C’est à entendre sur L’aiR NU

Comme un jeu, c’est. Pas un jeu de lumières. Ni un jeu de mots. Un jeu de sons, plutôt. Mieux : un jeu à partir de sons. C’est ça, oui. Ce jeu invite à créer ce qui émerge de soi-même après un plongeon et une immersion dans trois sons. Ces sons sont à choisir parmi la ribambelle que contient la sonothèque de L’aiR NU. L’aiR NU, c’est un site créé par un collectif d’autrices et d’auteurs qui se régalent à mescler les mots, les sons et les images. L’onglet « C’est entendu » est la porte d’entrée du jeu, elle ouvre sur le chemin vers les sons. Ensuite, on se laisse guider et surtout on écoute et puis on imagine. Je me suis lancé avec gourmandise dans ce jeu. Trois sons ont accouché d’un petit poème. C’est à entendre et c’est ici .

En promenant ma curiosité sur L’aiR NU, j’ai déniché de petites merveilles : Minutes papillon, les collages sonores de Christine Jeanney, à écouter et savourer ici.

Autre ravissement, les épiphanies poétiques de Pierre Ménard. Sonores et visuelles, elles se laissent approcher ici.

Bonne(s) écoute(s) !

Dédée à Marseille : au pays d’un rêve de jeunesse

La semaine passée, nous étions à Marseille en compagnie de Dédée, l’une de nos amies très chères. Dédée et sa douceur, sa gentillesse, son sens de l’humour, sa gourmandise. Dédée et ses bientôt 93 printemps. Cet été, elle nous avait confié l’un de ses plus grands rêves : connaître Marseille et ses calanques. Avec Chantal, mon épouse, nous savons bien que les rêves, il faut toujours oser les réaliser. Alors, ni une ni deux, nous avons organisé un petit séjour dans ma ville natale. Les Goudes, Callelongue, la Bonne Mère, Cassis, et j’en passe. La Maison Empereur et le couscous de chez Saf Saf, un petit programme bien aïolisé ! Je ne vous surprendrai pas en vous révélant que Dédée a adoré.

Une autre Dédée – la sœur de Chantal – et Josette ont accompagné leur grande copine Dédée dans ce périple marseillais. Fabienne et Thierry, ses voisins, lui ont fait la surprise de l’accueillir à nos côtés à l’aéroport. Eux aussi ont pris plaisir à découvrir Marseille. Le prochain voyage que nous partagerons ? Mystère… Nous avons prévu de nous revoir sans tarder pour en parler.

Retour fugace au nid Maritima

Maritima. Je vous ai mis un oiseau pour l’illustrer parce que c’est depuis ce nid-là, dans les locaux d’une petite école transformée en radio, quai Lucien Toulmond à Martigues, que tout a démarré il y a près de quarante ans. Tout = mon parcours – j’abhorre le mot « carrière » – de journaliste. C’était au temps de la liberté des ondes et des premières fréquences sur la bande FM.

Maritima, une radio libre. Ma fréquence à moi : deux après-midis par semaine pour commencer. Je venais donner la main à la petite équipe. M’imprégner, copier, oser. M’essayer au reportage. Faire mon grand curieux micro en main et magnéto à bandes en bandoulière. Assouvir mon appétit d’écoute, de tchatche et d’interview. M’initier au montage. Apprendre à choisir. Mesurer la difficulté d’éliminer. Plus tard, parler au micro, présenter les flashes d’info puis les journaux. Une émission dédiée à la généalogie aussi. Confiance totale de celles et ceux dont j’allais devenir le collègue un an plus tard. Exigence avec un grand E de mon ami Gabriel Natta – il est comme un grand frère – qui m’écoutait patiemment depuis son studio à lui : Radio Monte-Carlo, s’il vous plaît, sur la Canebière à Marseille. Toujours à l’agachon, Gaby ne manquait pas une seconde de mon travail et me proposait un retour critique. J’ai tellement appris et progressé depuis ce nid avec lui et les autres. Je me suis tellement régalé.

De Maritima je me suis envolé un jour vers d’autres radios mais je n’oublie rien de rien. Trop beau, trop précieux. Irremplaçable. Alors, quand depuis ses studios marseillais *, Laurent Coureau m’a appelé l’autre jour et proposé de venir parler de mon dernier livre « Gens de Bauduen » dans son Grand Réveil, vous imaginez bien que je n’ai pas pu résister.

J’aime souvent lancer « Aïoli ! » à mes amies et amis de Marseille comme d’ailleurs, comme un clin d’œil pour témoigner mon affection. Je l’adresse aussi à toutes celles et tous ceux qui ont fait Maritima et qui la fabriquent aujourd’hui avec passion.

En ajoutant, bien sûr, « Vive la radio ! »

*Maritima à Marseille s’écoute sur 107.2 FM

Depuis 60 ans, Fañch Langoët radiophile good

60 ans au poste ! Vous vous rendez compte ? Cette passion ressemble presque à une addiction. Ses six décennies à écouter la radio l’ont tant et tant nourri que Fañch Langoët a désiré en fabriquer un carnet d’écoute. Son journal de bord bien éclectique, parfois touchant et poétique s’ouvre sur les genoux de Mamée, la grand-mère adorée, juste avant la sieste. Fañch a quatre ans. La magie opère illico, dès les premières minutes du feuilleton échappé d’une boite d’acajou au bouton de bakélite. Cette fascination ne l’abandonnera jamais. De Radio Luxembourg à Europe Numéro 1, de France Inter à Fip, de France Culture à Lorraine Cœur d’acier, les ondes circulent, les madeleines se dégustent, le jardin extraordinaire s’agrandit. Fañch l’arpente partout, au boulot, dans le métro, au dodo, à la sieste, en voiture. Pas un lieu qui soit épargné par l’écoute passionnée. De jour comme de nuit. Feuilletons, émissions quotidiennes, documentaires, créations sonores, les rendez-vous sont autant de trésors qui tissent son lien charnel avec la radio. Voici comment il raconte dans son journal d’auditeur l’une de ses plus belles pépites, intitulée « La gloire de mon père », tiens tiens…

L’été avec Pagnol, les portraits sensibles de Kriss la divine, le Pop Club de José Artur, les Nuits magnétiques d’Alain Veinstein, la Marche de l’histoire de Jean Lebrun, les documentaires sonores de Yann Paranthoën, les matinales de Philippe Caloni, Pollen de Jean-Louis Foulquier, tant de moments de grande et belle radio peuplent ce carnet d’écoute, rythmé par Dylan, les Who, Ferré ou Béranger. À le feuilleter et le savourer page après page, je me suis pris à imaginer que ce livre puisse se transformer un jour, qui sait, en véritable œuvre radiophonique.

60 ans au poste – Journal de bord d’un auditeur est publié aux Éditions L’Harmattan

Depuis juillet 2011 sur internet, Fañch Langoët a publié 2430 chroniques sur la radio : RadioFañch

Le français en danger ? Remettons le Vieux-Port au centre-ville !*

Les idées fausses, c’est comme les idées noires. Il convient de les chasser loin de soi. Et loin des autres aussi autant que faire se peut. Parce qu’elles sont nocives, ces idées. Parfois toxiques et dangereuses. En professeur de sociolinguiste à l’Université passionné, Médéric Gasquet-Cyrus n’est pas du genre à se laisser impressionner par le moulon d’idées fausses que trimbale la langue française. Elles l’emboucanent, elles lui hérissent le poil, elles le révoltent, mais en chercheur en Parole et Langage avisé, il résiste, il leur fait face et se fait un plaisir de les démonter dans un livre jubilatoire et savant, paru en avril dernier, « En finir avec les idées fausses sur la langue française ».

Il en a listé une quarantaine de ces idées fausses, véhiculées par ceux qui claironnent notamment que la langue française est en danger parce qu’elle « est menacée par l’anglais », « envahie par l’arabe », parce que « les jeunes parlent avec 500 mots », alors que « le français est une langue pure », « belle », que l’on doit parler comme il faut, en respectant les règles fixées par l’Académie française. Entre autres mythes qui entourent le français et que Médéric Gasquet-Cyrus déconstruit point par point, l’idée souvent repérée sur les réseaux sociaux selon laquelle « le » dictionnaire contiendrait la vérité sur la langue et sur le monde.

« Remettre le Vieux-Port au centre-ville » , c’est aussi rappeler dans ce livre que le français est présent sur les cinq continents, officiel dans 13 pays, co-officiel dans 16 autres, qu’il est une langue d’enseignement pour 93 millions d’élèves.  Et donc non, « le français n’est pas menacé par celles et ceux qui s’en servent pour communiquer ». N’en déplaise aux réactionnaires, aux sectaires, aux xénophobes, et aux nationalistes de tous bords qui en prennent pour leur grade. C’est réjouissant de voir mis en pièces les Rivarol, Julien Aubert, Alain Finkielkraut, Jean-Michel Blanquer, entre autres chantres du roman national et caricaturistes du déclin de notre français que nous aimons tel qu’il est. Divers, ouvert, vivant, riche en accents et en mouvements.

« En finir avec les idées fausses sur la langue française » est publié aux Éditions de l’Atelier.

* ça m’amuse de tenter ce pendant marseillais de « remettre l’église au centre du village » ou de « mettre les points sur les i et les barres sur les t »

Une vie avant MOTCHUS (8) des limaçons et un bada

 » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun ! «  Le sel de MOTCHUS c’est aussi de voir ressurgir un souvenir d’enfance au détour d’une grille et d’un mot trouvé. Hier, après deux bonnes heures de prise de teston et de pêche infructueuse, cet aigo-sau est sorti de sa cachette et a de suite ressuscité la voix de la marchande de limaçons qui passait chaque semaine en bas de chez nous avec sa marmite sous le bras. Nous habitions rue du Docteur Frédéric Granier, dans le quartier d’Endoume. Après deux années passées dans un tout petit appartement au Panier – les deux premières de ma vie – nous avions déménagé pour venir vivre chez ma grand-mère maternelle Zoé..  » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun !  » Je réentends Mémé Zoé le fredonner avec gourmandise ce refrain en provençal, sa langue maternelle, en descendant acheter ses limaçons.

MOTCHUS nous l’enseigne tous les jours depuis plus d’un an, le langage de Marseille ne saurait se résumer à quelques clichés pour quelques estrangers ou gens à accent pointu. En réalité, c’est bien plus sérieux que ça le parler marseillais. Pas vrai Pierre Échinard ?

Figurez-vous que mon Dictionnaire du marseillais fut victime – parmi tant d’autres livres – de l’inondation que nous avons subie chez moi en 2018. Je m’étais régalé de m’y promener. J’y avais découvert un moulon de mots, de définitions et de références. Il me servirait bien lorsque je rame fort le soir ou le matin en cherchant le MOTCHUS du jour. Il paraît qu’il est épuisé, mais mon petit doigt me dit qu’il y aurait encore moyen de se le procurer…

À la demande générale, comme c’est dimanche, voici un petit bada : le replay de ce feuilleton que j’ai pris plaisir de partager.

Bon, maintenant, je vous laisse, je m’en vais chercher le MOTCHUS du dimanche, très Mémé des Accates paraît-il ! Aïoli sur vous !

Une vie avant MOTCHUS (7)

Et si parmi les 1.800 mots que propose le Dictionnaire du marseillais, vous en choisissiez un, quel serait-il ? Vous me répondriez sans doute qu’ils vous plaisent et vous parlent tellement tous ces mots que ce serait péché d’en sortir un du lot. Pour Pierre Échinard, tout pareil. Lui, il en a choisi deux, bien jolis, que voici.

Pas encore remis de la pitoyable élimination de l’OM, j’en choisis deux moi aussi : pébrons et rointer

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (6) et après l’OM…

Par souci d’économie d’énergie, je ne m’étendrai pas sur le caractère visionnaire du mot estramassé raconté hier ici. Je préfère rester poli. Après la cagade majuscule de notre OM, ce jeudi fut noir de honte et notre colère, Camelus Blah la décrit tellement bien dans sa Canebière Académie qu’il n’y a rien à rajouter. Aujourd’hui, c’est sur une autre institution marseillaise, l’un des mots emblématiques de notre parler que se penche Pierre Échinard.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (5)

Le temps de me rembrailler – et de marronner dans ma barbe parce qu’à une lettre finale près, je l’avais en deux ce Motchus #406 – me voilà prêt pour la méditation motchusienne du jour, sous la forme de l’affirmation que voici (vous me démentez si je me trompe) : dégun peut dire qu’il n’a jamais entendu les mots que voici, racontés, interprétés par Monsieur Pierre Échinard, Académicien de Marseille, et co-auteur – entre autres avec notre sociolinguiste préféré Médéric Gasquet-Cyrus – du Dictionnaire du marseillais. Les avons entendus et prononcés souvent ces mots, pas vrai ? Et pas seulement sur le Vieux-Port. Tellement nôtres !

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (4)

Où il est question ce mercredi de Monsieur Brun et de Parisiens… Pas des affreux en bleu foncé avec la Tour Eiffel sur le maillot, non, je vous rassure. Non, un mot patrimonial, nourri par des siècles d’histoires, lui. Après peuchère, la pile, bader et plein de gros mots et d’expressions grassouillettes à souhait – vous avez adoré l’incontournable « –Va caguer à Endoume ! » , Pierre Échinard se délecte aujourd’hui d’un autre grand classique du parler marseillais, dégun.

(à demain !)