Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #6

Pour terminer l’année en beauté et passer à la suivante, un couple qui nous promène de la mer à la montagne. La Sterne naine et le Bec croisé des sapins. En latin aussi leurs noms sonnent joliment. Sternula albifrons et Loxia curvirostra. Le site Oiseaux.net vous en raconte davantage sur l’une comme sur l’autre.

Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #5

Le Vacher à tête brune et le Macareux Moine. Le couple du jour évoque le travail de l’homme et son besoin de prière. Il nous emmène à la campagne et à la mer. Le chant du premier est familier. Étrange celui du second. Oiseaux.net vous en dit plus sur l’un et sur l’autre.

Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #4

 

Le Traquet Isabelle. Le Moineau Friquet. Tant d’histoires l’on pourrait conter autour de ces personnages… Jamais à court de noms, les oiseaux. Écouter leur langage et se dire qu’il vaut bien nos paroles parfois vulgaires ou convenues. Les imaginer s’envoler et partir avec eux. Le site Oiseaux.net vous en dit plus sur l’un et sur l’autre.

Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #3

Le Chevalier Arlequin, le Rougequeue à front blanc. Les deux oiseaux du jour. Prononcer leurs noms à voix basse. Puis à haute voix. Puis écouter et réécouter leurs chants. Ne pas oublier de fermer les yeux. Recommencer à volonté. Pour prolonger ce plaisir, découvrir sur le site Oiseaux.net les portraits détaillés de l’un comme de l’autre.

Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #2

Chaque jour jusqu’au passage en 2015, s’envoler en compagnie de deux oiseaux. N’ont pas forcément grand chose en commun, si ce n’est le plaisir qu’ils me procurent lorsque je prononce leurs noms et découvre leur langage. Aujourd’hui, la Cigogne Noire et le Pouillot à grand sourcils sont mes invités. Pour prolonger la découverte, lire les fiches que consacre le site Oiseaux.net à la Cigogne Noire et au Pouillot à grands sourcils.

Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #1

Pour cheminer jusqu’à l’année prochaine, envie de légèreté. De grand air. De fêter les oiseaux. Ils nous accompagneront de leurs chants. Chaque jour, deux par deux. Sans forcément grand rapport entre eux. Excepté le plaisir de prononcer leurs noms et de découvrir leur langage. Pour commencer la série, voici le Pic Mar et le Sterne Hansel. Pour prolonger le plaisir, le merveilleux site Oiseaux.net vous présente le Pic Mar et le Sterne Hansel.

 

Mon beau sapin latin

Qui a osé dire que le latin était une langue morte ? Camille, ma jeune nièce, a appris ce chant joyeux. Heureux Noël à toutes et tous, humains de cette terre, où que vous soyez, quelle que soit la langue que vous parliez.Noel !

 

Jacques Chancel, Fañch l’écoutait en faisant ses devoirs

Sous le choc, mon ami Fañch, hier matin, lorsque je lui téléphone. Jacques Chancel s’en est allé. La nouvelle est tombée. Il ne s’en remet pas, lui, l’amoureux fou de radio. Le passionné de ce tempo lent et profond sur lequel chemine la radio qu’il aime depuis l’enfance. Fañch happé depuis petit par toutes ces voix qui ont forgé de leur tessiture et de leur sens de l’écoute la grande histoire de la radio. Fañch admiratif de celles et ceux qui sav(ai)ent interviewer. Qui sav(ai)ent écouter l’autre, comme écouter  le silence. Pour prolonger cette interview, lire le billet consacré par Fañch à la disparition de Jacques Chacel sur son blog Radio Fañch.

https://soundcloud.com/thbaumg/jacques-chancel-et-le-pere-noel

Ce bonus, je l’ai déniché grâce à Thomas Baumgartner, producteur de l’Atelier du son sur France Culture, un face à face savoureux de Jacques Chancel avec le Père Noël. Radioscopie. France Inter. 1970.

Et si nous partions pour l’Islande ?

https://soundcloud.com/naturophonia/islande-sagas-des-paysages

Suis parti pour le nord. Bien plus au nord que notre nord. L’Islande et sa nature vibrante dont la musique émerveille et console tout autant que le spectacle des nuages. Cette saga des paysages est l’œuvre de Fernand Deroussen. Audio-naturaliste il est. Pour prolonger cette écoute, n’hésitez pas à visiter les sons inouïs de Syntone , le site dédié à l’actualité et à la critique de l’art radiophonique. Merveilles et étonnements au rendez-vous.

Cassius Clay blues

Regarde Cassius Clay traverser l’écran de télé. Tremblant de tout son corps. Titubant. Soutenu par ses proches. Ces images me fendent le cœur. Me rappelle sa grâce et sa puissance sur le ring. Sa légèreté de colosse. Son goût pour la provocation. La précision aérienne de son art qui le fit champion olympique des lourds à 18ans. C’était aux J.O. de Rome en 1960. N’oublie pas qu’il refusa d’aller combattre au Vietnam et devint objecteur de conscience. Il en paya le prix près de quatre longues années durant. Privé de boxe il fut. Me souviens aussi qu’il fut l’une des grandes voix contre la ségrégation raciale dans son pays et pour l’émancipation des Noirs dans le monde. 20 ans que Cassius Marcellus Clay Jr. – devenu Mohammed Ali en 1964 – souffre de la maladie de Parkinson. Pour l’accompagner sur ce chemin de souffrance, j’ai mixé San Catri, titre de Popa Chubby à l’ambiance du légendaire combat Mohammed Ali – George Foreman à Kinshasa le 30 octobre 1974.

Cheminer à pas lents aux côtés de Rixile

Plus donné signe de vie depuis notre VaseCommunicant du début du mois, Rixile. N’étais pas inquiet. Me disais qu’elle avait sans doute plein de partitions à déchiffrer, à vivre et à jouer, la pianiste maîtresse de choeur. Et puis hier, ce très beau texte sur son blog. C’était un lent. Poème mélancolique. Un voyage en forme de rêve paisible où pointent quelques reflets d’un océan chagrin. La lenteur. Prendre le temps de s’échapper un peu du tourbillon. Tenter de. Savourer l’instant fugace. Plaisir de réciter ce lent survenu par surprise, en y mêlant Chopin. Choisi par elle sur Rixilement.

Nocturne en do dièse mineur (posthume).

Gare Saint-Charles, dehors

Dans la lumière dorée du soir, monter les marches de la Gare Saint-Charles. En bas, la ville agitée. Au-dessus, avions et gabians. À l’horizon, le couchant flamboyant.

garedorée

IMG_5506

IMG_5505

Livres de ma vie / Les Nuits / Alfred de Musset

IMG_5482

Il vient d’entrer dans ma vie, ce tout petit livre doré sur tranche. Collection Bibliothèque Miniature, aux Editions Payot. L’ai déniché en chinant sur le marché de Salies. L’ai toute de suite repéré sur l’étal du bouquiniste. Caresser le tissu de la couverture. Respirer son parfum de papier vieilli, de poussière et d’encens léger. Ouvrir une page au hasard. 74. Nuit de décembre. Réciter ces vers en murmurant. Entre marchand de pain et vendeur de primeurs.

… Comme j’allais avoir quinze ans

Je marchais un jour à pas lents

Dans un bois, sur une bruyère,

Au pied d’un arbre vint s’asseoir

Un jeune homme vêtu de noir,

Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;

Il tenait un luth d’une main,

De l’autre un bouquet d’églantine.

Il me fit un salut d’ami

Et, se détournant à demi,

Me montra du doigt la colline.

À l’âge où l’on croit à l’amour,

J’étais seul dans ma chambre un jour,

Pleurant ma première misère.

Au coin de mon feu vint s’asseoir

Un étranger vêtu de noir

Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;

D’une main il montrait les cieux,

Et de l’autre il tenait un glaive.

De ma peine il semblait souffrir,

Mais il ne poussa qu’un soupir

Et s’évanouit comme un rêve …

Alfred de Musset ( 1810 – 1857 )

Promener sur le sentier de pluie

Marché deux bonnes heures en pleine campagne sous la pluie. Sentier jonché de feuilles. Flaques. Boue. Châtaigners et pins. Quelques petites bambouseraies. Quelques troncs d’arbres assassinés. Longé des fossés gorgés d’eau et un séchoir à tabac abandonné. Un peu de houx, nombre de bourgeons d’hiver et d’oiseaux frigorifiés. Comment font-ils tous ceux qui n’ont pas de toit ?

IMG_5444 IMG_5447 IMG_5453 IMG_5454 IMG_5461 IMG_5468

Cuba, Estados Unidos, Si !

Enfin une heureuse nouvelle ! Les Etats-Unis et Cuba vont reprendre des relations diplomatiques. Après plus d’un demi-siècle de gel et de scandaleux embargo, Barack Obama et Raul Castro l’ont annoncé ce mercredi. C’est historique. C’est réjouissant. Du coup, pour fêter l’évènement, voici une petite mescle musicale. Par ordre d’apparition, Victor Jara, Jimi Hendrix, Buana Vista Social Club et Bruce Springsteen. Pour prolonger, lire l’article de Thomas Cantaloube sur Mediapart : Cuba, Barack Obama fait le choix du pragmatisme. Pour celles et ceux qui aiment la langue espagnole, lire l’édito du quotidien El Pais : Une nueva era.

Extinction de voies

Se poser. Urgent. Débrancher. Impératif. Écouter la pluie tomber et imaginer le lointain. S’évader au-delà des frontières de ce monde barbare. Sale. Ignoble. Ravaler les adjectifs souillés par tant et tant de salauds. Trop eu envie de crier ces dernières heures. Tueries. Enfants anéantis. Misère galopante. Planète méprisée. Regards détournés au passage de la différence. Égoïsmes à la pelle. Zemmourisation des ondes. Perdu la voix à force de hurler dans ma tête, fracassé par ce spectacle désespérant. Extinction de voies, me semble-t-il. Je deviens défaitiste. Ceci aussi me donne envie de crier. De dégoupiller. D’ouvrir le feu. Extinction de voies. Jusqu’à quand ? Continuer de patienter en écoutant Anoice, le groupe instrumental japonais. Et puis  se remémorer Le cri, le chef d’oeuvre d’Edvard Munch. Relire ce que le peintre norvégien écrivait à propos de son tableau : « J’étais en train de marcher le long de la route avec deux amis – le soleil se couchait – soudain le ciel devint rouge sang – j’ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville – mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d’anxiété – et j’ai entendu un cri infini déchirer la Nature. » Réécouter Anoice.

Ce serait … un amour

Faire sonner les mots devant un tableau* ou une photographie est un plaisir d’écriture que Brigitte Célérier ne se refuse pas. J’avoue ne jamais hésiter à m’offrir celui de me camper à ses côtés devant l’écran et de l’écouter mêler avec grâce chair brûlante des émotions, parfum vivace des souvenirs et regard fin porté sur l’image. Car Brigitte Célérier parle, conte, évoque, invite au voyage dans chacun des textes de sa série Ce serait publiée sur le superbe site de Jan Doets Les Cosaques des Frontières – refuge pour les dépaysés. Pour prolonger cette découverte, une visite s’impose à Paumée, le blog que Brigitte tient assidument. Elle y conjugue avec subtilité et humour récits de vie quotidienne, critiques de spectacle – théâtre, opéra, concerts – et photographies. Paumée, ou la chronique d’une dame d’Avignon cultivée. Conteuse dans l’âme.

Brigitte Célérier est aussi sur Twitter @brigetoun

* L’Homme au gant devant lequel retourne Brigitte Célérier dans Ce serait … un amour, est une huile sur toile de Le Titien (1488 – 1576), portraitiste de l’école vénitienne, qui qualifiait ses peintures de poèmes. Le tableau – daté de 1521 – est conservé au Musée du Louvre.

 

Au cimetière du Père Lachaise

Jamais venu ici auparavant. Quelquefois promené non-loin du Mur des Fédérés aux côtés de mon père. Me racontait la Commune de Paris, Gavroche, ce salopard de Thiers, mais jamais entré dans cette ville dans la ville. 70.000 tombes à ce qu’il paraît. Un labirynthe. Un enchevêtrement d’allées pavées. Un foisonnement de tombes, de tombeaux, de stèles, de plaques. Peu de fleurs. Des oiseaux. Beaucoup de mousse. Nombre de sépultures en ruine. Une impression d’abandon. Suis allé écouter ce cimetière géant, saluer les Communards, les communistes, les déportés assassinés, Jean Baptiste Poquelin dit Molière et  Jean de La Fontaine, Frédéric Chopin et Guillaume Apollinaire, Paul Éluard et Alain Bashung, Michel Petrucciani et Pierre Desproges. Aurais bien fait un clin d’oeil à Amadeo Modigliani mais le crépuscule m’a poussé vers la sortie.

Lachaise5

Le Mur des Fédérés. Cherché les traces de balles. Imaginé le carnage.

Lachaise12

Jean-Baptiste Clément. Fredonné sa chanson.

 

Lachaise3

Jacques Duclos roulait les R.

Lachaise4

Paul Éluard né Eugène Émile Paul Grindel

Lachaise2

Buchenwald. M’y rendis dans ma jeunesse. Impérissable souvenir.

Lachaise6

Molière l’immense impertinent.

Lachaise7

Apollinaire. M’accompagne depuis l’adolescence.

Lachaise8

Chopin. Pas un jour sans l’écouter.

Lachaise11

Bashung. Déchirant écorché.

Lachaise9

Petrucciani. Virevoltant.

Lachaise10

Desproges désarmant.

Un plongeon géant chez Katsushika Hokusai, peintre éternel

Plus de deux heures trente d’attente pour toucher des yeux une merveille absolue, l’exposition Hokusai, l’immense peintre japonais. Magie, délicatesse, sensualité, universalité. Les mots manquent pour décrire ce que j’ai ressenti en approchant les oeuvres de celui qui rêvait de vivre jusqu’à 110 ans pour prolonger sa folie du dessin. En tout, plus de 500 pièces exceptionnelles sont exposées au Grand Palais à Paris. Une grande partie de ces oeuvres n’ont encore jamais été présentées hors du Japon. J’ai été saisi d’une douce émotion face aux estampes d’oiseaux, de fleurs, de femmes, et celles de la série Les 36 vues du Mont Fuji, entre autres devant les myhiques Sous la grande vague au large de la côte à Kanagawa et Vent du sud Ciel clair. Ai trouvé sublime la série Voyage au fil des Cascades des différentes provinces. Découvrir en vrai Katsushika Hokusai est un voyage vers le Japon éternel et universel qui incite au recueillement et au chuchotement.

Hokusai chroniqueur de son époque. Hokusai maître du manga. Hokusai amoureux des oiseaux. Hokusai adorateur du Mont Fuji et de la mer. Hokusai dessinateur hors normes. Hokusai quitté à regret lorsque s’est rapprochée l’heure de reprendre le train vers le sud… Peut-être tenterai-je un nouveau plongeon dans son monde merveilleux d’ici au 18 janvier, date de clôture de l’exposition.

IMG_5363

Dispute d’enfants chinois autour d’une partie de go
1787-1793

IMG_5364

Sifflet de la cerise d’hiver
1801-1804

IMG_5369

Dragon volant au dessus du mont Fuji 1849
Pour prolonger le plaisir, Hokusai se visite aussi sur Arte.

Les oiseaux du stade au crépuscule

Au crépuscule, accompagné Marius à son entraînement de foot. Quelques oiseaux aux premières loges du stade bordé de grands arbres et de quelques rues, avec le trafic routier en bruit de fond.

Duo matinal de hiboux

Apaisant. Fascinant. Merveilleux échange que ce duo de hiboux grands-ducs enregistré sous la pluie du petit jour par Martyn Stewart, spécialiste de fieldrecording naturaliste.

Dominique Hasselmann, promeneur à fleur de ville

Il manque une bouteille de vodka est le texte publié hier par Dominique Hasselmann sur son blog Métronomiques. Comme un écho à la Jachère mise en ligne dans le même temps sur mon blog CarnetDeMarseille. À Paris comme ailleurs, le quotidien des personnes sans-abri arrache nos coeurs tout autant qu’il laisse sourdre nos mots indignés.

Paris. Les rues de Paris. Ses places et ses carrefours. Sa Seine et son Canal Saint-Martin. Ses gens isolés et ses foules. Dominique Hasselmann les côtoie, les respire, les écoute, les photographie et s’en imprègne tel un grand buvard coloré qui rougit de plaisir et rugit de colère aussi parfois. Promeneur poète, il m’invite à partager ce regard tendre et décalé sur sa ville. Cette capitale si loin et si proche à la fois de mon Marseille. Métronomiques se nourrit aussi de la passion  de Dominique pour le cinéma et la littérature. Sans oublier le jazz qui ponctue bien souvent avec délicatesse son billet du jour.

Dans le métro égaré, Dominique Hasselmann l’a publié début novembre. Paris, là encore. Paris en sous-sol. Avec ses bruits, ses solitudes et un hommage en teinte douce à Rémi Fraisse qui m’a bouleversé. Métronomiques sait aussi parler politique.

Ces deux poèmes m’ont séduit également par leur mise en forme. Ils apparaissent comme dessinés sur la page, à la façon des Calligrammes de Guillaume Apollinaire. Un clin d’oeil amical et admiratif au poète décédé en 1918, l’année de la publication de son livre.

Dominique Hasselmann est aussi sur Twitter @dhasselmann

Bienvenue sur Radio Mozart !

Déniché sur la Toile Radio Mozart l’autre soir. 100% dédiée à Wolfgang Amadeus. Découvert qu’elle était fabriquée depuis janvier 2010 à Marseille par l’Association Radio Mozart. Une vraie belle station numérique  accueillie par la plateforme Radionomy et forte de 40.000 connexions par jour pour une durée moyenne d’écoute de trois-quarts d’heure. Avec en prime, siouplé, des jingle en anglais enregistrés par Daniel Pinkwater, ancien animateur sur la NPR, la National Public Radio. Mozart rend intelligent est-il écrit en bas de la page d’accueil de la radio. Je vais donc tenter de l’écouter plus souvent.

Un concert de cornes de brume

Parti pour le grand large hier. Dans ma tête. Sous le vacarmes des trombes d’eau qui traversaient le paysage. Ai navigué vers le Nord. Cap sur la Norvège où j’ai caboté en longeant des phares et leurs cornes de brume. Odderøya, Store Torungen, Oksøy. Rien que ces noms racontent la rudesse de ce son précieux pour les marins d’autrefois. Un son que j’imagine lancé par de gigantesques gosiers d’animaux marins. Un son témoin du temps où les phares vibraient encore de paroles humaines. Pour prolonger cette écoute, une visite s’impose au site Cornes de brume. Renseignement pris, dès que les cornes de brume tombent en panne, elles ne sont plus réparées. Elles disparaîssent peu à peu du paysage sonore. Dans le nord Finistère, il ne reste que celle du Créac’h en activité, d’où l’utilité  du recensement mis en chantier par le site Cornes de brume, à suivre aussi sur Twitter @kupaia

creach

Le phare du Créac’h. Photo de @Yannick Le Gal

Le rêve froid d’Anna Jouy

Pas un jour sans être remué profond par le journal d’Anna Jouy. Pas la première fois qu’un de ses textes fait naître en moi un désir de lecture à voix haute. Chaque jour, son blog Mots sous l’aube est une escale espérée. Guettée avec impatience au coin de la Toile. Une étape douce et souvent bouleversante. Sa poésie singulière cherche son chemin dans l’immensité de nos solitudes. Je dormais, debout contre la fenêtre, c’était… évoque un rêve froid, un voyage immobile, une traversée d’un paysage intime qui interroge sur l’humaine fragilité. Pour accompagner cet enregistrement, j’ai choisi Froid, une oeuvre de la coloriste et aquarelliste Claudine Sales. J’adore son travail sur les couleurs et les formes. Je trouve qu’il s’acccorde avec justesse à la poésie d’Anna.

Merbleue

 Mer bleue, ci-dessus, est l’un des saisissants pastels de Claudine Sales. Une évocation lumineuse de l’espace glacé qui clôt le poème d’Anna Jouy.

La mémoire jaune et bleue de Christophe Grossi

Jaune bleu. Deux couleurs pour un souvenir d’enfance raconté avec délicatesse et fierté par Christophe Grossi. Son père était ouvrier dans une usine de sous-traitance pour Peugeot & Suisse, quelque part dans l’Enclave, ce territoire qui inclut toutes les communes situées autour des usines Peugeot (Sochaux, Montbéliard, Audincourt, Valentigney, etc…). Christophe Grossi est l’un des auteurs à l’affiche du cru décembre 2014 des Vases Communiquants. Jaune bleu. Titre de ce récit posté ici empreint des multiples saveurs de la mémoire ouvrière. Je l’ai savouré comme un biscuit empli de tendresse. J’ai pensé à l’enfance de mon père, fils d’ouvrier agricole. Je me suis rappelé les ouvriers qui réparaient les bateaux sur les chantiers navals de Marseille. J’ai convoqué le souvenir de toutes ces mains privées de visage par la casse répétée de l’outil industriel de notre pays. Jaune bleu. Une tranche de vie fugace et gravée à jamais dans le coeur d’un fils d’ouvrier. Pour prolonger cette écoute, le site de Christophe Grossi c’est par ici.

Maman est partie pour la montagne

Deux mois jours pour jour que Maman est partie vers l’autre monde. Sur mon inacccessible chemin de deuil, ses mots m’accompagnent. Me réconfortent  tout autant qu’ils me dévastent. Maman continue de me parler. Chaque jour. Elle me raconte une nouvelle fois son amour pour la montagne. Je la verrais bien partie vers le Mont Fuji d’où elle nous regarde et nous accompagne de toute sa beauté. Avec tant d’humanité. Deux mois qu’elle s’est envolée. Sur l’inaccessible sentier de deuil où je chemine, résonnent  aussi les sublimes Suppliques aux morts d’Isabelle Parienté-Butterlin, publiés sur son site au bord des mondes. Voici un extrait de la Supplique 42

« … on marche, on s’arrête, on suspend sa respiration, on pense à vous, on inscrit ses gestes dans les vôtres, et ceux que vous nous avez racontés, dans lesquels il semblait que vous-mêmes inscriviez les vôtres, mais de cette hypothèse, on n’a pas confirmation, pourtant on ne comprend pas comment il pourrait en être autrement, on inscrit nos gestes, on les trouve maladroits, dans les vôtres, qui ne l’étaient pas, vous saviez, et ils avaient une sûreté que les nôtres n’ont pas … »Hokusai_GaifuKaisei_new

Le Fuji rouge dans une embellie.

Hokusai ( 1760 – 1849 )

 

C’était Lucette #2

Deux mois jour pour jour que Maman est partie. Sa voix et ses textes résonnent chaque jour d’une musique aussi apaisante que douloureuse. C’était Lucette. Elle signait Lulu au bas de ses poèmes.

MAMAN

La pendule

Si l’apparition de ton coucou joyeux

Laisse entrevoir l’espoir d’un répit éphémère

Tu me méprises ;

Tu brises mes élans.

Au bout de tes aiguilles, la mort est suspendue.

À Didi

Dis, avec ta truffe humide et frémissante,

respires-tu la peur tapie dans les fourrés ?

Dis, avec ta queue splendide et attrayante,

espères-tu jouer l’étalon du quartier ?

 

 

 

 

En signe de ponctuation

Ce texte poétique est l’oeuvre de Rixile avec qui j’ai le grand plaisir de partager ce mois-ci l’aventure des VasesCommuniquants. Pour prolonger cette écoute, rendez-vous sur mon blog d’écriture CarnetDeMarseille.

Une hirondelle en hiver

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-swallow-in-winter

Un son d’hiver. Un nom d’oiseau. Alors que depuis deux jours ici dans le sud s’échappe de la buée de nos bouches lorsque nous parlons, j’ai voulu partager cette évocation poétique d’une hirondelle par Nobuto Suda. Le compositeur japonais nous entraîne en douceur dans le proche basculement vers l’hiver. Les hirondelles, elles, ont déjà pris le chemin de l’Afrique. Pour prolonger cette écoute, découvrir la richesse des oiseaux du Japon sur oiseaux.net et se replonger dans la lecture de haikus de grands maîtres japonais, Issa, Buson, Bashō, ou Sôseki

Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle

Natsume Sôseki (1867-1916)

Hirondelledaprès-Kano-Naonobu-Japanese-1607–1650-et-détail

Hirondelle, d’après Kano Naonobu (1607–1650)

Novembre au lendemain des morts

Juste aux pieds de cette montagne où je suis, une prison — et les types dedans, au bord de la mer, tournent sans doute au milieu de murs qui ne laissent rien passer des embruns. » Tant d’humanité au coeur de cette phrase. Émotion douce à la lecture de cet extrait de Novembre au lendemain des morts, l’un des billets du Journal qu’Arnaud Maïsetti tient sur son site Carnets. Ce texte poétique, je l’ai lu et relu plusieurs fois avant d’oser me lancer dans son récit à voix haute. Savouré les mots qu’il choisit pour se raconter dans Marseille, pour raconter son regard singulier sur la ville. Séduit par la douceur du rythme imprimé à ses phrases. Bouleversé par la conscience exprimée de ce lien permanent qui rapproche les morts et les vivants.

Romancier, docteur en littérature, Arnaud Maïsetti enseigne les études théâtrales à l’Université Aix-Marseille.

Ses Carnets recèlent aussi une multitude de photographies.

René Malleville, mémoire vive de l’OM

René Malleville, c’est d’abord une voix au service d’un accent. Cet accent du peuple de Marseille, sa ville d’adoption. Natif de Carcassonne, René est arrivé chez nous à l’âge de 9 ans et ne nous a plus quittés. Il a soufflé ses 67 bougies ce lundi dans le studio de France Bleu Provence, lors du Club Foot Marseille, l’émission animée par Tony Selliez et dont René est l’un des chroniqueurs-débatteurs, aux côtés d’André de Rocca. C’est là que j’ai fait sa connaissance il y a quelques semaines. Supporter truculent, passionné, enthousiaste, excessif, drôle, prompt à hausser le ton lorsque son OM ne l’a pas régalé, René Malleville est l’une des mémoires vive et vivantes de ce club à nul autre pareil. Pour prolonger cette interview, allez donc faire un tour sur le phocéen.fr, le site 100% OM qui accueille chaque semaine la minute de René. Et si comme moi vous aimez suivre les matches de l’OM à la radio, savourez Lorient – OM ce mardi à partir de 19 heures sur France Bleu Provence. Tony Selliez le commentera en direct du stade du Moustoir.

Le Club Foot Marseille est sur Facebook.

René Malleville est sur Twitter @renemalleville

Tony Selliez aussi @TSelliez

Livres de ma vie / peintres en coffret / Cézanne

Cézanne1

C’est un coffret de planches illustrées, de reproductions de toiles de Cézanne. Sur la tranche, dix lettres : CÉZANNE en gros caractères et N.E.F. , pour Nouvelles Éditions Françaises, en plus petit. C’est avec ce livre au format 32,5 cm x 24 cm que mon père m’a fait découvrir les grands peintres, comme il aimait me les présenter. – Regarde comme c’est beau ! , il me disait, en s’attardant sur les toiles peintes à Marseille. Je me souviens de Neige fondue à l’Estaque, paysage d’hiver à la tonalité noirâtre, si proche de celle qui empreint parfois ma ville les longs jours sombres d’hiver. Je me souviens aussi de Le golfe de Marseille vue de l’Estaque, qui m’offrait un inédit panorama sur la cité. Inédit pour moi, petit Marseillais accroché à mon quartier d’Endoume, baigné par la mer certes, mais d’où ne me sautait aux yeux que le contre-champ de cette toile.

L'estaque

Ce livre m’a aussi plongé dans l’univers des mots qui décrivent la peinture puisque au verso de chacune des planches figurait un texte racontant le rapport du peintre à la toile. Plus tard, je me surprendrai parfois en visitant une exposition à porter d’abord mon regard sur la description et le titre de la toile plutôt que sur la peinture elle-même… J’essaie de me corriger… Dans la bibliothèque de mon père depuis les années 60, ce Cézanne est rangé aux côtés d’autres coffrets aux noms mythiques Van Gogh, Renoir, Monet, Toulouse-Lautrec, notamment. D’autres très belles découvertes d’enfance. J’y reviendrai ici.

L’orage sur le Massif de Marseilleveyre

Il est arrivé du sommet, juste en face du balcon de l’appartement de Papa. Le Massif de Marseilleveyre a offert son large corps au tonnerre. Et puis la pluie s’est abatttue sur les arbres en contrebas. J’ai eu envie que cet orage dure et dure encore. Toute la nuit. Hélas il s’est assez vite déplacé vers le large. Comme souvent à Marseille, la pluie ne s’est pas éternisée.