Peupliers peuplés de pies –
parfois passe le ponant,
parfois la paix
Pauvres pioupious de passage –
parfois perce la pluie,
parfois la paix
Par dessus nos pauvres plis –
parfois pousse la plaie,
parfois la paix.
Récits, lectures à voix haute, nouvelles, photos, vidéos et autres curiosités
Peupliers peuplés de pies –
parfois passe le ponant,
parfois la paix
Pauvres pioupious de passage –
parfois perce la pluie,
parfois la paix
Par dessus nos pauvres plis –
parfois pousse la plaie,
parfois la paix.
Y retourner
aller les toucher
les caresser
respirer
s’éterniser
Remonter vers les chênes et les bouleaux retrouver leurs écorces râpeuses et douces respirer profondément dans la fraîcheur du jour sentir ma peau se gercer bien sûr un peu moins souple qu’avant cette peau hé hé Papet le temps te travaille lui tire la langue lui envoie des grimaces en souriant puis cherche contact et parfum silencieux au pied des troncs dressés en majesté vers les cieux me souviens soudain de ces branchages contemplés l’hiver dernier à Tarifa nus dépouillés de feuilles tendus sous la lumière dorée tels des bras en prière pour que le printemps s’en revienne vite prière surtout je les ai entendus ces arbres pour que plus un seul migrant ne périsse en mer entre l’Afrique abandonnée et notre vieille et honteuse Europe presque à la nuit quitter les chênes et les bouleaux et rentrer écouter une histoire mise au chaud en début de semaine dans ma collection de podcasts l’histoire d’un fou d’arbres lui aussi.
Le fou d’arbres est l’un des trois personnages découverts dans l’émission Les Pieds sur terre de lundi dernier sur France Culture
Grand besoin de m’oxygéner
l’écrivais hier ici
sans tarder
joindre le geste à la parole
séduit suis par le site Respirations
proposé par Alexandre Liebert
et découvert grâce à Arnaud Maïsetti
simple comme un bonjour ou un bonsoir
ce rendez-vous pour vidéos qui respirent
une minute en plan fixe
avec un petit titre pour ouvrir l’imagination
et susciter le désir de respirer et de reprendre espoir
le lieu : chez mon Papa
au-dessus de la Campagne Pastré
Frioul et Mont-Rose en vue
l’heure : midi, quand le mistral continue de s’apaiser
le titre : La rade en face
et à un de ces quatre
qui sait
avec une nouvelle respiration
pour se faire du bien
Sous les grands pins
se prendre pour une fourmi
allongée sur le dos
Des heures de peu
le corps et la pensée en errance
parmi les vestiges d’en bas
et les signes d’en haut
rien ou pas grand chose
qui puisse dissiper
cet arrière-goût d’abysses
qui rode et s’insinue profond
malgré l’éclatante beauté du ciel
rien ou si peu
qui puisse consoler
de tous ces siècles
à traverser sans toi désormais
mon Jacques
Dire au revoir aux santons
finir les chocolats
et repartir en forêt
marcher sur les feuilles
une halte sur le banc
pour réécouter cette merveille
signée Marie Cosnay et Vincent Houdin
puis rentrer
colère et tristesse mêlées
les yeux accrochés au ciel de janvier
Parti saluer les arbres
avec en tête
leur murmure magique raconté par Cendrine Robelin
l’autre jour sur France Culture
forêt de Brocéliande pour elle
forêt d’ici pour moi
moins dense
moins profonde
mais belle et recueillie aussi avec son bestiaire
silencieux tel un cimetière
parlé au grand arbre-éléphant
fait coucou au petit arbre-chouette
souri à l’arbre-taureau
les ai tous approchés
ai caressé leurs têtes moussues
leur ai demandé de me confier
leur vérité d’arbres coupés
privés par l’homme de majesté
réduits à l’état de souches abandonnées
m’ont répondu que comme les humains
souffrent et crient et se plaignent parfois
que comme nous autres
meurent aussi parfois
et se retrouvent en tombe
n’ai pas voulu les croire
je sais que jamais arbres ne meurent
sauf par le feu
et que sinon continuent de vivre
même trop tôt coupés dans leur élan
vivants sont depuis leurs racines
en silence et profond jusqu’aux cieux
Avec mes jeunes enfants, commencer l’année auprès des arbres
les approcher, leur parler, les photographier
et puis écrire des mots à eux dédiés en choisissant chacun une image et une musique
Racines, par Zoé
Si seulement nous pouvions être aussi proches que les arbres, aussi solidaires qu’eux.
Liés par de puissantes racines, sous le sol et dans les airs.
Tout ce qui unit les arbres est invisible à l’œil nu mais pourtant si réel, si palpable.
Chacun cohabite avec l’autre, laissant d’autres racines venir à lui et allant à son tour vers d’autres.
Comme une forte envie de partir, de connaître d’autres horizons tout en revenant à ses racines à chaque fois.
Frank Sinatra – Witchcraft
L’arbre vert, par Marius
Cet arbre est resté si longtemps vert que l’on a toujours cru qu’il était une laitue.
Ses branches ont l’air tellement craquantes que j’imagine qu’elles sont des gressins.
C’est l’arbre du bonheur et de la faim.
Nekfeu – On verra
Ta première île, par Éric
Regarde l’île sur la peau de cet arbre
là, tout en haut
toi qui vis désormais si loin de la mer
que les embruns ne te parviennent plus
qu’à fleur de souvenir
rappelle-toi ce voyage vécu loin des clairières
là où battait ton sang
retrouve le ressac des aubes d’été
tu approchais de la Corse
ta première île découverte
la revoilà
immobile et en paix
le blanc de sa lumière comme une caresse
inscrite sur l’écorce
touche-la
chéris-la
ose naviguer tout autour de crique en crique
de port en port
embarque avec toi les visages qui s’embrassent
là, tout en bas
ils se souviendront de tes pas jusqu’ici
ils n’oublieront pas ton regard
ils parleront de tes baisers
l’arbre a tant de mémoire
I Muvrini – Diu vi salve Regina
Arbres géants qui côtoyez les vents
vos bras lancés en prière
sauriez nous dire comment
nous pourrions arrêter les guerres
Plumes hautes tanquées dans la chair de la terre
qu’avez-vous à raconter
qui apaiserait les blessés
les malmenés
les enragés
Arbres fiers plantés par la main de l’homme
qu’auriez-vous à chanter pour nous
qui ramènerait bientôt la paix pour tous
dans notre monde de fous
Plumes élancées rivées aux pentes sauvages
qu’auriez-vous à écrire
qui consolerait les endeuillés
les abandonnés
les niés
Arbres noirs serrés dans la froidure
tendus vers le clair du ciel
connaissez tant les larmes du monde
qu’aujourd’hui vous vous taisez
Jouer à se perdre
parmi les jeunes hêtres
les frôler et les embrasser
jouer à se faire peur
dans le brouillard de mai
le savoir passager
jouer à se chercher
au milieu de ces arbres
les deviner parlant
jouer à s’échapper
vers le ciel déployé
le savoir accueillant
Lève la tête
enfant de cette terre
envoie tes yeux tout là-haut
le voyage t’emmènera
vers continents nouveaux
avec ses terres d’ombres
et ses mers de lumière
ses peuplades camouflées
ses oiseaux de passage
et toujours en dessous
la bienveillance des arbres
guetteurs patients
témoins paisibles
de notre petitesse
de notre évanescence
sous les cieux infinis
Comme de larges voiles
offertes au ciel
se racontent leurs rêves
de lendemains sûrs
sans rafales ni blessures
leurs danses amples
caressent le ciel du soir
et de leurs voix rondes
se moquent des drapeaux
Paisibles et silencieux
m’attendaient tout en haut
les chênes aux troncs décorés
jumeaux ou solitaires
à peine hommes
ou vieux sages
m’ont parlé de paix
offert sérénité
pour les remercier
les ai embrassé
puis m’en suis allé
ma maison retrouver
remonterai les saluer
* Il y a même des gens qui ont tellement embrassé les arbres qu’ils ne peuvent s’empêcher d’avoir envie d’initier les autres gens à ces embrassades 🙂
Là-haut
entre neige et nuages
serais bien resté
jusqu’au départ silencieux
du dernier flocon
aurais bien cheminé
jusqu’au bout de l’hiver
sans effrayer les bêtes
me serais attardé entre les arbres
caché près des cascades
loin des horizons perdus
des violences lues
aurais ressuscité l’espérance engloutie depuis ton envol
serais peut-être passé tout près
des traces laissées par toi du temps de ta splendeur
lorsque tu avançais toi aussi par là-haut
entre neige et nuages
et souriais aux sommets
Peupliers poudrés d’or
que lancent
vos prières vers la lune ?
les entends mais ne les comprends pas
parlerais bien le langage des arbres
il bruisse, grince, craque et gémit parfois
s’agenouiller pour écouter
au pied, là, juste au pied des troncs
puis
se tordre le cou vers les cimes
puis
clore paupières
puis
renifler les écorces
y laisser danser les paumes
guetter encore la montée des psaumes
éprouver ma petitesse
Bill Evans & Chet Baker – Alone Together
Avancer parmi les mélèzes et les pins à crochets
le souffle ample
le pas accroché au sentier
les sens aux aguets
longtemps cheminer vers le cœur de la forêt
dans le silence à peine rayé par le clac clac du bâton
jusqu’à ce murmure soudain
crescendo
la voix sûre d’une cascade
tombée d’entre le ciel et les roches
résister à l’appel de la baignade
trop glacé l’air de l’hiver
trop d’épaisseurs à ôter
alors, remplir la gourde
saluer la dame
puis repartir embrasser les bouleaux en contrebas