Pour toi, mon Jacques, ce texte de Erri de Luca, extrait de son livre « Le plus et le moins » .
Illustration de ci-haut : @ Zao Wou-Ki
Pour toi, mon Jacques, ce texte de Erri de Luca, extrait de son livre « Le plus et le moins » .
Illustration de ci-haut : @ Zao Wou-Ki
Sois donc rassuré –
les fleurs aussi qui voltigent
prennent ce chemin
ISSA
À la demande générale des quelques lectrices et lecteurs de ce CarnetDeMarseille 🙂 , restons encore un peu à Donostia, auprès des habitants de la ville, actrices et acteurs de la Tamborrada 2017.
Deux habitants de Donostia San Sebastián racontent l’importance que revêt pour eux la Tamborrada. Interview en espagnol. La traduction vient juste après le son.
Et voici la traduction :
« C’est beaucoup d’émotion, dans la ville, célébrer une époque de cette ville, transmettre ce souvenir au peuple, se souvenir un temps passé;
– c’est enraciné profondément à San Sebastián ?
oui, profondément, avec beaucoup de sentiment, d’émotion;
– pareil chez la jeunesse ?
oui, c’est quelque chose qui se transmet de génération en génération, c’est émouvant.
merci beaucoup »
« C’est une émotion, une tradition, c’est le jour le plus important de l’année
– vous avez ça dans le sang ?
oh, oui, jusqu’à la mort. »
Allez, quelques douceurs pour se quitter en beauté
vendredi 20 janvier
la tête et le cœur en quête de fête
à l’heure où de l’autre côté de l’océan
l’affreux Donald
osait poser sa main sur la Bible
alors ai franchi la Bidasoa dans l’Euskotren
puis ai promené mon enregistreur
dans les rues de Donostia San Sebastián
marché de la Concha sublime
jusqu’au vieux quartier
et la Plaza de la Constitución
où depuis 1836 débute et s’achève la Tamborrada
la fête annuelle des gens d’ici
pour célébrer Saint-Sébastien le patron de la cité guipozcoane
Pour en savoir plus sur cette fête, c’est par ici et par ici et aussi par ici .
Mémoire vive . Un grand merci à David Coquille, journaliste à La Marseillaise pour son travail de mémoire hier sur Twitter : le récit en images de ce qui reste et restera une meurtrissure profonde dans le cœur des Marseillais : il y a 74 ans, Marseille vécut une grande rafle dans les quartiers du centre-ville : l’Opéra, le Panier et le Vieux Port.
L’armée allemande et la police de Vichy dirigée par René Bousquet arrêtèrent des milliers de personnes, dont 250 familles juives qui furent arrachées de leur logement. 1.642 hommes, femmes et enfants furent déportés vers Sobibor.
Quelques jours après cette rafle, le 1er février 43, les nazis firent procéder à la destruction du quartier du Panier, qualifié de « chancre de l’Europe » et de « repère de toute une pègre internationale ». Voici comment le JT de l’époque, France Actualités, osait raconter cet évènement, sur 56 petites secondes…
Ce document est à retrouver en images sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel.
et le Mémorial de la Shoah œuvrent pour transmettre cette mémoire, notamment auprès des jeunes.
Bien trop loin d’ici, Washington
hélas …
n’empêche hier
c’est aux côtés des innombrables femmes d’Amérique que j’ai marché
entre le Mémorial Lincoln et les abords de la Maison Blanche
ai mêlé ma voix à toutes celles
atteintes, blessées, meurtries au fond d’elle-mêmes
par la vulgarité, l’obscénité
l’irrespect envers les femmes
le mépris de toutes les différences
la xénophobie
la haine de l’étranger
véhiculés par le 45ème président des États Unis
et comme chaque fois qu’il s’agit de protester, de résister
j’ai chanté Bella Ciao *
et l’ai lancé bien haut, bien loin
jusqu’à l’Amérique outragée
* Cette version de Bella Ciao est l’œuvre de l’Académie de Chant Populaire fondée à Marseille en 1994 par Alain Aubin. Le chœur qu’il dirige interprète un répertoire riche de chants de lutte et de résistance.
Ne te retourne pas
Amérique
tu as honte je sais
tu as honte, oui
Barack s’en est allé
Donald déboule
et toi tu comptes les pas
qui te mènent
jusqu’au prochain désarroi
ne te retourne pas
Amérique
tu regrettes je sais
tu regrettes, oui
Barack t’a donné des droits
Donald les croquera
et toi tu aperçois le chemin
qui te conduit
jusqu’à la prochaine fois
ne te retourne pas
Amérique
tu n’as pas oublié je sais
tu n’a pas oublié, non
Barack n’est plus là
Donald s’affiche
et toi tu mesures la voie
qui te plonge
jusqu’au prochain coma
ne te retourne pas
Amérique
bats-toi
comme Ali tu sais
bats-toi comme lui
face à l’ennemi
Barack t’accompagne
Donald s’interpose
et toi sans violence
tu continues sur le ring
qui te verra
triompher de ce visage-là
Bob Dylan – The times they are a changin’
Photo de ci-haut @ Sonia Katchian
Yeux bleus azur ; longue barbe blanche ; moustache jaunie par le tabac ; bonnet gris ; Serge a 65 ans ; accroupi dans un coin au bout de la Grande Plage de Biarritz ; sous le balcon de l’Hôtel du Palais ; précisément sous la piscine du cinq étoiles ; à l’abri du vent ; à ses pieds trois grands sacs plastique ; un pour ses vêtements ; un pour ses couvertures et sa nourriture ; un matelas plié dans l’autre ; hier après-midi ; marée basse ; à peine un ou deux degrés au-dessus de zéro ; quelques surfeurs à l’eau ; et Serge posé sur un oreiller bleu foncé ; à regarder l’océan ; comme presque chaque jour depuis 4 ans ;
Serge a un peu de mal à respirer ; il a aussi perdu ses dents ; lui ai apporté une veste chaude ; du thé sucré ; une tranche de gâteau basque aussi ; offerte par l’un des serveurs d’un café près du Casino ; Serge a mis la veste sous son blouson ; et puis il a parlé ; au début aucun son n’est sorti de sa bouche ; juste quelques mots murmurés ; trop froid pour laisser passer un son ; après le thé sa voix a commencé à se frayer un chemin dans l’air glacé de janvier ;
Serge a travaillé toute sa vie sur les marchés ; vendait des vêtements en région parisienne ; il ne touche ni retraite ni RSA ; sans papiers il est ; le matin il fait la manche près des Halles de Biarritz ; Serge n’a plus de contact avec sa famille ; espère le printemps pour monter sur Arcachon ou sur Royan .
Puiser
tout au fond du ciel
la lumière d’hiver
journées avancent
à peine rallongent mais
y puiser le feu
vers d’autres matins