L’escalier du phare de Biarritz

11007970_1590384671174716_856235592_n

Cinquième épisode de l’atelier d’écriture proposé par François Bon sur son TiersLivre,
« Du lieu, le texte escalier » . Séduit par « l’idée d’un texte-escalier, qu’on monte ou qu’on descende, ou bien que chaque franchissement dans l’escalier-texte soit un franchissement dans les escaliers-souvenir », je me suis lancé dans l’ascension de l’escalier du phare de Biarritz.

Maintenant que tu as gravi les premières marches tu ne peux plus reculer tu étouffes déjà tu ne l’imaginais pas si étroit cet escalier en colimaçon du grand phare de Biarritz tout blanc mais pour l’instant c’est sombre si sombre et dire qu’il y a quelques secondes à peine du baignais dans le vert foncé des tamaris et l’océan te souriait à pleines vagues de rose et de doré et tu devinais presque l’Espagne à travers les embruns et c’est pour la voir d’en haut que tu es entré puis as commencé à monter le souffle teinté d’impatience et maintenant les cuisses commencent à te piquer un peu beaucoup car tu avances trop vite sans doute l’angoisse de rester prisonnier et tu te souviens du récit de Maman ta naissance elle dura près de vingt quatre heures puis forceps pour te mettre au monde sans doute est-ce inscrit gravé en toi à jamais alors tu te sens comme à chaque fois dans les ascenseurs là l’air te manque le grand air du large tu le désires fort et tu en es coupé tu l’as voulu cette ascension alors avance et tu tournoies dans le colimaçon géant traversé de haut en bas par les voix de celles et ceux qui ont atteint le sommet alors que toi tu ne sais pas combien de temps il te faudra pour crier victoire et mettre un pied puis deux sur la passerelle qui encercle la tête du phare tu ne comptes pas les marches peut-être que tu aurais dû prendre le prospectus car c’est inscrit dessus le nombre de marches qui mènent au grand air sous la coupole et son optique Fresnel plus que centenaire la voudrais tournée vers l’obscurité que tu traverses au fur et à mesure que tu avances dans la tour conique comme dans un tunnel et tu languis maintenant que se renforce la lueur qui tombe du sommet de l’escalier où résonnent tes semelles au rythme de ton souffle accordé aux battements de ton cœur c’est moins violent qu’à vélo quand tu grimpais l’Aubisque le matin sous le soleil de juillet et que parfois la lumière te manquait aussi et l’oxygène tu avançais presque au ralenti mais tu finissais par réussir à monter jusqu’au col jusqu’au sommet et là pas encore victoire tu accélères porté par le désir d’horizon et le désir d’Espagne tu la vois presque à présent tu la devines la touches presque alors encore un effort plus que quelques marches et tu la salueras d’en haut en souriant et tu chériras cette majesté qui de bout en bout t’aura ramené à ta petitesse à ton état de minuscule parcelle de vie qui un jour se dissout dans l’univers comme disait Maman avant de mourir le regard tendu vers le phare de Planier.

Cot Cot Codèt

img_2925

Le dimanche
j’aime bien aller saluer les poules
qui promènent auprès de leurs coqs
dans les jardins d’à côté

sont peureuses, peuchère
se cachent vite derrière les haies
si seulement elles savaient
que pourtant je ne veux rien d’autre
que tenter de chanter
avec elles à tue tête
Cot Cot Codèt

Ravel, Zygel et les Massin

Maurice Ravel (1875-1937), French composer. LIP-16

Prends le temps
aussi souvent que possible
de me rendre disponible
à l’écoute de la radio
et de la musique

Ravel hier
et Zygel
Maurice et Jean-François
sur France Inter
Ravel le natif de Ciboure
et sa Rapsodie espagnole
racontée
décrite
détaillée avec gourmandise
par le pianiste et professeur
à écouter
comme on visite un musée
comme on se laisse guider
dans les pas de celui qui éclaire
et permet d’orner ses émotions
de savoir et de comprendre
de faire connaissance

Ludwig van Beethoven

La Preuve par Z de Zygel
ma évoqué un souvenir d’adolescent
captivé je fus, à la télé, en 1970
par Brigitte et Jean Massin
et leur série d’émissions dédiées à Beethoven
à l’occasion du bicentenaire de son anniversaire.

* Pour prolonger la découverte de Maurice Ravel, visiter la page du Lycée Raymond Queneau d’Yvetot, dédiée à l’éducation musicale.

 

Le Rouge-gorge d’ici et de là-bas

rouge-gorge

Le matin parfois
surgit sur mon écran
une merveille
une parcelle de grâce
un fil précieux
relié à la vie paisible qui bat
juste à côté
un fragment de  beauté
niché par surprise
juste en face de mon silence

rougegorgeterresdencre
ce rouge-gorge de là-bas
offert par terres d’encre
l’ai désiré ici aussi
tout près de ce ciel
qui nous unit
ai déniché sa voix
et me suis assis
sur le vieil amandier
pour l’écouter

Retrouver terres d’encre par ici et sur Twitter 

L’oiseau du cimetière

img_2908

Comme par enchantement
l’oiseau s’est juché là-haut
juste en face de toi
là où depuis un mois
reposes en paix, mon Jacques

sur l’arbre vigie des tombes
il est venu te conter
les joies et les regrets
les espoirs et les tourments
les souvenirs et les silences
qui peuplent nos journées
et nos nuits ici-bas

 

Sous le grand mimosa

img_2803

Les yeux tendus vers l’azur,
comme souvent
j’ai entendu soudain
– approche, approche donc !
alors, j’ai avancé à petits pas
pour savourer l’offrande

enfoui ma tête sous le grand mimosa
laissé la voix de mille abeilles m’envahir
et tournoyer parmi les pompons d’or
jusqu’à parer mes pores d’éphémère poussière

ivresse légère d’un matin à chérir
parmi les souvenirs précieux
d’un hiver qui se meurt

img_2804

img_2805

img_2806

Sur le bouleau branchu

img_2799

Sur le bouleau branchu
découvrir un cœur
deviner un sexe offert
fixer un regard discret
comme un sourire lancé
à mes doigts étonnés
sous le soleil de février

img_2800

img_2802

img_2801

 

Glenn Gould joue la transcription par Franz Liszt
de la Symphonie pastorale de Ludwig van Beethoven

Elles sont de retour

img_2860

Juste le temps
de lever les yeux
et les voilà disparues
les grues sauvages
de retour des pays chauds
après à peine
deux mois d’hiver

Ce moment fugace de contemplation
m’a évoqué
deux haïkus

Une pierre pour oreiller
j’accompagne
les nuages

Taneda Santoka
( 1882 – 1939 )

Rien qui m’appartienne
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l’air

Kobayashi Issa
( 1763 – 1828 )

Me serais bien baigné

img_2726

Un vrai parfum d’été
sur Donostia San Sebastián
me serais bien baigné
comme nombre de pépés et mémés

img_2727

mais me suis renseigné
la mer n’offrait pas plus que dix degrés
alors suis allé marcher
le long de la Concha
reviendrai nager au printemps
et cet été

 

Juste pour le plaisir

img_2752

Tout au bout de la Concha
à main gauche face à la mer
la promenade s’achève sur un cirque minéral
surplombe un passage troué
de lettres torturées
d’où l’océan raconte
une histoire d’océan
des paroles à imaginer
en fermant les yeux
et lâchant prise
comme ça
juste pour le plaisir

https://soundcloud.com/ericschulthess/la-mer-parle-tout-au-bout-de-la-concha

Missak, je ne t’oublie pas

missak

Ce samedi-matin à 11 heures
j’espère que seront nombreuses et nombreux
celles et ceux qui viendront à Marseille
se rassembler au Square Missak Manouchian *
pour commémorer le 73ème anniversaire
de l’exécution au Mont Valérien du groupe Manouchian
ces résistants dont les nazis et leurs sbires de Vichy
apposèrent les visages sur la sinistre Affiche Rouge

img_2792

à chacun de mes séjours à Marseille
mes pas me mènent devant le mémorial dédié à Missak
boulevard Charles Livon
tout près du Jardin du Pharo où je jouais, enfant
ce mémorial a été honteusement profané il y a quelques jours
alors, pour encore moins oublier Manouchian et ses camarades fusillés le 21 février 1944
voici un extrait sonore des actualités télévisées du 2 Mars 1945
au cimetière d’ Ivry, on honorait leur mémoire

* D’origine arménienne, Missak Manouchian était militant communiste et résistant
commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne
il fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l’ Armée du crime
ainsi que 23 de ses camarades
ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés

Voir aussi L’Armée du crime, le film dédié en 2009 par Robert Guédiguian à Missak Manouchian et à ses camarades, et dont voici la bande annonce

Clément dans le vent

img_2784

Je suis un Papet gâté
un nouveau cadeau joli
m’est arrivé
depuis Shanghai
Clément au piano
dans le vent
comme un grand

à pas encore 7 ans
son répertoire grandit
il joue aussi The little Indians
pour lui envoyer mon merci
lui dédie ces 6 Gnossiennes de Satie

Gnossiennes – Erik Satie

img_2158

Comme un léger parfum de printemps

img_2772

Comme un semblant de printemps
douceur sous les arbres
premières fleurs
timides
poussant leur soif de lumière
hors des feuilles mortes

img_2767

et puis le retour du merle
presque en boucle, le copain

aurais bien sifflé comme le faisait Jacques
pour dialoguer un peu sous le soleil
mais le merle s’est enfui
quand me suis approché du chêne
reviendrai un de ces quatre
avant l’arrivée du printemps
c’est promis

img_2765

 

Devant les paysages d’Odilon Redon

img_2532

Odilon Redon
sais pas pourquoi
pensais que c’était une dame
intrigué tout de même
par le on final du prénom
croyais donc que c’était une peintre
jusqu’à ce samedi aux côtés de ma fille Zoé
la découverte de l’exposition
« La nature silencieuse. Paysages d’Odilon Redon »
proposée par la Galerie du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

img_2527

« né dans le Midi, avec un brin d’âme du Nord »
Odilon Redon découvrit la peinture à Paris à l’âge de sept ans
et fut un amoureux de la nature
« dans ses formes … dans le plus petit brin d’herbe,
l’humble fleur, l’arbre, les terrains et les roches,
jusqu’aux majestueuses cimes des monts. »

img_2518

avec Zoé, le voyage en paysages
fut une douceur charmante
un paisible émerveillement

img_2536

img_2525

img_2538

img_2552

img_2520

Pour prolonger la visite, c’est par ici .

Robert Schumann* – Arabesque en do majeur – par Evgeny Kissin

* Odilon Redon adorait Schumann depuis l’enfance.

Feuilletons-radio, étonnez-nous !

img_2677

#journeemondialedelaradio
le hashtag a fleuri ce lundi sur Twitter
d’ordinaire je me tiens à distance de ces messes
artificielles
désincarnées
sans intérêt
mais là, pas le même feeling
parce que la radio
plus de trente ans de ma vie qu’elle résonne fort et fait sens
mondiale donc cette journée
alors j’ai ressorti de l’ordi un souvenir sonore
ramené l’automne dernier de Shanghai
depuis l’intérieur d’un taxi
branché sur un feuilleton radiophonique

n’ai rien compris du tout
of course
mais ai bien observé le visage du chauffeur
tandis qu’avançaient la voiture et l’épisode
le vivait intensément
entre froncements de cils et sourires

img_0287

me suis souvenu des dames d’un certain âge
dans mon quartier de Marseille
étaient abonnées à leurs feuilletons
ne loupaient pas un épisode
c’était un rendez-vous important de leur journée
en ai oublié les noms
l’INA m’en a rappelé quelques uns
Noëlle aux quatre vents
San Antonio

et puis mon ami Fañch Langoet
mémoire vivante de la radio
m’a parlé de sa grand-mère
elle écoutait 51, rue courte sur Radio Luxembourg
La Famille Duraton aussi
lui assis sur ses genoux

la-famille-duraton
– et aujourd’hui lui ai-je demandé ?
– pas grand chose hormis le Feuilleton de France Culture
quotidien du lundi au vendredi
pour lequel la chaîne ne fait pas grande publicité …
et pourtant
cette Amérique de Kafka
entre autres rendez-vous du soir
elle en vaudrait bien de la promo, non ?

suis pas un penseur de la radio
loin s’en faut
mais peut-être y aurait-il quelque chose de beau
d’intelligent
de sensible
à creuser et créer dans le filon du feuilleton
quelque chose d’utile aussi
à feuilletonner et feuilletonner encore
avec de belles histoires
de la mise en haleine
de l’étonnement
des rendez-vous d’écoute et de partage
ça nous changerait de la fade et triste radio filmée
dont il paraît que c’est moderne et tout et tout
que c’est l’avant-garde de l’audiovisuel
peuchère …

en attendant
le podcast est là et bien là
et je ne m’en prive pas

Binge Audio et Julien Cernobori par exemple
ont créé chaque jour le désir d’être en même temps
aujourd’hui et le lendemain
pour suivre leur Super Héros
Hélène elle se prénomme

vivement le 21 mars
pour découvrir le deuxième personnage exceptionnel
de ce très beau feuilleton
ce sera un jeune homme

Un réveil Allegro

img_0344

Un très joli cadeau
ce petit morceau
arrivé dans la nuit
de Shanghai où le soleil luit
toujours avant ici

cet Allegro
m’attendait au réveil
au violon, Alexandre
bientôt 10 ans
l’aîné de mes petits-fils

img_2157

pour le remercier de cette merveille
lui dédie ce bijou

Partita N°2 en ré mineur – Jean-Sébastien Bach – Renaud Capuçon

 

Sur mon banc préféré

img_1219Suis retourné lire au soleil
sur mon banc préféré
après Giono
ai filé au Japon
avec Yasunari Kawabata
séduit par le titre de son recueil de nouvelles
Première neige sur le Mont Fuji
ai savouré les portraits
les couleurs
la douce poésie
qui parcourt chacun des six textes
ai choisi Terre natale
pour partir à voix haute
vers ce Japon
et ce Mont Fuji magique et bien aimé

 

img_2173

@Hokusai

img_2467

@Emil Orlik

 

Quand les mots humains manquent

img_2383

Parfois
quand les mots humains manquent
je m’échappe aux côtés des animaux
je tends l’oreille
à bonne distance
et je retrouve le tempo de l’enfance

Se consoler avec Giono

img_2427

Parti pour lire au soleil
au pied des chênes

img_2426
avais choisi un livre en harmonie
avec le paysage
L’Homme qui plantait des arbres
de Jean Giono

img_2433

au bout d’à peine quelques lignes
un hurlement m’appela vers les arbres du haut
vers le sentier obstrué par un chêne affalé

abattus par la tempête de l’autre jour
les chênes siamois
tués une seconde fois
deviendront poussière de bois
buches de cheminée
mangeoires à oiseau
nichoirs
qui sait ?

img_2440-1

après quelques caresses
sur leurs nervures
suis redescendu vers mon banc
me consoler avec Giono

img_2438

Des heures de peu

img_2347

Des heures de peu
le corps et la pensée en errance
parmi les vestiges d’en bas
et les signes d’en haut
rien ou pas grand chose
qui puisse dissiper
cet arrière-goût d’abysses
qui rode et s’insinue profond
malgré l’éclatante beauté du ciel
rien ou si peu
qui puisse consoler
de tous ces siècles
à traverser sans toi désormais
mon Jacques

img_2349

img_2351

img_2377

img_2380

img_2388

 

 

 

 

Ces visages distraits et recueillis

noyeparmilesalguesjpg

Sur la murette du chemin trempé
se sont installés des visages
discrets et recueillis
défigurés aussi
racontent à voix basse
des histoires lointaines
de porteurs de moustaches
de fumeurs de pipes
de gibets et de guerres
espèrent silencieux
pour le présent
pour les jours qui s’effilochent
la caresse d’une main
l’aube d’une prière
le baiser fugace
d’un merle ou d’un moineau
non-loin des pensées blessées

hommealapipe

img_2294

penseesmouillees

Brahms – Intermezzo Op.117-1 – Glenn Gould

Blaise Cendrars à hautes voix

portrait-blaise-cendrars-amedeo-modigliani-89-1827-iphone

Tout est parti d’une visite à Poezibao
le site dédié à l’actualité de la poésie
fondé et porté avec passion par Florence Trocmé
suis tombé sur un article
titré : (Archive) La voix de Blaise Cendrars
j’ai cliqué
puis écouté
émerveillé

mis en bouche, me suis ensuite rendu sur le site de la RTS
la Radio Télévision Suisse
m’y suis promené
ai écouté Cendrars se raconter
et d’abord évoquer son premier départ
tout jeune il était

forcément, ai eu envie de lire
à voix haute
l’un des poèmes de Cendrars
ai choisi Complet blanc
écrit en mer
non-loin de l’Afrique

 

Complet blanc

 Je me promène sur le pont dans mon complet blanc acheté à Dakar
Aux pieds j’ai mes espadrilles achetées à Villa Garcia
Je tiens à la main mon bonnet basque rapporté de Biarritz
Mes poches sont pleines de Caporal Ordinaire
De temps en temps je flaire mon étui en bois de Russie
Je fais sonner des sous dans ma poche et une livre sterling en or
J’ai mon gros mouchoir calabrais et des allumettes de cire de ces grosses que l’on ne trouve qu’à Londres
Je suis propre lavé frotté plus que le pont
Heureux comme un roi
Riche comme un milliardaire
Libre comme un homme

Blaise Cendrars (1887 – 1961)

D’autres archives poétiques à découvrir sur Poezibao, par ici .

Illustration de ci-haut : Cendrars par Amedeo Modigliani

La symphonie de Marcel

img_2267

Onze heures ce dimanche
Marcel déboule
lance sa symphonie
j’applaudis
transi mais réjoui
est là la tempête
l’accueille comme une fête
grelotte vite
et rentre m’abriter auprès d’Ella

Ella Fizgerald – Stormy Weather

 

Samedi poésie

mer

Soif vive de mer
d’embruns fous et salés
de vagues enamourées
un samedi à voyager
au creux d’yeux encore fiévreux

faim de lentilles
préparées à peine aillées
orange dégustée
l’aurais rêvée sanguine

puis halte longue auprès d’une merveille de mots
ce Poème d’amour et de Pygmésie intérieure
posté chez Les Cosaques des Frontières
par Serge Marcel Roche *
vif plaisir de le lire à voix haute

img_2230

me suis replongé aussi
dans les haïkus de Sôseki
en ai dédié trois à Jacques
mon ami trop tôt parti

Remplissez son cercueil
de tous les chrysanthèmes du monde
autant que la terre en peut fleurir

Vent d’hiver
qui précipite dans la mer
le soleil couchant

Un ami s’en est allé
en rêve
la Voie lactée

* Retrouver Serge Marcel Roche aux Éditions Qazaq, sur son blog Chemin tournant et sur Twitter

Illustration de ci-haut @Gustave Le Gray

Orage, orage

img_2204

Agité par la fièvre
ai sursauté lorsque
le volet a claqué
lumière sombre
éclair lointain
pas froid dans la ruelle
mais
le tonnerre, soudain
puis un orage de grêle
à faire fuir les tourterelles

me suis souvenu de ce merveilleux orage
capturé par Félix Blume en Bolivie
à plus de 5.000 mètres d’altitude
au sommet du mont Chacaltaya

redescendu sur terre
ai béni dame Nature
et suis reparti chasser ma fièvre
en espérant d’autres éclairs
d’autres coups de tonnerre
pour bercer mes heures solitaires

Accueillir la pluie

img_2068

Cette pluie qui me réveille
l’accueille comme une amie
à larmes ouvertes
bénie soit sa musique

voudrais fuir le soleil
sa violence
son insistance
son indécente présence

reste encore caché
astre dont l’ombre n’épargne
ni les aimés partis
ni les inconnus
ni les exilés aux pieds nus
ni les souvenirs brûlants

pluie, surtout ne cesse
de lancer tes pleurs sur les tuiles
poursuis ta chanson de caresse
accueille la mémoire de tous ceux
qui frissonnèrent sous tes gouttes

Billie Holiday – Come Rain Or Come Shine

Deux pépites d’écoute

Respirer
regarder le ciel
retomber en enfance
en se laissant porter
par les contes animaliers
proposés par Phaune Radio
en ai choisi deux
il y en a plein d’autres à déguster

herisson

mesange

Souviens-toi de la Retirada

retirada-leperthusLa Retirada
mes amis espagnols m’en parlent souvent
un demi-million d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient les franquistes
et qui rejoignent la France
en à peine quinze jours
fin janvier 1939
mes amis de Valence n’oublient pas
ce qui fut le plus grand exode du XXème siècle en Europe occidentale
après la terrible bataille de l’Ebre
ses 100.000 morts
et son ¡ Ay Carmela !

ai revisité cette mémoire vive hier
grâce à Julie Gacon
et son émission Sur la route… de la Retirada

un très fort moment de radio sur France Culture

aycarmela

Photo de ©Manuel Moros

Ay Carmela en paroles

El Ejército del Ebro
Rumba la rumba la rum bam bam!
Una noche el río pasó,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Y a las tropas invasoras
Rumba la rumba la rum bam bam !
Buena paliza les dió,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

El furor de los traidores
Rumba la rumba la rum bam bam !
Lo descarga su aviación,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Pero nada pueden bombas
Rumba la rumba la rum bam bam !
Donde sobra corazón,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Contrataques muy rabiosos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Deberemos resistir,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Pero igual que combatimos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Prometemos resistir,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.