S’avancer jusqu’au bout
Racler semelle
S’aventurer
Oser le face à face
Terre salée
Écume folle accrochée
Rochers offerts
Paquets de mer
Tournoient les rafales
Granit foncé
S’échouent les peuples de vagues
Courants, oh ces courants !
Rasades d’embruns sur les balises
À chaque coup de vent deviner l’errance
La perdition
Grelotter
Imaginer les naufrages
Malgré le phare du Four, juste là
À portée de doigts
Imaginer le chagrin des orphelins
Le désespoir des mères
La colère des marins
Le désir des marins
L’avenir des marins.
Mois : janvier 2015
Je vous laisse avec les oiseaux
Blog en jachère. Nécessaire pause avant que le vent se lève à nouveau. Reviendrai dans quelques jours ou plus tard. Je vous laisse avec les oiseaux. Par ordre d’apparition, le Venturon Montagnard, l’Huitre Pie, la Grive dorée, le Troglodythe mignon et l’Océanite Tempête. Prenez soin d’eux. Pouvez en enregistrer vous aussi et me les garder au chaud pour quand je reviens…
Un air de Farigoule sur le Vieux-Port
Vieux-Port frigorifié. Glacé de mistral et sale comme lorsque voltigent au vent mauvais les poubelles abandonnées. Marseille au cœur de l’hiver. Solitudes dans la multitude. Elles avancent et se croisent et s’ignorent. Et soudain, le sourire des musiciens de Farigoule. Repartir vers l’autre bout de la ville le cœur un peu plus léger. Aller saluer Planier. Rêver d’île chaude. Désirer s’y lover…
T’imagines pas l’imagination de Cécile Benoist
Il m’a bien amusé ce texte déniché sur Littérature sauvage, l’atelier-web de Cécile Benoist. Oui, il m’a fait rire. Et pas seulement la chute en forme de question. En quatorze lignes, surgit d’ Imagineur #23 l’embrouillamini * de tourments qui s’invitent parfois au détour d’un petit matin d’écriture lorsque l’écran reste tout blanc. Élaguer. Épurer. Ôter. Simplifier. Faut-il ? Nécessaire par souci de clarté, oui, mais. Mais à quoi ressembleraient nos écrits sans ces petits outils jolis qui font sens et qui donnent rythme ? Cécile Benoist prend le parti d’en rire tout en s’interrogeant. Pour prolonger cette lecture, un crochet s’impose parmi ses Mots sauvages. Poésie et gravité au rendez-vous.
Un Bella Ciao pour Siriza
Reprendre à tue tête le Bella Ciao des Marseillais de l’Académie du Chant Populaire *. Je ne suis pas Grec mais demain dimanche, je vote Siriza. Ne sais pas vous, mais je suis las de cet étau qui depuis tant et tant d’années étouffe et broie à petit feu le peuple grec. Ces portraits de Grecs transformés par cinq ans de crise – publiés par Mediapart – est éloquent. Siriza, soit l’espoir de commencer sans tarder à mettre un terme aux politiques d’austérité en vigueur en Grèce depuis 2010. De retrouver peu à peu le sourire. De redonner à ceux que l’on a tant et tant brimés, écrasés, niés, exploités.
* Alain Aubin est le fondateur de l’Académie du Chant Populaire.
Les mains offertes à Cécile Portier
La photo avant le texte. Ces mains m’ont attiré d’abord car tatouées. Les tatouages accompagnent ma vie depuis des années. Le texte m’a séduit car il évoque une rencontre fugace et profonde à la fois. L’un de ces rencontres qu’il faut avoir l’audace de provoquer, pour convoquer ce qu’il y a d’humain en nous. Pour se raconter des histoires. Porter notre regard sur l’autre dans toute sa singularité, toute sa différence. Ces mains offertes à Cécile Portier m’évoquent ces moments de grâce où en pleine ville, l’on arrête une passante pour lui dire que vous êtes belle ! Avant de s’en retourner à ses pas, chacun de son côté. Ne jamais s’interdire ces secondes où les mots énoncés à voix haute rendent la vie un peu plus douce. Un peu plus partagée. Cécile Portier tient un blog d’écriture, Petite Racine, fait pour écrire. à mains nues en est l’une des facettes. D’autres histoires de mains nous y attendent. Sur une autre page – La tête que ça nous fait – allez lire le très beau texte qu’elle écrivit après l’attentat contre Charlie Hebdo, intitulé Résister.
De la trappe à la Toile, Là-bas si j’y suis annonce la couleur
Je n’ai pas manqué ce rendez-vous. Comme chaque abonné, j’imagine. De retour en chair et en sons sur la Toile après six mois passés à la cave, le nouveau Là-bas m’a fait plaisir tout en me laissant un peu inquiet. On commence par le plaisir. Le répondeur égal à lui-même. La Harley vrombissante. Daniel Mermet fidèle à Daniel Mermet. Gouleyant et percutant, quoique un tout petit peu en dedans par rapport à ses années micro. Peut-être un zeste d’émotion teintée de rage et de tristesse au moment de remonter sur scène ailleurs que dans ce qui fut si longtemps sa maison. Du Mermet de combat tout de même. Sans arrangements sur la ligne éditoriale qu’il emprunte et défend depuis 1989. Pluraliste – l’émission a longuement donné la parole aux militants de Riposte laïque et de Résistance républicaine – , aux antipodes du robinet d’eau tiède au parfum néo-libéral des bulletins d’info des média dominants, les radios comme les télés. Ce fut donc hier-soir l’avant-première de l’émission modeste et géniale. Elle sera hebdomadaire dans un premier temps. Le temps justement de dénicher les 10.000 abonnés qui manquent pour que le fameux 7-9 neuf que Mermet nous avait annoncé pour ce début 2015 voit le jour. Et c’est ici que je veux parler de mon inquiétude. Combien de temps faudra-t-il au nouveau Là-bas pour mobiliser tous les nouveaux abonnés dont il a besoin ? Un, deux, trois, six, douze mois ? Allez, pour tenter de convaincre les encore réticents à placer quelques dizaines d’euros sur l’émission « plus près des jetables que des notables », voici le reportage d’Anaëlle Verzaux auprès des Musulmans de la mosquée Islah de Montreuil – réalisé le jour de la tuerie de la Porte de Vincennes – et diffusé hier-soir sur le site de Là-bas.
Pour info, Là-bas est suivi par 36.318 « amis » sur Facebook. Sur Twitter, @LabasOfficiel et @MermetDaniel gagneraient à être un tantinet plus réactifs et à l’écoute de leurs 1.814 followers. Je dis ça, je dis rien…
Dans le Petit Monde de Nicolas Esse
Regarder les nuages qui passent avant d’aller mourir. Il a suffi de cette invitation juste en dessous du titre de son site – Le Petit Monde de Nicolas Esse – pour que je me laisse séduire. Ce quinqua né en Suisse ne manque ni d’humour, ni de poésie, ni d’un sens aigu du tragique. Il se définit comme lecteur précoce et compulsif. Ralenti par le besoin de dessiner dans les marges, ajoute-t-il en déroulant sa bio. Ça tombe bien. Les marges m’attirent depuis l’enfance. Les ai longtemps préférées aux pleines pages. Elles me troublent et me captivent souvent. Et puis dessiner avec des mots est un plaisir que je partage avec cet auteur dont j’ai découvert il y a quelques semaines la savoureuse série Épitaphes Utiles pour ne pas être pris de cours en cas de mort imprévue. Épilation du langage, le texte lu ici, met du rythme et de la pensée sur ce que nous sommes sans doute quelques uns à déplorer : l’affadissement des mots, la paresse intellectuelle, la fausse pudeur de la parole, les raccourcis faciles, la récurrente et affligeante mollesse de l’expression individuelle et médiatique. Du coup, je me laisserai bien tenter un de ces quatre par la lecture à voix haute – et jubilatoire à coup sûr – de quelques uns de ses billets publiés par exemple dans la catégorie Vu sous la jupe des étoiles, Gialloverde ou Ze English Coin. Au fait, l’entrée dans Le Petit Monde de Nicolas Esse c’est par ici.
Et passe un milan noir
Il a survolé les arbres en tournoyant. Je n’ai pas su imiter son cri. Le milan noir ne s’est pas attardé, appelé par d’autres cibles. Je me suis répété qu’il ne fallait surtout pas croire aux oiseaux de mauvaise augure.
Un peu de Chopin avant le train
J’ai bien failli louper mon train à cause de Chopin. Ce pianiste m’a captivé. Pas la première fois que je succombe au charme de Piano en gare. Là non-plus, je n’ai pu résister. Chopin, même avec quelques fausses notes – difficile de jouer sur un Steinway en gare – m’aimante et me transporte. Pour prolonger l’écoute, c’est par ici.
Ce chien s’appelle Adolf
Je dois être perturbé depuis quelques jours. Je ne l’ai pas dit à mes enfants qui m’accompagnaient lors de la promenade hier après-midi. Les aboiements prolongés de ce chien, très énervé dans le jardin de ses maîtres en contrebas, m’ont renvoyé aux éructations d’Adolf Hitler, notamment lors de son tout premier discours comme Chancelier du Reich, le 10 février 1933. Ce chien nous a un peu fait peur, mais bon… J’ai beau savoir que l’Histoire ne se répète jamais, je redoute le retour en force des tenants de l’inhumanité. Et pas seulement à l’occasion d’attentats. Je ne crains pas les fascistes mais j’aimerais bien que nous puissions durablement nous promener en paix, ensemble, sur les chemins de notre choix, où enfin les chiens en tous genres cesseraient de faire peur aux enfants. Comme aux grands. Et puis, dites-moi, les mots de ce discours, ça ne vous évoque rien qui pourrait ressembler à l’actualité ?…
« … et maintenant les rangs des chômeurs commencent à enfler.Un, deux, trois millions, quatre millions, cinq millions, six millions, sept millions, aujourd’hui c’est peut-être sept ou huit millions… Pour combien de temps encore ? C’est pourquoi je suis aujourd’hui convaincu qu’il nous faut agir maintenant avant qu’il ne soir trop tard. Par conséquent, j’ai décidé, le 30 janvier, avec le soutien de mon parti qui commença avec sept militants et qui est à ce jour fort de douze millions de membres, de sauver la nation et la mère-patrie… «
Le crabe fabuleux
L’enfant dit :
Crabe, crabe,
Si tu pouvais marcher droit…
Le crabe ne broncha pas.
Crabe, crabe,
Essaie au moins de marcher comme ça !
Le crabe ne bougea pas.
Crabe, crabe,
C’est pas si compliqué que ça !
Le crabe agita ses petites pattes de côté
Comme le lui avait appris son papa.
Crabe, crabe,
Je vais t’écraser, moi
Splatch !
Et il l’écrasa.
En direct-live sous la couette
https://soundcloud.com/hand-made-radio/sous-la-couette
Bigrement créative cette radio cousue main. En plus, avant-hier soir, elle nous parlait d’amour sous la couette. Un seul micro pour Sébastien, Elisabeth, Estelle, Hélène, Bruno, Violaine, Chloé, Stéphane, Roselyne, Laura et Sabrina. Pas d’effets, pas de montage, tout en direct. Une vraie grande performance. La radio sous la couette est la première émission de l’année produite par ces passionnés de radio qui annoncent la couleur : « Imaginons que nous revenions aux premiers temps de la radio. Imaginons une pièce sonore, une composition bruitiste, une pièce radiophonique, un documentaire sonore où tous les sons seraient uniquement produits par la voix humaine. » Performance joyeuse. Jeu de voix subtil. Poésie à fleur de peau. Humour délicat. De la pure régalade. Prochaine émission, le 12 février prochain de 21H15 à 21H15 sur Radio Campus Paris 93.9.
François Bon, l’homme qui parle littérature aux ronds-points
La littérature se crie dans les ronds-points, c’est l’aventure singulière menée depuis la mi-septembre par François Bon, parallèlement à son tour de Tours en 80 ronds-points. Inédit voyage sur, dans, autour, depuis les ronds-points de cette ville à laquelle François Bon consacrait en 2006 une série Tours capitale des ronds-points d’art. Passionnante aventure parce que s’y mêlent entre autres littérature, urbanisme, politique, mémoire et performance d’acteur. La philosophie et le protocole de ce projet ronds-points sont exposés ici.
Je ne connais pas Tours. J’ignore sa géographie, son histoire, je n’ai jamais lu que la moitié des auteurs criés, joués, vécus par François Bon. Et encore. N’empêche, je suis captivé par la visite inédite qu’il en propose et par la découverte des autres. Fasciné par ce périple puissant et amoureux de celui qui sur son tierslivre sait m’emmener auprès d’Edgar Poe, de Rabelais et de Rimbaud. La littérature est partout chez elle. Jusqu’au ras du bitume. Elle éclaire. Elle se vit avec le corps. François Bon lui donne aussi une voix qui enchante le tumulte du monde.
Livres de ma vie / Le soleil des mourants / Jean-Claude Izzo
C’est le dernier roman de Jean-Claude Izzo. De tous ses livres, c’est celui qui incarne le mieux la lucide révolte et la tendre désespérance dont était empreint l’auteur marseillais. Le soleil des mourants, ou l’histoire de la sombre dérive de personnes sans toit, depuis Paris jusqu’à Marseille. La lente agonie de personnes sans amour. Sans avenir. Ce roman, Izzo le publia en 1999, quelques mois avant sa mort, le 26 janvier 2000. Voici comment il le présentait : « Ceci est un roman. rien de ce qu’on va lire n’a existé. Mais comme il m’est impossible de rester indifférent à la lecture quotidienne des journaux, mon histoire emprunte forcément les chemins du réel. Car c’est bien là que tout se joue, dans la réalité. Et l’horreur, dans la réalité, dépasse – et de loin – toutes les fictions possibles. Quant à Marseille, ma ville, toujours à mi-distance entre la tragédie et la lumière, elle se fait, comme il se doit, l’écho de ce qui nous menace. » Quinze ans plus tard, Le soleil des mourants reste hélas un roman d’une brûlante actualité. Et pas seulement à Marseille…
… Le Vieux-Port, jusqu’à la mort de Rico, c’était ma balade quotidienne. Ma préférée. Un remède contre l’asphyxie – la ghoumma, comme on dit chez nous, quand les vieux ils nous coincent à la maison.
Je marchais jusqu’au Fort Saint-Jean, puis je tirais le long de la digue, vers l’entrée de la passe. Là où commence la mer. Avec l’horizon au fond. Et l’Algérie de l’autre côté, sur l’autre rive. Je me calais dans les rochers et, tout en fumant un bon pétard, je restais des heures à rêvasser.
Marseille, du moins de ce côté-là de la ville, ça m’a toujours rappelé Alger. Ce n’est pas que j’avais la nostalgie de chez moi, n’allez pas croire. Chez moi, ça n’existe plus. Je n’y refoutrai jamais les pieds. Alger, je veux oublier. Mais c’était juste que j’avais besoin de me raccrocher à quelques souvenirs. C’est tout ce qui me reste, quelques souvenirs.
Je n’étais pas le seul à venir les faire revivre ici. Des tas de types trainaient autour du Fort Saint-Jean, seuls ou en groupes. Pas mal d’Algériens comme moi. Mais aussi des Africains, des Turcs, des Comoriens, des Yougoslaves… Un mec, il voulait me revendre de la dope, il trouvait que Marseille ressemblait à Dubrovnik. » Ça ressemble à où on veut « , je lui ai répondu. Maintenant, pourquoi on débarque tous ici, les uns après les autres, c’est une autre histoire. Mais, vous voyez, je ne me suis jamais pris la tête avec ça.
Moi, tranquille dans mes rochers, je fermais les yeux, et je me revoyais avec mon copain Zineb, à l’Éden ou aux Deux-Chameaux, à nous taper des bains tout l’été. Et ça me faisait un bien fou de repenser à lui. De repenser à lui comme ça, à piquer des plongeons dans l’eau tiède du port. À crier, à rire. À siffler les filles… Ça me réconfortait bien, quoi. Et surtout, ça calmait mon envie de foutre le feu à cette putain de saloperie de planète. Faut dire que si j’avais les bonnes allumettes pour ça, le feu, il y a longtemps que je l’aurais mis…
@ Flammarion 1999
Illustration de couverture de l’édition J’ai lu : Joëlle Jolivet
Charlie… vous voulez que je vous le coupe ?
Le blues de ma marchande de journaux. S’ajoute au blues qui teinte fortement ce 1178ème numéro de Charlie. Ce numéro des survivants me rend triste. Et que dire des gros dégueulasses qui n’ont pas hésité, fleurant la razzia et la frustration, à le mettre en vente sur le net… Pour me consoler, retrouver Cabu, celui qui dessinait le côté ensoleillé de la rue…
Poursuivre le chemin
Se lever matin
Arpenter d’amples rizières
Imaginer les semailles
Caresser chaque grain
Chaque pousse à venir
Se lamenter des brisures
Des rameaux massacrés
Rêver de perles d’espérance
Sur chaque bout de terre
Écouter ce qui s’affale
Ce qui se désole
Ce que murmure la source
Se lever matin et avancer
Poursuivre le chemin
Dessine-moi un dessinateur…
Dessinateur, un métier à risques… j’ai retrouvé sur Arte Radio cette éloquente séquence datée de février 2006. Un écho ironique à l’affaire des caricatures de Mahomet publiées par Charlie-Hebdo. Un message de solidarité accompagné de ces mots de commentaire : L’humour, l’ironie, la satire, la parodie, la critique, l’outrance, le rire et la liberté d’expression sont parmi les plus belles conquêtes de l’humanité. Plus que jamais d’actualité cette création sonore, alors que le numéro des survivants de Charlie Hebdo sort ce mercredi, une semaine jour pour jour après l’assassinat de Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski et leurs compagnons de liberté. C’est Mahomet agité par le remords… et dessiné par Luz* qui fait la couv’ de Charlie. Aujourd’hui, le Canard Enchaîné y va lui aussi de sa Une grinçante, en hommage à ses amis de Charlie Hebdo assassinés.
* Pour prolonger, lire et écouter Luz sur le site de Libération.
La Supplique aux Morts d’Isabelle Parienté-Butterlin
Il est des auteurs dont j’aurais aimé écrire les textes*. Isabelle Parienté-Butterlin est de ceux-là. Accorder mots justes et pensée profonde, qui touchent à cette douloureuse humanité que nous avons en partage, tel est son souffle et son talent. Résonne aussi en moi le son que recèlent ses phrases. Ce tempo. Ce rythme bouleversant. Ces silences. Lire ses textes à voix haute me réconforte. Me maintient debout. M’empêche de laisser la nuit du monde s’introduire en moi. Pour prolonger cette écoute, son site au bord des mondes vous attend ici.
*Je pense à Anna Jouy, François Bon, Serge Marcel Roche, là tout de suite
État brut
J’enrage
Je braque
J’éructe
Je griffe
Je rapte
Je canarde
Je dépote
Je racle
Je boxe
Je bute
J’irrupte
J’abrupte
Je rame
Je parque
Je presse
Je craque
Je mâche
Je rabote
Je saque
Je glisse
Je plisse
J’élimine
Je traque
Je claque
Je frappe
Je donne
Je supprime
Je hurle
Je croule
Je foule
Je dessoude
Je nettoie
Je venge
Je brûle
Je noie
Je ploie
Je froisse
Je caresse
Je blesse
Je pars
Je sors
Je sème
J’écris
Je dis
Je prie
Je ne crois plus, je crois.
À Orthez, la toute première manif de Nanou
Parmi les 7.000 à 8.000 personnes rassemblées ce dimanche-matin dans les rues d’Orthez, Nanou, venue manifester pour la première fois de sa vie. Pendant près d’une heure, elle a marché dans le calme aux côtés de toutes celles et tous ceux qui comme elle voulaient rendre hommages aux 17 victimes des terroristes depuis l’assassinat à Charlie Hebdo, et qui refusent de baisser les bras face aux barbares.
Pour toutes et tous sonne le glas
Aujourd’hui 11 janvier 2015, ce blog a deux ans tout juste. J’avais prévu de fêter ça. De vous concocter une mescle de sons que vous avez apprécié parmi les 700 et plus publiés ici depuis janvier 2013. Mais je ne le ferai pas. Car depuis mercredi, mon cœur n’est pas en joie. Depuis l’assassinat à Charlie Hebdo, je porte le deuil. Ce dimanche, j’irai marcher pour la République en hommage à toutes les victimes de la barbarie. Celles qui sont tombées cette semaine dans notre pays. Celles aussi qui chaque jour payent de leur vie la monstruosité des ennemis de la liberté. Pour toutes et tous sonne le glas.
Fadila malheureuse et inquiète depuis l’assassinat à Charlie Hebdo / NousSommesCharlie #3
Depuis mercredi, Fadila est emplie de chagrin et de colère. Comme l’immense majorité des musulmanes et musulmans de France, elle ne se reconnaît nullement dans cet Islam brandi comme étendard par les terroristes qui ont commis l’abominable série d’assassinats. Fadila et sa famille ont peur. Pourvu que la République sache les protéger comme l’ensemble de ses citoyens. Ceux qui croient au ciel comme ceux qui n’y croient pas. Il y a d’autant plus urgence que nombre de mosquées ont été prises sur cible au cours de ces dernières heures dans notre pays.
Salies-de-Béarn est Charlie / NousSommesCharlie #2
Salies-de-Béarn ce jeudi-soir. Au lendemain de l’attaque contre Charlie Hebdo, six cents personnes reprennent Quand les hommes vivront d’amour, la chanson de Raymond Lévesque – écrite pendant la Guerre d’Algérie – devant le kiosque à musique du Jardin Public. À la trompette, Didier Fois, musicien et chef de file du groupe Arraya. Hommage et recueillement à l’appel de Claude Serres-Cousiné, le maire de la commune, passionné de BD.
À Bayonne, Barbara et Mathieu pleurent Tignous… et les autres / NousSommesCharlie #1
Atterré. Sidéré. Peiné. Toute la journée d’hier j’ai entendu le glas bourdonner. L’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo m’a laissé désarmé, vidé. Empli de chagrin, de colère et d’écœurement. Ai voulu un moment aller me cacher dans les bois et ne plus entendre sanglots et hurlements. Ai renoncé. En fin d’après-midi, suis parti pour Bayonne rejoindre les participants au rassemblement de solidarité avec les morts et les blessés de Charlie. Avec les policiers aussi. Y ai rencontré Barbara et Mathieu parmi la foule massée devant la mairie. Vagues d’applaudissements et recueillement. Je suis Charlie en mains. Crayons et journal brandis. Place de la Liberté.
Je suis, tu es, nous sommes Charlie. Continuerons à avancer et à veiller à la défense de tout ce qui représente le socle de notre république, la liberté, l’égalité, la fraternité, la solidarité, l’accueil, l’humanité, le partage, la confrontation des idées, le pluralisme, l’esprit critique, le refus de la haine et de l’exclusion. De la lecture pour prolonger : Un attentat à nos libertés, par François Bonnet sur Mediapart. Résister à la logique des évènements, par Cécile Portier, sur son blog Petite Racine. Ataque a la libertad de expresión en Francia, par InfoLibre.
La tête comme un train de marchandises
Lourd, je me sens. Pesant fardeau sur moi. Désir de me poser en mode plume. Fatigué. Beaucoup roulé, beaucoup boulégué. Va falloir bientôt penser à s’offrir une pause…
C’était Lucette #3
Partie voici trois mois, ma chère Maman. Depuis, je ne sais plus bien à quoi ressemble un jour, une semaine. Déboussolé. Lorsque je la réentends, je doute qu’elle soit vraiment absente. N’arrive pas à y croire. Il y a pourtant ce grand vide où souvent le silence se pose. Un silence qui ne gagne jamais face au tempo des mots qu’elle écrivit. C’était parfois avec rage. Toujours signés Lulu.
La Peur
Dans le tiroir, l’arme à feu
Témoin, acteur de ses menaces
Terreur au ventre
Tu brandissais la mort
La Haine
Ah ! Haine ravageuse – volcan !
Sorcière échevelée, pernicieuse, cruelle,
Je hais la haine en moi… Insidieuse.
Je hais la haine en toi… Venimeuse
Quand Paulette se souvient de Lucette
Trois mois aujourd’hui que Maman est partie vers l’autre monde. Paulette, sa voisine, ne l’a pas oubliée. Restons vivants à travers les mots de celles et ceux qui nous survivent. Maman savait elle aussi évoquer avec tendresse le souvenir des chers disparus.
Un peu à l’est
Vacances terminées. Enfants et petits-enfants repartis. Reprendre la route. Entre aéroports, gares et autoroutes, je suis un peu à l’est. Avec comme un air de Fadima Al Qadiri dans la tête.
Au vieux phare
https://soundcloud.com/ericschulthess/au-vieux-phare
Sur cet air des musiciens japonais d’Anoice, old lighthouse, suis parti vers Planier, le vieux phare de ma cité, édifié sur un îlot situé à 15 kilomètres au sud-ouest de Marseille. Le premier fanal y a été allumé dès 1326. Haut de 67 mètres, son feu blanc scintille toutes les 5 secondes. Il ne se visite pas… ce qui explique sans doute que je meure d’envie d’aller le voir de près. Depuis le balcon de chez mes parents, je lui fais souvent de l’œil.
Écouter Clément chanter
Juste avant de repartir pour Shanghai, mon petit-fils Clément m’a fait un beau cadeau. Quatre ans et demi depuis mardi. Il me faudra patienter jusqu’à ses cinq ans pour le serrer à nouveau dans mes bras et l’écouter chanter… Déjà hâte de retrouver aussi mon autre petit prince, Alexandre, son grand frère.
L’homme au merle
L’homme est resté un bon quart d’heure à regarder le merle chercher sa pitance sur l’herbe, parmi les feuilles. Je les ai observés tous deux. L’un amusé et replongé en enfance. L’autre amusé aussi peut-être et sans doute en attente d’une miette de pain ou de gâteau. Ensuite, me suis approché de l’homme au merle et avons un peu bavardé. Prendre le temps d’observer les oiseaux. D’échanger avec les humains aussi. De parler de la vie simple et belle. De faire remonter de jolis souvenirs. 2015 a bien commencé.
En 2015, de la douceur siouplé !
De la douceur avant toute chose. C’est mon vœu pour la nouvelle année. Pierre Laniau et sa guitare nous emmènent sur le bon chemin avec ces deux pièces d’Érik Satie. Belle année 2015 à toutes et à tous.