Bercé par le Saleys

Me voici donc installé au bord d’une rivière nommée le  Saleys. Elle traverse Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées Atlantiques et se jette dans le Gave d’Oloron. Par temps de grosses pluies, j’entends depuis mon lit le Saleys rouler ses flots tumultueux et cela me berce.
On pourrait croire que le Saleys doit son nom à Salies, la cité du sel. Il n’en est rien. L’origine est plutôt à rechercher dans la langue occitane, précisément du mot salejà, qui signifie remuer, s’agiter en gascon.

Changer de vie dans la joie

J’ai donc changé de vie et ceci me met en joie. Les mots me manquent. Alors, musique !

Cet hymne à la joie a été joué en pleine rue par les musiciens de l’Orchestre Symphonique Vallès, accompagnés des choeur Amics de l’Òpera y la Coral Belles Arts de Sabadell en Espagne. C’était en mai 2012, un flashmob géant organisé pour célébrer les 130 ans de la Banco Sabadell.

L’Hymne à la joie – originellement l’Ode à la joie – est chanté dans le quatrième mouvement de la 9ème Symphonie de Ludwig van Beethoven. Il reprend une partie du poème du poète allemand Friedrich von Schiller.

« … Freude, schöner Götterfunken / Joie, belle étincelle divine,

Tochter aus Elysium / Fille de l’assemblée des dieux,

Wir betreten feuertrunken, / Nous pénétrons, ivres de feu,

Himmlische, dein Heiligtum!  / Céleste, ton royaume !

Deine Zauber binden wieder / Tes magies renouent

Was die Mode streng geteilt; / Ce que les coutumes avec rigueur divisent;

Alle Menschen werden Brüder, / Tous les humains deviennent frères,

Wo dein sanfter Flügel weilt. / Là où ta douce aile s’étend… »

Friedrich von Schiller (1759 – 1805)

L’Hymne à la joie est aussi le titre d’une oeuvre du grand artiste japonais Shoichi Hasegawa qui vit et travaille en France depuis 50 ans.

Hymne-a-la-Joie-by-Shoichi-Hasegawa

 

 

Sons de Marseille, fils de Marseille

Un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur avant de mettre le cap sur le sud-ouest. S’éloigner de Marseille mais ne pas la quitter.  Comment raconter ici ce paradoxe en évitant les clichés ? En célébrant la mescle. Le mélange. Le partage. L’échange. Autant de vertus qui collent à l’ADN de Marseille et que raconte si bien Imhotep, l’un des membres du groupe IAM, sur le Soundcloud de Radio France.

Marseille racontée et célébrée en sons par Radio France, c’est aussi sur MarseilleSons

Pour prolonger votre découverte, je vous recommande vivement Radio Fañch, le blog passionnant d’un compañero breton passionné – le mot est faible – de radio. Un véritable brasseur et raconteur de sons, d’archives, d’opinions, de points de vue, d’images et d’émerveillements. Un vrai Marseillais en somme 🙂

Des artistes pour les Philippines

39 chansons pour les Philippines. U2, Dylan, les Beatles, et Beyonce, entre autres, sont associés dans le tout récent album « Songs for the Philippines » destiné à récolter des fonds pour les sinistrés du typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines au début du mois. Disponible sur Itunes, l’album coûte 11€99. Sur chaque album vendu, 8€73 seront reversés à la Croix Rouge philippine. Depuis le passage du typhon, nombre d’artistes anonymes ont créé et mis en ligne des morceaux en signe de solidarité avec la population meurtrie. Fakiezero est l’un d’entre eux. Il vit à Saipan, sur les Îles Mariana, dans le Pacifique.

Fakiezero sur Soundcloud

Madonna participe elle aussi à cet album de charité.

Le site de la Croix Rouge française

Le site d’Action contre la faim qui récolte également des fonds pour les sinistrés philippins.

 

 

Célia, la voix du Marché des Capucins

Sur le Marché des Capucins à Marseille, au coeur du quartier Noailles, vous ne pouvez pas la manquer. Célia c’est une voix. Un cri joyeux pour aguicher le client. Marchande de fruits de légumes elle est. De 6 heures du matin à 19 heures derrière son étal. Toujours d’humeur égale. Sauf lorsqu’elle parle de la misère qui gagne du terrain dans sa ville. En fin de marché, lorsque la nuit est tombée, les gamelles de fruits à un euro s’arrachent. Célia ne ménage pas sa peine pour tendre la main à celles et ceux qui comptent leurs sous.
Célia aurait pu être l’un des personnages décrits par André Suares dans Marsilho. Marseille en provençal.
Philippe Caubère l’a adapté au théâtre. C’est sans doute le texte le plus beau et le plus poétique consacré à ma ville natale.
Je vous le recommande vivement.

 

Isabelle la boulangère

Hier-matin, Madame la boulangère m’a ouvert en grand les portes de son magasin pour une séance de dédicaces de « Marseille rouge sangs ». Lorsque le flot des clients s’est calmé, midi trente approchant, Isabelle Ederlé s’est racontée. A côté du fournil où elle ne ménage pas son énergie. Ce fournil où elle s’applique et s’affaire chaque jour, avant d’accueillir et servir ses clients. Ce métier n’est pas le premier qu’elle exerce. Isabelle est entrée en boulangerie après d’autres activités professionnelles. Un vrai choix de vie.
Isabelle Ederlé vend son pain, ses viennoiseries et ses gâteaux au 76, traverse Tiboulen, dans le 8ème arrondissement de Marseille. Grâce à elle, j’ai eu notamment le plaisir de voir surgir dans le magasin mon ami Bob, Twitto à l’humour phénoménal. J’ai eu aussi l’immense joie de retrouver mon camarade Jean-Paul Nostriano, Endoumois comme moi. Le coeur rouge sangs comme moi. Mille fois merci à Isabelle. Sans doute appréciera-t-elle ce poème de Rimbaud…
Les Effarés
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond [,]À genoux, cinq petits, — misère ! —
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond [.]

Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise, et qui l’enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le boulanger au gras sourire
Chante un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge,
Chaud comme un sein.

Quand, pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche,
On sort le pain,

Quand, sur les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées,
Et les grillons,

Quand ce trou chaud souffle la vie
Ils ont leur âme si ravie,
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu’ils sont là, tous,

Collant leurs petits museaux roses
Au grillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières,
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort, qu’ils crèvent leur culotte,
Et que leur chemise tremblote
Au vent d’hiver.

Arthur Rimbaud (1854 – 1891)

Chez le coiffeur algérien

De passage à Marseille, je me suis fait un petit plaisir : aller chez le coiffeur arabe. Même lorsque je n’en ai as vraiment besoin, je me rends rue Vincent Scotto, à deux pas du Marché des Capucins  si cher à Jean-Claude Izzo. De l’autre côté de la Canebière en descendant vers le cours Belsunce, la rue regorge de salons de coiffure tenus par de jeunes algériens. J’en apprécie la gentillesse. En plus, ce sont des as de la tondeuse, du rasoir et du ciseau. Et l’ambiance est toujours joyeuse. Depuis mardi et la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde de football 2014, les coiffeurs algériens ont encore plus la banane. Et ils écoutent en boucle la télé. Hier, c’était Canal Algérie.
L’Algérie ira au Mondial brésilien

Rester à la House

Déniché ce son du danois Eric Connie, au titre qui correspond bien aux vies que nous menons souvent : Not a second.  C’est de l’Electronic House. On peut aisément danser dessus en se laissant tirer par l’oreille.
Far From Las Vegas est un autre morceau bien agréable à siroter entre deux sessions de dance.
Eric Connie connaît bien la ville américaine. Il y a vécu 7 ans avant de rentrer à Copenhague produire des disques et faire le DJ.
Eric Connie sur la Toile
et sur Twitter @ErikConnieMusic

L’hiver, entouré de nuit claire

Ici, la neige d’hier n’est plus ce matin qu’un souvenir boueux, un désordre verglacé abandonné dans les rigoles. Il fait froid. Très froid, je trouve. Je suis frileux, vous savez. J’ai la goutte au nez. C’est l’hiver. Der Winter ist da.
Cette lecture poétique bilingue du poète allemand Friedrich Hölderlin est proposée par ARTE Radio.com, sur une idée de Tatjana Bogucz. Bernard Tautrat a assuré la traduction. Eric Herson-Macarel & Tatjana Bogucz lisent le poème. Christophe Rault a réalisé ce petit bijou radiophonique.
Friedrich Hölderlin lu avec douceur, en mélangeant les sons des deux langues, je suis sous le charme. D’autant plus que ce rythme lent, ce pas de deux tendre et sensuel titille la curiosité, incite à en savoir un peu plus sur ce grand poète qui vécut à cheval sur le XVIIIème et le XIXème siècles. Vous ne trouvez pas ?
Friedrich Hölderlin raconté par Esprits Nomades
 Der Winter

Das Feld ist kahl, auf ferner Höhe glänzet

Der blaue Himmel nur, und wie die Pfade gehen,

Erscheinet die Natur, als Einerlei, das Wehen

Ist frisch, und die Natur von Helle nur umkränzet.

 

Der Erde Stund ist sichtbar von dem Himmel

Den ganzen Tag, in heller Nacht umgeben,

Wenn hoch erscheint von Sternen das Gewimmel,

Und geistiger das weit gedehnte Leben.

 

L’hiver

Chauve est le champ

Ne luit dans la lointaine hauteur

Rien que le bleu du ciel et tels vont les sentiers

La nature apparaît une unité

Le vent est frais et le clair seul couronne la nature.

 

La rondeur de la terre est visible du ciel

Pendant le jour entier entouré de nuit claire.

Quand apparaît en haut la foule des étoiles

Et plus chargé d’esprit la vie loin étendue

 

Friedrich Hölderlin (1770-1843)

Un frisson blanc sur le Mont Fuji

Ce matin, je me suis réveillé entouré de petits flocons blancs. Pas un souffle d’air dans les branches et une douceur, dehors comme dedans, qui m’a aussitôt envoyé de l’autre côté du globe, vers ce Mont Fuji qui m’obsède depuis que je l’ai aperçu au printemps à travers le hublot de l’avion qui me ramenait au pays. Il doit être blanc de haut en bas en ce moment, le mont mythique des Japonais. Alors, j’ai pensé à Nobuto Suda, artiste japonais qui vit à Kyoto, adepte comme moi de la mescle, du mélange de musique et des sons de la nature. J’apprécie la couleur à la fois étrange, inquiétante et apaisante que donne à ses morceaux cet artiste, sorte de musicien-field-recorder. Voici son dernier opus, Preoccupying my imagination, qui date de quelques jours.
Le Mont Fuji, je l’ai approché aussi grâce à Francis Royo, poète-blogueur rencontré sur Twitter, auteur d’un magnifique texte publié sous le titre énigmatique : Yui (Tokaïdo – Satta-Mine 16e relais)
« quatre voiles glissent sur la passe de Satta
sous les crêtes
depuis Yui
le frisson blanc du Fuji
affleure à bords de rocs
l’abrupt enseigne la prudence
et l’écoute
avant le saut fatal du regard
l’abrupt avide de nos cœurs
silencieux de tout
et de l’oubli du vent
passé
perdu
le vide est bleu comme la nuit
qui vient
entre les pins »
Francis Royo
Le blog de Nobuto Suda
 Le field-recording sur le blog Poptronic’s

Concerto pour sirène et clarinette

La guerre ? Les bombardements ? L’annonce d’une catastrophe ? Le rappel que nous sommes bien le 1er mercredi du mois ? Que vous évoque donc une sirène urbaine ? Vous savez, cette sirène qui s’élance dans le ciel de Marseille – dans d’autres villes aussi je suppose – et que nous laissons monter, comme ça, et nous projeter pendant de longues secondes vers un univers de danger, de peur, de souvenirs enfouis. Figurez-vous que cette sirène a inspiré les artistes du centre national de création Lieux Publics, qui organisent tous les premiers mercredis du mois les Sirènes et Midi Net. Début novembre, ils ont accueilli un concert pour sirène et clarinette basse, sur le parvis de l’Opéra de Marseille. Le compositeur s’appelle  Benjamin Dupé. Le clarinettiste Mathieu Fèvre. Voici le reportage réalisé par Anne-Lise Renaut, du journal culturel gratuit Zibeline.

Le prochain concert des Sirènes et Midi Net est prévu pour le mercredi 4 décembre à 12h. Il sera donné par le Collectif jambe sur le parvis de l’Opéra de Marseille.

Zibeline projette de renforcer sa webradio début 2014 et se lance dans une collecte destinée à concrétiser ce chantier.

Aujourd’hui, je tire la chasse

Je l’ai appris tout à l’heure à la radio, c’est donc aujourd’hui la Journée Mondiale des toilettes. OK. Pas compliqué de trouver ce que j’aimerais pouvoir lancer aux oubliettes et tirer la chasse par dessus : en vrac, le racisme sous toutes ses formes, la xénophobie sous toutes ses coutures, l’intolérance, la méchanceté, la violence faite aux pauvres, l’indifférence devant les démunis, le mépris glacé de la finance pour les humbles, l’arrogance des nantis, la suffisance des grands de ce monde face aux gens du peuple, la morgue des éditocrates qui n’ont plus mis les pieds dans une cité ou une exploitation agricole depuis des lustres, les télévisions qui abreuvent les gens de programmes stupides, consternants, l’irrespect vis à vis de la différence. De toutes les différences. J’en oublie sans doute, mais c’est déjà beaucoup. Alors, je respire un grand coup et je tire la chasse.
La Journée Mondiale des toilettes est en fait une chose très sérieuse puisqu’elle est placée sous l’égide de l’ONU. J’avoue que tout à l’heure, cette info m’a fait un peu sourire de prime abord. Mais plus question de sourire lorsque j’apprends que près de 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des installations sanitaires correctes. Que fournir des toilettes pourrait permettre de sauver la vie de plus de 200.000 enfants chaque année. Selon la World Toilet Organisation, chaque année plus d’un million et demi d’enfants et de bébés de moins de 5 ans meurent à cause de diarrhées et autres maladies dues à de mauvaises conditions d’hygiène, à commencer par les sanitaires.
Les toilettes publiques, c’est aussi un « combat » dans nos villes. Tenez, à Marseille, la deuxième ville de France, eh bien le compte n’y est pas comme le rappelle le site Marsactu.

Mon Papa fut Instituteur de la République

Je me suis assis tôt hier-matin aux côtés de mon Papa et je l’ai un peu dérangé dans sa lecture. Nous aimons beaucoup discuter ensemble, alors, il a posé son livre. Un essai sur l’histoire des religions. Mon Papa dévore depuis toujours. Quatre livres par semaine, il lit. Je suis fier d’être le fils de ce Papa-là, homme cultivé, très fin, drôle aussi parfois lorsqu’il se prend pour Pavarotti:-) Fier d’être le fils d’un ancien Instituteur de la République. Ce qui faillit ne jamais arriver…
Mon Papa rêvait d’enseigner l’Histoire-Géo. Ce rêve, ma fille aînée Noémie le lui a offert quelques décennies plus tard en devenant professeur de Chinois…
Mon Papa m’a fait découvrir Beethoven, Tchaïkovsky, Chopin entre autres.
– La grande musique, il me disait quand j’étais petit. Avec tout en haut de la liste, Jean-Sébastien Bach
Ce prélude de la 1ère suite pour violoncelle seul de Bach nous évoque notamment le concert improvisé du grand Mstislav Rostropovitch aux premières heures de la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, lorsqu’il alla s’asseoir au pied du mur de la honte…

rostro

Pierre Echinard et le Carré des Ecrivains « carrefour d’humanité »

Ce fut donc hier un vrai beau moment de ma vie de jeune auteur que ce Carré des Ecrivains au Centre Bourse. J’ai eu l’honneur d’y être invité par le Comité du Vieux Marseille, pour mon recueil de nouvelles Marseille rouge sangs, publié fin mars par les Editions Parole. Beau moment car cet évènement, voilà des années que je le badais en tant que spectateur. Et là, acteur j’étais, participant ! Installé s’il vous plaît  juste à côté de Pierre Echinard, historien marseillais et véritable figure du monde culturel et littéraire de ma ville natale. De quoi donner une dimension supplémentaire au plaisir que j’ai pris. Figurez-vous que Pierre Echinard a assisté à tous les Carrés des Ecrivains depuis le tout premier. Question de fidélité, mais pas seulement.
Demain lundi, c’est à un autre historien marseillais que l’on rendra hommage, le regretté Emile Temime. Cette journée labellisée Marseille Provence 2013 aura pour thème « Marseille : des récits à l’histoire » et sera proposée de 9H à 17H au Musée d’Histoire de Marseille – 2, rue Henri-Barbusse 13001 Marseille

Ma Maman cherche et trouve

Ma Maman est joyeuse. Rêveuse. Imaginative. Détendue et calme malgré ses tourments de santé. Heureuse comme moi de partager la douceur d’une matinée avec vue sur la rade. Ma Maman est une merveilleuse dame qui a gardé son âme d’enfant.

Grand Corps Malade, Maman ? Il suffit de demander. Pères et Mères. Parce que Papa, bien sûr, n’est pas bien loin.

Le site de Grand Corps Malade

La webvoice du Carré des Ecrivains

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai reçu l’invitation du Comité du Vieux Marseille à participer au 22ème Carré des Ecrivains, demain samedi au Centre Bourse de Marseille. J’y viendrai dédicacer mon recueil de nouvelles Marseille rouge sangs. Ce sera aussi l’occasion de rencontrer d’autres auteurs invités. D’échanger avec eux. En tout, nous serons 222 ! Je leur demanderai entre autres ce qu’ils pensent de l’annonce audio de l’évènement sur le site de Marseille Provence 2013, qui est l’un des partenaires du Carré des Ecrivains 2013.
Ce son est celui d’une webvoice, produite par le site Tingwo, spécialisé dans la lecture phonétique de textes quels qu’ils soient. Mmmouais… J’avoue ne pas être particulièrement séduit par le son robotisé de cette cybervoix. Sans chair. Sans émotion. Sans vie. Curieux que Marseille Provence 2013 ait opté pour une webvoice plutôt que pour la voix d’un écrivain ou celle d’un organisateur du Comité du Vieux Marseille. J’en profite pour souligner que le plaisir et la fierté de participer à ce Carré des Ecivains 2013 ne gomme pas les critiques que j’ai pu adresser sur ce blog vis à vis de Marseille Provence 2013 capitale de la culture. Je déplore notamment que ses organisateurs aient laissé IAM de côté, tout comme Jean-Claude Izzo. Sans parler de l’absence de toute évocation d’Arthur Rimbaud, qui vécut ses dernières heures à l’Hôpital de la Conception à Marseille.
Le Carré des Ecrivains sur le net.

 

Chopin pleure Pleyel

La nouvelle est tombée avant-hier. Pleyel va disparaître. Pleyel, vous vous rendez compte ? Oui, Pleyel, le dernier fabriquant de pianos en France. Le plus ancien fabriquant encore en activité dans le monde. Victime notamment de la concurrence asiatique. Pleyel, fondée en 1807 par le compositeur Ignace Pleyel va mettre la clé sous la porte de sa dernière usine, à Saint-Denis, d’ici à la fin décembre. C’est sur des pianos Pleyel que Frédéric Chopin composa la quasi totalité de son oeuvre. Il en appréciait la sonorité romantique. Voici l’Etude n°12 en do mineur Opus 25, interprétée par le pianiste anglais James Rhodes.
Je vous recommande vivement l’album Chopin chez Pleyel, paru l’an passé chez Harmonia Mundi.
Alain Planès y interprète 20 morceaux du maître, sur un piano Pleyel de 1836 identique à celui que Chopin joua pour son concert à Paris le 21 février 1842.
La disparition annoncée de Pleyel sur le site du journal l’Humanité et sur le site du Monde
Le site d’Harmonia Mundi

 

Badiucao 巴丢草, dessinateur chinois exilé en Australie

J’ai rencontré Badiucao sur Twitter il y a une petite semaine. Cet artiste né en 1980 à Shanghai s’est exilé en Australie il y a trois ans, pour pouvoir exercer librement son talent de dessinateur. Il faut dire que ses cartoons ne sont pas du tout du goût des autorités chinoises, à l’image de celui-ci, intitulé Qui sont les terroristes ? Whoareterrorists
©Badiucao
Badiucao a réalisé ce dessin juste après l’incident survenu fin octobre près de la place Tiananmen, qui fit 5 morts et 40 blessés. Des photographies mises en ligne – et très vite effacées par les services de la censure – ont montré un véhicule en feu surmonté d’une épaisse colonne de fumée, devant le célèbre portrait de Mao à l’entrée de la Cité interdite, qui donne sur le côté nord de Tiananmen. La police a avancé la piste d’un attentat terroriste…
Voici l’un des morceaux qu’il aime écouter en boucle pendant qu’il dessine.
Rootless tree – arbre sans racine – de l’auteur compositeur interprète irlandais Damien Rice.
 
Petit-fils d’un cinéaste envoyé en camp de rééducation pour « crime culturel » – il y mourut de faim et de maladie – Badiucao est un grand admirateur d’Ai Weiwei – « une bougie dans l’obscurité » – défenseur actif et persécuté de la liberté d’expression dans son pays. Contrairement à Ai Weiwei, il a, lui, choisi de quitter le pays natal pour mettre sa famille à l’abri et pour poursuivre son travail artistique.
Chaimanishungry
©Badiucao
Le président Meow est affamé, c’est le titre de ce dessin, allusion à la censure récurrente exercée sur l’internet par les autorités chinoises, avec à leur tête depuis mars le président Xi Jinping.
Badiucao vient juste de publier son travail sur le China Digital Times, un site collaboratif d’information lancé en 2003 par Xiao Qiang, professeur à la University of California de Berkeley.
Aujourd’hui, il se force à ne pas parler de son activité à sa famille pour lui éviter de redouter d’éventuelles poursuites, même hors de Chine, ce pays natal où il s’est promis de ne pas retourner tant que la liberté n’y règnera pas pour de vrai.

Salies-de-Béarn s’est souvenue de tous les soldats de la Grande Guerre

Salies sous une pluie fine hier-matin. Un vrai temps de 11 novembre. De nombreux Salisiens se sont retrouvés autour du monument aux morts pour raviver la mémoire des victimes du carnage de 14-18. Recueillement de rigueur pendant toute la cérémonie, notamment pendant la lecture du message de Kader Arif, le ministre des anciens combattants, par Claude Serres-Cousiné, le maire de la commune. Lui qui est aussi conseiller général n’oublie pas le terrible tribut payé par les jeunes hommes du canton pendant la Grande Guerre. Il n’oublie pas non-plus les mutins, ceux qui se rebellèrent contre leur hiérarchie.
La paix. C’est parce qu’il appelait à la paix que Jean Jaurès fut assassiné le le 31 juillet 1914. Il n’est pas inutile de se remémorer ses paroles.

 

Nous ne reviendrons plus vers vous

Aujourd’hui jour anniversaire de l’armistice qui mit fin à la Première Guerre Mondiale, le 11 novembre 1918, mes pensées vont aux millions de soldats de tous pays, qui laissèrent la vie dans cette catastrophe absolue. Je n’oublie pas que comme des millions d’autres femmes, ma grand-mère Zoé pleura toute sa vie durant, la mort à la guerre de son promis, mobilisé le 2 août 1914. Pour accompagner ce souvenir, une suggestion d’écoute. Paul Claudel, Francis Carco, Jean Giono. Trois écrivains parmi bien d’autres, dont les textes ont été lus hier-soir à la Comédie Française et sur France Culture, lors d’une soirée exceptionnelle de lancement culturel du Centenaire de la Grande Guerre.

L’émission de France Culture dans son intégralité.

Toute la semaine, jusqu’à ce vendredi 15 novembre, la Grande Guerre se raconte dans La Fabrique de l’Histoire (9h05-10h) et dans les émissions scientifiques de France Culture (14h-15h).

Le site de la Mission Centenaire 14-18

Le Haka, au masculin et au féminin

Tous devant France – All Blacks hier-soir. Pas forcément parce que nous sommes des inconditionnels du XV de France – il nous inspire tout de même bien plus de sympathie que le 11 de France – mais parce que les champions du monde néo-zélandais offrent avant chacun de leur match – depuis 1905 – un moment de danse et de chant tribal impressionnant, le Haka, qui scotche chacune et chacun à l’écran. Celui de ce samedi-soir était particulièrement tonitruant.

Dans le cadre de la coupe du monde de rugby 2007, le chorégraphe Angelin Preljocaj a créé un Haka avec ses danseuses, en hommage à la venue de l’équipe des All Blacks au Théâtre du Pavillon Noir à Aix-en-Provence.

Le parking de la culture…

Marseille. Parking du Centre Bourse hier-soir. Une course à faire avant d’aller embrasser ma mère. Premier niveau. Je me gare, je sors de ma voiture et j’entends ça.
Je ne connaissais pas cette radio. Radio Vinci Park, première radio d’entreprise entièrement dédiée à la musique classique. Partenaire de Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture 2013. Chopin en sous-sol. Mmmouais. Pourquoi pas après tout ? Cela sonne mieux à mes oreilles que Frédéric François ou Francis Lalanne. Et peut-être faut-il ça pour tenter de faire oublier le tarif du parking. Peut-être. Mais aucun morceau, fût-il de Chopin ou de Schubert ne pourra me faire oublier que depuis son lancement début janvier, en sous-sol comme au grand air, MP 3013 n’a pas daigné programmer la moindre note d’IAM. Ni la moindre lecture de Jean-Claude Izzo. Ni le moindre hommage à Arthur Rimbaud, qui mourut à Marseille en 1854, il y aura 120 ans demain. Faut-il rappeler aux organisateurs que depuis 2005, Vinci Park célèbre la poésie en s’associant au Printemps des poètes ?

Le son de Mediapart

Je suis abonné à Mediapart. Le ton, la rigueur, l’indépendance et l’esprit de résistance de ce journal d’information en ligne correspondent à ce que j’attends d’un vrai travail journalistique, et que je ne retrouve plus beaucoup ailleurs. Ce que j’apprécie aussi sur Mediapart, c’est la lecture à voix haute d’un article, proposée depuis quelques semaines. L’écouteur passionné que je suis – qui ne néglige pas la lecture – est séduit par ce souci de convoquer la voix pour prolonger les phrases. Histoire de les incarner davantage, de convoquer images et sensations comme le fait si bien la radio. Ecoutez cet extrait de l’article « Je n’ose pas dire que j’ai été expulsé. C’est trop la honte », signé Michaël Hajdenberg, lu par Arnaud Romain. Le témoignage de Cheick, arrêté en juin alors qu’il allait passer son bac, puis renvoyé moins d’une semaine plus tard au Mali. Il venait d’avoir 18 ans.
Mediapart a pu retrouver la trace de Cheikh au Mali grâce à Réseau Education Sans Frontière, RESF. L’intégralité de la lecture sonore, c’est ici

 

Voler avec les oiseaux

Hier-soir, confortablement allongé sur mon canapé, j’ai fait un très beau voyage. Les yeux fermés, j’ai décollé aux côtés de Christian Moullec, tellement passionné d’oiseaux qu’il vole avec eux et qu’il leur parle.
Ce son est un extrait du splendide documentaire radiophonique signé Elise Andrieu, Marie-Laure Ciboulet et Alain Joubert, diffusé sur France Culture début octobre, dans l’émission d’Irène Omélianenko, L’Atelier de la création. L’intégralité s’écoute ici
Christian-Moullec-et-les-oi
Photo © Christian et Paula Moullec

MusikPlease prend soin de nos oreilles

MusikPlease.com est un Webzine musical du tonnerre, fondé en 2006 par Pierre Fosco, une jeune vieille connaissance. DJ, pauvcasteur, arrangeur, fouineur jamais rassasié, il anime avec brio une équipe de passionnés de musiques actuelles, curieux de tous les styles, de tous les genres : hip hop, rap, funk, reggae, rock, house, bref une palette colorée et variée. Une mescle abondante et vivante. Cette semaine, MusikPlease.com affiche une longue interview d’IAM. Guilhaume Zorba et Los Loseou ont rencontré les papas du rap*** à la Fiesta des Suds fin octobre. Premier extrait : le sampling, l’échantillonnage cher au groupe marseillais.
J’avoue me régaler en écoutant IAM. Sans doute parce qu’ils respirent comme moi depuis qu’ils sont minots l’air de Marseille, parce qu’ils parlent de cette ville-là et des gens qui la font. Et puis aussi parce que je trouve leurs textes d’une grande force et souvent très poétiques aussi. En écoutant Akhenaton et sa bande sur MusikPlease, j’ai même découvert que certains de leurs textes étaient étudiés à l’école.
Le 18 novembre sort le dernier opus d’IAM. Le titre : IAM. Je l’ai pré-commandé. J’imagine que Pierre Fosco et son équipe languissent tout autant que moi de découvrir l’album. A moins qu’ils l’aient déjà reçu, les veinards…
MusikPlease.com met aussi en ligne des bons plans, des podcast, des exclus, des clips, des concerts, un compte Twitter @musikplease, suivi par près de 44.000 abonnés, s’il vous plaît. Chapeau les artistes ! Et continuez longtemps à prendre soin de nos oreilles.

Le blog des fans d’IAM

*** Créé à la fin des années 80, IAM est composé de Akhenaton (Philippe Fragione), Shurik’n (Geoffroy Mussard),  Kheops (Éric Mazel), Imhotep (Pascal Perez) et Kephren (François Mendy).

Jean-Marc Montera célèbre les poétesses de la Beat Generation

Mon ami d’enfance Jean-Marc Montera est un guitariste de grand talent, compositeur, spécialiste de l’improvisation et de l’expérimentation sonore. Voilà plus de 30 ans qu’il a choisi la voie de la création et de la recherche des univers musicaux qui surgissent soudain et nous happent ou nous dérangent. Reconnu sur la scène internationale, Jean-Marc – natif de Marseille, comme moi et citoyen à vie d’Endoume, comme moi – est aussi le directeur artistique du GRIM scène musicale montevideo, le Groupe de Recherches et d’Improvisation Musicale, basé… impasse Montevideo, à Marseille. Au début du mois, il a sorti un nouvel album : What’s Up ? Femmes poètes de la Beat Generation, dans la collection signatures aux Editions de Radio France. L’ambition de ce double CD avec livret est  de donner une voix à quelques unes de ces poétesses : Anne Waldman, Ruth Weiss, Janine Pommy Vega et Hettie Jones. Plongeons-nous dans l’ambiance avec l’un des 16 titres de ce double album : Living on air. Une pure merveille, vraiment.
Je suis sûr que comme moi vous serez tout autant séduit par ce second titre : Drum Song.

Les pieds dans le Gave d’Oloron

De retour au boulot, je me remémore les nombreux très bons moments de ces vacances d’automne. Parmi eux, la découverte du gave d’Oloron, où je n’avais jamais mis les pieds. Je ne pourrai plus le dire. Quant aux baignades dans ce superbe cours d’eau, ce sera pour l’été prochain 🙂
Long de 149,1 kilomètres, le Gave d’Oloron prend naissance à Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées Atlantiques, de la confluence du Gave d’Aspe et du Gave d’Ossau. Il est rejoint par le Gave de Pau à l’amont de Peyrehorade, dans les Landes, où ils forment les Gaves réunis avant de se jeter dans l’Adour.

Le Gave d’Oloron, paradis des pêcheurs à la ligne

 

Accompagner les journalistes assassinés

RFIendeuil
Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont donc morts en journalistes hier au Mali. Partis en reportage pour RFI, ils ont été enlevés à Kidal et assassinés peu après. Terrible et cruel de mourir exécuté sur le front de l’information, quel que soit l’endroit du monde où l’on part  pour témoigner. J’ai choisi de rendre hommage aux deux disparus avec les jeunes touaregs pacifistes du groupe Tamikrest, originaires de la région de Kidal. Histoire d’accompagner Ghislaine et Claude au paradis des journalistes, voici deux morceaux extraits de leur dernier album Chatma, produit sous le label Glitterbeat, en commençant par Tisnant an Chatma.
Timtar est le second titre que j’ai choisi.
Le site de Tamikrest et son compte Twitter @Tamikrest

RFI a ouvert une adresse mail pour les auditeurs qui souhaitent rendre hommage aux deux journalistes assassinés : rfihommage@gmail.com

Les périlleux chemins de l’école

Avec ma compagne Chantal et sa fille Mathilde, nous avons vu ce jeudi un film d’une grande humanité : « Sur le chemin de l’école ». Dans ce documentaire, Pascal Plisson accompagne quelques enfants de quatre pays dans leur périple quotidien vers leur école. Celui-ci est d’autant plus remarquable que pour chacun d’entre eux, le trajet dure au moins une heure et demie. Au Kenya, Jackson, 11 ans et sa petite soeur Salomé parcourent 15 kilomètres matin et soir dans la savane, parmi les animaux sauvages. Au Maroc, Zahira, 12 ans, se lance chaque semaine dans une marche de 22 kilomètres dans les montagnes du Haut Atlas, avec ses deux amies, pour rejoindre son internat. En Inde, Samuel, 13 ans, doit parcourir 4 kilomètres chaque jour vers son école, dans son fauteuil roulant rafistolé, poussé par ses deux jeunes frères. En Argentine, Carlos, 11 ans et sa toute petite soeur parcourent les plaines de Patagonie à cheval sur 18 kilomètres pour se rendre à leur école. Expédition difficile car le climat est rude et la fillette fragile. Le dénominateur commun de ces enfants du bout du monde : leur soif d’apprendre, de bien travailler à l’école car ils savent que seule l’instruction leur permettra de sortir de leur condition misérable. Ecoutez Pascal Plisson interrogé en septembre dernier sur TV5 Monde par Patrick Simonin.
Ce magnifique documentaire ne verse pas dans le misérabilisme. Il n’assène pas de leçon de morale. Il donne simplement à voir des enfants enthousiastes, généreux, solidaires et courageux, qui rêvent d’aider plus tard les autres, de devenir instituteur ou médecin. En plus, les paysages sont somptueux et la musique du film, signée Laurent Ferlet, très belle et très prenante.

« Sur le chemin de l’école », à voir ou à revoir d’urgence. Je crois bien que j’y retournerai sans tarder avec Zoé et Marius, mes deux jeunes enfants.

La chanson de Craonne

Aujourd’hui 1er novembre, mes pensées vont aux millions de morts de la Première Guerre Mondiale et notamment à tous ceux qui furent fusillés parce qu’ils refusèrent un jour de continuer à obéir. Entre 1915 et 1917 – après l’offensive du Chemin des Dames, commandée par le général Nivelle – des soldats français et notamment les mutins, entonnaient la Chanson de Craonne. Ecrite par un inconnu, elle a vite fait le tour de toute les tranchées. Sa diffusion  a été interdite en France jusqu’en 1974.

En 2011 sur France Inter, Daniel Mermet consacra une série d’émissions « Là-bas si j’y suis » aux mutins de 14-18.14-18