Peu importe que l’eau soit glacée
dans une minute
pas plus
je me lance
tout nu
c’est encore meilleur
Suggiton, c’est pour ce plaisir-là
que je descends m’asseoir sur tes rochers
redécouvrir ton dénuement
te désirer
chaque fois
lovée dans l’extrême beauté de ton attente
et surtout oublier un instant
qu’il me faudra
comme chaque fois
me revêtir
finir par te tourner le dos
puis remonter sur le sentier
et repartir là-haut vers la ville
avant que la nuit pose en silence ses bras
sur tes attraits
Loin des mauvaises ondes du monde
marcher longtemps
puis se percher
ici
au-dessus de Suggiton
ma calanque préférée
encore masquée par les arbres
réaliser que n’ai pas quitté Marseille
mes pieds bien ancrés sur le sol natal
savourer l’ouverture sur le large
l’ailleurs à portée de cils
respirer profond
et se relancer en chemin vers la mer
la deviner frisquette
désirer follement m’y plonger
loin des tragiques vagues du monde
simple comme un bonjour ou un bonsoir
ce rendez-vous pour vidéos qui respirent
une minute en plan fixe
avec un petit titre pour ouvrir l’imagination
et susciter le désir de respirer et de reprendre espoir
le lieu : chez mon Papa
au-dessus de la Campagne Pastré
Frioul et Mont-Rose en vue
l’heure : midi, quand le mistral continue de s’apaiser
le titre : La rade en face
et à un de ces quatre
qui sait
avec une nouvelle respiration
pour se faire du bien
Fatigué suis depuis dimanche
des – en avant marche
des – ça va changer
des – vous verrez
marre des chiens de garde
aux plumes allergiques aux plaies
des toutous dociles, voix de leurs maîtres
des éditocrates donneurs de leçons à la c..
dégoûté aussi par les casseurs d’enthousiasme
qui à nouveau confondent
alors qu’ils devraient s’unir
lutte des places et lutte des classes
marre de leurs bras de fer infantiles
de leurs – rassemblons-nous …
… mais tout seuls
soupé de leurs paroles bafouées
nous mènent droit dans le fossé
tant besoin de m’oxygéner
de me laver la tête
de prendre un autre bain
de choisir un autre chemin
alors, à tue-tête j’entonne
cette chanson de Moussu T
à reprendre en chœur s’il vous plaît
sans modération
ad libitum
surtout le refrain
comme un appel vers le grand large
Lo Gabian – Moussu T e lei Jovents
Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je voyagerais partout gratuitement, Un bon coup d’aile, y a qu’à faire tirer Pour traverser les mers et les océans Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je m’en irais visiter les continents, Survoler les villages et puis les cités, J’irais caguer sur la tête des méchants
S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, S’eri lo gabian m’en anariáu. S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, Sus la testa dei mechants, cagariáu.*
Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je sortirais dans mon costard gris et blanc, Aller draguer les mouettes aux yeux maquillés, J’aurais déjà fait trente ou quarante enfants. Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je les quitterais au premier coup de vent, Pour me consoler de toujours divorcer, J’irais caguer sur la tête des méchants
S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, S’eri lo gabian m’en anariáu. S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, Sus la testa dei mechants, cagariáu
Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Dans le ciel bleu je ferais mon tour de chant, Je gonflerais tous les voisins du quartier, Je m’en battrais les couilles totalement. Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je me ferais des cures de poissons volants, Après la sieste j’aurais bien digéré, J’irais caguer sur la tête des méchants
S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, S’eri lo gabian m’en anariáu. S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, Sus la testa dei mechants, cagariáu.
Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je plierais voile un beau jour tranquillement, Ne laissant que des plumes à mes héritiers, Et 200 grammes de tous petits os blancs Si j’étais le gros gabian du bout du quai, Je m’en irais au paradis des gabians, Et s’il n’y a plus de méchant sur qui caguer, Je caguerais dans la marmite à Satan
S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, S’eri lo gabian m’en anariáu. S’eri lo gabian, s’eri lo gabian, Sus la testa dei mechants, cagariáu
*Si j’étais le gabian si j’étais le gabian je m’en irais si j’étais le gabian je vaguerais sur la tête des méchants
Bleu c’est bleu
croire encore aux jours heureux
rallumer les feux
les nourrir de petits jeux
contempler les cieux
applaudir les valeureux
apaiser les peureux
soulager les gueux
respecter les dieux
étreindre les amoureux
les jeunes et les vieux
se bisouter les yeux
et s’envoler deux par deux
Se perdre ici en bord de mer
loin des champs et des semences folles
se réfugier près des rochers
rouges du seul désir
que dure quelques heures encore
le baiser salé des embruns
depuis que la mer est mer
de sa lumière et de ses sons
elle sait les gestes qui apaisent
pourvu qu’elle n’oublie jamais de consoler
l’âme des êtres égarés
Face au grand phare
désormais déserté des hommes
vigie cachée au loin en pleine lumière
prendre son temps
à pas de tortue
s’accrocher aux rochers
fouiller au cœur de ses plumes
et tenter d’écrire le présent
comme sur une île vierge
ne redouter ni l’orage possible
ni la tornade qui menace
oser faire face
avec le chaud du dedans
orner le futur offert
d’une paisible touche blanche
Chaque matin que le ciel fait espérer
ou Dieu, qui sait ?
chaque lendemain que l’Univers nous offre
dans sa tragique splendeur
et sa cruelle misère
tu reviens
merle siffleur
parler depuis ta frêle branche
aux morts déjà morts et enterrés
peut-être aussi te poses-tu aussi pour apaiser les morts à petit feu que sommes
devant la laideur et la saleté du monde
joli merle chanteur
tu ne crains ni nos cris
ni nos haines
ni nos crachats
ni nos hontes tues
sous le ciel laiteux ou bleu ou sombre
non
de ton bec or orangé
tu lances en paix ta mélodie
et réponds avec grâce
à celle que désirent parfois
timides
t’offrir mes pauvres lèvres en pleurs
voudrais tant te rejoindre un jour en souriant
sur ta branche fragile
pour ressusciter à tes côtés
les visages
les voix
et les baisers
de ceux qui autrefois
malgré les cris les haines les crachats et les hontes
osaient eux-aussi encore espérer
des lendemains divins