
En grappes fines –
matin clair après matin
écrits éphémères
Allegro appassionato Op.43 de Camille Saint-Saëns – Jacqueline du Pré au violoncelle
Née à Marseille le 29 janvier 1930, Maman aurait fêté aujourd’hui ses 94 ans.
Depuis qu’elle est partie, son absence ne rime pas avec silence. Parce qu’à la fin de sa vie, elle accepta que je l’enregistre. Maman était bavarde. En bonne Marseillaise, elle adorait parler, échanger, commenter, raconter. Grâce au miracle de sa voix, j’ai la chance aujourd’hui, chaque fois que je le désire, de la retrouver vivante. Elle me confie sa passion pour la montagne, sa sérénité absolue face à la mort et le plaisir qu’elle prit dans sa jeunesse à être une joueuse de l’OM.
Tu n’es plus de ce monde de fous, Papa, mais alors que le ciel s’assombrit sur notre pays, il me faut te dire que la colère et la honte ne me quittent pas. Je pense fort à Pépé, ton père, immigré, étranger parmi les étrangers. Il choisit la France dans les années 20 du siècle dernier, y travailla dur et y mourut. Te dire aussi, Papa, que je pense aussi à l’instituteur de la République et fils d’immigré que tu fus, si fier des valeurs humanistes de notre pays, ces valeurs que tu t’approprias et transmis à tes élèves comme à tes enfants tout au long de ta vie. Te dire enfin que je suis fier d’être l’un des millions de petits-fils d’immigrés que compte notre pays mais que j’ai terriblement honte de notre France. Puisse cette honte submerger Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et leurs sujets, pour avoir fait entrer les idées d’un parti fondé par des Waffen SS au cœur-même de notre République. L’Histoire finira bien par les juger mais combien de temps faudra-t-il pour effacer l’affreuse tache brune lâchée sur nous par toutes ces bordilles, tous ces ennemis de notre République ?