Mois : avril 2017
La lumière ou l’obscurité
Demain
choisis ton camp, camarade
n’hésite pas à trancher
à puiser au fond de tes rêves
parle à tes amis
écoute leur fatigue et leur révolte
regarde leurs sourires
savoure leur humour
parle aussi à tes disparus
écoute-les te dire
qu’il n’y a de chemin désormais
que celui de l’espérance
du partage
de la fraternité
parle et écoute
et reste en paix
puis décide
le choix est simple
le retour de la lumière
ou la plongée dans l’obscurité
Abuelo rêve
Cadiz à marée basse
les enfants jouent à dessiner
les barques espèrent
les flots se laissent désirer
pendant ce temps Abuelo
rêve d’embarquer encore
pour de longues et belles traversées
Tarifa #5 Dans ta robe de reine
Songes-tu souvent
dans ta robe de reine
aux cris de la mer ?
Tarifa #4 Tant de mystère
Ciel de nos cieux
immense ciel de nos songes
quelle merveille ou quel désastre
t’efforces-tu d’annoncer
jour après jour
lorsque le soleil baisse
et lorsque la mer s’étonne
de recevoir encore tant de mystère
Tarifa #3 Luz Milagros dans le poste de Radio Tarifa
Luz Milagros est une enfant de la ville
l’une des voix de Radio Tarifa
radio associative
lancée il y a une bonne quinzaine d’années
par la municipalité
quinze ans qu’elle anime Los Super 20
les tranches du matin et de l’après-midi
avec un programme musical à la carte
fabriqué en partie au gré des demandes de dédicaces des auditeurs
avec en bonus des informations locales sur les spectacles
comme tous les citoyens natifs de Tarifa
Luz Milagros n’oublie pas qu’elle a grandi juste en face du Maroc
elle se sent concernée tout autant par les musiques du monde
que par l’actualité chaude
comme celle des migrants
des réfugiés
régulièrement accueillis ici
Luz Milagros ne travaille pas seule
deux journalistes sont sur le pont tous les jours
pour la session d’info de 21 heures
où l’actualité locale, les fêtes populaires et les évènements sportifs trouvent toute leur place
Tarifa #2 Maria Carmen au grand cœur
20 ans que Maria Carmen est bénévole
à la Croix Rouge de Tarifa
chaque matin de 5 heures à 10 heures
elle participe à l’accueil des sans abri
leur propose une douche
un petit-déjeuner
et ils repartent pour une journée d’errance
depuis trois ans et l’arrivée sur les côtes de la ville
de plus de 1.400 migrants
le local de la Croix Rouge s’est équipé pour accueillir dignement
les réfugiés qui font le trajet Maroc – Espagne dans des barques de fortune
serviettes de toilette
duvets
vêtements chauds
robes pour femmes enceintes
layette
couches
jouets
Maria Carmen se souvient que cet hiver
une embarcation a chaviré non-loin des côtes Tarifa le avec 11 personnes à bord
dix ont survécu
dont trois enfants
une autre est morte en mer
son corps a été recueilli par la Guardia Civil
et enterré dans le carré du cimetière de la ville réservé aux disparus en mer
elle raconte aussi que les migrants sont bien traités en Espagne
mieux qu’en France dit-elle
ils restent quelques jours chez nous
le temps de récupérer de leur éprouvante traversée
puis ils partent pour Algeciras
où le plus souvent ils reçoivent des papiers
jamais entendu de propos racistes ici
contrairement à chez vous, ajoute-t-elle
Maria Carmen désire continuer à donner de ses heures
aussi longtemps que des hommes des femmes et des enfants le nécessiteront
qu’ils vivent en Espagne ou qu’ils arrivent d’ailleurs
lorsqu’elle parle de la tragédie des migrants qui meurent en mer,
sa compassion laisse par instants poindre une profonde révolte
elle la masque aussitôt d’un sourire attendri
devant quelques photos-souvenirs de belles rencontres
Tarifa #1 Descendre au sud du sud
Descendre à Tarifa
au bout du bout de notre vieille Europe
le plus au sud de tous les bouts du continent
tout en bas de la carte
magique endroit du monde
où deux mers se mélangent
la Méditerranée, paisible et ensoleillée
à gauche en regardant l’horizon
et l’Atlantique, au ciel et aux flots plus tourmentés
de l’autre côté de l’Isla de las Palomas
l’Île des colombes
de Tarifa se touche presque le Maroc
à vol d’oiseau Tanger nous lance
– venez, traversez !
alors que dans l’autre sens
lorsque la mer est calme
accostent de temps en temps des embarcations de fortune
avec hommes femmes et enfants
échappent aux garde-côtes marocains
et entament ici leur exil
dans notre Europe pourtant si peu accueillante
il y a trois ans, plus de 1.400 immigrants avaient été recueillis sur les côtes de Tarifa
demain, rencontre avec une bénévole de la Cruz Roja, qui accueille les réfugiés et les sans-abri de Tarifa
À voix basse
Au fil des journées
à voix basse
échangeons tant de souvenirs
Jamaica Roots Time
Toujours dit à mes enfants et mes amis
lorsque jouons parfois
au jeu emmener quoi sur une île déserte
que parmi les cinq musiciens que choisirais
Bob Marley prendrait grande et belle place
du coup n’ai pas résisté à l’appel de l’expo
Jamaica Jamaica
proposée par la Philharmonie de Paris
et dédiée à l’histoire de la musique jamaïcaine
unique et universelle
de Marley aux deejays
ai découvert l’empreinte des conflits postcoloniaux
le poids de la foi Rastafari
et la ribambelle de styles créés par les artistes de l’île
des Sound System aux dancehall queens
toute une galaxie fascinante
où brille
éternel
le cher Robert Nesta Marley
l’expo est richement documentée
en objets films documents et musiques à écouter (en ambiance et au casque)
ai concocté une petite bande son
pour rester – et vous inviter – dans l’ambiance de cette merveille d’expo
à visiter jusqu’au 13 août à la Cité de la musique
Jamaica Jamaica – Une bande son
Le chariot musical de Cosmo White
Rastafari et son fils @ Patrick Cariou
Sound System
Costume de scène de Lee Perry, le Salvador Dali du dubMarley en 1979 au Home Studio du 56 Hope Road @ Adrian Boot
Le pêcher savoure
Bientôt l‘offrande juteuse –
pour l’heure,
le pêcher savoure
Belle étoile, ange rouge et chute rose
Jeudi dernier ici même
évoquais aux côtés de l’un des gardiens
l’exposition À pied d’œuvre(s) *
proposée par le Musée de la Monnaie
pour fêter les 40 ans du Centre Pompidou
concept très conceptuel
j’écrivais
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol … je confirme
déroutante expo
déconcertante
navrante par endroits (éviterai de me moquer)
mais séduisante aussi dès l’entrée
me suis immergé dans cette vidéo contemplative
À la belle étoile
créée par la Suissesse Pipilotti Rist
et projetée à même le sol
elle m’a amusé cette vidéo
et j’ai aimé qu’elle me conduise vers l’œuvre de James Lee Byars
Red Angel of Marseille
autour de mille boules de verre rouge
conçues avec le CIRVA de Marseille *
suis resté longuement autour de ces arabesques élégantes
tracées au sol par une combinaison de sphères
selon l’artiste
la sphère interroge tout, critique tout, est tout
et le rouge représente l’immortalité
ça sonne joli et profond je trouve
une immortalité carmin ou vermillon ou rouge drapeau
je m’y projette volontiers
rendez-vous le 6 mai …
Ci-gît l’espace de Yves Klein m’a laissé perplexe
ai plaint ces pauvres roses désormais enchâssées dans du plastique
les préfère au grand air en bouquets d’espoir ou en pétales séchés au creux des livres
l’Infini de Fabro m’a séduit
avec sa mescle de matériau brut – un câble d’acier
et ses morceaux de noble marbre blanc de Carrare
ignorais tout du mouvement d’avant-garde Arte Povera
je ne pourrai plus le dire
ai marché avec précaution sur les vivre
tracés à la craie par Jochen Gerz – mais fixés par du vernis sur le parquet
cheminer dessus, comme un pied de pieds à l’évanescence de chacune de nos vies
jamais imaginé m’interroger un jour sur le destin du papier toilette
La Chute de Michel Blazy m’a ouvert cette porte
avec ce grand collier tout de rose étalé sur un échiquier
j’avoue que j’ai souri
puis applaudi
en osant une parabole politique d’actualité
et m’en suis allé méditer sur la chute l’échec et les déchets
auxquels sommes in fine
tous un jour ou l’autre condamnés
*À pied d’oeuvre(s), jusqu’au 9 juillet 2017 au Musée de la Monnaie
**Le CIRVA est le Centre international de recherches sur le verre et les arts plastiques
Retomber en jeunesse avec Erri de Luca
Avais quitté Erri de Luca à Paris
après son passage sur la scène de la Maison de la Poésie
ses mots si puissants pour évoquer son Naples natal
et la tragédie de la Méditerranée transformée en cimetière pour migrants
l’avais remercié pour ses écrits et ses combats en lui offrant mon Marseille rouge sangs
avions posé ensemble devant le regard affectueux du photographe Hervé Boutet
puis chacun avait repris sa route
lui en partance vers le bateau de SOS Méditerranée
moi de retour parmi les miens
les yeux tournés vers ses merveilles de textes
en ce printemps qui laisse monter
dans l’air
chaque jour
le parfum d’un espoir possible
l’amorce d’un changement chez nous
un rêve éveillé de vraie rupture avec le règne du fric tous azimuts
un changement profond qui pourrait nous permettre
de parler à nouveau d’amour de partage de justice de paix de poésie
puis scintiller et rejaillir sur le monde
ce printemps de l’amour retrouvé
Erri l’évoque aussi
dans l’un des trente-sept textes
de son livre Le plus et le moins
Un poids délicieux
ou le souvenir vivace
universel ?
du tout premier baiser
Photos de ci-haut @ Hervé Boutet
M comme Marseille, M comme Mélenchon
Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes
n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés
M comme Marseille
M comme Mélenchon
bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe
convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre
touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants
émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos
Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission
Lune éphémère
Oseras-tu te poser
en mon nid de fortune
lune éphémère ?
Le destin des pétales
Couvrir d’amour les rues
et y mourir
le destin des pétales
Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous
L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris
costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg
leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi
leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori
redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs
OJIKELE (le chant de ci-haut)
Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions
Parmi les disparus
Deux ans que n’avions plus VaseCommuniqué avec Marie-Noëlle Bertrand
et là, presque par surprise,
un désir commun d’échanger à partir de trois mots :
parmi nos disparus
trois mots qui pèsent si lourd
dans le quotidien du monde
Bienvenue à son texte puissant.
Le mien est accueilli sur Éclectique et Dilettante
son blog de textes, de sons et de photos
mémoire sans lieu
disparu
mort
perdu
désavoué dans sa qualité d’être humain
disparus en mer
l’esclave enchaîné dans les cales, le marin d’ici ou d’ailleurs, le boat-people d’hier, le migrant d’aujourd’hui
disparus, avalés par Héphaïstos
l’ouvrière du textile au Bengladesh, l’enfant vietnamien ou syrien qui court sous les bombes, l’habitant d’Hiroshima ou de Tchernobyl
disparus, dévorés par Mammon
l’ouvrier licencié par Renault ou Arcelormital, le SDF sur le trottoir de Manhattan, la jeune femme abandonnée au cancer dans les usines Samsung
disparues, proies du dieu phallus
la prostituée de Ciudad Juarez, la femme de réconfort coréenne, l’épouse tuée par les coups de son conjoint
disparus, broyés par les mâchoires de Seth
le poilu dans la tranchée, le déporté à Auschwitz, le condamné au goulag sibérien, le prisonnier à Guantánamo
disparus
inconnus ou icônes
leur voix et leur cri
leur visage
dans nos vies
dans nos nuits
lieux de mémoire
mémoire sans lieu
Marie-Noëlle Bertrand
Un double grand merci à elle, qui chaque mois, coordonne, accueille et met en relation les VasesCo et leurs auteurs. Échanges à suivre sur Facebook et sur Twitter.
Gratitude également à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux à l’origine du projet des Vases Communicants : le premier vendredi de chaque mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre de son choix, à inviter selon son envie. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Regarder l’infini
De musée en musée
Jean-François Mpeck voyage dans Paris
fini le gardiennage dans les magasins
place maintenant aux œuvres d’art
forcément ça lui change de climat
les musées c’est plus tranquille
mais pas tout le temps exaltant
ça dépend
l’ai rencontré au Musée de la Monnaie
devant les sculptures de l’exposition À pied d’œuvre(s)
au concept très conceptuel
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol
dans les superbes salles de style néoclassique
pas envahies ce mercredi
des œuvres étonnantes
déroutantes
et pour les surveiller
devant l’infini de leur étrangeté
Jean-François Mpeck
souriant et disponible
L’infini dont parle Jean-François Mpeck se rapporte à l’œuvre conçue par l’artiste italien Fabro – photo ci-dessous
J’y reviendrai dans un prochain billet ainsi que sur d’autres créations de cette exposition présentée par La Monnaie de Paris à l’occasion du 40ème anniversaire du Centre Pompidou
Une pause mélodique au Parc Montsouris
Soudain, en plein Parc Montsouris
sur les marches d’un escalier pierreux
naissent quelques notes de guitare
et une voix de femme
parmi les cris d’oiseaux
et le souffle saccadé
du RER juste au-dessus
paisible cette pause mélodique
que s’offre Louiza Bouchikh
jeune artiste métis
papa kabyle
maman normande
Parisienne ouverte sur le monde
ses gens, ses accents et ses musiques
La retrouver sur Facebook
Erri de Luca, Naples et le yiddish
Erri de Luca est un conteur merveilleux
sur la scène de la Maison de la poésie, samedi
il nous a parlé de son amour pour le yiddish
son lien profond avec cette langue désormais morte
a décidé de l’apprendre en revenant de Pologne en 1993
était allé assister aux cérémonies du 50ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
y avait rencontré l’un des héros de son enfance
Marek Edelman, l’un des chefs de l’insurrection
aujourd’hui l’écrivain napolitain redonne vie au yiddish à voix haute
comme pour réparer un passé à jamais tissé de tragédie
il continue chaque matin de se lever très tôt
pour traduire les mots de l’ancien hébreu en lisant la Bible
Erri de Luca, l’écrivain indigné
Erri de Luca digne et indigné
sur la scène de la Maison de la Poésie
ce samedi
l’écrivain italien est venu nous parler de son Naples
et des tragédies du monde aussi
celle des réfugiés, des exilés
qui tentent au péril de leur vie souvent
de gagner les côtes de notre Europe
tant de naufragés
tant de vies perdues en Méditerranée
tant de deuils à faire
après ce qu’il appelle
le pire transport maritime de l’histoire de l’humanité
Erri de Luca s’en va cette semaine
embarquer à bord de l’Aquarius
le bateau de SOS Méditerranée
qui sauve des vies depuis un an
parce que
Nous ne pouvons accepter que des milliers de personnes meurent en mer sous nos yeux, aux portes de l’Europe, sans rien faire. Notre action de sauvetage en mer répond à un impératif moral et légal
Erri de Luca nous a dit lui aussi l’autre soir
qu’il ne faut pas laisser à la mort le dernier mot
Prévert au Parc Montsouris
Jamais mis les pieds de ma vie
au Parc Montsouris
me parlait pourtant
enfant
ce nom charmant
mais jamais promené dans ses allées
l’ai enfin découvert
majestueux
orné d’arbres prodigieux
et d’oiseaux merveilleux
pleuvait un peu mais
me suis imprégné de sa paix
précieuse en plein Paris
ai rencontré les jardiniers
les ai félicités pour leur beau travail
et leur dédie à voix haute Le Jardin
écrit par Jacques Prévert
Misteriosa Rosa Barba
Trois minutes de mystère
avec l’Italienne Rosa Barba
et son intallation « De la source au poème »
proposée récemment au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux
devant l’art contemporain
comme devant toute forme d’art
j’essaie toujours
de mettre mon cerveau de côté
de faire appel à mes sens
de me concentrer sur la perception sensitive des œuvres proposées
avant de tenter
dans un second temps
d’y associer des mots
pas changé de démarche
face à l’œuvre de l’artiste sicilienne
pas cherché à comprendre
seulement à me plonger
au cœur de la nef du CAPC
m’immerger sans préjugés
sans clichés
sans présupposés
et puis me laisser prendre
au fil des minutes
par les mots et les pensées suscités
obscurité
mystère
suspens
inquiétude
perte
abandon
deuil
et surtout ne pas souscrire
au facile et stupide jeu de mot
moulte fois ressassé
Art contemporien
Illustration de ci-haut @RosaBarba