Une vie avant MOTCHUS (8) des limaçons et un bada

 » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun ! «  Le sel de MOTCHUS c’est aussi de voir ressurgir un souvenir d’enfance au détour d’une grille et d’un mot trouvé. Hier, après deux bonnes heures de prise de teston et de pêche infructueuse, cet aigo-sau est sorti de sa cachette et a de suite ressuscité la voix de la marchande de limaçons qui passait chaque semaine en bas de chez nous avec sa marmite sous le bras. Nous habitions rue du Docteur Frédéric Granier, dans le quartier d’Endoume. Après deux années passées dans un tout petit appartement au Panier – les deux premières de ma vie – nous avions déménagé pour venir vivre chez ma grand-mère maternelle Zoé..  » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun !  » Je réentends Mémé Zoé le fredonner avec gourmandise ce refrain en provençal, sa langue maternelle, en descendant acheter ses limaçons.

MOTCHUS nous l’enseigne tous les jours depuis plus d’un an, le langage de Marseille ne saurait se résumer à quelques clichés pour quelques estrangers ou gens à accent pointu. En réalité, c’est bien plus sérieux que ça le parler marseillais. Pas vrai Pierre Échinard ?

Figurez-vous que mon Dictionnaire du marseillais fut victime – parmi tant d’autres livres – de l’inondation que nous avons subie chez moi en 2018. Je m’étais régalé de m’y promener. J’y avais découvert un moulon de mots, de définitions et de références. Il me servirait bien lorsque je rame fort le soir ou le matin en cherchant le MOTCHUS du jour. Il paraît qu’il est épuisé, mais mon petit doigt me dit qu’il y aurait encore moyen de se le procurer…

À la demande générale, comme c’est dimanche, voici un petit bada : le replay de ce feuilleton que j’ai pris plaisir de partager.

Bon, maintenant, je vous laisse, je m’en vais chercher le MOTCHUS du dimanche, très Mémé des Accates paraît-il ! Aïoli sur vous !

Une vie avant MOTCHUS (7)

Et si parmi les 1.800 mots que propose le Dictionnaire du marseillais, vous en choisissiez un, quel serait-il ? Vous me répondriez sans doute qu’ils vous plaisent et vous parlent tellement tous ces mots que ce serait péché d’en sortir un du lot. Pour Pierre Échinard, tout pareil. Lui, il en a choisi deux, bien jolis, que voici.

Pas encore remis de la pitoyable élimination de l’OM, j’en choisis deux moi aussi : pébrons et rointer

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (6) et après l’OM…

Par souci d’économie d’énergie, je ne m’étendrai pas sur le caractère visionnaire du mot estramassé raconté hier ici. Je préfère rester poli. Après la cagade majuscule de notre OM, ce jeudi fut noir de honte et notre colère, Camelus Blah la décrit tellement bien dans sa Canebière Académie qu’il n’y a rien à rajouter. Aujourd’hui, c’est sur une autre institution marseillaise, l’un des mots emblématiques de notre parler que se penche Pierre Échinard.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (5)

Le temps de me rembrailler – et de marronner dans ma barbe parce qu’à une lettre finale près, je l’avais en deux ce Motchus #406 – me voilà prêt pour la méditation motchusienne du jour, sous la forme de l’affirmation que voici (vous me démentez si je me trompe) : dégun peut dire qu’il n’a jamais entendu les mots que voici, racontés, interprétés par Monsieur Pierre Échinard, Académicien de Marseille, et co-auteur – entre autres avec notre sociolinguiste préféré Médéric Gasquet-Cyrus – du Dictionnaire du marseillais. Les avons entendus et prononcés souvent ces mots, pas vrai ? Et pas seulement sur le Vieux-Port. Tellement nôtres !

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (4)

Où il est question ce mercredi de Monsieur Brun et de Parisiens… Pas des affreux en bleu foncé avec la Tour Eiffel sur le maillot, non, je vous rassure. Non, un mot patrimonial, nourri par des siècles d’histoires, lui. Après peuchère, la pile, bader et plein de gros mots et d’expressions grassouillettes à souhait – vous avez adoré l’incontournable « –Va caguer à Endoume ! » , Pierre Échinard se délecte aujourd’hui d’un autre grand classique du parler marseillais, dégun.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (3)

Les gros mots, le parler gras, ça nous connaît bien sûr. Nous sommes n’en sommes pas avares. Pierre Échinard, vénérable Académicien de Marseille,  confirme que le Dictionnaire du marseillais accueille une ribambelle de mots grossiers. Il nous le dit avec un zeste de pudeur mais sans mâcher ses mots… 

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (2)

Oh fan que ce fut dur hier de trouver le MOTCHUS #403 ! Ça m’a bien pris en tout trois heures ! J’ai même dû écourter mon pénéquet du dimanche pour ne pas me mettre à la bourre avant le match de l’OM (non, je ne regrette pas du tout de l’avoir regardé). Tout ça pour y passer encore une bonne demie-heure avant que la lumière jaillisse et m’évite une escapade imprévue aux Goudes. Pierre Échinard l’aurait-il trouvé plus vite, lui qui depuis hier, nous raconte ici quelques-uns des mots marseillais recensés dans son Dictionnaire du marseillais ?

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS

La belle fête que nous avons vécue ensemble jeudi dernier pour célébrer les 400 coups de MOTCHUS m’a donné envie de ressortir de mon cabas et de partager un merveilleux souvenir. En mars 2015, enregistreur en main, j’avais rencontré Pierre Échinard l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a bientôt vingt ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, Pierre Échinard a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Je m’étais régalé à l’écouter me parler de quelques-uns des mots de notre langage marseillais/provençal et j’en avais fait un petit feuilleton. Rebelote à partir d’aujourd’hui, en commençant par les présentations et par peuchère, évidemment d’actualité en ce dimanche motchusien qui nous promet de bien nous escagasser le teston à la recherche du #Motchus 403.

(à demain !)

Les 400 coups de MOTCHUS

Quel est mon mot de Motchus préféré ? Cette question, je me la suis posée hier-soir à l’apéro, en réalisant que nous en sommes aujourd’hui mercredi 23 février 2023 à l’épisode 400 du jeu de mots marseillais / provençaux qui nous régale – nous sommes 10.000 aficionados – et nous rend quelquefois bien fadas. 400 mots proposés déjà ! 400 jours que nous actionnons nos pauvres neurones sur Twitter pour trouver LE mot, ZE mot !
Chaque jour à minuit, une grille de six lignes apparaît. Toute bleue. Une initiale sur la première mais parfois aucune. Six lignes, donc six tentatives pour trouver le motchus du jour, pas plus. Un strike, et c’est la gloire, certains diront la sègue. Six échecs et boudiou, c’est la honte !
Il a deux papas, ce Motchus lancé en janvier de l’année passée. Un manieur de mots, Médéric Gasquet-Cyrus – @MedericGC – alias Médé, socio-linguiste à l’Université d’Aix-Marseille et un as de l’informatique, DenisBeaubiat, – @ze_armavi – alias Ze bobs, professeur de mathématiques au lycée Diderot.
Louons bien fort leurs mérites s’il vous plaît ! Non seulement ils nous ont trouvé une occupation ludique, une régalade quotidienne, une sorte de rituel – à minuit tapantes pour certains, à pas d’heure pour d’autres, – mais en plus ils ont réussi à créer une bande, plus ou moins organisée, qui aime le partage, l’échange, et qui cultive un vrai sens de l’humour. Motchus est à l’image de Marseille. Dès que tu fréquentes la ville, tu deviens Marseillais. Dès que tu te prends au jeu, tu deviens Motchusien. Et quelle palette de caractères dans cette équipe, mâtin !
Tenez, chez mes petits camarades de jeu – toutes et tous se reconnaîtront – vous avez les vantards, qui s’en croient quand ils trouvent de suite et font les roulades; les râleurs, qui marronnent de longue et prétendent que le mot du jour n’est parlé que par la Mémé des Accates; les timides, qui postent leur grille presque dans l’anonymat, sans le petit commentaire ou le petit émoticon qui va bien; les compétiteurs, qui sont là pour la gagne rien que pour la gagne ou le podium; les perfectionnistes, limite pessimistes, qui prennent de suite le 19 pour aller se jeter aux Goudes lorsqu’ils trouvent le mot en plus de deux coups; les scientifiques, qui tiennent à jour la liste des mots déjà sortis et se penchent sur les couleurs des grilles des collègues avant de jouer eux-mêmes; les paisibles, qui accompagnent toujours leur tweet par « Bonne journée ! »; les olympiques, qui se soucient peu du nombre de coups qu’il leur faut pour trouver parce que l’essentiel c’est de participer, et puis l’artiste, qui utilise souvent des mots de Motchus dans ses hilarantes chroniques sur l’OM. J’en oublie sans doute des collègues, mais pas grave. Parce que Motchus, c’est devenu comme une petite famille, avec ses personnalités, ses humeurs, ses faiblesses et ses talents. Et c’est pour ça aussi que nous l’aimons, ce jeu.

Revenons à la question initiale. Des mots de Motchus que j’aime, il y en a tellement que j’ai vraiment du mal à dire si je préfère estrasse à radasse, peuchère à couilletti, vier à pachole, espanter à furer, cabestron à cagadou, néguer à rointer… c’est bon, j’arrête. En fait, je les adore tous, ces mots du parler marseillais, ce langage populaire de notre Marseille, la ville où je suis né et où j’ai passé plus de la moitié de ma vie. Donc, hier-soir, au moment de me servir un second jaune, la panne, incapable d’en ressortir un du lot. Alors, j’ai décidé de jouer l’esprit d’équipe et de faire mon curieux. J’ai mené ma petite enquête sur Twitter auprès des motchusiennes et motchusiens dont j’applaudis les exploits ou rigole des cagades chaque jour. Et qui me le rendent bien. Je leur ai posé la même question, tè ! Contrairement à moi, elles et ils ne se sont pas échappé(e)s. Bravo à toutes et tous !

Voici le podium : sur la plus haute marche: « pénéquet » cité trois fois. Médaille d’argent : « fadoli » et « rasbaille » mentionnés deux fois. Médaille de bronze pour une ribambelle de mots à une citation : estrasse, chichourle, jobastre, aïoli, barjaquer, aguinter emporquéger, estranssiner, regardelle, vier, alibofis, escagasser, accidenti, sègue, gobi, aouf, caganis, stoquefiche, empéguer, maufatan, embouligue, cagade, tant, boucan, jobastre, radaguer, spigaou, furer, sans oublier le désormais célébrissime ayaaaaaaaaa !

Allez, je vous aïolise toutes et tous et longo maï ! Et puisse Motchus continuer de nous régaler encore longtemps !
Il paraît que Médé a encore plus de 3000 mots dans son cabas…

Remerciements aux valables qui ont gentiment accepté de participer à ma petite enquête pour fêter les 400 coups de Motchus : @jmleforestier @jemabon @LeoPurguette @JF_Trucchi @jeanpaul_kopp @christelle_chat @CathRicoul @clauderenard777 @migarosi @c_simondebergen @MaxJeanselme @GariGreuOfficiel @MarseillaisG @PatouStVictor @ChristianBosq @intwittoveritas @DevictotBatrice @sylanalys @CelineCapponi @VitalMaladrech @annieday @CamelusBlaah @jomasque @13AJLP13 @Oli1973 @learn_to_swim @lmildonian @SJancy et @MicheleRubirola

Rappel utile (ou pas) Motchus se joue sur Twitter ou simplement en cliquant sur

http://www.motchus.fr

Bonus : les tee-shirts Motchus à la one again s’achètent à la boutchique
http://www.boutique.motchus.fr

Vé, le livre d’Ervé !

ecriturescarnassieres

Vé ! C’est ainsi qu’à Marseille, ma ville natale, on sollicite le regard d’un autre sur quelqu’un ou quelque chose. Là, c’est pain béni de jouer de la rime : Vé Ervé, qué livre il a écrit ! Parce que oui, ses Écritures carnassières sont un livre qui vous prend d’entrée et ne vous lâche plus et qui vous réclame d’y replonger encore et encore. Ce livre, je l’ai dévoré et savouré en même pas une journée. Ervé fut un enfant sans famille, sans amour, sans repères. Depuis tout petit, son monde est celui des foyers, des travailleurs sociaux maufatans, des humiliations, de l’extrème violence de la rue, son univers de vie à Paris, là où il fait la manche pour survivre. Un univers de regrets, de rencontres belles et douces aussi, éclairé par tout l’amour qu’il porte à ses deux filles, ses deux poumons. D’une plume tantôt acerbe et sèche, tantôt vibrante, souvent poétique, jamais misérabiliste, Ervé se livre et raconte ce que fut son premier demi-siècle de vie. Ses textes sont teintés d’une grande tristesse, d’humour parfois, de mélancolie beaucoup. Ervé n’est pas tendre avec lui-même. Il nomme les dépendances qui l’accompagnent, désigne les souffrances qui le minent, l’espoir qui scintille en lui aussi grâce à l’écriture. Ervé nous parle de son intimité sans détour. Il pleure, il hurle tout à la fois sa colère et son besoin d’amour. Quand je remonterai à Paris, j’aimerai lui dire en face, au fond de ses yeux si bleus, que ses mots et ses phrases m’ont bouleversé et que je me languis de son prochain livre. Tè, pourquoi pas, Ervé ?

En attendant, voici lu à voix haute l’une de ses écritures carnassières, Code de la rue sans déroute (ou presque)

Ervélelivre

Écritures carnassières est publié aux Éditions Maurice Nadeau, dans la collection À vif

Photo d’illustration @DeRenom https://twitter.com/DeRenom

Farid, troisième hiver dans la rue à Marseille

Chaque matin, Farid s’installe sur la Canebière au pied d’un grand platane et fait la manche en proposant aux passants des cours d’anglais ou de russe en échange d’un billet de 10 euros. Sans famille, Farid n’a pas envie de raconter comment son parcours de vie l’a conduit à se retrouver ici. Très lucide sur le monde tel qu’il va, il ne perd pas espoir de retrouver un toit. À 52 ans, c’est déjà le troisième hiver qu’il passe dans la rue.

Balin-balan rejoindre ma madone

Bien bruyant le vieux TER. Balin-balan, il mène sa vie de petit train fatigué. N’est pas du tout pressé. Longe la mer, de gare en gare. Se repose un court instant et repart en grinçant. Seul dans la rame, les paupières closes, je m’en vais rejoindre ma madone.

TER

La madòna dau TER – Moussu T e lei Jovents

À Cannes non plus on ne bat pas en retraite

Estelle, hôtesse de l'airDans le centre de Cannes hier, je me suis joint aux quelques cent-cinquante personnes venues manifester contre la retraite à 64 ans. Retraité depuis avril 2016, je suis évidemment solidaire de celles et ceux qui ressentent comme une menace majeure ce projet de réforme injuste porté par nos chapacans de gouvernants. Parmi les manifestants, Estelle et Dominique. Non engagée politiquement, elle est hôtesse de l’air. Communiste, il fut enseignant. Pour eux non-plus, pas question de battre en retraite.

Les derniers sons reçus de ce monde

merlérins

En promenant sur l’île Saint-Honorat jeudi, après la messe des fondateurs de Citeaux, j’ai écouté les gabians et la mer et j’ai pensé à ce moine du cinquième siècle dont on raconte qu’il acheva sa vie dans une cellule isolée, à l’un des bouts de l’île. Les oiseaux et les vagues furent sans doute les derniers sons qu’il reçut de ce monde. Il s’appelait Caprais et fut compagnon d’Honorat, le fondateur de l’abbaye. L’une des sept chapelles de l’île a été baptisée Saint-Caprais.

ChapelleStCaprais

Je sais que des saints, il y en a une ribambelle. Je réentends ma grand-mère maternelle Zoé, catholique fervente, m’expliquer que les saints et les saintes sont des hommes et des femmes comme vous et moi, ordinaires, simples, qui ont choisi de se donner à Dieu en recherchant l’amour avec un grand A. L’amour de Dieu et de son prochain. Je revois les yeux de Mémé s’embrumer lorsqu’elle évoquait Saint-Lambert, le saint-patron de Bauduen, son village natal. Natif de Bauduen lui aussi, à la fin du onzième siècle, il se fit moine à l’âge de seize ans, vécut sur l’île de Lérins et fut nommé évêque de Vence. Chaque année, le 13 septembre, le village fête l’anniversaire de l’arrivée des reliques de Saint-Lambert, que les Bauduennois sont allés chercher à Vence, en procession et à pied, en 1634. Comment croire que les saints sont vraiment des gens ordinaires ?

Frères Benoît et Vincent de Lérins : une vie d’ascèse, de travail et de solitude

 

monastereLérins

Ils sont vingt et un, les moines qui vivent au monastère de l’île de Lérins. Leur vie est rythmée par la prière – sept par jour, dont la première à 4h30 du matin – le travail de la vigne et l’olivier, l’étude des textes et l’accueil du public. Tous ont choisi de mener une existence communautaire empreinte d’ascèse, de partage et de solitude. Jeudi, avant et après la messe, j’ai pu échanger un peu avec deux d’entre eux, Frère Benoît et Frère Vincent.

 

monastereLérins

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D’un peu plus de huit hectares, le vignoble du domaine de l’Abbaye de Lérins se trouve dans la partie centrale de l’île. Les moines y perpétuent la tradition cistercienne de vinification parcellaire. 

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Les moines de l’Abbaye de Lérins commercialisent leurs vins et liqueurs dans une boutique sise non loin de l’église, ainsi qu’en ligne. 

 

 

Des moines ? Ainsi soit île !

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Je n’avais jamais approché un moine d’aussi près. Et plusieurs en même temps encore moins. Ce jeudi, ils étaient une vingtaine à partager leur messe matinale, en l’église de l’Abbaye de Lérins, sise sur l’île Saint-Honorat, au large de Cannes. Depuis seize siècles, une communauté de moines cisterciens y prie et y travaille. Leurs maitres mots : silence, recueillement, ferveur, partage. Jeudi, les moines avaient invité un chœur américain à chanter avec eux : The Gustavus Choir, un ensemble luthérien venu du Minnesota.

Que l’on croie ou non en Dieu, cette messe chantée a capella fut magnifique.

En voici quelques moments choisis.

La mer boulègue, mais…

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La mer boulègue, je m’émerveille mais il y a des mais…
Puissante, grisante, affriolante, affolante.
Ivresse de jeunesse, joie de minot.
Y plongerais, y nagerais, mais mon courage est givré.

Mais comment donc font celles et ceux arrivés de loin là-bas et qui s’échouent près de nos côtes ?
Comment traversent-ils ce calvaire, cet absence d’horizon ?
Et nous, comment continuons-nous à manquer de courage au point de les refouler, de les abandonner loin de nos yeux ?

La mer boulègue, mais l’ivresse et la joie deviennent honte et tristesse.

Comptine fugace

cerf-volant

Envolée plongeon chute ascension abysses galaxie ivresse vertige apnée chamade nuages vagues vent liberté suspens chance risque voyage hasard azur fil écume doigts serrés peur lâcher transparence rubans échappée tournis perte presque frise sarabande embruns rafales méli-mélo rêve d’enfant.

Comptine fugace. Faire sonner les mots par groupe de trois ou de deux, comme on veut. Trouver son rythme. Ajouter deux trois notes. Répéter à volonté.

Sourire au cerf-volant.

Un vrai Umarell marseillais

Umarell. J’ai découvert ce mot l’autre jour sur Twitter. Ne l’avais jamais entendu, mais il me plaît car avec ses deux « l ». Il sonne comme un mot catalan, un terme de la grande famille de l’occitan. En fait, Umarell vient du dialecte populaire de Bologne et décrit les hommes retraités qui passent leur temps à observer les chantiers de travaux publics, les mains jointes dans le dos.

Mon Pépé Paul – décédé en 1990 à l’âge de 90 ans – fut un vrai Umarell marseillais Je me souviens de ses escapades quotidiennes en trolley dans les années 60-70. Avec sa carte de la RATVM* au tarif retraité, il sillonnait Marseille de ligne en ligne et de chantier en chantier. Tunnel du Vieux-Port, construction du métro, rien ne lui a échappé. Au repas du soir, il nous faisait un récit détaillé de ses découvertes. Parfois, au lieu de m’accompagner à la mer ou de m’emmener à la pêche, Pépé me conduisait sur l’un des chantiers qui lui faisaient tant briller les yeux. Nous restions deux trois heures à bader le ballet des ouvriers sur les marteaux piqueurs, les grues et les pelles mécaniques. Je me souviens que nous ne disions mot devant ce spectacle et qu’au bout d’un moment, sentant que je fatiguais et me lassais sans doute un peu, il me lançait en roulant les « r » – allez Érrric, c’est l’heurrre de rrrentrrrer  !

Les chapacans qui nous gouvernent ne sont pas à une vilenie près : ils viennent de décider que c’est désormais à 64 ans, pas avant, que les travailleurs pourront partir à la retraite et donc entamer, s’ils le désirent, une carrière d’Umarell. Je ne vois guère qu’une grève générale pour tenter d’empêcher ces nuisibles de continuer à bousiller la vie des gens.

*La RATVM, Régie autonome des Transports de la Ville de Marseille, est l’ancêtre de la Régie des Transports de Marseille, aujourd’hui Régie des Transports Métropolitains

Photo d’illustration @Wikipedia : le trolleybus de la ligne 63 qu’empruntait mon Pépé au départ de chacun de ses périples. Il montait au Terminus Église d’Endoume près duquel nous vivions.

Promené par les oiseaux

Une frise de feu strie la montagne
L’air doux chuchote la chute
Ombres voilées en danses libres
Cligner des yeux, incrédule
Esquisser un chemin d’ailes noires
Une fois encore promené par les oiseaux.

Un vrai fadoli

premierbain

C’est chaque année pareil lorsque je promène près de la mer. Il suffit que le soleil fasse soudain semblant de réchauffer ma peau comme en été pour que le désir de me baigner devienne irrésistible. J’ai beau savoir que ne nous sommes que début janvier, que l’hiver me gelait la tête et les os il y a deux jours à peine, que je traîne un sale rhume depuis dimanche et que la mer ne dépasse pas les treize à quatorze degrés, il me faut tomber la chemise, ôter pantalon, chaussettes et chaussures et me jeter à l’eau. Un vrai fadoli, je sais…

Ah, ça pique beaucoup au départ ! Ça picote les pieds, puis les jambes, puis le reste. Ensuite, trop tard pour renoncer, il faut y aller tout entier. Les premières crawlées tirent sur la bête, ça grince aux épaules, les gambettes battent sans rythme, la respiration s’accélère et je me sens tel un vieil oiseau de mer déplumé, effrayé par son soudain manque d’aisance et de légèreté. J’en rigole tout en avançant et je passe bien vite à la brasse, moins gourmande en souffle et en énergie. Soudain, tout semble plus facile. La carcasse et les muscles se sont un peu réchauffés. Le crâne se sent libéré des crocs glacés qui l’enserraient il y a quelques poignées de secondes. La joie affleure. La tête me tourne. La mer semble tiède. Je savoure cette ivresse. Mais le corps commence à grelotter, alors il est temps de retourner vers la rive. Le soleil m’accueille gentiment. Demain, il aura peut-être un tout petit peu réchauffé la mer et je reviendrai.

Fils de tirailleur sénégalais

PapaTirailleursénégalais

C’est aujourd’hui que sort Tirailleurs le film de Mathieu Vadepied dédié à l’une des pages de l’Histoire de France les plus méconnues du grand public, l’engagement de près de 200.000 tirailleurs africains et notamment sénégalais dans la Guerre de 14-18. Omar Sy y tient le rôle principal, ce qui a suffi ces derniers jours à faire une énième fois sortir de leur sale trou les racistes et les nostalgiques des colonies qui aimeraient tant que tous les non-Blancs ferment leur bouche.
Pas surprenant que ces salauds osent encore s’exprimer ainsi. Cela continuera tant que la France n’aura pas entrepris en profondeur un véritable travail de deuil de ses colonies. Ce qui suppose bien sûr aussi qu’il lui faudra officiellement demander pardon pour tous les méfaits et toutes les horreurs qu’engendra le colonialisme à la française.

La sortie de Tirailleurs m’a rappelé cette rencontre avec le fils d’un ancien combattant, il y a huit ans au Sénégal. C’était à Mbour, sur la Petite Côte, au sud de Dakar. J’étais allé chercher deux bagues en argent commandées quelques jours plus tôt chez Socé Dioukh, un artisan bijoutier. Il m’avait présenté son travail, je l’avais remercié et nous avions bavardé de choses et d’autres. Jusqu’au moment où mon regard s’était posé sur une photo, accrochée derrière lui. C’était celle de son papa, ancien combattant de 14-18, de 39-45 et de la Guerre d’Algérie.
Voici ce que Socé Dioukh m’avait raconté de son père, tirailleur sénégalais :

 

Pour prolonger ce témoignage, lire ce reportage de TV5Monde consacré aux héros du film.

Berger de l’avenir

J’ai franchi le cap entre l’année défunte et l’an neuf aux côtés du regretté Richard Brautigan. Embarqué dans son Tokyo-Montana Express, rien que de courtes histoires il nous offre. Poèmes en prose, récits teintés d’évanescence, croquis empreints d’absurde, de burlesque ou de merveilleux. Chacune des stations de ce trajet imaginé de chaque bord du Pacifique, Japon et States, me met en joie ou en sourires ou en pensées tristes ou en souvenirs vivaces. La mélancolie ne navigue jamais très loin. Ça tombe bien. Elle m’accompagne souvent lorsque se meurt une année pour laisser place à une nouvelle. C’est ainsi depuis longtemps. Alors je poursuis mes voyages dans les livres.

Pour entamer ensemble l’année qui commence, voici lu à voix haute l’un de mes textes préférés de ce Tokyo-Montana Express  : Le vendeur de lits.

Bonne écoute et tous mes vœux de paix, de joies et de plaisirs à chacune et chacun pour 2023 !

Tokyo-MontanaExpress

La vie en rouge

Devant les stupéfiantes photos de Boris Mikhaïlov*, j’ai applaudi le génie poétique de cet artiste frondeur et provocateur, à la fois photo-reporter, peintre et performeur. Depuis les années 60, il a documenté avec humour et gravité la lente et inexorable agonie de l’Union soviétique, depuis l’Ukraine, sa terre natale. J’ai ressenti une immense tendresse pour ses anti-héros photographiés dans des lieux ordinaires. J’ai frémi devant les photos de ces gens à la rue, les laissés-pour-compte, totalement abandonnés une fois écroulée l’URSS.

Je me suis souvenu avec tristesse du communiste que je fus et qui crut longtemps aux lendemains qui chantent teintés de rouge et décorés d’une faucille et d’un marteau… En sortant de l’expo, je me suis mis à fredonner « Le communisme sans les inconvénients », une chanson de Moussu T e lei Jovents.

« Le mot russe pour rouge (krasni) comporte la même racine que celle du mot beauté. Il signifie aussi la Révolution et évoque le sang et le drapeau rouge. Tout le monde associe le rouge au communisme. Mais peu de gens savent à quel point le rouge a traversé nos vie, à tous les niveaux. »

Boris Mikhaïlov

*Rétrospective à la Maison Européenne de la photographie, jusqu’au 15 janvier 2023

 

 

Un cri infini

MUNCHCRI

J’ignorais qu’Edvard Munch fut travaillé par l’angoisse et le doute existentiel à un point tel qu’il
déclina cinq fois le motif du Cri, son tableau le plus célèbre.
Je l’ai pris en pleine face, ce hurlement, au détour de l’exposition que lui dédie le Musée d’Orsay .*
Cette version imprimée, tellement épurée, m’a encore davantage horrifié que le célébrissime chef d’œuvre au coucher de soleil rouge sang.
Je l’ai entendue m’interpeler cette silhouette décharnée, depuis la passerelle qui s’allonge au-dessus du Fjord d’Oslo presque abandonné.
Comme si une momie surgie du fond des siècles surgissait pour jeter à ma face toute l’horreur que lui inspire notre temps présent.
Comme si elle se rapprochait de moi en lançant avec rage : – vous n’avez rien appris, rien de rien ! Ni des pogroms, ni des camps de la mort, ni des génocides et vous continuez à vous vautrer dans la saloperie du monde !
Dans son journal, en janvier 1892, Edvard Munch écrivit : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture. Il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville. Mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété. Je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature. »

*jusqu’au 22 janvier, « Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort »

LeCriGrosPlan

De glace et en feu

C’est comme un pèlerinage. Chaque fois que je monte à Paris, il me faut aller saluer Van Gogh. Au cinquième étage du Musée d’Orsay – il me semble que la dernière fois il était accroché plus bas – deux tableaux m’aimantent, peints lors du séjour de Vincent à l’hôpital de Saint-Rémy-de-Provence en 1899, un an avant sa mort.

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D’abord l’autoportrait au fond turquoise et au camaïeu de bleus. Me revoilà aussitôt happé, empoigné, dérangé par ce regard où sourdent incompréhension, révolte, angoisse et tristesse. J’ai beau à chaque fois me rapprocher de la toile autant que possible et oser lui murmurer quelques mots doux et paisibles, Van Gogh reste de glace et en feu. En silence, il continue de me dévisager et il continue encore et encore.

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Alors, je prends congé et me rapproche de La Méridienne, dit aussi La Sieste, l’autre tableau qu’il me faut retrouver.

VANGOGH3
Aussitôt, je retourne dans la Provence de l’enfance, aux abords de Bauduen, où naquit ma grand-mère. Ébloui par ces nuances de jaune, je me replonge dans des lieux alors encore épargnés par le Lac de Sainte-Croix. Me revoilà en plein été dans les champs – sous les eaux depuis bientôt un demi-siècle – transpirant auprès de mon grand-oncle Bertin, de son cheval et de sa charrette cafie* de foin. Il quittait le village à la fraîche, descendait sur ses terres et travaillait dur. Au mitan du jour, lorsque le soleil tapait sans pitié, il s’allongeait lui aussi dans le peu d’ombre des meules pour une petite sieste. Campé devant le chef d’œuvre de Van Gogh, c’est ainsi que je l’imagine, Bertin. Apaisé pour une poignée de minutes.

De cette Provence de jeunesse et de rêve, je m’éloigne toujours à regret. Surtout quand l’hiver s’obstine à peindre Paris de ce gris terne et glacé qui incite à retourner bien vite au musée.

VANGOGH4

*cafi : rempli, gorgé, en provençal

Zoé et Zoé

 

Devant les tombes de Frédéric Chopin, de Guillaume Apollinaire et d’Édith Piaf, penser à toi hier, ma chère Mémé Zoé, qui aurais eu 128 ans ce vendredi 2 décembre.
Ne plus savoir si tu montas un jour à Paris autrement que pour travailler comme bonne à tout faire dans une famille de richards, comme tu les nommais.

Me demander si les Nocturnes parvinrent un jour à tes oreilles, si tu savais réciter Le Pont Mirabeau, si tu écoutais les chansons de la Môme dans ta Haute-Provence natale.

Devant ces tombes et tant d’autres, m’interroger aussi aux côtés de Zoé, ton arrière-petite-fille, sur ce que nous laissons lorsque nous partons, et surtout pendant combien de temps.
Ensemble, nous avons parlé de l’inéluctable évanescence qui est notre sort commun.

Toi qui croyais à la vie éternelle, de passage ici bas tu fus et seulement ainsi nous serons. Tout comme le furent Chopin, Apollinaire, Piaf, et tous les autres qui reposent ici sous la terre de ce Père Lachaise habité de tant d’arbres, de fleurs, de corbeaux et de mémoire.
C’est ce qui nous prolonge, la mémoire. Elle nous rend immortels, mais à peine le temps d’une petite poignée de générations, avant de s’éteindre pour toujours..

Zoé ne t’a pas connu de ton vivant mais tu vis en elle, à travers ce qu’elle apprend de toi par mes mots en souvenir de toi.

C’est ton éternité, ma si chère Mémé.
Tu vis encore aussi à travers votre prénom commun.
Tout ceci survivra aussi longtemps que ne s’assèchera pas la mémoire de ce que nous fûmes.

Jusqu’à ce qu’un jour, sans prévenir, nous ayons toutes et tous à jamais disparu.

Retourner aux bouleaux

Bouleau26

Je me languissais de vous, mes chers bouleaux. Tous ces mois sans vous approcher, vous caresser, vous parler, vous embrasser. J’ai repris le chemin de la montagne et vous ai retrouvés. Jamais ne vous ai confié ce secret : vous êtes mes arbres préférés.

Votre écorce blanche est douce comme la peau des bébés. Vos crevasses ressemblent à des visages aux yeux et sourcils mystérieux et aux rides légères. Souvent, les regards que vous lancez au promeneur semblent perdus, comme figés dans le deuil car nulle réponse ne tombe dans la forêt. Parfois, bouleaux chéris, les tatouages et les hiéroglyphes que vous offrez évoquent des cœurs, des sexes féminins ou des continents à explorer.

Je reviendrai bientôt vous saluer.

Peut-être y aura-t-il de la neige…

 

On the Nature of Daylight (Transcription pour violoncelle et orchestre) – Olivia Gay et l’ Orchestre national de Cannes

Les entends-tu ?

lesgrues

Si tôt de retour –
comme ivres de fatigue,
les grues sauvages.



Tissue N7, Philippe Glass, par Camille Thomas au violoncelle

Il reste tant d’un père

papa(1)

Le regard bleu azur, le rire aux larmes parfois, la voix claire et grave, la sévérité portée en héritage, l’inévitable égoïsme d’un enfant unique, l’irrésistible appétence pour le chocolat, le fredonnement sans relâche, l’authentique vénération de Jean-Sébastien Bach, la constante aversion pour les possédants, la conscience incarnée de l’exploitation et de la lutte des classes, le constat douloureux de l’échec du communisme, l’addiction profonde à la lecture, la passion pour l’Histoire, le regret éternel de n’avoir pu l’enseigner au lycée comme il  en rêvait, car fils de pauvres, le dévouement de l’instituteur à ses élèves, le souci aigu de transmettre, l’amour sans bornes pour Marseille, la fierté intacte de son sang suisse, le penchant affirmé pour la mélancolie, l’attrait immodéré pour le mimosa, l’absence totale de peur de la mort, et tant et tant d’autres éclats de lumière et de mémoire qui me traversent et continuent de m’accompagner en silence, depuis deux ans jour pour jour maintenant que Papa est parti vers ce Grand Tout auquel il aspirait.

Bach – Abel – Prélude BWV 846/a – Arpeggio en Ré Mineur, par Lucile Boulanger à la viole de gambe

mimosapourpapa

L’âge de déraison

Papo

Papo, c’est mon éléphanteau. Tout nouveau, tout beau. Déniché parmi maintes peluches par mon épouse pour les décos de Noël. Dès que je l’ai vu, je me le suis accaparé. L’éléphant est mon animal préféré. En regardant Papo assis paisiblement sur son fauteuil, je jette vers le néant le souvenir douloureux du jour de mes 7 ans. Depuis tout petit, Dumbo, un éléphant en peluche et bourré de paille m’accompagnait dans la maison. Je lui parlais, le câlinais, lui confiais mes petites misères, le grondais aussi de temps en temps parce que j’aurais bien voulu parfois gronder mes parents mais je n’osais pas. Arrive le jour de mes 7 ans ! L’âge de raison, m’annoncent Papa et Maman. Tu es grand maintenant ! Plus besoin de doudou ! Débarrasse-t’en ! Enfant conciliant j’étais. Ni une ni deux, Dumbo finit dans le poêle à bois. Jeté par ma petite main. Je me souviens de mes pleurs en le regardant s’embraser à toute vitesse et se ratatiner en un petit monticule de cendres. Plus de soixante ans plus tard, Papo me fait entrer dans l’âge de déraison. Et c’est très doux quand un éléphanteau paisible sèche les larmes d’un Papet.

Son tout premier voyage

Nice

Hier, j’ai pris le train et traversé Nice, la ville natale de mon père.
Il y passa seulement six mois – ensuite, ce fut Marseille – mais il n’oublia jamais ses premières minutes vécues dans la ville de la Côte d’Azur.
En approchant de la gare de Nice-ville, tandis que le train battait comme un cœur empesé, je me suis souvenu du récit amusé que Papa me fit de son tout premier voyage dans ce monde.
Son cri initial fut si puissant, si douloureux et son corps si visqueux que mon père effraya l’accoucheur et échappa de ses doigts.
Une fraction de seconde à peine après l’amorce de sa chute vers le sol, la tête en bas, la main leste de la sage-femme le rattrapa par la cheville.
La peur rétrospective de perdre son fils ne quitta jamais ma grand-mère.
Enfant et jusqu’à tout jeune homme, Papa fut surprotégé, couvé tel un oisillon tombé du nid.
Il conserva cette fragilité jusqu’à son dernier souffle.
Bientôt deux ans déjà qu’il est parti pour son dernier voyage.
Hier, il aurait fêté ses 91 ans.

Emporté par la houle

J’aurais bien aimé jouer un peu avec lui. Approcher mon doigt de ses petites pattes claires. Doucement tracer un cercle autour de sa silhouette. Le regarder s’enfouir illico dans le doré du sable ou s’échapper en vitesse vers le bleu de la mer. Pas sûr qu’il aurait apprécié cette partie de cache-cache. Mais le jeu s’est arrêté avant-même de commencer. Il n’a pas eu peur. Lorsque j’ai tendu mon index vers son dos tacheté, il est resté immobile. Je l’ai abandonné parmi les débris de coquillages déposés sur le sable et je suis parti promener. À mon retour, le petit crabe mort avait disparu. Retourné à la mer. Emporté par la houle.

Le premier bain de mer de l’année

palmierscullera

Quand j’étais petit à Marseille, d’avril à octobre, j’allais chaque jour à la mer avec mes copains et nous nous baignions. Nous jouions sur les rochers, nous cherchions des crabes, nous pêchions des gobis ou des bavarelles, et lorsque les épaules nous brûlaient, nous sautions dans les vagues en riant et nous nagions longtemps. Du milieu de l’automne jusqu’aux derniers frimas du printemps, la mer, nous la laissions de côté. Nos jeux se déplaçaient vers les parcs voisins de nos maisons. Lorsque nous longions la Corniche, parfois nous nous arrêtions face au spectacle de quelques vieux qui s’offraient une baignade, qu’il fasse frais ou que le mistral se déchaîne sur la ville. Aujourd’hui, je vais à la mer en toute saison. Hélas pas tous les jours car je n’habite plus au bord de la grande bleue. Mais dès que je m’en approche, je ne résiste pas à ce plaisir. Hier, loin de Marseille, il faisait presque chaud près des palmiers et la mer était froide. Seize degrés, je crois bien. J’ai pris mon temps pour y entrer et j’ai nagé quelques minutes. Ce premier bain de l’année m’a replongé quelques décennies en arrière. Au temps de nos rires et de nos jeux d’enfants.

Malou du Panier, une histoire d’amour marseillaise

Il fut un temps, à chacun de mes retours à Marseille, où je déambulais à micro ouvert sur les lieux de ma jeunesse. Pas un jour sans saisir l’occasion de tchatcher avec tel ou telle inconnu.e croisé.e sur mon chemin. Marseille permet ce contact immédiat et cette proximité à savourer dans l’instant car bien souvent éphémère. Bavard et curieux de naissance, je ne me suis pas privé d’échanger, d’écouter les autres se raconter et parfois d’enregistrer cette parole, d’en conserver la trace avant de repartir à la pêche aux mots.

Le temps a filé.

Les traces se sont empilées dans le silence de mon disque dur externe.

Certaines voix captées se sont tues à jamais.

C’est l’une d’entre elles que je désire ressusciter et partager aujourd’hui.

La voix d’une femme extraordinaire.

Elle s’appelait Malou. Marchande de vêtements, elle était. Au Panier, le quartier de ma prime enfance.

Au début du printemps 2006, j’entre dans son magasin, attiré par l’enseigne : À touprix. Malou m’accueille avec gentillesse, nous bavardons un peu et elle accepte de se raconter. Longuement. Ses client.e.s ne sont pas en reste de paroles. En sortant du magasin ce jour-là, j’ignore que je ne reverrai plus jamais Malou. Près de quinze années plus tard, je réussis à retrouver son fils Gilbert. Il me reçoit chez lui. Je lui raconte ma rencontre impromptue avec sa maman. Il accepte lui aussi d’évoquer ses souvenirs à mon micro et de jouer quelques airs pour elle sur son orgue électronique.

Les voici tous deux réunis, huit ans jour pour jour après la disparition de Malou, le 15 août 2013.

Printemps #7 Dire adieu à Joseph

Pas facile de quitter Joseph Ponthus. Surtout lorsque au détour d’un article paru dans le dernier numéro de l’Humanité-Dimanche, je tombe sur ces mots d’un autre Joseph, Andras, auteur du livre Ainsi nous leur faisons la guerre : « On imagine mal comment travailler à une société plus digne, plus juste, en continuant de fermer les yeux sur le fait que, chaque jour, en France, trois millions d’individus animaux sont tués dans des abattoirs sans raison valable… » Ce livre, je viens tout juste de finir de le dévorer. À travers trois tableaux inspirés de faits réels, il dépeint la cruauté de nous autres humains envers les animaux. En voici un extrait. Lu à voix haute, bien sûr  :

 

Qu’aurait pensé Joseph Ponthus de ce texte ? Il s’y serait sans doute retrouvé. J’imagine les deux Joseph se rencontrant pour échanger à propos de leurs livres, si différents et proches à la fois. La rencontre n’aura hélas jamais lieu. Mais ils se parlent, j’en suis sûr, tout comme leurs deux livres me parlent et me questionnent. Au-delà de l’absence. Au-delà du deuil.

 

 

Le moment est donc venu de tourner la page Joseph. Bien sûr, d’autres textes à lire à voix haute et à partager m’accompagnent et m’accompagneront. Mais À la ligne Feuillets d’usine restera unique. Il m’a tant remué ce livre, jour après jour depuis début mars, que j’en reste rincé, vidé, tari. A sonné l’heure de me mettre en jachère et de m’éloigner du web. J’en ressens le désir et le besoin. Sur mon île numérique, j’ai emporté des livres et mon cello. Hier-soir, j’ai joué Mélancolie, un petit morceau de Chopin pour Joseph Ponthus. Je me suis appliqué. Juste avant de quitter la maison, je suis allé le saluer à la place qui est sienne dans ma bibliothèque. Tout près de Rimbaud et Jean-Claude Izzo.

 

avecJames

 

À présent, me voici tout près de la mer. Je vais prendre le temps d’approcher les coquillages, d’observer les oiseaux. De les nourrir. De parler aux arbres et de regarder les feuilles et les fleurs. Je ne négligerai pas la vie presque invisible des insectes. Chaque jour, je rendrai grâce au ciel et j’écrirai.

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (66)

Voici le 66ème et dernier épisode du feuilleton audio Joseph Ponthus. Chaque jour depuis le 1er mars, j’ai désiré rendre hommage à son talent en lisant à voix haute et partageant ici chacun des chapitres de son formidable roman À la ligne – Feuillets d’usine, publié en 2019 aux Éditions La Table Ronde puis chez Folio. Joseph Ponthus nous a quittés fin février. Il continuera longtemps, très longtemps d’être dans nos cœurs et de nous nourrir de son courage et son humanité.

Pour accompagner la lecture du livre de Joseph Ponthus, nous avons écouté chaque jour une chanson de Charles Trenet, qu’il adorait, puis un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du roman par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz. Voici l’ultime chanson à partager ensemble.

Il y a – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

Retrouvez l’intégralité du livre lu à voix haute

sur la page La voix aux chapitres

et sur ma page Soundcloud

Portrait of Joseph Ponthus 03/10/2018 
©Philippe Matsas/Opale/Leemage

Portrait de Joseph Ponthus @PhilippeMatsas/Opale/Leemage

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (65)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 65)

Pour accompagner jusqu’à lafin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

À la ligne – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (64)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 64)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Le tofu – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (63)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 63)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Le week-end – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (62)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 62)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Cauchemars – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (61)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 61)

Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

À l’abattoir 3 – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (60)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 60)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

À l’abattoir 2 – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (59)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 59)

Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

À l’abattoir – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

Printemps #6 Un vœu, des gueux et une fée

Il paraît que ça porte malheur de dire quel vœu on formule lorsqu’on souffle sur les pistils d’un pissenlit. Du coup, je vais taire le mien, lancé hier les yeux bien ouverts sur ses reflets d’argent. En donnant tout de même un indice. Ce vœu s’écrit sur fond d’arc en ciel en lettres rouges.

PRINTEMPS62

États-Unis. Début du XXème siècle. Des gueux débarqués de l’Europe entière déferlent sur Chicago à la recherche d’un travail dans les abattoirs. Upton Sinclair décrit dans La Jungle l’épopée des ouvriers venus vendre leur force de travail aux magnats de la viande. C’est en lisant  » À la ligne Feuillets d’usine « , le roman de Joseph Ponthus, que j’ai découvert et dévoré ce livre qui fit scandale lorsqu’il parut en 1906. En voici un extrait lu à voix haute.

 

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Camille Thomas est une fée. L’écouter interpréter Donizetti, Purcell, ou un Kaddish de Ravel me procure tant de joie. Depuis le premier confinement, la violoncelliste a joué sur les toits de Paris et puis a choisi de faire résonner son De Munck Feuermann Stradivarius fabriqué en 1730 dans des musées désormais confinés. Elle s’est rendue notamment au Château de Versailles, à l’Institut de France, à l’Institut du Monde Arabe à Paris, et récemment dans les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. « La musique n’a aucun sens si elle n’est pas partagée, confie-t-elle. Sans le moment de communion avec les autres, elle est comme une fleur qui se fane. Le public, c’est l’eau, il lui est essentiel. » Ne laissons surtout pas se faner cette fleur, alors, partageons.

Comme tous les artistes, Camille Thomas est quasiment privée de tout concert en public. Ce printemps, quatre de ses dates ont été annulées : Hong Kong, Dublin, Bonn et Leer, en Allemagne. Pour l’instant, le concert d’Innsbruck prévu le 11 mai est maintenu. Faisons le vœu que Camille Thomas puisse ce jour-là retrouver la scène.

 

Photographie © Dan Carabas / Deutsche Grammophon

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (58)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 58)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Pok Pok – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

Une commerçante béarnaise « non essentielle » offre une paire de tennis trouée à Jean Castex

Elle en a plein les bottes d’être non-essentielle, la patronne des « Chaussures Lété »*, à Salies-de-Béarn. Comme tous ses collègues, Maylis Lété n’a toujours pas le droit de travailler. Ils ont perdu 40% de leur chiffre d’affaires et totalisé près de cinq mois de fermeture en une année. Comme ils en ont assez de ces rideaux baissés en cascade, ils ont décidé de passer à l’action en envoyant des paires de chaussures usées au chef du gouvernement et à son ministre de l’économie, histoire de tenter de leur faire comprendre qu’il est grand temps que les boutiques rouvrent.

Ces fermetures à répétition ont coïncidé avec les changements de saison et donc l’arrivée des nouvelles collections, avec des fournisseurs à payer. Certains d’entre eux ont dû déjà mettre la clé sous la porte. Pour garder le moral et s’entraider, 2.000 professionnels de la chaussure, dont Maylis Lété, ont créé un groupe Facebook. Ils sont déjà 130 à avoir posté des chaussures usagées à l’attention de Jean Castex et Bruno Lemaire.

*la boutique existe depuis cinq générations

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (57)

Jour après jour depuis le 1er mars, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 57)

 

 

Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

 

 

La pause – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

Au Moment Librairie, la fête et l’espoir que revienne vite le temps de l’essentiel pour tous

Je passe les saluer et bavarder avec eux presque chaque jour, les deux libraires du Moment Librairie. Hier après-midi, j’ai profité d’aller chercher une commande – photo ci-dessus – pour fêter avec Laure et Olivier deux anniversaires : les deux ans de leur ouverture en plein cœur de Salies et les 40 ans de la loi Lang sur le prix unique du livre. Comme les nombreux clients de passage, j’ai reçu en cadeau un livre rappelant cet anniversaire, accompagné d’une rose, histoire de fêter en beauté la Librairie indépendante. Avec la pandémie, tout comme tous leurs collègues partout, ils ont dû sacrément résister. D’abord, ils se sont fait du souci lorsqu’ils furent contraints fermer boutique. Mais ils n’ont jamais cessé d’y croire et ils se sont relevés, en travaillant beaucoup – pour gagner peu – grâce aussi à la solidarité qui s’est manifestée autour de leur librairie. C’est peu de dire qu’ils respirent mieux depuis que leur secteur est à nouveau labellisé essentiel.

Rencontre croisée avec Laure et Olivier, soulagés, heureux mais pas amnésiques. Tous deux sont impatients de voir toutes les actrices et tous les acteurs du monde la Culture ainsi que tous les commerçants, sans exception, retrouver le chemin du respect et de la liberté.

 

 

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (56)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 56)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

À la chaîne – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (55)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 55)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Les néons – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

Une foule éclair pour espérer encore

Jeudi jour de marché, jour de provisions. Des patates, des carottes, des oignons, une scarole, de l’ail, des figues sèches, des fraises, le pain et soudain, de la musique, sur le chemin du retour.

 

Festif, ce flash mob improvisé et lancé par un groupe de musiciens autour de la chanson Danser encore de HK. Une sorte d’hymne à la liberté, à l’amour et à la tant désirée réouverture des lieux culturels. Cinq petites minutes de joie et puis, remballer à contrecœur en espérant retrouver sans tarder le chemin des provisions artistiques…

 

Ema, violoncelliste

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (54)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 54)

Pour prolonger jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, écouter chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Cauchemars – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (53)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 53)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

Travailleurs de l’usine – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (52)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 52)

Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, j’ai choisi de partager chaque jour un titre de l’album très puissant Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.

C’est fantastique – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @L214

Printemps #5 Descendre dans les graves

Le pommier paradis. La feuille papillon. Le merle en récital. Les radis du dimanche. Tout semble si léger. Pourtant, la mélancolie rode et je descends dans les graves.

After Bach, par Clovis Nicolas (extrait de l’album Autoportrait)

Plongé dans ce morceau de contrebasse, je réalise que je n’ai plus entendu la voix de mon père depuis qu’il est parti, voilà bientôt quinze mois. Je lui parle souvent, surtout lorsque j’écoute Bach. Je sens qu’il est là mais je n’entends plus sa voix. Lorsque je joue du violoncelle aussi, il est présent. Je sais qu’il est content de savoir que le cello qu’il m’a offert quelques mois avant de mourir me procure joie et réconfort. Mais Papa reste muet. Sa voix me manque. En observant mon petit-fils de cinq ans et demi écrire avec application et jubilation chaque lettre de l’alphabet, je le retrouve dans sa blouse bleu-pétrole, lui qui fut instituteur de la République. Et je le réécoute se raconter.

 

 

L’écouter encore et continuer de lui parler en lui offrant ces rosaces dessinées et coloriées par ses deux arrière petits-fils.

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (51)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 51)

Jour après jour, une chanson de Charles Trenet dont Joseph Ponthus était fan

En avril à Paris – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut :  @L214

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À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (50)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 50)

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

France dimanche  – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir @MarcTrivier

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (49)

Jour après, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 49)

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Berceuse – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : @MarcTrivier

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (48)

Jour après jour depuis le premier mars, lecture à voix haute d’un chapitre de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 48)

Et chaque jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Le grand café – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut :Aux abattoirs de la Villette, Femmes au travail (1917) Source @GallicaBNF

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (47)

Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 47)

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Moi, j’aime le music-hall – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions La Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Aux abattoirs de la Villette, femmes crevant les panses (1917) – Source @GallicaBNF

Le bouquiniste béarnais résiste et finit par gagner

Il respire à nouveau, Jean-Bernard le bouquiniste. Le voilà de retour sur les marchés du Béarn. Privé de déballage par un décret national tombé depuis Paris en faisant fi du caractère essentiel de son activité, il a retrouvé le droit de travailler. Attention magie ? Pas vraiment. Quatre jours et trois nuits de résistance et de coups de fil auprès d’un politicien local bien en cour à l’Élysée – devinez qui ? – ont fini par accoucher d’un feu vert au déballage pour lui et les quatre autres bouquinistes béarnais.

Jean-Bernard Camblong, bouquiniste sur les marchés de Pau (place Grammont), Jurançon et Salies-de-Béarn

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À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (46)

Chaque jour depuis le 1er mars, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 46)

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Au clair de la lune – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (45)

Jour après jour depuis le premier mars, lecture à voix haute d’un chapitre de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 45)

Et chaque jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Bonsoir jolie Madame – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : @L214

Printemps #4 Aux côtés de Clément, Raphaël et Louise Michel

Ma vie de Papet. Aux côtés de mes deux plus jeunes petits-fils, je revisite le royaume de l’enfance et ça fait beaucoup de bien.

Depuis que Clément et Raphaël sont à la maison, nous avons bien boulégué, joué, promené, rigolé et échangé quelques beaux morceaux de musique. Ils m’ont fait découvrir Le vol du bourdon, de Rimsky-Korsakov. Je leur ai parlé d’Arthur Rubinstein et de son amour pour Chopin.

Le vol du bourdon – Rimsy-Korsakov

Polonaise en La bémol majeur Opus 53 – Frédéric Chopin

Une fois les minots couchés, poursuivre l’enregistrement de mon feuilleton sonore Joseph Ponthus et me replonger dans La Commune au présent, le livre que Ludivine Bantigny consacre aux héroïnes et héros de la Commune de Paris, les célèbres comme les anonymes. L’historienne a choisi de leur parler en leur écrivant des lettres. Très documentées ces lettres. Lyriques parfois, poétiques et poignantes souvent. Voici, à voix haute, comment s’ouvre la toute première de ces lettres, dédiée à Louise Michel, la figure iconique de la Commune.

La Commune au présent, de Ludivine Bantigny, est publié aux Éditions La Découverte

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (44)

Jour après, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 44)

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

Biguine à bango – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (43)

Chaque jour depuis le 1er mars, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 43)

 

 

Et jour après jour, pour accompagner Joseph Ponthus, une chanson de Charles Trenet, dont il était fan.

 

 

La cigale et la fourmi – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (42)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 42)

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

Le temps des cerises  – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir – Source @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (41)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 41)

 

 

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

 

Il y avait des arbres  – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir – Source @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (40)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 40)

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

Verlaine  – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir – Source @L214