Maman est partie pour la montagne

Deux mois jours pour jour que Maman est partie vers l’autre monde. Sur mon inacccessible chemin de deuil, ses mots m’accompagnent. Me réconfortent  tout autant qu’ils me dévastent. Maman continue de me parler. Chaque jour. Elle me raconte une nouvelle fois son amour pour la montagne. Je la verrais bien partie vers le Mont Fuji d’où elle nous regarde et nous accompagne de toute sa beauté. Avec tant d’humanité. Deux mois qu’elle s’est envolée. Sur l’inaccessible sentier de deuil où je chemine, résonnent  aussi les sublimes Suppliques aux morts d’Isabelle Parienté-Butterlin, publiés sur son site au bord des mondes. Voici un extrait de la Supplique 42

« … on marche, on s’arrête, on suspend sa respiration, on pense à vous, on inscrit ses gestes dans les vôtres, et ceux que vous nous avez racontés, dans lesquels il semblait que vous-mêmes inscriviez les vôtres, mais de cette hypothèse, on n’a pas confirmation, pourtant on ne comprend pas comment il pourrait en être autrement, on inscrit nos gestes, on les trouve maladroits, dans les vôtres, qui ne l’étaient pas, vous saviez, et ils avaient une sûreté que les nôtres n’ont pas … »Hokusai_GaifuKaisei_new

Le Fuji rouge dans une embellie.

Hokusai ( 1760 – 1849 )

 

C’était Lucette #2

Deux mois jour pour jour que Maman est partie. Sa voix et ses textes résonnent chaque jour d’une musique aussi apaisante que douloureuse. C’était Lucette. Elle signait Lulu au bas de ses poèmes.

MAMAN

La pendule

Si l’apparition de ton coucou joyeux

Laisse entrevoir l’espoir d’un répit éphémère

Tu me méprises ;

Tu brises mes élans.

Au bout de tes aiguilles, la mort est suspendue.

À Didi

Dis, avec ta truffe humide et frémissante,

respires-tu la peur tapie dans les fourrés ?

Dis, avec ta queue splendide et attrayante,

espères-tu jouer l’étalon du quartier ?