Marie aux oiseaux

Chez Marie, il y a un jardinet dehors, un buffet avec de jolis verres dedans, des photos d’enfants aux murs et puis une voix malicieuse empreinte de bonne humeur. Marie est une dame béarnaise qui ne se séparerait pas de sa pendule pour tout l’or du monde.

J’ai oublié de vous dire que Marie fêtera ses 90 ans le 19 mars prochain.

Ciao, Cavanna !

Encore un géant qui s’en va… François Cavanna est parti accrocher ses bacchantes là-haut, aux côtés du micro de Jean-Louis Foulquier et des poésies de Stéphane Hessel. Fils d’immigré italien, père de Hara Kiri et de Charlie Hebdo, dessinateur, écrivain, auteur notamment de la trilogie Les Ritals, Les Russkoffs  et Bête et Mêchant, François Cavanna était aussi une voix. Reconnaissable en une fraction de seconde comme toutes les grandes voix. Écoutez-le se raconter à Jacques Chancel dans l’émission Radioscopie du 30 avril 1975 sur France Inter. Extrait

L’hommage de François Forcadell sur son blog Iconovox dédié à l’image dessinée dans l’actualité.

 

Jean et Zazie dans le métro

Mon ami Jean m’a adressé un nouveau son. Après l’océan de l’Algarve et le ruisseau de la Vallée de la Blanche, il s’est plongé dans le métro parisien. Sur la ligne 1 entre Porte de Vincennes et Saint Mandé. Rien que des passagers à bord de cette rame sans chauffeur. Du coup, j’ai imaginé que Zazie, vous savez, l’héroïne de Raymond Queneau et de  Louis Malle, viendrait s’asseoir dans ce métro moderne, histoire d’y mettre un grain de folie et d’humanité.

Fiorenzo Carpi et André Pontin ont signé la musique du film de Louis Malle.

Raymon Queneau l’Oulipien.

 

 

Partir à la guerre

J’ai commencé à lire le hors série de Télérama consacré à la Guerre de 14-18 – sous-titré L’onde de choc dans la cultre française et je suis saisi par les mots qui referment l’interview que l’historienne Annette Becker a donnée à Gilles Heuré  : « Je suis passionnée par ceux qui ont fait la guerre et qui sont parvenus à la sublimer dans une oeuvre d’art ». Je partage cette fascination. 14-18 priva ma grand-mère maternelle Zoé de son promis. Née en 1894, elle fut prise dès l’âge de 14 ans par le tourbillon de la survie, dans son petit village du Haut-Var. Elle ne devint pas artiste. Ni institutrice, ce dont elle rêvait. Pas le temps. Il lui fallut travailler dur pour ramener de quoi aider sa mère à nourrir ses petits frères. Son amoureux parti et tué à la guerre, sa vie devint une longue avancée dans les territoires de la mélancolie. Je n’ai jamais oublié comment elle évoquait ce deuil, dévastée par le chagrin. J’étais encore petit mais déjà assez grand pour haïr profondément la guerre. Plus tard, j’ai appris à me souvenir de ce passé tragique à travers des tableaux ou des chansons. Voici un extrait de chanson, déniché au coeur d’une création sonore publiée par ARTE Radio

Partir pour mourir un peu, extrait de la chanson Quand un soldat de Francis Lemarque qui résonne dans l’oeuvre sonore de Marie Chartron « L’Anarchoeur, 14-18 en rouge et noir », publié par ARTERadio. Charlie Marcelet en a assuré la mise en ondes et le mixage. Cette création nous donne à découvrir l’esprit libertaire et pacifiste qui anime les artistes de la chorale stéphanoise La Barricade. J’avoue avoir eu la gorge serrée de sanglots en l’écoutant et la réécoutant. Je vous la recommande et c’est ici

Marius et Jeannette à la maison

Pour une fois hier-soir, j’ai fait une infidélité à la radio. Regardé Marius et Jeannette sur LCP. Oui, la chaîne parlementaire que je ne regarde jamais – les autres chaînes guère plus – car la radio filmée, les talk shows comme ils disent, ça n’est vraiment pas ma tasse de thé. Mais hier-soir, Robert Guédiguian s’invitait à la maison. Alors, je n’ai pas résisté au charme poétique de son Marius et Jeannette, véritable conte populaire qui réenchante le monde et que le cinéaste a dédié aux « milliers d’ouvriers anonymes » qui reposent en paix au cimetière de l’Estaque. Extrait sonore teinté d’opéra et d’humour.

Le cinéma de Robert Guédiguian invité de La Grande Table sur France Culture en octobre dernier.

Izzo, Marseille, la lumière et la mer

Il y a 14 ans jour pour jour, le 26 janvier 2000, Jean-Claude Izzo disparaissait. Il avait 54 ans. Je pense souvent à lui. Lorsque je retourne à Marseille. Lorsque je suis loin de ma ville natale aussi. Je n’ai pas oublié qu’il m’encouragea à continuer à écrire, lors d’une brève rencontre en 1997 avant une émission de télévision. Je garde bien présente l’émotion que me procura la lecture de ses livres. Notamment Les marins perdus et Le soleil des mourants. Ce matin, j’ai ressorti de ma bibliothèque un petit livre Librio que m’offrit ma fille aînée Noémie en juin 1999 : Méditerranées, une anthologie présentée par Michel Le Bris et Jean-Claude Izzo et proposée à l’occasion du Festival Etonnants voyageurs 1998. 13 auteurs s’y côtoient. Entre autres Amin Maalouf, Malika Mokeddem, Erri de Luca et Jean-Claude Izzo. Marseille, la lumière et la mer est le titre de son texte. En voici un extrait, lu pour vous et accompagné du jazz mélancolique de Thelonius Monk qu’Izzo aimait tant.

Vous aurez reconnu This is my story, this is my song du génial pianiste américain.

Jean-Claude Izzo (1945-2000), Marseille au noir, c’est le titre de l’émission que France Culture consacra à l’auteur marseillais en Novembre 2007.

Le site officiel de Jean-Claude Izzo, c’est par ici.

 

Le Béarn trempé, le Saleys déchaîné

J’ai quitté Marseille et son mistral pour retrouver le Béarn et sa pluie qui tombe sans discontinuer depuis plus de 24 heures. Voici le bonjour sonore que m’a adressé le Saleys lorsque j’ai ouvert l’une des portes-fenêtres de la maison, il y a cinq minutes.

A priori, le Saleys ne devrait pas sortir de son lit, contrairement à d’autres rivières béarnaises. Le Béarn va rester en vigilance orange jusqu’à 16 heures.

Salies-de-Béarn et son Saleys pris en photo ce matin par Chantal, ma compagne, c’est par ici.

Caresser les pins

Avant le lever du jour, avant que le mistral forcisse, nous sommes retournés caresser les arbres. Nous les avions embrassés hier en promenant dans les collines de Marseilleveyre.

Communiquer avec les arbres, c’est aussi par ici.

Piquer une tête à Sugiton

Il y avait bien longtemps que je n’étais pas descendu à Sugiton, l’une des merveilles de calanques de Marseille. Soleil parfait ce mercredi. Idéal pour se lancer vers la balade. Pas grand monde jusqu’au col d’où descend le sentier pentu qui mène à la mer. Le temps de bader quelques grimpeurs en pleine action sur les parois qui surplombent le chemin et nous voilà à portée de calanque. D’abord longer les rochers où vient taper la mer. S’y faufiler cahin caha. Et finir notre périple sur les galets de Sugiton. Là où il fait si bon se baigner tout nu.

Vous me croirez ou pas. Je n’ai pas résisté à piquer une tête dans cette mer très très frisquette. Mon premier bain de l’année. Un 22 janvier…

Écouter le mistral

Promener dans le Massif de Marseilleveyre. À ses pieds j’ai passé mes sept années de secondaire au lycée qui porte son nom. Hier avec ma compagne, je suis monté où je n’avais jamais mis les pieds. Tout là-haut. Jusqu’au Col de la Selle d’où l’on aperçoit la rade de Marseille et la mer côté calanques. Avec l’Île Maïre qui s’allonge au large de Cap Croisette. Émerveillés, nous avons écouté le mistral secouer les roches et les pins.

Des idées de balades dans le Massif de Marseilleveyre.

Au marché de la mescle

Au coeur de Marseille, il est un lieu que je ne me lasse jamais d’arpenter : le marché de Noailles. Vous le trouverez en remontant Canebière, en bifurcant à droite – une fois dépassé le cours Lieutaud – vers la place du Marché des Capucins. J’aime cet endroit d’où fusent nombre de langues du monde. Il me rappelle que mes ancêtres arrivèrent d’ailleurs, comme tant d’autres Marseillais. J’aime respirer cette ambiance populaire qui forme la chair de ma ville, ce que n’oublient pas les artistes de Moussu T e lei Jovents. Tendez l’oreille, ils vont vous parler.

Tatou – le chanteur – Blue – le guitariste – et leurs camarades de Moussu T e lei Jovents préparent en ce moment un nouveau disque. Leur dernier, Artemis, est une merveille. Voici  quelques paroles de la chanson Occitanie sur mer, qui reflètent cet attachement à la mescle marseillaise.

Si tu veux nous trouver, prends ton planisphère,
Mets le doigt sur cette tache bleue,
Il y a un petit point tout au bord de la mer,
C’est là qu’il te faut poser les yeux.
Pour venir jusqu’ici, si tu as quelques doutes,
Tu demanderas à un cargo,
Tous les navires du monde connaissent la route
De la maternité des bateaux.
Benvengut a l’ostau*:
Occitanie sur mer,
Ici c’est sur le tas
Qu’on reconnaît les frères.
Benvengut a l’ostau :
Occitanie sur mer,
Les papiers, les visas,
On n’en a rien à faire !

*Bienvenue à la maison

Remets le son !

Une promenade vers Morgiou hier après-midi. Le ciel menace. La pluie n’est pas loin mais tant pis. Avec ma compagne, nous partons vers la calanque. En longeant la prison des Baumettes, qualifiée d’endroit répugnant par le Conseil de l’Europe, nous découvrons des grues qui dépassent des murs d’enceinte d’où s’échappent des cris sourds. Alors, nous contournons la bâtisse et montons dans la colline par un sentier caillouteux. Jusqu’en haut, un chemin de frises. Tout en bas, un chantier et au fond, les bâtiments d’où montent les voix des prisonniers.

Les Baumettes, ce sont des « oubliettes ». Lu dans Le Monde, par ici.

meta_carcerales

L’écrivain marseillais René Frégni anime depuis longtemps des ateliers d’écriture avec les prisonniers des Baumettes. Métamorphoses et la Friche de la Belle de Mai publient « Carcérales, pages et images de prison« , dont il a signé les textes et Yves Jeanmougin les photographies.

Une nuit de pluie et de vent

Marseille. Nuit agitée. Trois heures du matin. La pluie qui s’abat sur la fenêtre du toit me sort du sommeil.

A Marseille la pluie* ne tombe jamais sans discontinuer. Cette nuit, le vent a pris le relais.

Je me suis rendormi sans difficulté après cet épisode sonore évocateur du Feng Shui, cet art de vivre chinois qui associe les énergies issues du vent – 風 feng – et de l’eau – 水 shuĭ – . Plus d’infos sur le Feng Shui par ici

*Précision utile, en chinois la pluie s’écrit et se prononce Yŭ 。

Café du matin, Chopin

La pluie ce matin sur Marseille. Beaucoup. Levé tôt et je l’entends qui tape aux volets. Envie d’un café. Envie de m’amuser aussi. Inventé un nouveau dicton. Café du matin, Chopin.

Arthur Rubinstein joue les Nocturnes de Chopin, c’est par ici

Au fond du jardin, le calme

Là où mes pas me guident aujourd’hui, il y a un jardin. Il s’étale entre quelques clôtures de bric et de broc. Je m’y pose en silence et j’écoute.

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/between-3

Between3 est le dernier opus de Nobuto Suda, le compositeur de Kyoto auquel je rend souvent visite.

Dans la loco avec mon père

En partance pour Marseille demain pour rendre visite à mes parents, il me revient à la mémoire un souvenir d’enfant. Gare Saint-Charles. Mon père m’emmène au bout du quai voir de près la locomotive qui dans quelques minutes va s’en aller. Je serre bien fort sa main, fasciné par la machine bouillonnante. Et voilà qu’elle lance vers moi un énorme jet de vapeur accompagné d’un cri strident. Je sursaute. Mon père sourit et me dit – n’aie pas peur mon chéri ! Quelques dizaines d’années plus tard, j’aimerais tant pouvoir monter avec lui à bord de la Pacific 231 d’Arthur Honegger.

Pacific 231 est une œuvre orchestrale créée en 1923 par Arthur Honegger.
Plus d’un quart de siècle a passé lorsque Jean Mitry réalise un court-métrage à partir de ce mouvement symphonique. En 1949, ce film reçoit le prix du meilleur montage au Festival de Cannes.  Pour le regarder, c’est par ici

 

Là-bas, des oiseaux rares

Aujourd’hui, je vous invite à vous envoler vers le le Costa Rica pour découvrir des oiseaux rares dénichés dans des parcs nationaux par Irvic D’Olivier. Le spectacle sonore est offert par Arte Radio. Déroutant et envoûtant.

Cette carte postale a été enregistrée en mars 2013 et mixée par Christophe Rault. C’est une production de l’ACSR, l’Atelier de Création Sonore Radiophonique, une structure qui oeuvre depuis Bruxelles à la sensibilisation à la création sonore radiophonique.

Le ruisseau des Sauvasses

Mon ami Jean m’a encore gâté. Quelques jours après son océan de l’Algarve, il m’adresse une carte postale sonore depuis la Vallée de la Blanche, dans les Alpes de Haute-Provence. Grand amateur de promenades en montagne, Jean est tombé sous le charme d’un tout petit ruisseau entre deux champs. La carte a été postée depuis le hameau des Sauvasses sur la commune de Montclar, à 1.400 mètres d’altitude.
Cette carte sonore m’évoque les montagnes où j’ai marché jadis. Elle m’emmène aussi vers celles où je rêve de cheminer un jour, comme ces montagnes du Japon dont les Haïkus racontent de si belle manière le charme et le mystère.
Azalées en fleur,
dans le village de montagne
blancheur du riz cuit
Buson
La Vallée de la Blanche, c’est par ici

Dans le vestiaire de rugby avant match

Jamais de ma vie je n’ai joué au rugby. Ce sport de voyous joué par des gentlemen était absent du paysage de mon enfance et de ma jeunesse marseillaises. Sauf quand arrivait le Tournoi des cinq nations. Avec mon père, nous écoutions Roger Couderc* à la télé. Oui, nous l’écoutions, malicieux, passionné et formidablement chauvin. J’adorais son accent du Lot. Bien plus tard, j’ai découvert le rugby lorsque la vie m’a conduit dans le Sud-Ouest. Je ne compte pas les reportages et portraits de joueurs réalisés pour la télé. Comment dire ? Ce sport me fascine car s’en dégage une sauvagerie qui déboule de loin, une violence maîtrisée, un goût de sang aussi. Ce sang qui coule souvent aux arcades et aux oreilles des joueurs. J’aime le rugby car la solidarité s’y exprime et s’y cultive comme une exigence absolue conjuguée à la nécessité vitale du combat. Hier après-midi, j’ai eu la chance d’entrer dans le vestiaire de l’équipe 1 de Salies-de-Béarn – elle fut championne de France de 1ère série la saison passée – juste avant son match face à l’A.S. Bayonne.

*En 1964, Roger Couderc réalisait pour l’émission Les Coulisses de l’exploit un portrait de Pierre Albaladéjo, qui prenait sa retraite internationale. Quelques années plus tard, les deux hommes commentèrent ensemble les matches de rugby à la télévision.

Garance à Longueur d’Ondes

Dans un mois, je mettrai le cap vers la Bretagne, vers Brest précisément, pour assister et participer – à l’invitation de mon camarade Fañch de Radio Fañch – à Longueur d’Ondes, le Festival de la radio et de l’écoute. Hâte d’y être, pour échanger, partager, découvrir, élargir mon univers d’écouteur passionné. Parmi les nombreuses créations sonores qui seront présentées lors de cette 11ème édition – du 11 au 16 février – ce splendide documentaire signé Chloé Sanchez, consacré à une jeune autiste. Tout simplement bouleversant.

Radio Fañch se lit et s’écoute par ici

Une mescle d’anniversaire

Aujourd’hui, nous soufflons la première bougie de ce blog. Un an de mescle et de partage. Du plaisir, des découvertes, des voyages sonores, j’espère pouvoir vous en proposer longtemps encore. Pour l’heure, voici une mescle d’anniversaire. Cousue main. Je me suis régalé à vous la préparer pour vous inviter à cheminer encore jour après jour sur mes sentiers.

Bien entendu, bienvenues sont vos propositions de sons. Vous savez où me trouver. Je suis toujours à l’affût. Les oreilles grandes ouvertes.

Un paseo por la Concha #2

En descendant vers le sable depuis la large promenade de la Concha, j’ai d’abord croisé deux baigneuses qui se rhabillaient et une famille de Péruviens avec chien. Et puis j’ai aperçu la silhouette d’un homme qui semblait chercher quelque chose dans le sable, casque sur les oreilles, détecteur de métaux et petite pelle à la main. Je me suis approché et la discussion s’est engagée avec Alberto Pardo Elizalde, 45 ans.

Pour traduire cet échange avec Alberto, je n’ai pas souhaité superposer ma voix à la sienne. Mon désir est que vous puissiez – tout comme moi – apprécier toute la saveur de la langue espagnole. La traduction, la voici :

– Que cherchez-vous ?

– Je cherche des pièces de monnaie sur la plage.
– Des pièces ? Combien ?
– Ce qui vient, ce que je trouve. Des euros surtout. Ces derniers temps, je viens souvent ici car je suis au chômage.
Ce qui se passe aujourd’hui en Espagne, c’est que nous sommes revenus au franquisme. Au pouvoir aujourd’hui, il y a les mêmes qui nous gouvernaient il y a 100 ans. C’est le retour du franquisme. Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions.
Depuis 40 ans, ils nous volent. Ils ont liquidé les fondations de l’Etat. La fraude fiscale dépasse les plus de 80.000 millions d’euros par an et pendant ce temps, ils s’attaquent aux emplois, aux retraites, aux médicaments, à la santé, à l’éducation.
– Quelle solution pour que ça change ?
– La seule, c’est l’indépendance du Pays Basque et de la Catalogne. Que peut-on espérer d’un pays dans lequel il n’y a eu aucune enquête sur le demi-million de morts du franquisme ? Les responsables ont été protégés par tous les gouvernants du Partido Popular (PP).
Imaginez un pays comme l’Allemagne avec un gouvernement qui aurait protégé tous les criminels nazis ? Sans les condamner ni les juger ni les mettre en prison… C’est ce qu’il se passe chez nous.
– Rien n’a changé en Espagne ?
– Non, rien n’a changé. Il y a même des gens qui disent que c’est pire que sous Franco. Parce qu’à l’époque, il y avait UN Franco et aujourd’hui, plein de Franco.
Avant, les gens étaient pauvres. Ils n’avaient pas d’argent. Aujourd’hui, non seulement nous sommes pauvres, mais on nous saigne avec tous ces impôts.

Un paseo por la Concha #1

Hier après-midi à Donostia San Sebastian, 21 degrés et mer calme. Alors, je me suis baladé  sur la longue promenade qui surplombe la Concha, l’immense plage de la ville qui s’étend sur plus de 1.500 mètres. Idéal pour me lancer – avec mon tout nouvel enregistreur – dans un petit set de fieldrecording, comme le dirait mon camarade documentariste et ingénieur du son Félix Blume* J’y ai frôlé une marchande de bonbons radiophile, des promeneurs bavards, un cycliste et de jeunes parents à poussette. Episode 1.

Demain, deuxième épisode. Nous descendrons sur la plage et nous approcherons de l’océan.

*Le 15 décembre dernier, Félix Blume nous emmenait au Vénézuela, au Mali et en Terre de feu. A réécouter ici

Soleil d’hiver et temps calme à Kyoto

Prendre le temps de laisser le soleil d’hiver jouer à travers les branches et le feuillage. L’invitation est signée Nobuto Suda, musicien japonais établi à Kyoto.

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/winter-sunshine-filtering

Voici son tout dernier opus, où s’écoute le « temps calme » qu’il fait à Kyoto, où « rien ne se passe ».

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/the-weather-of-the-day-was-too

Avec Nobuto Suda, nous avions voyagé jusqu’aux pieds du Mont Fuji. C’était en novembre dernier.

Une pensée pour mon ami poète Francis Royo, amoureux du Japon et peut-être un peu dans le dur ces dernières heures… c’est ce que je ressens en lisant son dernier Dires :

« sagesse de l’arrachement. folie de la conscience. qui dois-je donc étouffer pour m’avouer ainsi. cruauté bel œil d’or »

Détruire la misère

Détruire la misère. Une utopie ? Un voeu pieux ? Il y a à peine plus d’un siècle et demi, Victor Hugo répondait NON devant l’Assemblée Nationale. Le 9 juillet 1849. Ma camarade numérique Annabel nous le rappelle ce soir sur Twitter. Voilà qui fait vraiment du bien alors que nous croulons sous un grand gavage de quenelles… Du coup, je participe. A haute voix. Le micro à la place du pistolet…

hugo

Victor Hugo à l’Assemblée Nationale.

Annabel sur Twitter : @annabelinside

Son site sur le net

Obrigado Jean

J’ai reçu hier un cadeau très touchant de mon ami Jean Bernard. Une petite carte postale sonore envoyée du Portugal. Précisément de l’Algarve, dans le sud de ce pays du bout de l’Europe. La région est très verte avec beaucoup de champs d’orangers et de citronniers. Et puis il y a l’océan, bien sûr. Cet océan raconté par Jean, sur l’une de ces plages aux noms de rêve comme celle de Praia da Falésia.

Obrigado Jean,  pour cette carte sonore venue d’un pays où je n’ai encore jamais usé mes semelles et qui m’évoque l’Ode Maritime, l’immense poème de Fernando Pessoa, dédié à la mer – plus de 1.000 vers – et publié en 1914 sous l’hétéronyme* d’Alvaro de Campos. Extrait
« Ah, les paquebots, les charbonniers, les navires à voile,
Se raréfient, pauvre de moi !  les navires à voile sur les mers !
Et moi, qui aime la civilisation moderne, moi qui baise
   de l’âme des machines,
Moi l’ingénieur, moi le civilisé, moi élevé à l’étranger,
J’aimerais n’avoir encore sous les yeux que des voiliers
   et des bateaux en bois,
Ne connaître d’autre vie maritime que l’antique vie des mers !
Parce que les mers anciennes sont la Distance Absolue,
Le Lointain pur, libéré du poids de l’Actuel …
Et, las !  Comme tout ici me remémore cette vie meilleure,
Ces mers, plus vastes, parce qu’on y naviguait plus lentement,
Ces mers mystérieuses parce que moins connues … »
Fernando Pessoa ( 1888 – 1935 )
 

 

Adeus Eusebio

Eusebio, l’ancien footballeur international portugais de légende est donc parti l’autre nuit à l’âge de 71 ans. Je me souviens de ses matches à la télé lors de la Coupe du monde 66. J’étais captivé par ses courses, ses appels de balle et son sens du but phénoménal. Des buts, il en marqua 733 au cours de sa carrière. Tous commentés à la radio et à la télé par de tonitruants Goooooooooool Gooooooool Gol !

Eusebio Da Silva Ferreira dit Eusébio était né au Mozambique, ancienne colonie du Portugal. Surnommé la Panthère noire en raison de ses qualités athlétiques hors normes, il fit l’essentiel de sa carrière au Benfica Lisbonne, où il signa à 19 ans et remporta en 1962 la Coupe d’Europe des clubs champions face au Real Madrid. En 1965, Eusebio devint le premier joueur noir à être sacré Ballon d’or, une récompense décernée à l’époque par le magazine France Football au meilleur joueur européen.

Ses plus beaux buts se visionnent ici

Le dernier poème de Robert Desnos

Alors que la nuit est tombée, me voici bouleversé par un tweet. Posté par Philippe Briday. Comme nombre de mes amis et amies numériques, il adore la poésie. Ce que je lis et relis est Le dernier poème de Robert Desnos. Chaudes larmes. Frissons. Besoin de le lire à voix haute et de le partager avec vous.

robert_desnos

Robert Desnos, poète antifasciste, résistant et journaliste, est mort le 8 juin 1945 du typhus à Theresienstadt, après avoir été déporté dans plusieurs camps de concentration. Il avait 44 ans.

15 minutes de dessin le matin

Ils s’aiment et se désirent. Tout en pudeur. Chacun les yeux lancés vers le mystère de l’autre, émerveillés sans doute par ce mano a mano qu’ils s’offrent enfin après des années de solitude. Cette solitude qui a façonné leurs corps et qu’ils sentent s’éloigner à cet instant de la rencontre. Talent. Trouble. Fragilité. Quels autres mots lancer vers Sabina Kulieva, l’auteure de ce corps à corps ?

SAbina

Chaque matin, avant de partir travailler, Sabina Kulieva dessine de surprenants et déroutants portraits. Pendant un quart d’heure. La jeune artiste née à Moscou crée des personnages dont elle nous invite à déchiffrer l’humeur et les pensées. Ces femmes – et parfois ces hommes – parlent d’amour, d’une infinie désespérance, d’un désir de vivre aussi qui fraie son chemin à travers angles et regards perdus. Les samedis et dimanches, c’est dans son studio que l’artiste se rend pour dessiner, en écoutant de la musique classique. Katchaturian, Bizet et Grieg figurent parmi ses compositeurs préférés. Ecoutons-les en sa compagnie.

Sabina Kulieva a commencé à dessiner lorsqu’elle était petite fille. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours imaginé des gens. A 17 ans, elle est venue étudier l’art à Osaka et n’en est plus repartie. Elle a participé à l’exposition de groupe  » Art Salad  » à la galerie Soho d’Osaka et prépare une expo en solo pour les mois qui viennent. Le site de Sabina Kulieva se visite ici.
L’artiste est aussi sur Twitter @SabiKulieva et sur Facebook.
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Des cris et des mots d’oiseaux

Depuis longtemps les oiseaux me fascinent, m’attendrissent, m’émeuvent aussi parfois. J’aime les regarder voler. Se poser. Chasser. S’enfuir. Donner la becquée à leurs petits. J’apprécie leurs chants, leurs cris, leurs ébats et leurs appels. J’aimerais prendre le temps plus souvent d’aller les observer et les enregistrer. En attendant, j’ai déniché sur le web un endroit dédié aux oiseaux du monde entier, Oiseaux.net, un site d’une très grande richesse documentaire. Plus de 2.400 oiseaux y sont présentés, fiches à l’appui. Avec en bonus leurs cris, leurs chants à écouter. En voici trois, que j’ai choisis parce que leur nom sonne agréablement à mon oreille. A chacun, je dédie un court texte. Histoire d’interroger leur mystère.

Albatros à sourcils noirs, de quel rivage ramènes-tu ce fard sombre ? Encre de Chine ? Khool du Maghreb ? A quel bal es-tu invité ? Que connais-tu des yeux clairs des enfants et des visages sans regard qui peuplent nos villes ?

Pélican blanc, combien de grenouilles t’es-tu offertes pour ainsi imiter leur chant ? Et ces chiens qui aboient depuis ton noble jabot, t’ont-ils déjà raconté les chasses à courre et les traques brutales ?

 Mouette rieuse, de qui te moques-tu sans cesse ? Des poissons qui te fuient ou des pêcheurs qui espèrent ? Et vers quelles rives vogue ta préférence  ? Marais, étangs, lacs, Méditerranée ?

Le site Oiseaux.net se consulte ici

Un poème et des vaches

J’ai découvert une étonnante webradio grâce à mon compagnon d’ondes Fañch, blogueur de Radio Fañch. Depuis le coeur des Alpes, Radio Fond de France diffuse balades sonores, reportages et documentaires. Créative, joyeuse, la station pratique cette mescle dont je suis, vous le savez bien, un fan absolu. Voici d’abord la toute première chronique littéraire qu’elle a proposée, consacrée à un poème d’Apollinaire et signée Mademoiselle.

https://soundcloud.com/thom_rfdf/colchique-et-commentaire-en

 La mescle, c’est l’art de donner aussi à entendre les vrais gens, ceux qui vivent ici, en montagne et de s’intéresser de près également au sort des vaches en hiver.

https://soundcloud.com/thom_rfdf/les-vaches-en-hiver

Radio Fonde France s’écoute ici

 Les colchiques
« Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

 Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne. »

Guillaume Apollinaire ( 1880 – 1918 ) publia Les colchiques  pour la première le 15 novembre 1907 dans le journal La Phalange puis dans le recueil Alcools.

 

Le divan de Monsieur Huo

Pour commencer l’année, ArteRadio – la station aux « reportages, témoignages et bruits pas sages » – nous propose un séduisant voyage en Chine, aux côtés de Monsieur Huo, le premier psychanalyste à exercer dans l’Empire du milieu. La documentariste Marie-Hélène Berrnard l’a rencontré et a conçu un beau feuilleton dont ArteRadio diffuse le 10ème et dernier épisode. Le regard tendre et sans concession de Monsieur Huo nous plonge dans les cahots d’une Chine qui a sans doute grandi bien trop vite, tiraillée entre tradition et modernité. Extrait

L’intégralité de cet épisode s’écoute ici

 

Marie-Hélène Bernard a reçu la Bourse SCAM d’aide à la création radiophonique. Les dix épisodes de son feuilleton, mixés par Christophe Rault, s’écoutent ici.

 

Deux poèmes de Francis Royo

De Francis Royo je ne connais presque rien, sinon qu’il poste chaque jour un poème sur son blog. Simples phrases douces et fulgurantes. Ou bien parfois, vers qui coulent et naviguent depuis des lieux qu’il parcourut, j’en suis sûr, dans ce Japon tourmenté et fascinant. Chaque jour, je guette ces éclats de poésie qui m’émeuvent et me captivent. Pour commencer l’année, je me suis essayé à en réciter deux.

Pour voyager dans Analogos, le blog de Francis Royo, c’est ici.