Le ventre du père

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Le ventre du père connait le désert
Ne s’habitue pas au désert
Abhorre le désert
Hurle dans le désert

Déchiré lorsque le train s’en va
Les rails gémissent leur meurtrissure
Quai tremblant
Quai vide
Déserté soudain

Toc toc sur la vitre du train
Sourires arrachés au pas de course
Lampes rouges tout au bout
Talons tournés dans l’autre sens
Quelques minutes à peine et tombe le silence
Enfants partis vers là-haut

Le ventre du père voudrait semer
Récolter en toute saison
Brasser les graines en amples grappes

Le ventre du père
Maudit la coupure
Vomit la fêlure

Le ventre du père rêve de balancelles
De lents baisers aux fronts de miel
De mots apaisés et de temps sans compter

Revienne le temps des locos fumantes
Dans la nuit aux écharpes offertes
Quand le père était enfant ébahi

 

 

Il serait temps

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Six mois déjà
Tourbillon de vide au-dessus des galets où tu as disparu
Ne parviens pas à l’approcher, ce vide
Reste les bras glacés
À l’arrêt
Il faudrait pourtant oser le frisson
Se décider à glaner parcelles de lumière
Tenter les ricochets sur l’étendue de l’abîme
Il serait temps

Six mois déjà
Parfois ta voix sourit à mes phrases
Comme un refrain de confiance
Une comptine d’enfance
Passe au ralenti
Démultiplie les graves
Souligne les contours évanouis
Il faudrait pourtant bercer le silence
S’accommoder de la portée déserte
Ranger le ressac
Il serait temps

Six mois déjà
Les chemins s’ouvrent sur les traces où tu demeures
N’arrive pas à suivre la boussole
Reste l’aimant figé
Les aiguilles bloquées
Il faudra bien pourtant tenter de passer
Se lancer vers les murmures des arbres
Y graver ton souvenir brûlant
Jusqu’au cœur du cœur de l’écorce
Il sera temps