Blog en jachère. Reviendrai dans quelques nuits et quelques jours. Ou plus tard

Désir profond d’une pause. Comme mon blog de sons, CarnetDeMarseille va observer un temps de vacance. Ressens la nécessité d’une mise à distance de mon activité blogueuse et numériquement sociale. Envie de marcher, de nager, de regarder les nuages, de me poser, de lire davantage, de consacrer plus de temps à l’écriture de mon prochain livre, bref, envie de mettre entre parenthèses le rythme soutenu que nécessite la mise en énergie de mes deux blogs. Je reviendrai, bien sûr. Dans quelques nuits et quelques jours. Ou bien plus tard. D’ici-là, si vous restez connectés, quelques suggestions de sites et blogs qui m’accompagnent et me nourrissent au quotidien

mots sous l’aube, d’Anna Jouy / journal poétique

au bord des mondes, d’Isabelle Parienté-Butterlin / philosophie, littérature et numérique

le tiers livre, de François Bon / littérature, arts, musique et autres amusements

colorsandpastels, de Claudine Sales / peinture et poésie

analogos, de Francis Royo / poésie

contrepoint, de Claudine Sales et Francis Royo / tandem pictural et poétique

paumée, de Brigitte Célérier / promenades poétiques et photographiques

métronomiques, de Dominique Hasselmann / photographie, cinéma, déambulations

silo, de Lucien Suel / poésie, littérature

le point imaginaire, par Christine Simon / poésie, art

chemin tournant, par Serge-Marcel Roche / littérature, poésie

l’épervier incassable, par Serge Bonnery / littérature

la nuit / revue digitale au grand coeur et aux yeux grands ouverts sur le monde

rixile, de Rixile / poésie, photos

radio fañch, par Fañch / le feuilleton de radio à travers son histoire

promenades en ailleurs, par Marie-Christine Grimard / images, sensations, poésie

rencontres improbables, par Lan Lan Huê / poésie, littérature / Le vendredi 5 septembre prochain, c’est avec elle que je participerai pour la cinquième fois aux VasesCommuniquants. Son vase prendra place sur mon CarnetDeMarseille et le mien sur son blog.

Blog en jachère. Reviendrai dans quelques nuits et quelques jours. Ou plus tard

Désir profond d’une pause. Ressens la nécessité d’une mise à distance de mon activité blogueuse et numériquement sociale. Envie de marcher, de nager, de regarder les nuages, de me poser, de lire davantage, de consacrer plus de temps à l’écriture de mon prochain livre, bref, envie de mettre entre parenthèses le rythme soutenu que nécessite la mise en énergie de mes deux blogs. Je reviendrai, bien sûr. Dans quelques nuits et quelques jours. Ou bien plus tard. D’ici-là, musique. Teintée de chants d’oiseaux et de bruits de pas sur les sentiers. Et si vous restez connectés, quelques suggestions de sites et blogs qui m’accompagnent et me nourrissent au quotidien

mots sous l’aube, d’Anna Jouy / journal poétique

au bord des mondes, d’Isabelle Parienté-Butterlin / philosophie, littérature et numérique

le tiers livre, de François Bon / littérature, arts, musique et autres amusements

colorsandpastels, de Claudine Sales / peinture et poésie

analogos, de Francis Royo / poésie

contrepoint, de Claudine Sales et Francis Royo / tandem pictural et poétique

paumée, de Brigitte Célérier / promenades poétiques et photographiques

métronomiques, de Dominique Hasselmann / photographie, cinéma, déambulations

silo, de Lucien Suel / poésie, littérature

le point imaginaire, par Christine Simon / poésie, art

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l’épervier incassable, par Serge Bonnery / littérature

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radio fañch, par Fañch / le feuilleton de radio à travers son histoire

promenades en ailleurs, par Marie-Christine Grimard / images, sensations, poésie

rencontres improbables, par Lan Lan Huê / poésie, littérature / Le vendredi 5 septembre prochain, c’est avec elle que je participerai pour la cinquième fois aux VasesCommuniquants. Son vase prendra place sur mon CarnetDeMarseille et le mien sur son blog.

Au café arabe

Un court plongeon en plein Marseille dans ce café-salon de thé d’où je m’évade souvent. Très bientôt surviendra une nécessaire mise à distance. Je la prépare parmi les miens. Parmi ceux qui comme tant de Marseillais arrivèrent d’ailleurs.

Tu es coupable !

Pas contente la dame. Remontée de bretelles sur le trottoir. Claire et nette. Engueulade froide. Pas joli joli un vieux couple. Pas joli joli d’écouter aux fenêtres…

Sieste bruyante avant peinture en rose

Réveillé par la chignole du voisin. Ou de la voisine, je sais pas trop. Bricoleur ou bricoleuse. Même la sieste du dimanche fout le camp, je me suis dit, un peu énervé. Après, je me suis calmé et j’ai écouté La vie en rose. Rose comme ce rose de Claudine Sales, merveilleuse artiste coloriste et pastelliste.

rose

Nobuto et le frigo

Mon frigo est un intrus. Hier-soir, j’étais en pleine immersion dans la musique de Nobuto Suda lorsqu’il s’est manifesté. A Reminder j’écoutais. Relax. Alors, j’ai mélangé les deux sons pendant quelques minutes histoire de l’apprivoiser. Ensuite, je me suis repassé le morceau avant de me plonger dans le sommeil. Nobuto, frigo, dodo, rideau.

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-remainder

Si tu oses encore être raciste, monte faire un tour à la Bonne Mère

Le 22 août 1945, les soldats du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens hissaient le drapeau français au sommet de Notre-Dame de la Garde, suite à des combats acharnés contre les positions nazies installées là-haut. Des Goumiers marocains et des Tirailleurs Sénégalais participèrent aussi aux combats dont les murs de la basilique garde encore quelques traces. Marseille libérée par ces soldats venus d’Afrique, mon père m’en a parlé dès mon plus jeune âge. Je n’ai jamais oublié. C’est une mémoire à cultiver et à transmettre. Les visiteurs rencontrés à la Bonne-Mère n’oublieront pas eux non-plus. Reconnaissance à ces libérateurs venus d’ailleurs. Et honte à ceux qui persistent à montrer d’un doigt haineux les étrangers quels qu’ils soient.

En voiture avec Sinatra

La radio en voiture hier pour une longue traversée de sud-ouest en sud-est. Bonheur d’écoute. À fond. L’épopée Frank Sinatra sur France Culture. Grande traversée Sinatra, The Voice of America, un bijou de documentaire signé Judith Perrignon et Christine Diger. De la pure régalade que ce mélange d’extraits de chansons, de documents d’archives et de témoignages inédits. Jamais trop écouté le petit rital du New Jersey mais toujours été saisi à chaque fois par la puissance et le charme immense de sa voix. En plus, j’ai toujours été fasciné par les mafiosi. Là, j’en ai appris des choses sur sa vie, son caractère, son goût pour la castagne, ses combats pour la liberté d’expression. Dernier épisode du feuilleton, aujourd’hui. Pour les fans de la star – et les fans de belle radio – les épisodes sont téléchargeables sur le site de France Culture.

La douce harpe de Rixile

Découvert ce joli son sur le blog de Rixile. Doux, poétique et mélancolique. Joyeux aussi parfois. Comme lorsque Jean Giono émerge à petits pas et éclaire notre chemin. Rixile est aussi sur Twitter : @Rixilement.

« Et, au fond, ça donnait tout à coup l’idée que sur un de ces chemins ou peut-être sur tous on pouvait rencontrer la joie. Et alors, on avait envie de partir et on pensait que peut-être la joie était au-dessus des chemins de la terre comme un arc-en-ciel… »

Jean Giono – Que ma joie demeure. 

 

Requiem pour Federico Garcia Lorca

Ce Requiem est signé Lola Flores. Il y a 78 ans, le 19 août 1936, les fascistes de Franco assassinaient Federico Garcia Lorca, l’immense poète andalou. Jeté dans une fosse commune de la province de Grenade après avoir été contraint de creuser sa propre tombe.

Lorca

Il était peut-être cinq heures du soir.

La cinco de la tarde.

A cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n’était que mort,rien que mort
à cinq heures du soir.

Le vent chassa la charpie
à cinq heures du soir.
Et l’oxyde sema cristal et nickel
à cinq heures du soir.
Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.
Le glas commença à sonner
à cinq heures du soir.
Les cloches d’arsenic et la fumée
à cinq heures du soir.
Dans les recoins, des groupes de silence
à cinq heures du soir.
Et le taureau seul, le coeur offert!
A cinq heures du soir.
Quand vint la sueur de neige
à cinq heures du soir,
quand l’arène se couvrit d’iode
à cinq heures du soir,
la mort déposa ses oeufs dans la blessure
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir.
Juste à cinq heures du soir.

Un cercueil à roues pour couche
à cinq heures du soir.
Flûtes et ossements sonnent à ses oreilles
à cinq heures du soir.
Déjà le taureau mugissait contre son front
à cinq heures du soir.
La chambre s’irisait d’agonie
à cinq heures du soir.
Déjà au loin s’approche la gangrène
à cinq heures du soir.
Trompe d’iris sur l’aine qui verdit
à cinq heures du soir.
Les plaies brûlaient comme des soleils
à cinq heures du soir,
et la foule brisait les fenêtres
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir.
Aïe, quelles terribles cinq heures du soir !
Il était cinq heures à toutes les horloges.
Il était cinq heures à l’ombre du soir !

Federico Garcia Lorca (1898 – 1936)

Quitter Marseille, l’arrache-cœur de Sabine Réthoré, accoucheuse de mondes

Sabine Réthoré est une artiste. Cartographe d’une Méditerranée sans haut ni bas. Talentueuse. Créatrice de globes terrestres pacifistes. Sabine Réthoré est une artiste qui n’en peut plus de Marseille. De son indifférence fondamentale aux artistes. De son incivilité. De sa saleté. de l’égoïsme qui règne. De l’absence de mémoire des Marseillais, pourtant pour la plupart issus d’ailleurs, enfants du métissage. Sabine Réthoré va monter à Paris sans tarder. Pas pour chercher fortune. Pour trouver une écoute, un regard, un écho, une solidarité. Autant de grands disparus de la scène marseillaise. Ceci me fend le cœur. Pourtant, je suis rompu depuis longtemps aux départs de ma ville natale. De ma ville d’amour. Sabine Réthoré redescendra à Marseille. Plus sereine sans doute. Il est toujours salutaire de s’arracher de la plus vieille cité de France et d’aller respirer ailleurs. Et puis de revenir s’asseoir en bord de mer et regarder vers le large. Ce large qui nous appelle à tant de découvertes. À tant de liberté.

* Pardon pour la qualité sonore de l’enregistrement. Oublié la bonnette de mon Zoom à la maison. Le vent en a donc profité…

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Moi, le skateboard, je sais en faire allongé, c’est beaucoup mieux

Samuel, Alexandre et Clément spectateurs très actifs au skatepark de Salies-de-Béarn. À 7 ans et 4 ans, on en a des histoires à raconter devant la ronde des adeptes de la planche à roulettes.

Chouette, un hibou !

Hibou ou chouette, en fait je ne sais. Oiseau de nuit, ça c’est sûr. Et c’est drôlement chouette.

La musique des voisins

Ils écoutent de la chouette musique les voisins. J’ai cru déceler un cha-cha-cha de l’autre côté de la haie. Me serais presque mis à danser. Comme je suis timide, je n’ai pas osé. Pas voulu effrayer les oiseaux qui pépiaient dans les arbres.

Il fait du bruit ce speaker

À fond les ballons. À toute beurzingue. À donf. Au taquet. À bride rabattue, les cyclistes hier-soir à Salies-de-Béarn.  C’est surtout le speaker de la course de vélos autour du Jardin Public qui a fait du bruit. Chaque fois que j’ai assisté à une épreuve cycliste, du style critérium, je me suis demandé pourquoi fallait-il que l’homme au micro inonde les spectateurs de sa logorrhée. Qui l’écoute ? Pas grand monde. Et certainement pas les coureurs affairés à se tirer la bourre sur le circuit.

La magie Frans Brüggen

Magique, la Fantaisie N°3 de Georg Philip Telemann interprétée par un virtuose nommé Frans Brüggen. Envolé hier le natif d’Amsterdam. Flûtiste de génie et chef d’orchestre mondialement reconnu. Il aurait eu 80 ans en octobre.

Rien que le bruit de la musique dans l’espace

Parce que comme un couillon j’ai loupé le spectacle de la très grande lune l’autre soir, j’ai décidé de filer dans l’espace. En musique si possible. En mélangeant les sons. Cette mescle provient de tout là-haut. D’encore plus loin et plus haut même. Si loin et si haut qu’une vie pour y monter ne nous conduirait qu’à quelques milliardièmes du but. Des sons de l’espace enregistrés par la NASA mêlés à un extrait de l’album Space is only noise, signé Nicolas Jaar. Ce musicien, c’est Candice Nguyen qui me l’a fait découvrir sur sa page Facebook. Ces sons spatiaux, les passionnés de Radio Astronomy les côtoient chaque jour. Nicolas Jaar est sur Twitter et aussi sur Soundcloud.

Les hirondelles du soir

En attendant le crépuscule, les hirondelles s’égayent au-dessus de toits. Haut elles volent. Leurs trissements descendent en flèche jusqu’aux maisons. Le temps d’une becquée à leurs petits et les voilà qui se lancent à nouveau vers les nuages où volent d’autres oiseaux. Plus gros et bien moins mélodieux.

avionethirondelles

 

 

Le Mikado c’est rigolo

À l’heure de la sieste hier, Zoé, Empar, Mathilde, Marius et Baptiste se sont bien amusés en jouant au Mikado géant. Tout à côté, sous mon figuier ensoleillé, j’ai rêvé un peu et me suis transporté jusqu’en Chine et au Japon. Ensuite, les rires se sont envolés et nous sommes tous allés nous baigner.

figuier

Vous reprendrez bien un peu de pluie ?

La revoilà. Dame pluie s’invite à nouveau. Un zeste d’orage pour l’accompagner. Un zeste de calme pour se faire à nouveau désirer. J’aime écouter la pluie depuis mon balcon. Depuis mon lit aussi. M’apaise. Me berce. M’émerveille. Je pense à tout ce chemin qu’elle parcourt depuis les nuages. Tiède pluie d’été. Douce et bienfaisante après la moiteur lourde de la journée.

Le rêve foot de Demba

Alors que reprend ce week-end le championnat de France de football – placé cette année encore sous le signe du fric roi – une pensée pour Demba, jeune joueur sénégalais rencontré sur la plage de Mbour. Son rêve de devenir professionnel en Europe, il ne le réalisera sans doute jamais. Peut-être vaut-il mieux qu’il ne fasse pas le voyage, qui s’apparente bien souvent à un parcours très périlleux pour tant de footballeurs africains. Pour un Didier Drogba ou un Samuel Eto’o, combien de joueurs exploités, menés en bateau, victimes de trafiquants sans foi ni loi ?

Mescle du soir sur le Vieux-Port

Jusqu’aux musiques de rue qui se côtoient et s’ignorent sur le Vieux-Port, Marseille est une ville désordonnée. Bordélique même. Cette mescle permanente de sons et de langues du monde me plaît. L’indifférence qui gagne du terrain me contrarie. Ici, l’on peut tout à la fois aborder l’inconnu, parler avec lui pendant des heures et frôler un artiste ou un mendiant sans lui accorder le moindre souffle de regard. Reste ce métissage à chaque coin de rue et cette lumière de ciné sur la ville qui ouvrent sur tant de possibles.ciné

Et coulent les rivières japonaises en souvenir d’Hiroshima et de Nagasaki

J’ai choisi de partager ce collage de sons des rivières japonaises proposé par Arte Radio pour apaiser le chagrin qui m’étreint en me souvenant de ce sinistre mois d’août 1945.  Hiroshima. 6 août. Nagasaki. 3 jours plus tard. Il y a 69 ans, les Etats-Unis passaient à l’action et commettaient un véritable crime de guerre en lançant des bombes atomiques sur les deux villes japonaises. Ces bombardements ont surtout tué des civils. Ce collage de sons a été réalisé par l’émission Oto no Fukei sur la radio publique NHK.  Les Hibakusha, les survivants des explosions, sont devenus le symbole d’une lutte contre la guerre et les armes atomiques à travers le monde.

L’amour de la musique à la machine

Bien sûr, vous avez reconnu Eye of the Tiger, la chanson du groupe Survivor, conçue en janvier 1982 pour le film Rocky 3. L’interprétation est signée MIDIDesaster. L’instrument est une imprimante matricielle. Ce compositeur, c’est mon ami Fañch, blogueur de Radio Fañch qui l’a déniché parmi les tweets de Guillaume Decalf, @noctuelles_ Merci à eux pour la découverte. Bon, je sais pas vous, mais personnellement en ce qui me concerne pour ma part, je ne le trouve pas très gracieux ce son de machine, pas très mélodique, un peu crispant même pour les oreilles. Reconnaissons tout de même à son créateur un vrai tempérament ingénieux. Iconoclaste même, surtout lorsqu’il ose s’attaquer à la mythique Toccata et fugue en ré de Jean-Sébastien Bach. Voici la version interprétée à l’orgue. J’avoue ne pas être suffisamment calé en grande musique pour savoir si à l’époque, Bach était lui aussi un compositeur qui bousculait les canons et les codes. Si vous avez de l’info sur le sujet, je suis preneur 🙂

 

 

 

Restez bien assis les mains devant les yeux !

El Toro a attiré les enfants l’autre jour à la fête foraine. Grimper sur un gros cylindre à tête de taureau, enveloppé de plastique noir et tenter de ne pas chuter. Alexandre a adoré. Mes oreilles un peu moins. Bande son très ringarde et chaotique. Un Far West de pacotille transformé sans peine en dessin animé par le sourire radieux de mon petit-fils. J’ai quand même préféré la pêche aux petits canards. Plus paisible. Un peu plus poétique avec ses peluches, ses ballons acidulés et ses petits dinosaures.

canards

Pourquoi on les laisse pas en liberté ?

Au sommet du Pain de sucre, la colline boisée qui surplombe Salies-de-Béarn, nous sommes allés rendre visite aux daims qui passent l’année dans un vaste enclos grillagé. Clément les a trouvé attendrissants. Alexandre a fait un peu de lecture en déchiffrant les panneaux accrochés aux grillages. Ensuite nous sommes redescendus vers la maison. En chemin m’est revenue la question initiale – qui vaut aussi pour tant et tant d’humains –  : – pourquoi on les laisse pas en liberté ?

Ne pas deux

Le match de tirs au but avec Alexandre et Clément

J’ai toujours été très nul au foot. Toujours pris beaucoup plus de plaisir à regarder les matches qu’à y participer. – Pieds carrés, me lançaient mes copains du lycée. Alors je sortais du terrain et me rattrapais au hand ou au basket. Hier avec mes deux petits-fils, j’ai fait gardien de but. La partie fut serrée. Je me suis régalé. Ils ne m’ont pas demandé de quitter la pelouse.

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Le tocsin du 1er août, 100 ans après

Peu avant 16 heures hier après-midi, je suis monté à l’église Saint-Vincent de Salies-de-Béarn. À l’intérieur, les sonneurs en étaient aux derniers réglages. Au rythme du tocsin, le cœur serré, je me suis laissé happer à l’extérieur, saisi par la mémoire de ces millions de jeunes hommes appelés vers l’effroyable catastrophe qui inaugura le 20ème siècle, il y a cent ans jour pour jour. Lorsque je suis rentré dans l’église pour écouter le tocsin de dedans, la pluie s’est mise à tomber.

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129 enfants de Salies-de-Béarn ne sont jamais revenus de la Grande Guerre.

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Du miel au bout des doigts #intégral

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Je baignais en plein “ Chloé meets Gershwin ” lorsque Lisa est venue me tendre un petit billet bleuté et parfumé en me chuchotant, la bouche tordue:

– Encore une cagole folle de toi, Oscar !

Du regard, je lui ai montré le rebord du Steinway. Elle y a déposé le papier cacheté et s’est éloignée furieuse vers le comptoir du piano-bar.

Lisa c’est ma serveuse préférée. Une de ces métis sensas qui swingue et suce comme une Rolls. Douce et dingue mais peu docile. Idéal pour ne pas se lasser.

Trois mois que nous nous connaissons, depuis mon arrivée à la “ Vierge Dorée ”, la cave à jazz la plus en vue de Marseille.

Le premier soir, dès que je me suis installé au piano, j’ai senti ses yeux violets posés sur ma bouche, là, tout contre mes lèvres.

– Un petit Mojito senor Oscar ?

Lisa me prend pour un émigré cubain. A cause de mon béret vert-olive, de ma peau mat et de mon faux air caribéen. Petite erreur de feeling mais je lui ai tout de suite pardonné. Le rhum et le citron vert la rendent très douce ma malgachine et si généreuse une fois notre journée terminée.

Je la trouve encore plus délicieuse depuis qu’elle vient me caresser les doigts lorsque je m’assieds à mon Steinway. Elle approche ses cils de mes joues et d’un sourire, me glisse qu’un petit massage ne me fera pas de mal.

– Ca va même vous porter bonheur, senor havanero !

Lisa me parle souvent espagnol. Elle a des mains d’accoucheuse et le bout des doigts bombé comme un dé de couturier.

La tête contre son épaule, je me laisse masser de la paume aux ongles. Pour saupoudrer la valse de ses pouces, elle m’offre aussi un zeste de son souffle teinté de Cuba Libre . Je le savoure, silencieux et apaisé.

Le problème avec Lisa, c’est sa jalousie aiguisée comme un Laguiole.

Elle ne supporte pas que les clientes me tournent autour et m’invitent à prendre un verre après le service. Aussitôt, les larmes la possèdent et dès que la caisse est bouclée, elle file s’enfermer dans son studio. J’ai beau lui répéter à travers la porte que c’est elle ma gâtée, ma préférée, mon caramel, Lisa se met minable. Je ne dois pas être assez convaincant. Pourtant, un double whisky avec madame avant le dodo, je trouve qu’il n’y a pas mort d’homme, moi.

Ce soir pas de surprise, à la “ Vierge Dorée “, c’est Bysance. Mado, la patronne, fait carton plein à chaque fois. Vingt ans que la monnaie tinte sur le comptoir cuivré.

Plus une place dans la grande salle aux baies vitrées qui ouvrent sur le port. Peu de connaisseurs et beaucoup de m’as-tu-vu. Jeunes bourgeoises à lévrier, rombières emperruquées à collier marseillais, veuves éteintes au nez refait, encravatés liftés avec maîtresse, intellos de broussaille avec minot. Je me pince, mais non, ce n’est pas un mirage, il y a même des enfants autour des tables du fond. Tandis que les parents bavardent, ils dégustent leur glace trois boules en boudant ferme, le menton calé dans une main, la petite cuillère en équilibre dans l’autre. L’ennui dégouline de leurs faces proprettes de gosses de riches.

Discrètement, je leur tire la langue. Avachie à la caisse, près de l’entrée, Mado n’apprécie pas trop. Elle serre les mâchoires en me menaçant d’un index tremblottant. Du coup, je calme le jeu et je déroule sur mon clavier. Souple et doux. “ Little piece in C for U ”. Le swing boulègue et je cherche à deviner qui a bien pu me faire porter l’enveloppe bleutée.

Lisa n’a rien voulu me dire d’autre que “ tu perds rien pour attendre” avant de s’immerger dans ses courses aux trois “C” : caisse, clients, comptoir.

Scotché au clavier, j’ai beau mener ma ronde vers les fourrures et les sacs en croco, les turbans en feutre et les diamants, chou blanc.

Aucun sourire aux commissures. Aucun clin d’oeil coquin. Aucun rond de main qui pourrait revendiquer le billet, à la dérobée.

Encore deux heures avant la fermeture. J’ouvre la parenthèse et me plonge encore plus profond dans la danse des touches, juché sur mon perchoir de star.

Le Steinway trône sur une estrade bleu-nuit, au carrefour des deux allées ouvertes par la salle conçue en “T”. La patronne m’aurait bien niché dans un coin près du pupitre à tiroir-caisse, le dos tourné aux clients comme mon prédécesseur, mais d’entrée j’ai refusé. Une place centrale, j’ai exigé. Avec une petite piste de danse dessinée en cercle autour du piano.

– Vous vous prenez pour qui ?, m’a lancé Mado très énervée.

– C’est à prendre ou à laisser, madame. Je ne jouerai pas confiné près du radiateur. J’ai passé l’âge du piquet, qu’est-ce que vous en pensez ?

Mado m’a montré la porte sans sourciller. Je lui ai dit au revoir sans un regard.

Une semaine plus tard, elle envoyait Lisa me déloger du “ Misty “, le piano-bar de mes débuts où je taquinais l’impro tous les matins.

A la “ Vierge Dorée “, Mado avait installé le piano au coeur du bar, encerclé d’une piste de danse en bois clair.

Mon show pouvait commencer.

Derrière mes Oakley argent, rien ne m’échappe. Je guette les rares sourires frais, j’épie les couples et m’amuse de leurs caresses contenues, de leurs disputes convenues. Parfois, je m’attriste des danseurs figés sur le parquet comme de la graisse froide. Le rythme les déserte. Ils se traînent à contre-temps, raides et pourtant si volontaires, si appliqués. Pathétiques pantins.

De temps en temps, j’observe le manège discret des sachets blancs échangés sous les tables contre des billets.

Ce soir, un dealer à costume vert s’agite dur entre le téléphone et le bar. Je ne le connais pas, ce marchand de cauchemar. Pourtant, j’en ai vu défiler en trois mois des petits vendeurs. Mado les tolère forcément. Ils tournent tous au champagne, à l’armagnac ou au Daiquiri.

Les plus assurés tombent leurs lunettes noires et s’ajustent le trois-pièces aux fenêtres du piano-bar, aimantés par leur reflet. Les plus inquiets ne s’asseoient jamais. Ils s’autorisent une pause éclair près du piano avant de s’en retourner au sauvage danger des rues abandonnées.

La “ Vierge Dorée “ est une escale fragile et calme qui brille pour tous et pour chacun. Même pour ces minots déjà centenaires tant ils promènent de poids aux épaules et de gris aux paupières.

Lisa ne les supporte pas, ne leur parle pas, ne les sert pas. Lisa les expulserait si elle s’écoutait.

Mais ce soir, ma malgachine a la tête ailleurs.

Elle surveille la pendule et m’ignore depuis l’engatse du billet. Même le tempo de mon “ Love you madly ”, à l’instant, ne l’a pas happée de son indifférence.

J’ai bien tenté de l’arraisonner en improvisant un “ Lover Man “ vigoureux façon Petrucciani, Lisa ne s’est pas déroutée de ce fil ténu et tendu qui la soutient pendant des heures du comptoir aux tables et des tables au percolateur. J’ai eu envie de ses lèvres et de ses dents contre mes mains.

Lorsque la petite aiguille s’est effacée au creux de la grande, je l’ai aperçue au pied du porte-manteaux, en grande discussion avec Mado. Ensuite, Lisa s’est enroulé les cheveux dans son keffieh et elle a filé sans se retourner.

Vous avez du miel au bout des doigts. Venez me rejoindre au Régent. Je vous attendrai chambre cent. A peine envolé le dernier morceau de la soirée, “ I didn’t Know about you “ – c’est toujours avec Monk que je prends congé – je décachète le billet bleuté. L’écriture est souple et délicate, mystérieuse et assurée. L’inconnue n’a laissé ni signature ni prénom mais ses derniers mots sonnent comme un aveu : Ne vous éternisez pas après Thelonius…

La gourmande est une habituée du piano-bar. Dans moins de dix minutes, je saurai si mes doigts ne tremblent pas.

Du brouillard sur les quais délaissés et au pied des grues rouillées. Sur le Chemin de la Vigie, je longe les ateliers éventrés, vidés de leurs machines. J’avance en terrain de connivence. Quinze ans à réparer les bateaux, ça donne quelques repères. Il y a plus pittoresque mais je déteste les cartes postales. Il y a plus court aussi jusqu’au Régent mais c’est le trajet que je préfère. Parce que le port est devenu un vestige à peine tiède, décoloré, presque anesthésié.

Vite, profiter encore un peu des hangars gris, longer les entrepôts au bord de l’eau, se laisser bouger par les courants d’air, deviner près des filins le cri des voix anéanties. Surtout, peser chacun de ses pas sur ce domaine massacré.

Car les nouveaux conquérants débarquent et s’installent et rêvent à voix haute de fortune en bord de mer. Accent pointu, costumes larges, attaché-case, anglais courant souhaité. Des casinos et des bureaux à la place des bateaux. Par milliers de mètres carrés. Les plans sont déjà prêts. Plans sociaux et plans fonciers. Un troisième millénaire pépère s’avance au rythme du dollar et des croisières.

A la lisière du Marseille encore intact, le Régent pointe vers le ciel ses trois étoiles. Larges fenêtres et balcons à la vénitienne. Pas de groom à l’entrée, il est trop tard. Pas de Luis non plus. D’habitude le veilleur m’accueille en baillant dans le hall devant sa télé. Là, il a dû monter aux étages faire sa ronde.

Ce soir, je ne prends pas l’ascenseur. La cent est au premier, juste en arrivant sur le palier. L’inconnue a laissé la porte entrouverte et a mis de la musique, valse et jazz mêlés.“ Romantic but not blue “ , un de mes morceaux préférés.

A peine à l’intérieur de la chambre, une ombre se jette sur moi et me cogne ferme à la tête. Je hurle et je m’éboule face à la baie vitrée entrebaillée.

Avant de m’évanouir, j’aperçois Lisa allongée les jambes offertes.

Les mains dans les cheveux, elle ordonne : – Viens vite mon Luis, viens me donner ton miel !

Lorsque j’ai rouvert les yeux, il faisait jour mais je n’ai vu que du rouge, enfin un peu de blanc aussi, le blanc de mes doigts tranchés éparpillés sur la moquette.

Plus de piano dans l’air, rien que le rire acide des mouettes.

                                                                                           * * *

Du miel au but des doigts est l’une des treize nouvelles de mon recueil « Marseille rouge sangs » publié l’an passé aux Editions Parole. C’est aussi l’un des trois textes du livre adaptés au théâtre par les comédiens de Base Art Compagnie. Dimanche-dernier, ils ont donné la douzième et dernière de leurs représentations du spectacle au Bar culturel de l’Angle, dans le cadre du OFF du Festival d’Avignon.

En Février prochain, leur Marseille rouge sangs devrait être programmé lors de la 6ème édition du Festival « Polar en Lumière » au cinéma Les Lumières de Vitrolles, lors d’une soirée « Marseille » à laquelle je suis invité aux côtés d’autres auteurs marseillais.

 

Les heures salubres – VaseCommunicant d’août 2014 avec Nolwenn Euzen

J’accueille ce mois-ci ce son mystérieux signé Nolwenn Euzen, accompagné de ce texte poétique

«Les heures salubres sont dispensées». J’ai cherché où. Une part de moi disait que je pouvais seulement y croire, seulement le vouloir. Une autre ne voulait pas faire cet effort, ne levait pas le pied. Si quelqu’un m’avait remonté du courant qui m’emportait j’aurais tout replié pour dire que j’avais une chance folle d’être où j’étais. Oui. Mais je continuais à chercher ces «heures salubres» passant une porte puis une autre, enchaînant les pièces. Tu aurais pu me dessiner la joie, m’inviter dans la ronde des plus beaux enfants, leurs jeux les plus familiers, ces heures salubres étaient ailleurs. Il me fallait rêver la «géologie de mon silence». Qu’un être entende ce jardin qui cache sa saison «sous les sédiments expressifs».
* (Emprunts à Emily Dickinson et Gaston Bachelard. Dijeridoo joué par une artiste place G. Pompidou, Paris.)

* Image: citation de Bill Viola, cartel d’exposition

Si vous prenez à la lettre le blog de Nolwenn Euzen, vous la prendrez pour une menuisière. Joli mot pour bel atelier que sa grande menuiserie. Jolis mots, jolis billets et jolis sons que ceux qu’elle cisèle au gré de sa fantaisie et de son inspiration. Pour ce VasesCo d’août, nous avions convenu de partir chacun d’un dialogue à partir d’une place. Ensuite, nous avons navigué et déroulé des chemins mystérieux qui se parlent à distance. Le mien est à découvrir chez elle sur son blog

Un grand merci à Brigitte Célérier, qui veille mois après mois avec tant d’attention et de générosité aux rendez-vous des vases. Remerciements aussi à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux pères des Vases Communicants. Ce projet est simple et beau : le premier vendredi du mois,  chacun écrit et publie sur le blog d’un autre. Un autre de son choix à inviter selon son envie. La circulation est horizontale, histoire de produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous tente, faites le savoir sur le groupe dédié sur Facebook, sur Twitter ou sur le blog http://rendezvousdesvases.blogspot.fr, qui vous permet aussi de circuler à votre guise entre les vases.