Simone et ses doudous

simoneJ’ai aperçu Simone assise sur un banc du Quai du port, à deux pas de la mairie, assoupie au soleil de janvier, face aux bateaux et à la Bonne Mère, tout là-haut. Je n’ai pas voulu la déranger mais lorsque je me suis approché, elle s’est réveillée et nous avons un peu bavardé. Le regard perdu vers le sol, Simone m’a raconté ses après-midis.
Elle vient se poser ici chaque jour lorsqu’il ne pleut pas. À ses côtés, elle installe les doudous qu’elle tricote chez elle, dans le meublé qu’elle loue près de la Canebière. Simone aime les animaux. Elle tricote des doudous-chat, des doudous-chien, des doudous-serpent, des doudous-poupée aussi. Dix euros chacun elle les vend. Pour acheter sa laine, quelques légumes et quelques fruits.
Veuve depuis plus de vingt ans, sans enfant, Simone touche 602 euros de retraite et paye 520 euros de loyer chaque mois. Son propriétaire est gentil. Il lui permet de payer en plusieurs fois.
En ce moment, elle resterait volontiers dans son meublé car il fait froid sur Marseille. Mais elle se force un peu, même si elle sait que la recette sera maigre. À 85 ans, Simone attend un nouveau printemps avec impatience. Les après-midis sont plus longues, il fait plus chaud, et les promeneurs sont plus nombreux sur le Vieux-Port. Plus généreux aussi.