Lassitude
beaucoup
échanges virtuels et fugaces
trop
egos et nombrils en place
beaucoup trop
hébétude
absurditude
m’en vais sur la pointe des pieds
marcher écrire rêver prier
mets mon blog en jachère
que la vie vous soit douce et fière
Mois : mai 2016
Jouer à se perdre
Jouer à se perdre
parmi les jeunes hêtres
les frôler et les embrasser
jouer à se faire peur
dans le brouillard de mai
le savoir passager
jouer à se chercher
au milieu de ces arbres
les deviner parlant
jouer à s’échapper
vers le ciel déployé
le savoir accueillant
Dis-moi
Tsé tsé
T’sé quoi, paisible promeneur ?
je ne suis pas
une mouche tsé tsé !
Mais je pourrais bien être l’une des deux mouches célébrées par Moussu T e lei Jovents
Planier
Boussole du large
tu apparais au loin
disparais
puis réapparais
derrière le Mont Rose
à chaque fois je guette
l’instant du basculement
la seconde exacte où tes feux se rallument
où ta joie étincelle
où la fierté de guider les marins saupoudre la rade
alors je rends grâce aux baisers répétés
que tu offres au crépuscule
puis à la nuit qui noircit
jusqu’aux premiers balbutiements
de l’aube neuve
lorsque tu t’enfuis à nouveau
et nous laisse perdus
les yeux posés sur l’horizon
Tout comme
Ma belle
Lorsque se taisent les hirondelles
lorsque le merle se rend
lorsque frissonnent les roses
lorsque les murs tiédissent
j’espère un signe
juste un seul
alors
à demi nue
tu réapparais
je te salue
et file retrouver ma belle
Je te suis
Tu t’échappes
tu t’enfuis
tu t’effaces
tu traverses
tu fonces
tu voyages
tu pars
tu brilles
tu traces
tu t’éclates
tu rayes
tu écris
tu t’évades
tu disparais
je te suis
Cascade de mots de nous trois #3
Nous ne pouvons résister, avec Zoé et Marius, mes deux jeunes enfants, à la tentation de jouer au jeu de la cascade de mots.
Cette fois encore, plaisir et sourires au rendez-vous.
Voici le troisième épisode
Petit pointu
Érigés vers l’azur
basilique et pointu
ignorent le drapeau
de trop sur la photo
qu’importe le cliché
ma ville est un désordre
goûte-la comme elle est
et reviens quand tu veux
qu’importe le drapeau
pourvu qu’on aie l’azur
et les désirs de mer
tapis au creux des coques
continue de bander
ta proue en majesté
petit pointu en bois
au loin emmène-moi
Ne tremble pas
Parmi les mots de Francis Royo
Face à la mer tu te prends à voguer
vers main gauche, là-bas
bien plus loin que l’Orient
à l’extrémité de la carte
sur l’île au sol tourmenté
si souvent secoué de spasmes
de vagues géantes
tu respires profond et navigues parmi les mots
inventés par feu Francis Royo
Maman cherche et trouve
Maman a beau être partie depuis plus d’un an et demi
sa présence reste vive
surtout qu’à volonté
je puis la réécouter
savourer à nouveau sa voix
me retrouver en face
de l’espiègle coquette qu’elle fut
jusqu’à son dernier éclat de rire
Mercredi en paix
Prendre le temps de se poser
les paupières closes
mercredi en paix
Retourner écouter la mer
Retourner écouter la mer
à toute heure
assis sur les rochers
où passa mon enfance
si vite
Mon père communiste
En ce 8 mai, peu importe l’oubli de la cédille
sur le ruban de la gerbe de roses et d’œillets
je n’ai pas oublié que mon père communiste
m’expliqua la Résistance
me parla des fusillés
me désigna l’Affiche rouge
m’apprit l’Internationale
me raconta Berlinguer
me lut Bertold Brecht
me montra Picasso
me chanta Jean Ferrat
m’emmena au Père Lachaise
me fit lire l’Huma
avec le marteau et la faucille
et avec la cédille
à Parti Communiste Français
Sans retour
Cette bouche d’azur
ne la boude pas
passager des horizons bloqués
ne grimace pas à sa vue
saisis la chance qui passe
de la parcourir de tout ton être
de t’y glisser sans retenue
mesure l’infime possible
qu’elle s’offre encore à toi un jour
alors, ose t’enivrer de gris
ose approcher le blanc qui console
et souviens-toi de cette seconde bénie
où disparaît la crainte
des traversées sans retour
Verts de désir
Sur la vieille jarre ébréchée
se dessinent des monts pelés
des pics imprenables
des parois intouchables
des souvenirs de terre mouillée
façonnée à la main
par quelque derviche devin
qu’importe l’émail craquelé
reste le grain du ventre
sur ce corps rond
gourmand d’eaux et de vins
ce corps caressé de doigts paisibles
la trace de libations et de partages
offerts à pleines paumes
à des amants de passage
amants verts de désir
assoiffés de vertige
Lève la tête
Lève la tête
enfant de cette terre
envoie tes yeux tout là-haut
le voyage t’emmènera
vers continents nouveaux
avec ses terres d’ombres
et ses mers de lumière
ses peuplades camouflées
ses oiseaux de passage
et toujours en dessous
la bienveillance des arbres
guetteurs patients
témoins paisibles
de notre petitesse
de notre évanescence
sous les cieux infinis
Cacarinette vole
Ai failli l’écraser
la petite cacarinette*
elle avançait dans l’herbe
où je trainais mes semelles
me suis penché pour la saluer
le temps de déclencher
s’est envolée la pitchounette
comme quoi, oui, parfois
il y a un Bon Dieu
pour les petites bêtes
Me souviens d’une comptine
la chantions à la maternelle :
Cacarinette vole,
ton père est à l’école,
ta mère va mourir,
va vite la secourir
elle ne m’a jamais fait sourire
*cacarinette, c’est ainsi que chez moi on appelle les coccinelles
Traces vives
Miette de vie
Tempus fugit
Une vie de lézard
ce serait quoi ?
jouir au soleil, peu importe l’heure
retourner s’allonger au temps des Romains
une respiration simple
un corps gracile
des pattes lestes
sans autre vertige que celui de l’instant
une vie de lézard
ce serait aussi
sans pensées ni calcul
retrouver
l’art de la fugue à volonté
à l’ombre des cadrans
la recherche des failles
l’adoration des fissures
le culte des cachettes
les plaisirs de l’obscur
une vie de lézard
ce serait un peu comme
nous rêverions nos vies
si nous pouvions l’espace d’un instant
oublier le temps qui s’enfuit
Le merle et l’angélus
Il suffit de s’asseoir là
lorsque le jour résiste fort encore
au surgissement attendu de l’obscur
s’installer dans la lumière et guetter l’angélus
qui sonne le retour du calme
même pour ceux qui n’entendent rien du tumulte du monde
de jour comme de nuit
de mai à avril et d’avril à mai
se laisser absorber par ces cloches qui sonnent aussi le retour des champs
elles chantent même pour ceux qui n’ont jamais travaillé la terre
jamais semé, jamais récolté
jamais vendu leur force pour un plat de lentilles
s’asseoir là dans avril qui se meurt
et sourire au merle posé en face sur la murette
pour un concert à la mémoire des paysans
me revient l’odeur de mon grand-père de retour des vignes
des arbres fruitiers
des plants de tomates et des sillons à patates
il sentait la sueur et la terre et le bois et l’herbe
il sentait la force de travail louée jour après jour
l’angélus pouvait sonner dans le lointain
il travaillait jusqu’à la nuit noire
perché sur le balcon d’en face
il y avait un merle déjà
s’arrêtait de chanter lorsque Pépé allait se coucher
de mai à avril et d’avril à mai
et même le 1er