il a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Pendant 8 jours, Jean Échinard viendra nous raconter quelques mots choisis de ce parler populaire encore bien vivace dans sa (ma) ville natale. (à suivre)
Le temple Honmonji. Sud de Tokyo. Dans le vent du matin tintent les fūrin, ces petits carillons au son délicat. À leur battant, il est de coutume d’accrocher un petit morceau de papier sur lequel on a écrit un haiku.
« Les fleurs de cerisiers tombées,
le temple appartient
aux branches. »
Yosa Buson
Sortie de cinéma. Fin d’après-midi. Ils sont trois et se régalent à reprendre Bob, le roi du reggae. Quelques pièces sur la housse de la guitare. Une quasi indifférence, mis à part l’homme, juste en face. Il danse les yeux fermés aux côtés de Marley.
De l’eau à profusion. Jaillissement brut sur les pierres. Les oiseaux n’osent approcher. La neige décore encore les branches. Guetter la délivrance. Patienter en relisant les haikus des grands maîtres.
« Dans la vieille mare
a coulé une sandale
tombe la neige fondue. »
Buson
« Si tienne est la neige
tu penses, légère elle sera
sur ton chapeau. »
Kikaku
Lire des haikus chaque jour m’emmène parfois sur la piste de sons qui proviennent de ce Japon où vécurent les grands maîtres. Kyōto, aujourd’hui. Un concert d’insectes qui me fait rêver du retour des cigales.
« Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu’elle est près de sa fin. »
Bashō
Les grues sont de retour. Les avons aperçues l’autre soir. M’ont inspiré ce court poème.
Calligraphie tremblante
Elles sont passées sans prévenir
Bien au-dessus des toits
Calligraphie tremblante
Hésitante et pourtant
Points de suspension lancés dans le ciel bas
Comme un essaim éclaté
Une noria de nuages éparpillés au vent
Une flotte de barques accrochées à leur cap antique
De retour de pays plus chauds.
Mentons tendus vers ce large V gris foncé
Nous avons écouté les grues chanter.
Se rapprocher du printemps.
À retrouver, ainsi que d’autres textes, sur mon blog carnetdemarseille.com
À la demande générale, l’intégrale des épisodes de ce feuilleton sonore et convivial.
Rendez-vous l’hiver prochain pour d’autres gourmandises.
Des cochonnailles, Pierrot en a vécu tant et tant depuis l’enfance. C’était à la campagne. Mémoire intacte. Rien que de bons souvenirs de partage. (à suivre)
Tranches gourmandes, haricots blancs, vin de pays. Les cochonnailles s’achèvent autour d’un bon repas. Et comme les Béarnais adorent chanter dans leur langue, ils chantent. Bèth cèu de Pau, entre autres. Plaisir de les écouter. Bonheur de partager des mots, des sons et des souvenirs toujours vivaces. (à suivre)
Pendant que le pâté cuit, sortir boyaux de porc et machine ad hoc. Fabriquer les saucisses. (à suivre)
Une fois les boîtes remplies, les entasser dans la lessiveuse. Remplir d’eau à ras bord et lancer la cuisson du pâté. (à suivre)
Préparer le pâté. Hacher l’ail et les herbes, puis mélanger, brasser la viande dans une grande bassine. Avant la mise en pots. (à suivre)
Pendant que le hachoir poursuit son œuvre, il faut peler des dizaines de gousses d’ail. Prendre des gants. Odeur tenace. (à suivre)
Une fois salée, cette viande il faut la hacher. Mécanique, ce bruit de gorge qui rend la chair à saucisses. (à suivre)
Les cochonailles. Ce sera comme un feuilleton. Rite hivernal dans les campagnes. Ici en Béarn. N’entendrez pas le cochon hurler juste avant d’être abattu. N’a pas sa place ici, ce cri. Insupportable. Je sais qu’il a existé mais l’ai rangé sur l’étal des souvenirs honteux. L’histoire commence avec le salage de la viande. (à suivre)
https://soundcloud.com/ericschulthess/de-nuit-chopin-sous-mon-parapluie
Marcher sous la pluie m’est agréable. Surtout de nuit, lorsque les bruits de la ville disparaissent et laissent toute la place à la rêverie. Là, sous mon parapluie, c’est Chopin qui s’est invité. Nocturne N°1 en si bémol mineur opus 9. Je retournerai bientôt promener sous les gouttes.
Avec mon fils Marius, n’avons pas pu résister à l’appel de la grande marée. Nous sommes posés un peu en retrait par rapport au front de mer et avons laissé l’océan nous raconter. Lorsque le soleil ne nous a plus donné signe de vie, sommes remontés boire un thé et un chocolat chaud. Un léger goût de sel imprégnait mes lèvres. Les cheveux trempés d’embruns, Marius souriait.
Extrait des actualités télévisées du 2 Mars 1945. Au cimetière d’ Ivry, on honorait la mémoire de Missak Manouchian et de ses camarades fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Militant communiste et résistant d’origine arménienne, commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne, Manouchian fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l' »Armée du crime » ainsi que 23 de ses camarades. Les nazis et leurs amis de Vichy apposèrent leurs visages sur la sinistre Affiche rouge. Ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés. À Marseille, je vais souvent saluer Missak Manouchian au Mémorial qui lui est dédié, près du jardin du Pharo. Ce samedi, une cérémonie d’hommage y est organisée à 10 heures. Un autre moment de mémoire est prévu à Paris à partir de midi, devant la plaque apposée en sa mémoire sur l’immeuble qui fut le dernier domicile de Missak Manouchian, au 11 Rue de Plaisance, dans le 14ème arrondissement.
Le buste de Manouchian à Marseille.
Pour tous les Chinois du monde, l’année a donc débuté sous le signe de la chèvre. À l’astrologie chinoise, je ne comprends pas grand chose. Comme d’ailleurs à l’astrologie occidentale. Mais bon, l’animal m’est sympathique depuis l’enfance. Ma tante Berthe en promenait une au village. Blanchette elle s’appelait. Elle la tenait par une ficelle accrochée au cou. Je me souviens de son odeur forte et de ses petites crottes noires comme des cachous qui nous amusaient beaucoup. Doux souvenir d’enfance, à accompagner d’une musique traditionnelle chinoise, histoire d’entamer cette nouvelle année en douceur. Les amoureux papillon, c’est le titre. Un jour, je saurai l’écrire en chinois.
Le nez en l’air comme souvent. Regarder le ciel. Frôler la limite entre la frise de blanc et l’azur. Un avion passe. Vers où trace-t-il sa route ? Impossible à distinguer. Il a dû s’éterniser dans les nuages. Imaginer le pays où il se posera. Tout à l’heure. Dans la nuit. Ou bien demain. Lorsque poindra le jour sur le parc peuplé de chênes et de platanes, où le petit garçon est venu me demander Il est où ?
Sur la route pluvieuse soudain, à la radio, la grâce, l’élégance et le tempo de Stéphane Grappelli et Oscar Peterson. Je monte le son. France Musique dans le poste. Makin’ Whoopee. Les deux géants accompagnés de Kenny Clarke à la batterie et de Niels Henning Oersted Pedersen à la contrebasse. C’était en 1973. Et dans ma voiture en cette fin de matinée d’hiver.
Ah, ces nuits d’été rêvées au Japon, lorsque passe le percussionniste avec ses bois porte-bonheur !
M’évoque ce court poème de Richard Brautigan dans son Journal japonais
En regardant mon lit / 3 heures du matin
« Dormir sans dormir,
pour ensuite redormir
sans
dormir. »
Le temps d’appuyer sur enregistrer, le temps pour ma fille Zoé de prendre la photo, le petit train de nuit était déjà loin, avalé par la nuit pluvieuse.
Je ne suis pas bouddhiste. Mais j’ai apprécié la quiétude et la sérénité rencontrées dans les temples dédiés à Bouddha, lors de mes voyages
en Chine et au Japon. Hier, j’ai déniché ce son accompagné de cette belle phrase : faire la vaisselle c’est comme faire la toilette de bébé Bouddha. Ces mots proviennent du moine bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh. Des milliers d’autres sons du monde entier s’écoutent sur aporee.org.
Inquiétantes parfois les machines créées par les humains. Cette foreuse géante m’a fait un peu peur l’autre jour. Comme une méga roulette affairée à triturer les dents de la terre.
Il met des mots là où je n’y parviens pas. Je reste sans voix face à ce regard aigu posé sur le temps qui file. Sur le décor et les humains qui défilent dans la ville. Sa ville. Ma ville. Marseille. Notre ville. Lire et relire Arnaud Maisetti et puis se lancer à voix haute. Oser. Penser aux êtres chers. Convoquer le printemps. Se languir des journées interminables de l’été. Rêver d’île blanche. De chaleur. Sur la plage et dans le cœur des humains qui résistent. Pour prolonger cette lecture, se rendre sur les carnets d’Arnaud Maisetti.
L-OH est le nom d’artiste de Véronique. Peintre numérique elle est. Se promène si souvent aux côtés des skaters et riders marseillais qu’elle les photographie et lance son tour de passe passe, une fois chez elle, pour leur recréer un monde. À partir de demain vendredi 13 et pour un mois, elle expose ses créations à la galerie associative « Antre de Monde » à Marseille. Facile à dénicher le lieu. C’est au 40, rue Estelle, au creux des escaliers du Cours Julien. Vendredi 13, ça va lui porter bonheur.
Je sais. Je suis un veinard. Mon ami Fañch, flibustier de Bretagne, radiophile comme c’est pas permis, je l’ai vu en vrai s’adonner à son autre passion : l’écriture, la calligraphie. Il a dessiné devant moi, comme ça, tranquille, un soir, à sa table de bois. Et il a parlé. Comme dans la vie. Très bavard l’ami. Je me suis régalé de le voir et de l’écouter. Fañch est un artiste au cœur immense. Radical. Engagé. Drôlissime. Suis sûr qu’un peu de Marseille vit en lui. Beaucoup même. Pagnol n’est pas bien loin dans le sang de ce Breton fier et humble, façonné aux grandes marées et aux lumières des phares qui émerveillent et rassurent. Pour prolonger, écouter Fañch parler radio avec Léa Minod, dans la matinale culturelle de Vincent Josse sur France Musique. Son blog, Radio Fañch, c’est par ici.
Les oiseaux semblent s’y être habitués. Pas moi. Je frémis chaque fois que rugit la tronçonneuse. Faut du bois pour la cheminée pourtant. Mais ce bruit me terrifie. Pense à ces larges et profondes zones du monde où les humains font mourir les arbres par centaines de milliers. L’Australie, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie figurent parmi les pays où les pertes forestières sont les plus importantes. Les ravages environnementaux et sociaux sont de taille. Combat de titan pour que les forêts ne soient plus sacrifiées aux intérêts marchands.
Il nous a émerveillés ce dimanche après-midi en clôture du Festival Longueur d’Ondes, à Brest. Henri Gougaud rien que pour nous, sur la scène du cabaret Vauban. Une bonne heure d’échanges avec Jean Lebrun autour de sa mémoire de conteur. Celui qui débuta à la radio avec Claude Villers ne résista pas au plaisir de nous raconter cette histoire africaine. Et nous au bonheur de l’écouter.
Quatre mois aujourd’hui que Maman s’en est allée. Lui parle tous les jours. Sais qu’elle m’écoute, du haut de la montagne où elle est retournée se promener.
Blog en jachère. Nécessaire pause avant que le vent se lève à nouveau. Reviendrai dans quelques jours ou plus tard. Je vous laisse avec les oiseaux. Par ordre d’apparition, le Venturon Montagnard, l’Huitre Pie, la Grive dorée, le Troglodythe mignon et l’Océanite Tempête. Prenez soin d’eux. Pouvez en enregistrer vous aussi et me les garder au chaud pour quand je reviens…
Vieux-Port frigorifié. Glacé de mistral et sale comme lorsque voltigent au vent mauvais les poubelles abandonnées. Marseille au cœur de l’hiver. Solitudes dans la multitude. Elles avancent et se croisent et s’ignorent. Et soudain, le sourire des musiciens de Farigoule. Repartir vers l’autre bout de la ville le cœur un peu plus léger. Aller saluer Planier. Rêver d’île chaude. Désirer s’y lover…
Il m’a bien amusé ce texte déniché sur Littérature sauvage, l’atelier-web de Cécile Benoist. Oui, il m’a fait rire. Et pas seulement la chute en forme de question. En quatorze lignes, surgit d’ Imagineur #23 l’embrouillamini * de tourments qui s’invitent parfois au détour d’un petit matin d’écriture lorsque l’écran reste tout blanc. Élaguer. Épurer. Ôter. Simplifier. Faut-il ? Nécessaire par souci de clarté, oui, mais. Mais à quoi ressembleraient nos écrits sans ces petits outils jolis qui font sens et qui donnent rythme ? Cécile Benoist prend le parti d’en rire tout en s’interrogeant. Pour prolonger cette lecture, un crochet s’impose parmi ses Mots sauvages. Poésie et gravité au rendez-vous.
Reprendre à tue tête le Bella Ciao des Marseillais de l’Académie du Chant Populaire *. Je ne suis pas Grec mais demain dimanche, je vote Siriza. Ne sais pas vous, mais je suis las de cet étau qui depuis tant et tant d’années étouffe et broie à petit feu le peuple grec. Ces portraits de Grecs transformés par cinq ans de crise – publiés par Mediapart – est éloquent. Siriza, soit l’espoir de commencer sans tarder à mettre un terme aux politiques d’austérité en vigueur en Grèce depuis 2010. De retrouver peu à peu le sourire. De redonner à ceux que l’on a tant et tant brimés, écrasés, niés, exploités.
* Alain Aubin est le fondateur de l’Académie du Chant Populaire.
La photo avant le texte. Ces mains m’ont attiré d’abord car tatouées. Les tatouages accompagnent ma vie depuis des années. Le texte m’a séduit car il évoque une rencontre fugace et profonde à la fois. L’un de ces rencontres qu’il faut avoir l’audace de provoquer, pour convoquer ce qu’il y a d’humain en nous. Pour se raconter des histoires. Porter notre regard sur l’autre dans toute sa singularité, toute sa différence. Ces mains offertes à Cécile Portier m’évoquent ces moments de grâce où en pleine ville, l’on arrête une passante pour lui dire que vous êtes belle ! Avant de s’en retourner à ses pas, chacun de son côté. Ne jamais s’interdire ces secondes où les mots énoncés à voix haute rendent la vie un peu plus douce. Un peu plus partagée. Cécile Portier tient un blog d’écriture, Petite Racine, fait pour écrire. à mains nues en est l’une des facettes. D’autres histoires de mains nous y attendent. Sur une autre page – La tête que ça nous fait – allez lire le très beau texte qu’elle écrivit après l’attentat contre Charlie Hebdo, intitulé Résister.
Je n’ai pas manqué ce rendez-vous. Comme chaque abonné, j’imagine. De retour en chair et en sons sur la Toile après six mois passés à la cave, le nouveau Là-bas m’a fait plaisir tout en me laissant un peu inquiet. On commence par le plaisir. Le répondeur égal à lui-même. La Harley vrombissante. Daniel Mermet fidèle à Daniel Mermet. Gouleyant et percutant, quoique un tout petit peu en dedans par rapport à ses années micro. Peut-être un zeste d’émotion teintée de rage et de tristesse au moment de remonter sur scène ailleurs que dans ce qui fut si longtemps sa maison. Du Mermet de combat tout de même. Sans arrangements sur la ligne éditoriale qu’il emprunte et défend depuis 1989. Pluraliste – l’émission a longuement donné la parole aux militants de Riposte laïque et de Résistance républicaine – , aux antipodes du robinet d’eau tiède au parfum néo-libéral des bulletins d’info des média dominants, les radios comme les télés. Ce fut donc hier-soir l’avant-première de l’émission modeste et géniale. Elle sera hebdomadaire dans un premier temps. Le temps justement de dénicher les 10.000 abonnés qui manquent pour que le fameux 7-9 neuf que Mermet nous avait annoncé pour ce début 2015 voit le jour. Et c’est ici que je veux parler de mon inquiétude. Combien de temps faudra-t-il au nouveau Là-bas pour mobiliser tous les nouveaux abonnés dont il a besoin ? Un, deux, trois, six, douze mois ? Allez, pour tenter de convaincre les encore réticents à placer quelques dizaines d’euros sur l’émission « plus près des jetables que des notables », voici le reportage d’Anaëlle Verzaux auprès des Musulmans de la mosquée Islah de Montreuil – réalisé le jour de la tuerie de la Porte de Vincennes – et diffusé hier-soir sur le site de Là-bas.
Pour info, Là-bas est suivi par 36.318 « amis » sur Facebook. Sur Twitter, @LabasOfficiel et @MermetDaniel gagneraient à être un tantinet plus réactifs et à l’écoute de leurs 1.814 followers. Je dis ça, je dis rien…
Regarder les nuages qui passent avant d’aller mourir. Il a suffi de cette invitation juste en dessous du titre de son site – Le Petit Monde de Nicolas Esse – pour que je me laisse séduire. Ce quinqua né en Suisse ne manque ni d’humour, ni de poésie, ni d’un sens aigu du tragique. Il se définit comme lecteur précoce et compulsif. Ralenti par le besoin de dessiner dans les marges, ajoute-t-il en déroulant sa bio. Ça tombe bien. Les marges m’attirent depuis l’enfance. Les ai longtemps préférées aux pleines pages. Elles me troublent et me captivent souvent. Et puis dessiner avec des mots est un plaisir que je partage avec cet auteur dont j’ai découvert il y a quelques semaines la savoureuse série Épitaphes Utiles pour ne pas être pris de cours en cas de mort imprévue. Épilation du langage, le texte lu ici, met du rythme et de la pensée sur ce que nous sommes sans doute quelques uns à déplorer : l’affadissement des mots, la paresse intellectuelle, la fausse pudeur de la parole, les raccourcis faciles, la récurrente et affligeante mollesse de l’expression individuelle et médiatique. Du coup, je me laisserai bien tenter un de ces quatre par la lecture à voix haute – et jubilatoire à coup sûr – de quelques uns de ses billets publiés par exemple dans la catégorie Vu sous la jupe des étoiles, Gialloverde ou Ze English Coin. Au fait, l’entrée dans Le Petit Monde de Nicolas Esse c’est par ici.