
Récits, lectures à voix haute, nouvelles, photos, vidéos et autres curiosités
J’ai découvert très récemment sur la Toile une toute jeune tunisienne, Meryem Hlel, qui veut devenir photographe et dont la plus grande source d’inspiration est la musique. Influencée par ses oncles musiciens, elle est attirée par les mélanges, les mescles de musique classique ancienne, de jazz oriental, et d’oud, ce luth à la sonorité magique. Cette passion pour la musique et cet éclectisme se ressentent sur la page Soundcloud de Meryem. Elle y partage ses nombreux coups de coeur. Le premier que je vous propose est signé de l’Egyptien Dakheeel. Le titre : Lamma bada – Charbel Rouhana
Meryem connait ses classiques. Et nous fait un immense plaisir en partageant la grande Feirouz, l’une des plus célèbres chanteuses libanaises.
Arthur Rimbaud naquit le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières. Je lui dois mon amour pour la poésie. Je me souviens même que jeune adolescent, je rêvais de devenir Arthur Rimbaud. Pour fêter son 159ème anniversaire, j’ai choisi la voix du regretté Stéphane Hessel. Passionné lui aussi de poésie, l’auteur de « Indignez-vous ! » nous embarque à bord du Bateau ivre du poète.
Cette lecture est extraite de l’album Une voix pour la poésie, un CD de poèmes dits par Stéphane Hessel et mis en musique par Laurent Audemard, publié par Indigènes Editions.
Je vous recommande de vous le procurer. Stéphane Hessel y lit aussi Apollinaire, Baudelaire, Villon ou Hölderlin, entre autres. C’est une merveille de disque.
Le Bateau Ivre lu par Philippe Léotard sur Youtube
Arthur Rimbaud sur poetes.com
Arthur Rimbaud sur Wikipedia
Sur France Culture, Henri Guillemin raconte Verlaine et Rimbaud
Félix Blume est un chasseur de sons. Adepte du field-recording, enregistrement de terrain, hors les cloisons d’un plateau ou d’un studio. Ingénieux ingénieur du son, ce jeune homme. Grand voyageur, forcément. Un jour, en Californie, il a croisé le passage d’un train. Accompagnons-le au bord du ballast.
Félix Blume expose sa palette sur le Web
Aujourd’hui, je vous suggère une escapade musicale vers le continent noir, aux côtés de l’Ethiopien Seleshe Damessae et de son Krar, une lyre à six cordes utilisées par les anciennes civilisations du Nil. Ce voyage sonore est chanté en Amharic, la langue natale de Seleshe Damessae, musicien né à Addis Abeba. Merci au documentariste et reporter Arnaud Contreras pour cette belle découverte.
Seleshe Damessae sur le site Awesome tapes from Africa
Aujourd’hui 17 octobre, c’est la Journée mondiale du refus de la misère. Initiée il y a près de 30 ans par le père Joseph Wresinski, le fondateur d’ATD Quart Monde, cette journée est destinée à sortir de l’oubli les plus démunis d’entre les humains. Pour y contribuer à ma façon – avec un son – j’ai choisi la poésie d’Arthur Rimbaud. Par la voix de Gérard Desarthe, plongeons-nous dans l’extrème misère des enfants de la fin du 19ème siècle. Le poème s’intitule Les Effarés, l’un des textes du recueil Poésies.
Les Effarés fut écrit par Arthur Rimbaud après l’échec sanglant de la Commune de Paris. S’il revenait sur terre près d’un siècle et demi plus tard, l’enfant de Charleville-Mézières constaterait que la misère n’a pas beaucoup perdu de terrain…
Rimbaud Arthur, le site
Les Effarés
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
A genoux, cinq petits, – misère ! –
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.
Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l’enfourne
Dans un trou clair.
Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.
Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.
Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,
Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,
Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,
Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu’ils sont là tous,
Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,
Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,
Si fort qu’ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d’hiver.
Arthur Rimbaud (1854 – 1891)
Je ne sais pas chez vous, mais ce soir, ici en Béarn il pleut et ça fait du bien, c’est très agréable. Après une journée chaude comme tout, l’obscurité a ramené les nuages de l’océan vers l’intérieur et les gouttes ont entamé leur ballet sur les tuiles des toits. Du coup, j’ai cherché et trouvé du bon son de pluie mêlé à de la musique apaisante. C’est Alexander Plaum, chercheur de sons de nature, qui depuis Saint-Pétersbourg nous envoie cette mescle. Nisk Rain est le titre du morceau.
Vous connaissez ma passion pour les haïkus. En voici deux, du grand maître japonais Bashô, que lui a inspiré la pluie.
Voyageur La pluie brumeuse
ainsi m’appellera-t-on – un jour sans voir le mont Fuji –
première bruine que c’est agréable
Bashô (1644-1694)
Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout
Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.
Jacques Prévert (1900 – 1977)
Duerme, duerme negrito,
que tu mama está en el campo, negrito…*
Te va a traer codornices para ti,
te va a traer rica fruta para ti,
te va a traer carne de cerdo para ti.
te va a traer muchas cosas para ti.
Y si negro no se duerme,
viene diablo blanco
y ¡zas! le come la patita,
¡chacapumba, chacapún…!
Duerme, duerme negrito,
que tu mama está en el campo, negrito…
Trabajando,
trabajando duramente, trabajando sí,
trabajando y no le pagan, trabajando sí,
trabajando y va tosiendo, trabajando sí,
trabajando y va de luto, trabajando sí,
pa’l negrito chiquitito, trabajando sí,
pa’l negrito chiquitito, trabajando sí,
no le pagan sí, va tosiendo sí
va de luto sí, duramente sí.
Duerme, duerme negrito,
que tu mama está en el campo, negrito…
Une fête comme les Béarnais en ont le secret hier-soir à Salies. Très conviviale, agrémentée de bonne charcuterie, de bon vin ET de beaux chants. En béarnais bien sûr, ce parler occitan qui résonne fort en moi car je n’oublie pas que de l’autre côté de la France, dans son Haut-Var natal, ma grand-mère Zoé parlait le provençal. Hier-soir, le groupe Esbarrits de Cardesse – près de Monein – avait fait le déplacement jusqu’à la place du Bayaà, la place centrale de Salies-de-Béarn pour accompagner les festaïres. Je me suis régalé. Et j’ai été particulièrement touché par l’interprétation d’Aqueras Montanhas – Se canto en Provence, l’un des deux hymnes de l’Occitanie avec La Coupo Santo – donnée par Esbarrits dans la Crypte du Bayaà.
Lorsque résonne Aqueras Montanhas, j’ai à chaque fois une pensée pour Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, maire de Lourdios-Ichère, qui entonna cet hymne dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale un jour de juin 2003, pour réclamer une vrai politique en faveur des zones reculées comme l’est sa vallée. Jean Lassalle poursuit en cet automne son tour de France à pied, entamé en avril à la rencontre des Français, pour qu’ils l’aident « à vaincre l’indifférence du monde qui nous entoure ». Je ne partage pas toujours ses idées politiques mais je lui reconnais un charisme et un courage hors-normes. Et je crois bien n’être pas le seul à admirer le bonhomme.
Aqueras Montanhas (source : l’Ostau Bearnes )
Aqueras montanhas / Ces montagnes
Qui tan hautas son / Qui si hautes sont
M’empèchan de véder / M’empêchent de voir
Mas amors on son. / Où sont mes amours.
Si sabí (on) las véder / Si je savais où les voir
On las rencontrar / Où les rencontrer
Passerí l’aigueta / Je passerais l’eau
Shens paur de’m negar. / Sans peur de me noyer.
Hautas, be’n son hautas ! / Hautes, qu’elles sont hautes !
Mes s’abaisharàn / Mais elles s’abaisseront
E mas amoretas / Et mes amourettes Que pareisheràn. / Apparaîtront.
Si canti jo que canti / Si je chante moi je chante
Canti pas per jo / Je ne chante pas pour moi
Canti per ma mia / Je chante pour ma mie
Qui ei auprès de jo. / Qui est auprès de moi.
Comme l’amour mon frère
Tu es comme l’amour
Enfermé tranquille
Tu es terrible mon frère
Comme la bouche d’un volcan éteint
Mais tu n’es pas un hélas
Tu n’es pas cinq tu es des millions
Tu es terrible mon frère
Comme la bouche d’un volcan éteint
Mais tu n’es pas un hélas
Tu n’es pas cinq tu es des millions… »
Plus d’infos sur le massage sonore