Entre violence et espérance

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Jacques parti vers les oiseaux
me suis laissé prendre à nouveau
dans les vibrations colorées du monde
à petites touches
voulais que ce soit doux
ce fut violent

ai une nouvelle fois eu honte
pour l’Amérique qui exclut
mais ressenti grande fierté
devant l’esprit de résistance
qui bat au pays de Donald

usa

revenu chez nous, ai tenté de rester aussi lucide que possible
devant le spectacle de la primaire du PS
moyennement emballé par Benoît Hamon mais désireux d’une gauche unie
sans faux nez
une gauche qui refuse une bonne fois pour toutes
les renoncements et les trahisons
qui jonchent le pauvre parcours du quinquennat finissant
ai mesuré qu’avons devant nous du boulot pour avancer groupés
beaucoup de boulot pour éviter
un très laid remake de 2002

melenchon

une fois n’est pas coutume
me suis posé devant l’ordi pour suivre un programme télé
regardé jusqu’au bout le documentaire que Gérard Miller
consacrait à Jean-Luc Mélenchon
son histoire, son parcours
plutôt séduit par le bonhomme
qui pourtant m’exaspère tant lorsqu’il se met en colère
me suis rappelé le titre du film de Robert Guédiguian
Dieu vomit les tièdes
ai revu le visage de mon grand-père
immigré et exploité
alors j’ai écouté Moussu T

après quoi, apaisé, suis parti retrouver Issa

Petit escargot

grimpe doucement surtout

c’est le mont Fuji !

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Un Bella Ciao pour les femmes d’Amérique

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Bien trop loin d’ici, Washington
hélas …
n’empêche hier
c’est aux côtés des innombrables femmes d’Amérique que j’ai marché
entre le Mémorial Lincoln et les abords de la Maison Blanche
ai mêlé ma voix à toutes celles
atteintes, blessées, meurtries au fond d’elle-mêmes
par la vulgarité, l’obscénité
l’irrespect envers les femmes
le mépris de toutes les différences
la xénophobie
la haine de l’étranger
véhiculés par le 45ème président des États Unis
et comme chaque fois qu’il s’agit de protester, de résister
j’ai chanté Bella Ciao *
et l’ai lancé bien haut, bien loin
jusqu’à l’Amérique outragée

* Cette version de Bella Ciao est l’œuvre de l’Académie de Chant Populaire fondée à Marseille en 1994 par Alain Aubin. Le chœur qu’il dirige interprète un répertoire riche de chants de lutte et de résistance.

Pour prolonger, c’est par ici et par ici .

Amérique, ne te retourne pas

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Ne te retourne pas
Amérique
tu as honte je sais
tu as honte, oui
Barack s’en est allé
Donald déboule
et toi tu comptes les pas
qui te mènent
jusqu’au prochain désarroi

ne te retourne pas
Amérique
tu regrettes je sais
tu regrettes, oui
Barack t’a donné des droits
Donald les croquera
et toi tu aperçois le chemin
qui te conduit
jusqu’à la prochaine fois

ne te retourne pas
Amérique
tu n’as pas oublié je sais
tu n’a pas oublié, non
Barack n’est plus là
Donald s’affiche
et toi tu mesures la voie
qui te plonge
jusqu’au prochain coma

ne te retourne pas
Amérique
bats-toi
comme Ali tu sais
bats-toi comme lui
face à l’ennemi
Barack t’accompagne
Donald s’interpose
et toi sans violence
tu continues sur le ring
qui te verra
triompher de ce visage-là

Bob Dylan – The times they are a changin’

Photo de ci-haut @ Sonia Katchian

Cuba, Estados Unidos, Si !

Enfin une heureuse nouvelle ! Les Etats-Unis et Cuba vont reprendre des relations diplomatiques. Après plus d’un demi-siècle de gel et de scandaleux embargo, Barack Obama et Raul Castro l’ont annoncé ce mercredi. C’est historique. C’est réjouissant. Du coup, pour fêter l’évènement, voici une petite mescle musicale. Par ordre d’apparition, Victor Jara, Jimi Hendrix, Buana Vista Social Club et Bruce Springsteen. Pour prolonger, lire l’article de Thomas Cantaloube sur Mediapart : Cuba, Barack Obama fait le choix du pragmatisme. Pour celles et ceux qui aiment la langue espagnole, lire l’édito du quotidien El Pais : Une nueva era.

François Angelier : Interviewer James Ellroy est un vrai sport de combat

Au Festival Quais du Polar ce week-end à Lyon, j’ai assisté à un passionnant moment de radio. James Ellroy face à François Angelier. Le boss du roman noir américain interviewé par le subtil producteur de Mauvais genres, l’émission du samedi soir sur France Culture, dédiée aux « polars, mangas, comics, et autre littérature érotique et fantastique ». Il a finement mené sa barque le journaliste, entraîné sur les flots tumultueux et sulfureux où navigue le romancier américain, entre passion pour Beethoven, amour de Los Angeles sa ville natale, et foi inébranlable en la supériorité de son Amérique. Angelier a pris plaisir – et nous aussi – à faire émerger la parole du romancier, toujours aux aguets, pas trop cabotin, très nationaliste et conservateur, un peu barré par moments et fasciné depuis toujours par le langage de la presse à scandale.

L’émission enregistrée à Lyon sera diffusée au mois de mai prochain sur France Culture. La page de l’émission, c’est par ici.

James Ellroy est aussi sur Wikipédia.

Extorsion

Extorsion, son dernier roman vient d’être publié chez Rivages.

Le feuilleton Dylan de François Bon #1

Un enchantement. Comme un cadeau surgi de l’enfance. Bob Dylan suivi pas à pas dans cette Amérique des années 40, depuis Hibbing et ses mines de fer jusqu’à New York et ses promesses. Robert Allen Zimmerman accompagné avec gourmandise par l’écrivain François Bon. Cette merveille de biographie sonore, j’en ai savouré le premier volet comme l’on se laisse aller à déguster un gros gâteau à la crème, avec plein de pépites dedans. La voix de Bob. Les textes de Bob. Les mélodies de Bob et de ceux qui furent à la source de son formidable appétit de devenir artiste, de raconter le monde. Son monde de fils d’immigrés juif dont les parents fuirent les pogroms pour le Minnesota au début du siècle passé. Le passé. Notre passé commun. Comment pousser les bords du monde m’a plongé tout entier dans le  souvenir de ces vinyls de Dylan achetés par mon père pacifiste. J’étais un tout jeune ado marseillais qui grandissait dans l’abhorration de la guerre. De toutes les guerres et donc de la guerre du Vietnam que Dylan dénonçait avec cette vigueur, cette radicalité qui nous saisissait, nous soudait aux côtés des ces Américains-là. Ce feuilleton, je l’ai découvert hier sur le tiers livre, le site que fait vivre François Bon depuis 1997. 15 épisodes il comporte – je vais de ce pas en découvrir le second épisode – ainsi qu’un dossier Bob Dylan. Il fut à l’origine diffusé sur France Culture en 2007. Puis rediffusé en 2011. Si vous vous autorisez à être gourmand comme moi, vous dénicherez dans ce tiers livre – le Tiers État, ça vous parle à vous aussi ? – d’autres feuilletons et bien d’autres nourritures – littéraires notamment – qui font du bien à l’âme, ce qui ne se refuse pas en ce début de printemps pourri par l’abstention et par les aboiements de ces « assassins d’aube » auquel Aimé Césaire nous dit qu' »il n’est pas question de livrer le monde. »

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François Bon est également l’auteur de cette biographie chez Albin Michel.