Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 63)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 62)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 61)
Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 60)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 59)
Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Il paraît que ça porte malheur de dire quel vœu on formule lorsqu’on souffle sur les pistils d’un pissenlit. Du coup, je vais taire le mien, lancé hier les yeux bien ouverts sur ses reflets d’argent. En donnant tout de même un indice. Ce vœu s’écrit sur fond d’arc en ciel en lettres rouges.
États-Unis. Début du XXème siècle. Des gueux débarqués de l’Europe entière déferlent sur Chicago à la recherche d’un travail dans les abattoirs. Upton Sinclair décrit dans La Jungle l’épopée des ouvriers venus vendre leur force de travail aux magnats de la viande. C’est en lisant » À la ligne Feuillets d’usine « , le roman de Joseph Ponthus, que j’ai découvert et dévoré ce livre qui fit scandale lorsqu’il parut en 1906. En voici un extrait lu à voix haute.
Camille Thomas est une fée. L’écouter interpréter Donizetti, Purcell, ou un Kaddish de Ravel me procure tant de joie. Depuis le premier confinement, la violoncelliste a joué sur les toits de Paris et puis a choisi de faire résonner son De MunckFeuermann Stradivarius fabriqué en 1730 dans des musées désormais confinés. Elle s’est rendue notamment au Château de Versailles, à l’Institut de France, à l’Institut du Monde Arabe à Paris, et récemment dans les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. « La musique n’a aucun sens si elle n’est pas partagée, confie-t-elle. Sans le moment de communion avec les autres, elle est comme une fleur qui se fane. Le public, c’est l’eau, il lui est essentiel. » Ne laissons surtout pas se faner cette fleur, alors, partageons.
Comme tous les artistes, Camille Thomas est quasiment privée de tout concert en public. Ce printemps, quatre de ses dates ont été annulées : Hong Kong, Dublin, Bonn et Leer, en Allemagne. Pour l’instant, le concert d’Innsbruck prévu le 11 mai est maintenu. Faisons le vœu que Camille Thomas puisse ce jour-là retrouver la scène.
Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 58)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Elle en a plein les bottes d’être non-essentielle, la patronne des « Chaussures Lété »*, à Salies-de-Béarn. Comme tous ses collègues, Maylis Lété n’a toujours pas le droit de travailler. Ils ont perdu 40% de leur chiffre d’affaires et totalisé près de cinq mois de fermeture en une année. Comme ils en ont assez de ces rideaux baissés en cascade, ils ont décidé de passer à l’action en envoyant des paires de chaussures usées au chef du gouvernement et à son ministre de l’économie, histoire de tenter de leur faire comprendre qu’il est grand temps que les boutiques rouvrent.
Ces fermetures à répétition ont coïncidé avec les changements de saison et donc l’arrivée des nouvelles collections, avec des fournisseurs à payer. Certains d’entre eux ont dû déjà mettre la clé sous la porte. Pour garder le moral et s’entraider, 2.000 professionnels de la chaussure, dont Maylis Lété, ont créé un groupe Facebook. Ils sont déjà 130 à avoir posté des chaussures usagées à l’attention de Jean Castex et Bruno Lemaire.
Jour après jour depuis le 1er mars, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 57)
Pour accompagner jusqu’à la fin la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Je passe les saluer et bavarder avec eux presque chaque jour, les deux libraires du Moment Librairie. Hier après-midi, j’ai profité d’aller chercher une commande – photo ci-dessus – pour fêter avec Laure et Olivier deux anniversaires : les deux ans de leur ouverture en plein cœur de Salies et les 40 ans de la loi Lang sur le prix unique du livre. Comme les nombreux clients de passage, j’ai reçu en cadeau un livre rappelant cet anniversaire, accompagné d’une rose, histoire de fêter en beauté la Librairie indépendante. Avec la pandémie, tout comme tous leurs collègues partout, ils ont dû sacrément résister. D’abord, ils se sont fait du souci lorsqu’ils furent contraints fermer boutique. Mais ils n’ont jamais cessé d’y croire et ils se sont relevés, en travaillant beaucoup – pour gagner peu – grâce aussi à la solidarité qui s’est manifestée autour de leur librairie. C’est peu de dire qu’ils respirent mieux depuis que leur secteur est à nouveau labellisé essentiel.
Rencontre croisée avec Laure et Olivier, soulagés, heureux mais pas amnésiques. Tous deux sont impatients de voir toutes les actrices et tous les acteurs du monde la Culture ainsi que tous les commerçants, sans exception, retrouver le chemin du respect et de la liberté.
Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 56)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 55)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Jeudi jour de marché, jour de provisions. Des patates, des carottes, des oignons, une scarole, de l’ail, des figues sèches, des fraises, le pain et soudain, de la musique, sur le chemin du retour.
Festif, ce flash mob improvisé et lancé par un groupe de musiciens autour de la chanson Danser encore de HK. Une sorte d’hymne à la liberté, à l’amour et à la tant désirée réouverture des lieux culturels. Cinq petites minutes de joie et puis, remballer à contrecœur en espérant retrouver sans tarder le chemin des provisions artistiques…
Jour après jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 54)
Pour prolonger jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, écouter chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 53)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, chaque jour un titre de l’album Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
Travailleurs de l’usine – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz
Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 52)
Pour accompagner jusqu’au bout la lecture du roman de Joseph Ponthus, j’ai choisi de partager chaque jour un titre de l’album très puissant Chansons d’usine, créé en 2019 à partir du livre par Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz.
C’est fantastique – Michel Cloup Duo, Pascal Bouaziz
Le pommier paradis. La feuille papillon. Le merle en récital. Les radis du dimanche. Tout semble si léger. Pourtant, la mélancolie rode et je descends dans les graves.
After Bach, par Clovis Nicolas (extrait de l’album Autoportrait)
Plongé dans ce morceau de contrebasse, je réalise que je n’ai plus entendu la voix de mon père depuis qu’il est parti, voilà bientôt quinze mois. Je lui parle souvent, surtout lorsque j’écoute Bach. Je sens qu’il est là mais je n’entends plus sa voix. Lorsque je joue du violoncelle aussi, il est présent. Je sais qu’il est content de savoir que le cello qu’il m’a offert quelques mois avant de mourir me procure joie et réconfort. Mais Papa reste muet. Sa voix me manque. En observant mon petit-fils de cinq ans et demi écrire avec application et jubilation chaque lettre de l’alphabet, je le retrouve dans sa blouse bleu-pétrole, lui qui fut instituteur de la République. Et je le réécoute se raconter.
L’écouter encore et continuer de lui parler en lui offrant ces rosaces dessinées et coloriées par ses deux arrière petits-fils.
Il respire à nouveau, Jean-Bernard le bouquiniste. Le voilà de retour sur les marchés du Béarn. Privé de déballage par un décret national tombé depuis Paris en faisant fi du caractère essentiel de son activité, il a retrouvé le droit de travailler. Attention magie ? Pas vraiment. Quatre jours et trois nuits de résistance et de coups de fil auprès d’un politicien local bien en cour à l’Élysée – devinez qui ? – ont fini par accoucher d’un feu vert au déballage pour lui et les quatre autres bouquinistes béarnais.
Jean-Bernard Camblong, bouquiniste sur les marchés de Pau (place Grammont), Jurançon et Salies-de-Béarn
Ma vie de Papet. Aux côtés de mes deux plus jeunes petits-fils, je revisite le royaume de l’enfance et ça fait beaucoup de bien.
Depuis que Clément et Raphaël sont à la maison, nous avons bien boulégué, joué, promené, rigolé et échangé quelques beaux morceaux de musique. Ils m’ont fait découvrir Le vol du bourdon, de Rimsky-Korsakov. Je leur ai parlé d’Arthur Rubinstein et de son amour pour Chopin.
Le vol du bourdon – Rimsy-Korsakov
Polonaise en La bémol majeur Opus 53 – Frédéric Chopin
Une fois les minots couchés, poursuivre l’enregistrement de mon feuilleton sonore Joseph Ponthus et me replonger dans La Commune au présent, le livre que Ludivine Bantigny consacre aux héroïnes et héros de la Commune de Paris, les célèbres comme les anonymes. L’historienne a choisi de leur parler en leur écrivant des lettres. Très documentées ces lettres. Lyriques parfois, poétiques et poignantes souvent. Voici, à voix haute, comment s’ouvre la toute première de ces lettres, dédiée à Louise Michel, la figure iconique de la Commune.
La Commune au présent, de Ludivine Bantigny, est publié aux Éditions La Découverte
C’est reparti pour un mois de bagne. Je sais que j’exagère. La colère est là. Rentrée. Elle nourrit des désirs d’explosion majuscule, de coups de boule, de grand ménage, de révolution, de justice, de partage, de chemins d’harmonie, de grand air. C’est à en perdre le fil de la langue. Donc le bagne, oui, pour dire ce que m’évoque cet absurde mois d’avril reconfiné mais pas tout à fait comme l’an dernier mais un peu différent quand même coincés mais pas autant mais avec couvre-feu pas un kilomètre de rayon pour promener mais dix mais pourquoi pas onze rien que les commerces essentiels ouverts mais cette fois-ci les librairies aussi mais les autres alors mais lesquels mais ils vont crever les fleuristes les coiffeurs les bars et les restaurants tandis que des riches se gavent en douce en privé à Paris nous voulons des noms pendant ce temps les étudiants font l’aumône pour manger et puis les vacances scolaires avancées mais encore du distanciel avant et après pour élèves et profs mais les examens alors ce vaccin alors mais lequel on traîne on rame on est à la ramasse mais ça viendra mais quand bordel le bout du tunnel arrive on ne le voit toujours pas alors arrêtez ! Comme dirait mon fils, ça saoule ! C’en est trop, oui, que nos vies mises en danger et privées de tant de libertés soient conditionnées aux décisions d’un seul homme. Insupportable ce carcan. Une sorte de bagne, oui. Aux murs invisibles mais on les sent et ça pèse. Il ne serait pas sot que nous pensions concrètement à en péter les murs de ce bagne pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce monarque inconséquent, sa République avariée, violente et périmée, sa lamentable cour de ministres et parlementaires godillots et ses médias aux ordres qui nous préparent au duel des affreux.
La montagne avant le bagne. Pour se régénérer auprès de Mère Nature. Vital. Partir sur les sentiers où l’herbe et les arbres se parent encore du souvenir des froidures et des neiges. Marcher. Vers forêts et clairières. Vers cascades et ruisseaux. Respirer. Écouter.
Là-haut, où tout paraît plus beau, m’attendaient les bouleaux et leurs yeux étranges, leurs rides légères, leurs sourcils inquiets, leurs vulves amoureuses, leurs regards perdus, leurs cicatrices profondes, leurs hiéroglyphes ouverts à tous les sens, leur peau si douce et tendre, assortie à la virginité comme au deuil.
De retour au gîte, j’ai fait sonner la cloche en direction des cimes.
Toujours intérimaire, Joseph Ponthus. Plus que jamais occupé à vendre sa force de travail. Fini les lignes de bulots, de crevettes, de langoustines. Fini le tofu. Terminées les missions en conserverie. Ponthus change de costume. Le voici parmi les forçats de l’abattoir. C’est dans ce lieu cauchemardesque que se poursuit ma lecture à voix haute – entamée le 1er mars – de son roman À la ligne – Feuillets d’usine. Après les 30 premiers chapitres qui composent la première partie du livre, voici le 31ème, qui ouvre la seconde. Il est précédé de cette citation de Guillaume Apollinaire (lettre à Madeleine Pagès, 15 mars 1916) : » Pas de description possible. C’est inimaginable. Mais il fait beau. Je pense à toi. «
Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.
Rien de bien neuf avec la nouvelle saison. Je me suis installé devant le printemps naissant dans l’une de mes positions préférées, celle de l’auditeur réfugié sur son île numérique. Et tiens, d’abord, je suis resté fasciné par ces mains sur le Nagra. Elles appartiennent au sculpteur de sons Yann Paranthoën. Je les ai observées en regardant sur la plateforme Tenk le documentaire que lui consacra Pilar Arcila en 2007. Elles montèrent et ciselèrent tant et tant d’émissions et de documentaires, ces mains d’or. Ces mains d’artiste artisan. C’était au temps où la radio se faisait en bande et prenait encore le temps de se ficher de l’air du temps… Paranthoën était breton, fils de tailleur de pierre. Il fut comme un pape de la sculpture de sons, de la création radiophonique. Créatif est un mot minuscule pour qualifier le bonhomme, tant sa patte apporta au genre pendant des décennies. Tant son œuvre reste un patrimoine légué à tous les amoureux et passionnés d’histoires sonores. En écoutant Yann Paranthoën, je suis aussi resté fasciné par son timbre de voix. Doux, juvénile. Comme s’il s’était arrêté à la lisière de la contrée des adultes. Écoute-la à ton tour cette voix, raconter un petit peu de ce qui fut son art.
Samedi, pour me préparer en beauté à dormir soixante minutes de moins – le passage à l’heure d’hiver, avec ses jours qui rallongent, est toujours un moment de l’année que j’attends impatiemment, ce qui était bien moins le cas quand mes minots étaient petits – je suis allé au concert. Au concert ? Parfaitement. Oh, rien de clandestin, non. Très officiel ce concert. À visages découverts. Moussu T et les Jovents nous avaient donné rendez-vous sur Facebook depuis l’Espace Culturel Busserine à Marseille. Pas de public, évidemment. C’était leur premier concert depuis un an. Ils n’ont pas larmoyé sur leur sort, les collègues de La Ciotat, non. Ils ont juste rappelé que comme l’ensemble des artistes, ils désiraient être considérés, respectés. Et que cesse le mépris et l’abandon dans lequel ils sont laissés. Les applaudissements après chaque chanson nous ont manqué. Hélas pas de oaï ni de distribution de pastaga comme jadis aux concerts de Massilia, mais une totale régalade, par écran interposé. Allez, on s’écoute Mademoiselle Marseille.
Sinon, dans la série spectacle virtuel, il y a aussi ces quelques photos du Mont Fuji que je bade chaque jour. Monter un jour tout là-haut est l’un de mes plus grands rêves. Je crains de devoir patienter encore quelques années avant de le réaliser. Se satisfaire de le contempler et d’en partager toute la beauté, grâce au photographe japonais Hashimuki Makoto.
Ce visage planqué à même l’écorce Le devines-tu ? Que te raconte-t-il de la saison nouvelle Écartelée entre le désir de jouir Et le masque sale de la peur Ce venin qui flotte incognito Et ces journées d’ankylose Et ces soirs couverts de feu Ces nuits à écouter les cris monter de dehors.
Ce visage qui s’ose sur ce tronc T’évoque-t-il le vestige glacé d’un incendie Le désir furtif de silence Le simple renoncement, L’abdication, Le dépit ?
Ce regard qui frôle à peine la lumière Est-il celui d’une étudiante à bout de force D’un migrant chassé vers la frontière D’une rescapée des camps D’un moine en train de méditer D’une Communarde oubliée ?
Il faudra bien un jour que commence à s’éclairer en toi En nous Les fils embrouillés de toute cette folie.
Une coque de bateau comme un tableau. Tant de bleu, tant de coquillages devinés, d’écume gravée et de traces de sang rouillé aussi. Le sang des milliers de migrants morts en mer, des millions de poissons capturés. Rien ne s’efface nulle part de la saloperie du monde. Traces vivaces.
Mar y sol. Nettoyage de printemps. Refaire un semblant de beauté au vieux chalutier fatigué, avant de repartir gagner son pain comme on l’a toujours gagné. Popeye en rouge sur la proue. La vie comme un très vieux cartoon usé pas rigolo.
Retrouver le sud de notre sud, donc. Aglagla. Bien bien froide, Madame Méditerranée toute bleue que chante si joliment Massilia Sound System. Aglagla ? Tant pis. Ce bain, je me le rêvais depuis plus de deux mois. Prendre le temps d’y entrer dans cette mer . La laisser mordre chaque millimètre de gambette et sentir qu’au fil des minutes, de bas en haut, le corps s’accoutume, se fait de plus en plus relax. Ensuite, se lancer. Plonger. Brasser sous la mer sans lambiner. Sentir les tempes se serrer et l’étau se dissiper une fois la tête sortie de l’eau. Reprendre souffle et y retourner. Jusqu’à trembler, chairdepouler, sortir et contempler. Humer. Joie. Sourire.
Plus tard, en bâtissant et décorant de petits châteaux de sable, accueillir le souvenir des baignades de fin d’hiver avec les copains à Marseille. Il n’y avait pas de sable là où nous allions. Rien que des rochers. Nous y grelottions et nous sentions si vivants. Retrouver ces sensations. Le petit moulin de l’enfance ne cesse de tourner.
La beauté, toujours et toujours la rechercher. La dénicher. La partager. Camille Thomas privée de scène mais en tournée dans les musées. Une merveille de merveille. Laisser venir à soi comme une furtive larme de joie.
L’elisir d’amore : Una furtiva lagrima – Donizetti, par Camille Thomas
Dix ans jour pour jour ont passé depuis le 11 mars 2011 et le terrible tsunami qui endeuilla le nord-est du Japon. La ville de Kamaishi pleura près de 900 morts et des milliers de disparus. Deux ans plus tard, en mai 2013, de retour d’un voyage là-bas, j’ai décidé d’écrire En attendant la pluie, un conte dédié à toutes les personnes que j’y ai rencontrées et qui m’ont bouleversé. Ce petit livre publié aux Éditions Parole est bilingue, en français et en japonais. Il mescle deux langues, deux sonorités, deux cultures. En voici les premières phrases, lues par moi même et par Momomi Machida, qui a traduit le livre.
En hommage aux gens de Kamaishi, si dignes et si courageux, j’avais à l’époque avec mes deux jeunes enfants Zoé et Marius, récité et enregistré quelques haïkus des grands maîtres japonais. Leurs voix ont bien changé depuis mais je me souviens de notre émotion commune ce-jour-là.
Vestiges du tsunami au bord du Pacifique
Au centre de prévention des risques transformé en mausolée
Ce n’est pas encore le temps des cerises mais tenter d’en dénicher les prémisses au rythme des promenades quotidiennes et au hasard des sentiers. Sourire à la pitchounette abeille en plein labeur. La première croisée depuis des mois. Hibernent-elles comme les ours et les tortues et les marmottes, les fabuleuses filles d’Aristée, comme les appelle Maurice Maeterlinck dans son livre La vie des abeilles ? Je mesure une nouvelle fois mon inculture devant les cadeaux de la nature. Pour ne pas en rester là, je me suis me procuré le livre publié chez Publie.net En plus j’adore l’illustration de la couverture, œuvre de Roxane Lecomte.
La Commune. Continue-t-elle de faire son miel ? Oui, assurément. Elle reste toujours vivante pour qui sait ne pas oublier. Louise Michel (photo ci-dessous). Les barricades. Le Mur des Fédérés. Un siècle et demi que se levèrent à Paris des insurgé.e.s, des communueux et des communeuses qui désiraient imaginer et construire un monde où règneraient la dignité, la justice sociale, l’émancipation et l’égalité. Une kyrielle de livres et d’émissions évoquent cette fulgurante page de notre histoire commune. Dans le Monde Diplomatique de ce mois-ci, l’historienne Mathilde Larrère évoque comment graffitis et affiches participent depuis 150 ans à la revendication d’une mémoire de l’insurrection. L’article La Commune prend les murs s’écoute ici :
Faire ses gammes. Flûte et violoncelle même travail. Répéter et répéter encore. Le mieux est l’ennemi du bien, sauf en musique. Cette flûte qui joue et rejoue ses gammes, émane-t-elle d’une dame ou d’un monsieur ? Mystère…
Parmi ses merveilles, des poissons, des crabes, des poulpes, des pêcheurs, des Bigoudènes, des scènes de la vie quotidienne en Bretagne, au Japon, en Amérique. Et puis ce Vieux-Port avec Bonne-Mère qui m’enchante.
Je proposerai bientôt – quelque part sur le net – un voyage cent pour cent sonore au Panier, le quartier de ma prime enfance à Marseille. Ce sera une histoire d’amour et de partage. Nous remonterons le temps auprès de femmes dont les voix se sont tues mais qui n’ont pas fini de raconter ce Marseille populaire de jadis. Chantier en cours. En attendant la concrétisation de ce projet, retourner en Bretagne chaque jour et poursuivre la lecture à voix haute du roman À la ligne, Feuillets d’usine, en mémoire de Joseph Ponthus.