Le feuilleton des cochonnailles #5 Dans la lessiveuse

Une fois les boîtes remplies, les entasser dans la lessiveuse. Remplir d’eau à ras bord et lancer la cuisson du pâté. (à suivre)

Le feuilleton des cochonnailles #4 Brasser la viande

Préparer le pâté. Hacher l’ail et les herbes, puis mélanger, brasser la viande dans une grande bassine. Avant la mise en pots. (à suivre)

Le feuilleton des cochonnailles #3 Peler l’ail

Pendant que le hachoir poursuit son œuvre, il faut peler des dizaines de gousses d’ail. Prendre des gants. Odeur tenace. (à suivre)

Oublier le toscin

Soudain, ce matin
Après tant et tant d’enterrements ici depuis janvier
Tant de tocsins lancés sur la ville
Tant de messes
De sanglots
De sorties les pieds par devant,

Soudain, ce matin
La grâce d’un tout petit bébé
Tout juste né ou presque
Il sommeille
Dans la poussette de sa maman de retour au travail
Épicière elle est
Joues rosies
Grâce autour du front et des yeux
De retour au travail parmi les légumes, les fruits et les fromages de pays
Et son minot tout mimi juste à côté de la caisse
Elle se pince de le voir si beau
Elle lui dit qu’il est gentil
Patient un peu
Il a les joues rosies comme elle.

Soudain, ce matin
Les embrasser
Oublier le tocsin.

Le feuilleton des cochonnailles #2 Le hachoir

Une fois salée, cette viande il faut la hacher. Mécanique, ce bruit de gorge qui rend la chair à saucisses. (à suivre)

Le feuilleton des cochonnailles / #1 Le salage

 

Les cochonailles. Ce sera comme un feuilleton. Rite hivernal dans les campagnes. Ici en Béarn. N’entendrez pas le cochon hurler juste avant d’être abattu. N’a pas sa place ici, ce cri. Insupportable. Je sais qu’il a existé mais l’ai rangé sur l’étal des souvenirs honteux. L’histoire commence avec le salage de la viande. (à suivre)

De nuit, Chopin sous mon parapluie

https://soundcloud.com/ericschulthess/de-nuit-chopin-sous-mon-parapluie

Marcher sous la pluie m’est agréable. Surtout de nuit, lorsque les bruits de la ville disparaissent et laissent toute la place à la rêverie. Là, sous mon parapluie, c’est Chopin qui s’est invité. Nocturne N°1 en si bémol mineur opus 9. Je retournerai bientôt promener sous les gouttes.

À Biarritz, face à la grande marée

Avec mon fils Marius, n’avons pas pu résister à l’appel de la grande marée. Nous sommes posés un peu en retrait par rapport au front de mer et avons laissé l’océan nous raconter. Lorsque le soleil ne nous a plus donné signe de vie, sommes remontés boire un thé et un chocolat chaud. Un léger goût de sel imprégnait mes lèvres. Les cheveux trempés d’embruns, Marius souriait.

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Ne jamais oublier Missak

Extrait des actualités télévisées du 2 Mars 1945. Au cimetière d’ Ivry, on honorait la mémoire de Missak Manouchian et de ses camarades fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Militant communiste et résistant d’origine arménienne, commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne, Manouchian fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l' »Armée du crime » ainsi que 23 de ses camarades. Les nazis et leurs amis de Vichy apposèrent leurs visages sur la sinistre Affiche rouge. Ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés. À Marseille, je vais souvent saluer Missak Manouchian au Mémorial qui lui est dédié, près du jardin du Pharo. Respect et reconnaissance éternel.le pour Missak, qui entre ce soir au Panthéon aux côtés de sa femme Mélinée, et pour ses camarades fusillés.

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Le buste de Manouchian à Marseille.

 

L’année de la chèvre, commençons-la en Chine et en douceur

Pour tous les Chinois du monde, l’année a donc débuté sous le signe de la chèvre. À l’astrologie chinoise, je ne comprends pas grand chose. Comme d’ailleurs à l’astrologie occidentale. Mais bon, l’animal m’est sympathique depuis l’enfance. Ma tante Berthe en promenait une au village. Blanchette elle s’appelait. Elle la tenait par une ficelle accrochée au cou. Je me souviens  de son odeur forte et de ses petites crottes noires comme des cachous qui nous amusaient beaucoup. Doux souvenir d’enfance, à accompagner d’une musique traditionnelle chinoise, histoire d’entamer cette nouvelle année en douceur. Les amoureux papillon, c’est le titre. Un jour, je saurai l’écrire en chinois.

 

Il est où l’avion ?

Le nez en l’air comme souvent. Regarder le ciel. Frôler la limite entre la frise de blanc et l’azur. Un avion passe. Vers où trace-t-il sa route ? Impossible à distinguer. Il a dû s’éterniser dans les nuages. Imaginer le pays où il se posera. Tout à l’heure. Dans la nuit. Ou bien demain. Lorsque poindra le jour sur le parc peuplé de chênes et de platanes, où le petit garçon est venu me demander Il est où ?

En voiture, parfois je monte le son

Sur la route pluvieuse soudain, à la radio, la grâce, l’élégance et le tempo de Stéphane Grappelli et Oscar Peterson.  Je monte le son. France Musique dans le poste. Makin’ Whoopee. Les deux géants accompagnés de Kenny Clarke à la batterie et de Niels Henning Oersted Pedersen à la contrebasse. C’était en 1973. Et dans ma voiture en cette fin de matinée d’hiver.

 

La nuit, soudain un porte-bonheur

Ah, ces nuits d’été rêvées au Japon, lorsque passe le percussionniste avec ses bois porte-bonheur !

M’évoque ce court poème de Richard Brautigan dans son Journal japonais

En regardant mon lit / 3 heures du matin

« Dormir sans dormir,
pour ensuite redormir
sans
dormir. »

Au passage à niveau

Le temps d’appuyer sur enregistrer, le temps pour ma fille Zoé de prendre la photo, le petit train de nuit était déjà loin, avalé par la nuit pluvieuse.

La toilette de bébé Bouddha

Je ne suis pas bouddhiste. Mais j’ai apprécié la quiétude et la sérénité rencontrées dans les temples dédiés à Bouddha, lors de mes voyages en Chine et au Japon. Hier, j’ai déniché ce son accompagné de cette belle phrase : faire la vaisselle c’est comme faire la toilette de bébé Bouddha. Ces mots proviennent du moine bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh. Des milliers d’autres sons du monde entier s’écoutent sur aporee.org.

La foreuse géante

Inquiétantes parfois les machines créées par les humains. Cette foreuse géante m’a fait un peu peur l’autre jour. Comme une méga roulette affairée à triturer les dents de la terre.

Arnaud Maisetti et la résistance des jours

Il met des mots là où je n’y parviens pas. Je reste sans voix face à ce regard aigu posé sur le temps qui file. Sur le décor et les humains qui défilent dans la ville. Sa ville. Ma ville. Marseille. Notre ville. Lire et relire Arnaud Maisetti et puis se lancer à voix haute. Oser. Penser aux êtres chers. Convoquer le printemps. Se languir des journées interminables de l’été. Rêver d’île blanche. De chaleur. Sur la plage et dans le cœur des humains qui résistent. Pour prolonger cette lecture, se rendre sur les carnets d’Arnaud Maisetti.

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L-OH, magicienne numérique

L-OH est le nom d’artiste de Véronique. Peintre numérique elle est. Se promène si souvent aux côtés des skaters et riders marseillais qu’elle les photographie et lance son tour de passe passe, une fois chez elle, pour leur recréer un monde. À partir de demain vendredi 13 et pour un mois, elle expose ses créations à la galerie associative « Antre de Monde » à Marseille. Facile à dénicher le lieu. C’est au 40, rue Estelle, au creux des escaliers du Cours Julien. Vendredi 13, ça va lui porter bonheur.

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Les oiseaux te diront

Tu envoies des oiseaux
Prendre nouvelles d’ici-bas
Rien n’a changé tu sais
Rien de rien
À peine un peu plus de foncé
Aux paupières du monde
Aux commissures de la Terre
Et cette rage qui gronde
Cette rabia
Cette colère
Cette douleur
Juchées aux cimes
Cette misère
Abandonnée aux caniveaux.
Les oiseaux te diront
Tu n’en reviendras pas
Les guetterai encore
Leur sourirai
Tant que je puis sourire
En cet hiver mauvais
Qui souligne en miroir
Le cri de ton absence.

Fañch, un amour d’écriveur calligraphe

Je sais. Je suis un veinard. Mon ami Fañch, flibustier de Bretagne, radiophile comme c’est pas permis, je l’ai vu en vrai s’adonner à son autre passion : l’écriture, la calligraphie. Il a dessiné devant moi, comme ça, tranquille, un soir, à sa table de bois. Et il a parlé. Comme dans la vie. Très bavard l’ami. Je me suis régalé de le voir et de l’écouter. Fañch est un artiste au cœur immense. Radical. Engagé. Drôlissime. Suis sûr qu’un peu de Marseille vit en lui. Beaucoup même. Pagnol n’est pas bien loin dans le sang de ce Breton fier et humble, façonné aux grandes marées et aux lumières des phares qui émerveillent et rassurent. Pour prolonger, écouter Fañch parler radio avec Léa Minod, dans la matinale culturelle de Vincent Josse sur France Musique. Son blog, Radio Fañch, c’est par ici.

Sous le vent, écouter la mer au Phare du Minou

Fermer les yeux et imaginer les tempêtes d’antan. Les navires en partance malgré le mauvais temps. Imaginer le courage et la folie des marins. Des gardiens de phare. Rouvrir les yeux et revisser son bonnet sous les rafales. Savourer cette Bretagne du bout de la terre.

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Couper des arbres, encore et encore

Les oiseaux semblent s’y être habitués. Pas moi. Je frémis chaque fois que rugit la tronçonneuse. Faut du bois pour la cheminée pourtant. Mais ce bruit me terrifie. Pense à ces larges et profondes zones du monde où les humains font mourir les arbres par centaines de milliers. L’Australie, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie figurent parmi les pays où les pertes forestières sont les plus importantes. Les ravages environnementaux et sociaux sont de taille. Combat de titan pour que les forêts ne soient plus sacrifiées aux intérêts marchands.

Chez le serrurier

Il ne dit mot. Dans son grand atelier rempli de barres de fer, de tôles et de clés, le serrurier semble avoir coulé sa voix dans le froid de la ferraille. La radio en fond et le son de sa machine lui suffisent. Parle avec ses mains en or aux doigts teintés de limaille.

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La fraîcheur éternelle d’Henri Gougaud

Il nous a émerveillés ce dimanche après-midi en clôture du Festival Longueur d’Ondes, à Brest. Henri Gougaud rien que pour nous, sur la scène du cabaret Vauban. Une bonne heure d’échanges avec Jean Lebrun autour de sa mémoire de conteur. Celui qui débuta à la radio avec Claude Villers ne résista pas au plaisir de nous raconter cette histoire africaine. Et nous au bonheur de l’écouter.

Maman est retournée à la montagne

Quatre mois aujourd’hui que Maman s’en est allée. Lui parle tous les jours. Sais qu’elle m’écoute, du haut de la montagne où elle est retournée se promener.

À rien ne se résoudre

À rien ne se résoudre
Dans le vent se dissoudre
Caresser la foudre
L’escampette et la poudre.
Tout prendre
Hurler aux cendres
Choisir de fendre
Oser s’y rendre.
Ouvrir ses bras
S’y glisser sous les draps
Recommencer
Sans se presser.
Il était une nuit
Il sera une nuit
Sans bruit
Y semer des fruits.