Trois petits tours et puis revient (28) On va finir par y arriver…

Contribution #9 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont adressé Claude et Dany, depuis Salies-de-Béarn : Ça va ça vient, de Vitaa et Slimane. Grand merci à eux.

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Je suis sûr que ça te le fait à toi aussi. Parfois, je me réveille en pleine nuit, le souffle court, et me reviennent des paroles entendues dans la journée, à distance sociale règlementaire. Le libraire d’abord, une fois payée la commande : – oui oui, ça va !, ça va à peu près, on fait face, les lecteurs sont solidaires, on vide un peu les stocks. Ensuite la dame au gros chien noir tout gentil croisée sur le chemin de promenade règlementée. Elle me dit :vous avez entendu les casseroles aux balcons hier-soir ? Ça faisait une belle musique ! Il faut de l’amour et encore de l’amour, faut pas lâcher ! Il y a aussi les mots du voisin, l’autre dimanche : – je retrouve un peu le sommeil. Pendant deux semaines, c’était dur, mais bon, ça va mieux… on va finir par y arriver ! »

 

Trois petits tours et puis revient (27) Un maillot de foot tricolore…

RobertCapaPhoto @RobertCapa

Contribution #8 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a transmis Vincent, depuis Bordeaux : Hasta siempre, de Carlos Puebla. Merci à lui.

(À demain 8h30…)

RobertCapa

Les mots pour le dire

« À la boulangerie l’autre matin, je patiente sagement, je rêvasse comme souvent, je me tiens bien à distance des autres clients, lorsque soudain, je sens sur ma droite que des gâteaux me font de l’œil. Oui, oui, les gâteaux confinés derrière la vitre du présentoir. Ils m’aguichent, les petits. Ils me disent : – tu peux nous sortir de là ? tu veux bien ? Je résiste quelques secondes, oh pas plus longtemps, et lorsque mon tour arrive, je demande à la boulangère de délivrer pour moi un éclair au chocolat et un baba au rhum. En sortant, je croise un client qui porte un maillot de foot tricolore.  Rouge jaune et violet,  les couleurs de la Seconde République Espagnole, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Franco. Au revers de ce maillot, deux mots : NO PASARAN ! Tu l’as déjà vu, toi, ce maillot ? »

Trois petits tours et puis revient (26) De l’autre côté de la rivière…

chouette

 

Contribution #7 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Dominique, depuis Paris : Milestones, de Miles Davis. Grand merci à lui.

 

(À demain 8h30…)

 

chouette

Les mots pour le dire

« Elle est vraiment coquine la chouette d’en-face la maison. Hier-soir, je suis en train d’écouter du jazz, tranquille dans mon lit, souple, quand je l’entends hululer en douceur de l’autre côté de la rivière. Dès que je m’approche de la fenêtre pour mieux l’entendre, hop, elle se tait ! Nada. Rien que le bruit de l’eau. Je patiente un peu, toujours rien. Alors je me recouche. Et là, hé bien oui, dame chouette se remet à raconter au quartier son début de nuit. Du coup, sur la pointe des pieds, je me relève. Incognito je lance mon enregistreur, et hop, c’est dans la boîte. Tout content, je retourne à mon vieux copain Thelonius Monk. »

 

Trois petits tours et puis revient (25) Alors, je me suis souvenu…

NODREDAMEDEPARIS

Photo @BrunaUccello

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Les mois filent si vite que je ne me rappelais plus cette date… le 15 avril 2019. Notre-Dame de Paris en flamme, le peuple parisien effondré, le chagrin, l’impuissance. Un an après jour pour jour, j’ai reçu d’une amie le son du gros bourdon de la Cathédrale. Il a résonné hier-soir à 20 heures au moment où tant de gens partout dans le monde applaudissent les soignants aux fenêtres et aux balcons. Alors, je me suis souvenu. M’est revenu aussi le souvenir du tout premier voyage à Paris. J’étais minot, avec mes parents, nous étions montés en train, c’était loin, c’était si beau. Je m’étais senti presque comme dans un lieu familier, un lieu joyeux, un endroit unique au monde. Je me souviens très bien de ces journées de printemps, la promenade à Montmartre, le Mur des Fédérés au Père Lachaise, Papa nous avait parlé de la Commune. Ce qui m’a marqué aussi c’est que lorsque nous avions quitté Notre-Dame, les cloches carillonnaient. »

« À Paris », chanson interprétée par Yves Montand sur des paroles de Francis Lemarque

Trois petits tours et puis revient (24) Lorsque le ciel grondait soudain…

orage

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Comme en plein été, sans prévenir, l’orage a surgi sur la ville et a pris ses aises. Gros grains de pluie et tonnerre à cœur joie, comme les après-midis d’août à Bauduen, dans notre Provence de l’enfance, lorsque le ciel grondait soudain et nous sortait de la sieste qui nous tenait à l’abri de la canicule. Pas d’éclair au-dessus des toits. Rien que le rythme jazzy des gouttes sur les vitres et les tuiles. »

 

Trois petits tours et puis revient (21) Une arène immense…

OssauPhoto @FrédéricMarulier

 

Un rêve de la nuit d’avant. Une arène immense et nous tous dedans. Des murs blancs tout autour et du sable clair sous nos pieds. Pas de trace de sang. Pas de taureau. Pas de souffrance. Rien que le son de nos voix étonnées de nous retrouver face à face et de nous parler. De nous sourire et nous embrasser à nouveau après tout ce temps. Sans cette distance qui nous assèche et nous rend infirmes de nos sens. Tout autour de l’arène, la montagne respirait. Il aurait pu y avoir la mer et ses baleines mais dans ce rêve, c’était la montagne et ses immortelles qui nous réunissait.

 

 

Ossau

(À demain 8h30…)

Amor d’Aussau – Quinz Amics

 

Trois petits tours et puis revient (20) Retourner à la lecture…

Lemaitre

 

Le soir venu, fenêtre entrouverte sur la ville plus muette encore malgré la pluie, se mettre en pause monde. Laisser de côté l’écran. Retourner à la lecture. Retrouver le tempo lent des phrases et des mots du roman de Pierre Lemaître,  « Au revoir là-haut ».
« Grâce à la conquête de la côte 113, l’hôpital de l’avant, qui s’était légèrement assoupi ces dernières semaines dans l’attente de l’armistice, avait repris de l’activité, mais, comme une attaque n’avait pas été trop dévastatrice, on y adopta un rythme normal qu’on n’avait pas connu depuis presque quatre ans. Un temps où les sœurs infirmières pouvaient se consacrer un peu aux blessés mourant de soif. Où les médecins n’étaient pas obligés de soigner des soldats longtemps avant qu’ils soient vraiment morts. »

 

 

Lemaitre

 

(À demain 8h30…)

 

Voir un ami pleurer – Jacques Brel

Trois petits tours et puis revient (19) Remonter le temps…

 

mimosa

 

 

J’ai beau savoir que Facebook nous espionne, quelle surprise en me connectant, hier-matin ! Papa en photo sur mon mur, sérieux comme un pape, le dos à la mer. Dans ses bras, du mimosa, sa fleur préférée. Remonter le temps. Marseille. L’appartement face à la rade. Il y aura vécu trente-deux ans, après son départ à la retraite. Six ans jour pour jour, cette photo. Postée avec un petit lien pour l’écouter évoquer l’un des souvenirs les plus marquants de sa vie. Son destin d’instituteur de la République. Retrouver sa voix pour la première fois depuis son départ vers le Grand Tout, fin février. Arrêter le temps.

 

 

mimosa

 

(À demain 8h30…)

 

Dis, quand reviendras-tu ? – Barbara

 

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (18) Accepter de lâcher prise…

 

 

Vous aussi j’en suis sûr. En dents de scie, le sommeil. Chaotique. Nuits confinées, nuits agitées. Dormons mal. Cauchemardons. Pire avec la pleine lune. Trois, quatre, cinq fois dans la nuit, se frotter les yeux et regarder l’heure. Trop tôt pour se lever. Tourner virer sous la couette. Bailler. Et puis, allez, debout ! Déjà le jour d’après. Tenter de ne pas trop ruminer ses mauvais rêves. Accepter de lâcher prise, de partir un peu en vrille.

 

 

démonsminuit

(À demain 8h30…)

Les démons de minuit – Imagine

 

 

Trois petits tours et puis revient (17) Que sonne bientôt l’heure…

MIMIphoto

 

 

En attendant le jour d’après, leitmotiv de nos journées qui rallongent, laisser entrer en soi la tristesse et la mélancolie qui débordent du monde. Laisser sourdre sa rage aussi, en effeuillant les mots et les phrases qui fleurissent au dehors de nos confinements, sur des banderoles de fortune, dans nos villes et nos villages. Y dénicher de quoi affiner nos analyses et esquisser les contours possibles d’un bonheur commun à construire :

« Vous ne confinerez jamais notre colère ! », « Soignants sans armes », « Nous ne sommes rien sans ceux qui ne sont rien ! », « Les derniers de cordée sont devenus les premiers », « Le soin c’est de l’humain, pas du chiffre ! » « De la thune pour l’hôpital, pas pour le capital ! », « Santé, social, écologie, confiné.e.s de tous les pays, unissez-vous ! »

Espérer que sonne bientôt l’heure de sortir et d’agir.

 

 

MIMIphoto

(À demain 8h30…)

Tout le Bonheur du Monde – Sinsemilia