Printemps #3 Avant le bagne, la montagne

C’est reparti pour un mois de bagne. Je sais que j’exagère. La colère est là. Rentrée. Elle nourrit des désirs d’explosion majuscule, de coups de boule, de grand ménage, de révolution, de justice, de partage, de chemins d’harmonie, de grand air. C’est à en perdre le fil de la langue. Donc le bagne, oui, pour dire ce que m’évoque cet absurde mois d’avril reconfiné mais pas tout à fait comme l’an dernier mais un peu différent quand même coincés mais pas autant mais avec couvre-feu pas un kilomètre de rayon pour promener mais dix mais pourquoi pas onze rien que les commerces essentiels ouverts mais cette fois-ci les librairies aussi mais les autres alors mais lesquels mais ils vont crever les fleuristes les coiffeurs les bars et les restaurants tandis que des riches se gavent en douce en privé à Paris nous voulons des noms pendant ce temps les étudiants font l’aumône pour manger et puis les vacances scolaires avancées mais encore du distanciel avant et après pour élèves et profs mais les examens alors ce vaccin alors mais lequel on traîne on rame on est à la ramasse mais ça viendra mais quand bordel le bout du tunnel arrive on ne le voit toujours pas alors arrêtez ! Comme dirait mon fils, ça saoule ! C’en est trop, oui, que nos vies mises en danger et privées de tant de libertés soient conditionnées aux décisions d’un seul homme. Insupportable ce carcan. Une sorte de bagne, oui. Aux murs invisibles mais on les sent et ça pèse. Il ne serait pas sot que nous pensions concrètement à en péter les murs de ce bagne pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce monarque inconséquent, sa République avariée, violente et périmée, sa lamentable cour de ministres et parlementaires godillots et ses médias aux ordres qui nous préparent au duel des affreux.

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La montagne avant le bagne. Pour se régénérer auprès de Mère Nature. Vital. Partir sur les sentiers où l’herbe et les arbres se parent encore du souvenir des froidures et des neiges. Marcher. Vers forêts et clairières. Vers cascades et ruisseaux. Respirer. Écouter.

Là-haut, où tout paraît plus beau, m’attendaient les bouleaux et leurs yeux étranges, leurs rides légères, leurs sourcils inquiets, leurs vulves amoureuses, leurs regards perdus, leurs cicatrices profondes, leurs hiéroglyphes ouverts à tous les sens, leur peau si douce et tendre, assortie à la virginité comme au deuil.

De retour au gîte, j’ai fait sonner la cloche en direction des cimes.

Comme une prière.

Que revienne vite les temps joyeux !

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De retour à la maison, poursuivre la lecture quotidienne à voix haute du roman de Joseph Ponthus « À la ligne Feuillets d’usine » et se demander avec quels mots il aurait raconté ce mois d’avril…

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (37)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 37)

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

Mes jeunes années – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoir – Source @L214

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (36)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 36)

 

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

Les oiseaux de Paris – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoirs de la Villette L’échaudoir  – Source @ROL

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (35)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 35)

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

L’âme des poètes – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoirs de la Villette 1927 – Source @GallicaBNF

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (34)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 34)

 

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

Dans les pharmacies – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Les abattoirs de la Villette 1908 – Source #ROL

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (33)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 33)

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

Quand les cigales seront parties – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoirs de la Villette, le recueil du sang – Source @GallicaBNF

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (32)

Chaque jour depuis le 1er mars, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 32)

 

Et chaque jour, un bonus : une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

Tiens, il pleut– Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoirs de la Villette, l’échaudoir 1922 – Source @ROL

 

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (31)

Toujours intérimaire, Joseph Ponthus. Plus que jamais occupé à vendre sa force de travail. Fini les lignes de bulots, de crevettes, de langoustines. Fini le tofu. Terminées les missions en conserverie. Ponthus change de costume. Le voici parmi les forçats de l’abattoir. C’est dans ce lieu cauchemardesque que se poursuit ma lecture à voix haute – entamée le 1er mars – de son roman À la ligne – Feuillets d’usine. Après les 30 premiers chapitres qui composent la première partie du livre, voici le 31ème, qui ouvre la seconde. Il est précédé de cette citation de Guillaume Apollinaire (lettre à Madeleine Pagès, 15 mars 1916) :  » Pas de description possible. C’est inimaginable. Mais il fait beau. Je pense à toi. « 

 

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

Les chiens loups– Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Abattoirs de la Villette Carcasses de moutons 1922 – Source @ROL

Printemps #2 Des voix et le Mont Fuji

Rien de bien neuf avec la nouvelle saison. Je me suis installé devant le printemps naissant dans l’une de mes positions préférées, celle de l’auditeur réfugié sur son île numérique. Et tiens, d’abord, je suis resté fasciné par ces mains sur le Nagra. Elles appartiennent au sculpteur de sons Yann Paranthoën. Je les ai observées en regardant sur la plateforme Tenk le documentaire que lui consacra Pilar Arcila en 2007. Elles montèrent et ciselèrent tant et tant d’émissions et de documentaires, ces mains d’or. Ces mains d’artiste artisan. C’était au temps où la radio se faisait en bande et prenait encore le temps de se ficher de l’air du temps… Paranthoën était breton, fils de tailleur de pierre. Il fut comme un pape de la sculpture de sons, de la création radiophonique. Créatif est un mot minuscule pour qualifier le bonhomme, tant sa patte apporta au genre pendant des décennies. Tant son œuvre reste un patrimoine légué à tous les amoureux et passionnés d’histoires sonores. En écoutant Yann Paranthoën, je suis aussi resté fasciné par son timbre de voix. Doux, juvénile. Comme s’il s’était arrêté à la lisière de la contrée des adultes. Écoute-la à ton tour cette voix, raconter un petit peu de ce qui fut son art.

Samedi, pour me préparer en beauté à dormir soixante minutes de moins – le passage à l’heure d’hiver, avec ses jours qui rallongent, est toujours un moment de l’année que j’attends impatiemment, ce qui était bien moins le cas quand mes minots étaient petits – je suis allé au concert. Au concert ? Parfaitement. Oh, rien de clandestin, non. Très officiel ce concert. À visages découverts. Moussu T et les Jovents nous avaient donné rendez-vous sur Facebook depuis l’Espace Culturel Busserine à Marseille. Pas de public, évidemment. C’était leur premier concert depuis un an. Ils n’ont pas larmoyé sur leur sort, les collègues de La Ciotat, non. Ils ont juste rappelé que comme l’ensemble des artistes, ils désiraient être considérés, respectés. Et que cesse le mépris et l’abandon dans lequel ils sont laissés. Les applaudissements après chaque chanson nous ont manqué. Hélas pas de oaï ni de distribution de pastaga comme jadis aux concerts de Massilia, mais une totale régalade, par écran interposé. Allez, on s’écoute Mademoiselle Marseille.

MoussuT FB

Sinon, dans la série spectacle virtuel, il y a aussi ces quelques photos du Mont Fuji que je bade chaque jour. Monter un jour tout là-haut est l’un de mes plus grands rêves. Je crains de devoir patienter encore quelques années avant de le réaliser. Se satisfaire de le contempler et d’en partager toute la beauté, grâce au photographe japonais Hashimuki Makoto.

Hashimuki Makoto est aussi sur Instagram

À la ligne – Feuillets d’usine – Lecture de Joseph Ponthus (30)

Chaque jour, un chapitre lu à voix haute de À la ligne – Feuillets d’usine, le roman de Joseph Ponthus (Chapitre 30)

 

 

Chaque jour, une chanson de Charles Trenet, dont Joseph Ponthus était fan.

 

 

L’âme des poètes – Charles Trenet

(À demain, 7h30…)

livreJosephPonthus

À la ligne – Feuillets d’usine est publié aux Éditions de la Table Ronde et chez Folio

Photographie du haut : Douarnenez, le travail des sardines – Source Le Télégramme