Samedi poésie

mer

Soif vive de mer
d’embruns fous et salés
de vagues enamourées
un samedi à voyager
au creux d’yeux encore fiévreux

faim de lentilles
préparées à peine aillées
orange dégustée
l’aurais rêvée sanguine

puis halte longue auprès d’une merveille de mots
ce Poème d’amour et de Pygmésie intérieure
posté chez Les Cosaques des Frontières
par Serge Marcel Roche *
vif plaisir de le lire à voix haute

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me suis replongé aussi
dans les haïkus de Sôseki
en ai dédié trois à Jacques
mon ami trop tôt parti

Remplissez son cercueil
de tous les chrysanthèmes du monde
autant que la terre en peut fleurir

Vent d’hiver
qui précipite dans la mer
le soleil couchant

Un ami s’en est allé
en rêve
la Voie lactée

* Retrouver Serge Marcel Roche aux Éditions Qazaq, sur son blog Chemin tournant et sur Twitter

Illustration de ci-haut @Gustave Le Gray

Orage, orage

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Agité par la fièvre
ai sursauté lorsque
le volet a claqué
lumière sombre
éclair lointain
pas froid dans la ruelle
mais
le tonnerre, soudain
puis un orage de grêle
à faire fuir les tourterelles

me suis souvenu de ce merveilleux orage
capturé par Félix Blume en Bolivie
à plus de 5.000 mètres d’altitude
au sommet du mont Chacaltaya

redescendu sur terre
ai béni dame Nature
et suis reparti chasser ma fièvre
en espérant d’autres éclairs
d’autres coups de tonnerre
pour bercer mes heures solitaires

Accueillir la pluie

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Cette pluie qui me réveille
l’accueille comme une amie
à larmes ouvertes
bénie soit sa musique

voudrais fuir le soleil
sa violence
son insistance
son indécente présence

reste encore caché
astre dont l’ombre n’épargne
ni les aimés partis
ni les inconnus
ni les exilés aux pieds nus
ni les souvenirs brûlants

pluie, surtout ne cesse
de lancer tes pleurs sur les tuiles
poursuis ta chanson de caresse
accueille la mémoire de tous ceux
qui frissonnèrent sous tes gouttes

Billie Holiday – Come Rain Or Come Shine

Souviens-toi de la Retirada

retirada-leperthusLa Retirada
mes amis espagnols m’en parlent souvent
un demi-million d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient les franquistes
et qui rejoignent la France
en à peine quinze jours
fin janvier 1939
mes amis de Valence n’oublient pas
ce qui fut le plus grand exode du XXème siècle en Europe occidentale
après la terrible bataille de l’Ebre
ses 100.000 morts
et son ¡ Ay Carmela !

ai revisité cette mémoire vive hier
grâce à Julie Gacon
et son émission Sur la route… de la Retirada

un très fort moment de radio sur France Culture

aycarmela

Photo de ©Manuel Moros

Ay Carmela en paroles

El Ejército del Ebro
Rumba la rumba la rum bam bam!
Una noche el río pasó,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Y a las tropas invasoras
Rumba la rumba la rum bam bam !
Buena paliza les dió,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

El furor de los traidores
Rumba la rumba la rum bam bam !
Lo descarga su aviación,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Pero nada pueden bombas
Rumba la rumba la rum bam bam !
Donde sobra corazón,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Contrataques muy rabiosos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Deberemos resistir,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

Pero igual que combatimos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Prometemos resistir,
¡ Ay, Carmela !, ¡ ay, Carmela !.

 

 

 

Entre violence et espérance

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Jacques parti vers les oiseaux
me suis laissé prendre à nouveau
dans les vibrations colorées du monde
à petites touches
voulais que ce soit doux
ce fut violent

ai une nouvelle fois eu honte
pour l’Amérique qui exclut
mais ressenti grande fierté
devant l’esprit de résistance
qui bat au pays de Donald

usa

revenu chez nous, ai tenté de rester aussi lucide que possible
devant le spectacle de la primaire du PS
moyennement emballé par Benoît Hamon mais désireux d’une gauche unie
sans faux nez
une gauche qui refuse une bonne fois pour toutes
les renoncements et les trahisons
qui jonchent le pauvre parcours du quinquennat finissant
ai mesuré qu’avons devant nous du boulot pour avancer groupés
beaucoup de boulot pour éviter
un très laid remake de 2002

melenchon

une fois n’est pas coutume
me suis posé devant l’ordi pour suivre un programme télé
regardé jusqu’au bout le documentaire que Gérard Miller
consacrait à Jean-Luc Mélenchon
son histoire, son parcours
plutôt séduit par le bonhomme
qui pourtant m’exaspère tant lorsqu’il se met en colère
me suis rappelé le titre du film de Robert Guédiguian
Dieu vomit les tièdes
ai revu le visage de mon grand-père
immigré et exploité
alors j’ai écouté Moussu T

après quoi, apaisé, suis parti retrouver Issa

Petit escargot

grimpe doucement surtout

c’est le mont Fuji !

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