Il paraît que le chant des cigales en énerve plus d’un. Soit. J’avoue que ce chant, moi, il me berce depuis l’enfance. Et il me plaît. Il me manque même lorsque je passe un peu trop de temps loin de mon sud natal. Ma grand-mère provençale me désignait les troncs où l’insecte se laissait aller à sa musique. Cette musique s’accorde avec les plaisirs multiples de l’été. Les grasse-matinées, les petits-déjeuners en terrasse, les promenades dans la pinède, le bain dans les calanques, les siestes après le rosé, les soirées prolongées jusqu’après le crépuscule. Vive le temps des cigales !
Jour: 23 juillet 2014
Du miel au bout des doigts #5
Discrètement, je leur tire la langue. Avachie à la caisse, près de l’entrée, Mado n’apprécie pas trop.
Elle serre les mâchoires en me menaçant d’un index tremblottant.
Du coup, je calme le jeu et je déroule sur mon clavier.
Souple et doux. “ Little piece in C for U ”.
Le swing boulègue et je cherche à deviner qui a bien pu me faire porter l’enveloppe bleutée.
Lisa n’a rien voulu me dire d’autre que “ tu perds rien pour attendre” avant de s’immerger dans ses courses aux trois “C” : caisse, clients, comptoir.
Scotché au clavier, j’ai beau mener ma ronde vers les fourrures et les sacs en croco, les turbans en feutre et les diamants, chou blanc.
Aucun sourire aux commissures. Aucun clin d’oeil coquin. Aucun rond de main qui pourrait revendiquer le billet, à la dérobée.
(à suivre)