Retourner aux bouleaux

Bouleau26

Je me languissais de vous, mes chers bouleaux. Tous ces mois sans vous approcher, vous caresser, vous parler, vous embrasser. J’ai repris le chemin de la montagne et vous ai retrouvés. Jamais ne vous ai confié ce secret : vous êtes mes arbres préférés.

Votre écorce blanche est douce comme la peau des bébés. Vos crevasses ressemblent à des visages aux yeux et sourcils mystérieux et aux rides légères. Souvent, les regards que vous lancez au promeneur semblent perdus, comme figés dans le deuil car nulle réponse ne tombe dans la forêt. Parfois, bouleaux chéris, les tatouages et les hiéroglyphes que vous offrez évoquent des cœurs, des sexes féminins ou des continents à explorer.

Je reviendrai bientôt vous saluer.

Peut-être y aura-t-il de la neige…

 

On the Nature of Daylight (Transcription pour violoncelle et orchestre) – Olivia Gay et l’ Orchestre national de Cannes

Parfois la paix (Haikus de peu)

peupliers

Peupliers peuplés de pies –
parfois passe le ponant,
parfois la paix

Pauvres pioupious de passage –
parfois perce la pluie,
parfois la paix

Par dessus nos pauvres plis –
parfois pousse la plaie,
parfois la paix.

Peupliers si peu épuisés

Peupliers
peupliers
relier
les peuples
épier leurs peurs
puiser leurs sels
piller leurs rues
piler leurs pulpes
puis repus
se replier
pleurer
prier
sire
lire
si peu épuisés

Retrouver les chênes et les bouleaux

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Remonter vers les chênes et les bouleaux retrouver leurs écorces râpeuses et douces respirer profondément dans la fraîcheur du jour sentir ma peau se gercer bien sûr un peu moins souple qu’avant cette peau hé hé Papet le temps te travaille lui tire la langue lui envoie des grimaces en souriant puis cherche contact et parfum silencieux au pied des troncs dressés en majesté vers les cieux me souviens soudain de ces branchages contemplés l’hiver dernier à Tarifa nus dépouillés de feuilles tendus sous la lumière dorée tels des bras en prière pour que le printemps s’en revienne vite prière surtout je les ai entendus ces arbres pour que plus un seul migrant ne périsse en mer entre l’Afrique abandonnée et notre vieille et honteuse Europe presque à la nuit quitter les chênes et les bouleaux et rentrer écouter une histoire mise au chaud en début de semaine dans ma collection de podcasts l’histoire d’un fou d’arbres lui aussi.

Le fou d’arbres est l’un des trois personnages découverts dans l’émission Les Pieds sur terre de lundi dernier sur France Culture

Respiration #1 La rade en face

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Grand besoin de m’oxygéner
l’écrivais hier ici

sans tarder
joindre le geste à la parole

séduit suis par le site Respirations
proposé par Alexandre Liebert
et découvert grâce à Arnaud Maïsetti

simple comme un bonjour ou un bonsoir
ce rendez-vous pour vidéos qui respirent
une minute en plan fixe
avec un petit titre pour ouvrir l’imagination
et susciter le désir de respirer et de reprendre espoir

le lieu : chez mon Papa
au-dessus de la Campagne Pastré
Frioul et Mont-Rose en vue

l’heure : midi, quand le mistral continue de s’apaiser

le titre : La rade en face

et à un de ces quatre
qui sait
avec une nouvelle respiration
pour se faire du bien

Des heures de peu

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Des heures de peu
le corps et la pensée en errance
parmi les vestiges d’en bas
et les signes d’en haut
rien ou pas grand chose
qui puisse dissiper
cet arrière-goût d’abysses
qui rode et s’insinue profond
malgré l’éclatante beauté du ciel
rien ou si peu
qui puisse consoler
de tous ces siècles
à traverser sans toi désormais
mon Jacques

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Sur les feuilles comme au ciel

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Dire au revoir aux santons

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finir les chocolats

feuillesmortesetvertespoir

et repartir en forêt

marcher sur les feuilles

une halte sur le banc

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pour réécouter cette merveille

signée Marie Cosnay et Vincent Houdin

puis rentrer

colère et tristesse mêlées

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les yeux accrochés au ciel de janvier

En silence et profond jusqu’aux cieux

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Parti saluer les arbres
avec en tête
leur murmure magique raconté par Cendrine Robelin
l’autre jour sur France Culture
forêt de Brocéliande pour elle
forêt d’ici pour moi
moins dense
moins profonde
mais belle et recueillie aussi avec son bestiaire
silencieux tel un cimetière

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parlé au grand arbre-éléphant

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fait coucou au petit arbre-chouette

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souri à l’arbre-taureau

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les ai tous approchés
ai caressé leurs têtes moussues
leur ai demandé de me confier
leur vérité d’arbres coupés
privés par l’homme de majesté
réduits à l’état de souches abandonnées

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m’ont répondu que comme les humains
souffrent et crient et se plaignent parfois
que comme nous autres
meurent aussi parfois
et se retrouvent en tombe

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n’ai pas voulu les croire
je sais que jamais arbres ne meurent
sauf par le feu
et que sinon continuent de vivre
même trop tôt coupés dans leur élan
vivants sont depuis leurs racines
en silence et profond jusqu’aux cieux

Commencer l’année auprès des arbres

Avec mes jeunes enfants, commencer l’année auprès des arbres
les approcher, leur parler, les photographier
et puis écrire des mots à eux dédiés en choisissant chacun une image et une musique

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Racines, par Zoé

Si seulement nous pouvions être aussi proches que les arbres, aussi solidaires qu’eux.
Liés par de puissantes racines, sous le sol et dans les airs.
Tout ce qui unit les arbres est invisible à l’œil nu mais pourtant si réel, si palpable.
Chacun cohabite avec l’autre, laissant d’autres racines venir à lui et allant à son tour vers d’autres.
Comme une forte envie de partir, de connaître d’autres horizons tout en revenant à ses racines à chaque fois.

Frank Sinatra – Witchcraft

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L’arbre vert, par Marius

Cet arbre est resté si longtemps vert que l’on a toujours cru qu’il était une laitue.
Ses branches ont l’air tellement craquantes que j’imagine qu’elles sont des gressins.
C’est l’arbre du bonheur et de la faim.

Nekfeu – On verra

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Ta première île, par Éric

Regarde l’île sur la peau de cet arbre
là, tout en haut
toi qui vis désormais si loin de la mer
que les embruns ne te parviennent plus
qu’à fleur de souvenir
rappelle-toi ce voyage vécu loin des clairières
là où battait ton sang
retrouve le ressac des aubes d’été
tu approchais de la Corse
ta première île découverte
la revoilà
immobile et en paix
le blanc de sa lumière comme une caresse
inscrite sur l’écorce
touche-la
chéris-la
ose naviguer tout autour de crique en crique
de port en port
embarque avec toi les visages qui s’embrassent
là, tout en bas
ils se souviendront de tes pas jusqu’ici
ils n’oublieront pas ton regard
ils parleront de tes baisers
l’arbre a tant de mémoire

I Muvrini – Diu vi salve Regina

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Les arbres-plumes

arbres-plumes

Arbres géants qui côtoyez les vents
vos bras lancés en prière
sauriez nous dire comment
nous pourrions arrêter les guerres

Plumes hautes tanquées dans la chair de la terre
qu’avez-vous à raconter
qui apaiserait les blessés
les malmenés
les enragés

Arbres fiers plantés par la main de l’homme
qu’auriez-vous à chanter pour nous
qui ramènerait bientôt la paix pour tous
dans notre monde de fous

Plumes élancées rivées aux pentes sauvages
qu’auriez-vous à écrire
qui consolerait les endeuillés
les abandonnés
les niés

Arbres noirs serrés dans la froidure
tendus vers le clair du ciel
connaissez tant les larmes du monde
qu’aujourd’hui vous vous taisez

Jouer à se perdre

Jouer à se perdre
parmi les jeunes hêtres
les frôler et les embrasser

jouer à se faire peur
dans le brouillard de mai
le savoir passager

jouer à se chercher
au milieu de ces arbres
les deviner parlant

jouer à s’échapper
vers le ciel déployé
le savoir accueillant

Lève la tête

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Lève la tête
enfant de cette terre
envoie tes yeux tout là-haut
le voyage t’emmènera
vers continents nouveaux
avec ses terres d’ombres
et ses mers de lumière
ses peuplades camouflées
ses oiseaux de passage
et toujours en dessous
la bienveillance des arbres
guetteurs patients
témoins paisibles
de notre petitesse
de notre évanescence
sous les cieux infinis

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Foudroyés

Fantôme

Une plaie ouverte à la face du monde
tant de fantômes réincarnés
tant de baisers profonds mêlés
foudroyés par la grâce
terrassés par la crasse
menacés par l’oubli
mais
ils nous survivront

Sous le vent

Comme de larges voiles
offertes au ciel
se racontent leurs rêves
de lendemains sûrs
sans rafales ni blessures
leurs danses amples
caressent le ciel du soir
et de leurs voix rondes
se moquent des drapeaux

Embrasser les chênes *

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Paisibles et silencieux
m’attendaient tout en haut
les chênes aux troncs décorés

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jumeaux ou solitaires

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à peine hommes
ou vieux sages

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m’ont parlé de paix
offert sérénité

pour les remercier
les ai embrassé
puis m’en suis allé
ma maison retrouver
remonterai les saluer

* Il y a même des gens qui ont tellement embrassé les arbres qu’ils ne peuvent s’empêcher d’avoir envie d’initier les autres gens à ces embrassades 🙂

De haut en haut

Là-haut
entre neige et nuages
serais bien resté
jusqu’au départ silencieux
du dernier flocon
aurais bien cheminé
jusqu’au bout de l’hiver
sans effrayer les bêtes
me serais attardé entre les arbres
caché près des cascades
loin des horizons perdus
des violences lues
aurais ressuscité l’espérance engloutie depuis ton envol
serais peut-être passé tout près
des traces laissées par toi du temps de ta splendeur
lorsque tu avançais toi aussi par là-haut
entre neige et nuages
et souriais aux sommets

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Peupliers

peupliers

Peupliers poudrés d’or
que lancent
vos prières vers la lune ?
les entends mais ne les comprends pas
parlerais bien le langage des arbres
il bruisse, grince, craque et gémit parfois
s’agenouiller pour écouter
au pied, là, juste au pied des troncs
puis
se tordre le cou vers les cimes
puis
clore paupières
puis
renifler les écorces
y laisser danser les paumes
guetter encore la montée des psaumes
éprouver ma petitesse

Bill Evans & Chet Baker – Alone Together

Soudain, une cascade

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Avancer parmi les mélèzes et les pins à crochets
le souffle ample
le pas accroché au sentier
les sens aux aguets
longtemps cheminer vers le cœur de la forêt
dans le silence à peine rayé par le clac clac du bâton
jusqu’à ce murmure soudain
crescendo
la voix sûre d’une cascade
tombée d’entre le ciel et les roches
résister à l’appel de la baignade
trop glacé l’air de l’hiver
trop d’épaisseurs à ôter
alors, remplir la gourde
saluer la dame
puis repartir embrasser les bouleaux en contrebas

Au sommet des grands pins

Se jucher tout là-haut. Respirer tant qu’il est encore temps. Écouter le silence. Relire Kobayashi Issa.

D’une voix jaune

le rossignol

appelle ses parents

 

Promener sur le sentier de pluie

Marché deux bonnes heures en pleine campagne sous la pluie. Sentier jonché de feuilles. Flaques. Boue. Châtaigners et pins. Quelques petites bambouseraies. Quelques troncs d’arbres assassinés. Longé des fossés gorgés d’eau et un séchoir à tabac abandonné. Un peu de houx, nombre de bourgeons d’hiver et d’oiseaux frigorifiés. Comment font-ils tous ceux qui n’ont pas de toit ?

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Les oiseaux du stade au crépuscule

Au crépuscule, accompagné Marius à son entraînement de foot. Quelques oiseaux aux premières loges du stade bordé de grands arbres et de quelques rues, avec le trafic routier en bruit de fond.

Ouvrir les fenêtres à l’automne

Ouvrir grandes ses fenêtres et respirer la campagne ariégeoise. Se retrouver face aux arbres avec plein d’oiseaux dedans. Savourer ce beau matin d’automne. Se dire qu’en bas, sur l’autre moitié du globe, le printemps installe son empreinte sur la terre comme au ciel. Rêver de s’envoler pour l’Argentine ou le Chili. Imaginer le Cap Horn. Revenir ici-bas la tête dans les nuages.

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La petite mésange charbonnière

Dans un grand parc de Marseille l’autre jour. Parti pour me rapprocher le plus possible d’une pie qui jacassait à tue tête. Arrivé au pied des grands arbres, envolée plus loin la pie. Noyée parmi les cris d’enfants qui naviguaient depuis un jardin en contrebas. Me suis alors planté en face d’un gros tronc d’arbre. Observé les allées et venues de la mésange qui nourrissait ses petits. Un merveilleux ballet entre le nid, au creux de l’arbre, et le ciel.

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Sortir juste la tête avant de s’envoler

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Repartir en quête d’insectes.

Repos et contemplation dans les Alpes

C’est une nouvelle carte postale sonore reçue de mon ami Jean Bernard. En ballade avec sa chérie au Domaine de Charance au-dessus de Gap, il nous emmène parmi les fleurs, les arbres et les fontaines. La vraie vie d’un Jean, gentil comme tout de penser à partager ce moment paisible et charmant.

Feuilles, pierre et arbres, menu langage

Dans le grand vent sur l’allée verte, des feuilles de chêne caressent un vieux pont de pierre. Autrefois y passaient des locomotives. Un peu plus loin, deux arbres se mêlent, se frottent et gémissent, indifférents au chant de quelques oiseaux.

anciennevoieferréerL’allée verte, ancienne voie ferrée, entre Salies-de-Béarn et Escos.

En contrebas, le travail des hommes.

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Au chevet du chêne du Millénaire

Une balade vers les quais de la Garonne hier après-midi à Bordeaux et soudain, des bruits sourds, métalliques surgissent d’un atelier en plein air. Dans le quartier de Bacalan, non-loin du fleuve, tomber sur les Vivres de l’art, une résidence artistique et un lieu cosmopolite dédiés à la création. Jusqu’au mois prochain, fers à souder, clés à molette et masses en main, des artistes vont continuer de se porter au chevet du chêne du Millénaire, à l’initiative du sculpteur Jean-François Buisson.

Le projet, les évènements et les artistes de Les Vivres de l’art, c’est par ici.

Caresser les pins

Avant le lever du jour, avant que le mistral forcisse, nous sommes retournés caresser les arbres. Nous les avions embrassés hier en promenant dans les collines de Marseilleveyre.

Communiquer avec les arbres, c’est aussi par ici.

Tyroliennes

Arbre et aventure en Pays Dignois est un très beau site en pleine forêt, où sont aménagés des parcours « accrobranches » entre les pins. Les enfants s’y régalent à grimper. Ils apprécient la variété des ateliers qui leur sont proposés, et tout particulièrement les longues Tyroliennes

Le site d’Arbre et Aventure en Pays Dignois

 

Sénégal # 2 Le fromager, arbre protégé

Sur l’île sénégalaise de Mar Lodj, dans le delta du Siné Saloum – à 150 kilomètres au sud de Dakar, pas loin de la Casamance – un homme est assis près de l’église, surplombée par trois arbres : un rônier, un caïlcedrat et un fromager. Symbole de la cohabitation paisible des trois religions pratiquées sur l’île – l’islam, le christianisme et l’animisme –  ils  entremêlent leurs troncs.

***Remerciements à Chantal, notre reporter de sons envoyée spéciale au Sénégal

Les arbres du Sénégal
L’association ReforestAction
Sur Twitter @reforestaction