Retour au Japon – zuruzuru 日本 #8

Au restaurant de rāmen, らーめん, l’un des plats caractéristiques de la gastronomie japonaise, je souris en écoutant les slurp des clients qui me font face. Au Japon, comme en Chine d’ailleurs, il n’est pas impoli d’approcher son visage et sa bouche du bol ou de l’assiette et d’aspirer les pâtes et le bouillon dans lesquelles elles baignent. Ce son, les Japonais le décrivent avec le mot zuruzuru,ずるずる. Le z se prononçant comme un s et le r se prononçant quasiment comme un l, j’avoue que c’est assez ressemblant. Zu Zu-tsu, ずずっ, c’est pour quand on mange la soupe. MushaMusha, ムシャムシャ, c’est pour retranscrire le bruit d’une mastication rapide. En discutant avec une amie de Tokyo, j’apprends que les Japonais sont très inventifs et créatifs en matière d’onomatopées, les Giseigo, ぎせいご. Ainsi, la grenouille fait Kero Kero, けろけろ, le canard GaaGaa, がーがー, l’abeille BunBun, がーがー. Dans un autre registre, je découvre que le bruit de la pluie qui tombe est PotsuPotsu,ぽつぽつ, celui du cœur qui palpite fort est DokiDoki, どきどき et que la sensation de douceur s’exprime avec ZaraZara, さらさら. Quant au son MoshiMoshi, もしもし, qui correspond à notre allô !au téléphone, j’apprends qu’il provient de Moosu, もうす. Ce mot signifiait parler dans l’ancien temps du shogunat, c’est à dire du gouvernement militaire qui dirigea le Japon, de la fin du 12e siècle à la révolution de l’ère Meiji, en 1868, qui marqua le début d’une politique de modernisation du Japon. C’est à partir de cette époque que les Japonais commencèrent à manger du rāmen, puisque le recette fut inspirée de la cuisine chinoise – le mot rāmen est emprunté au mot lāmiàn en mandarin, 拉面 – et importée de Chine à la fin du 19e siècle.

(… à suivre)

Shanghai est un bruit de fond

 

 

Vas-y engouffre-toi dans la ville tu sors de l’avion et l’air moite caresse ta vieille peau tu cherches un coin de soleil un coin de bleu mais tu te souviens qu’ici le gris habille le ciel alors tu hausses les épaules et tu retrouves le bruit de fond de la ville qui te voit apparaître chaque année lorsque se pointe la fin de l’été tu souris au chauffeur de taxi lui dis bonjour Ni Hao et tu te poses face à la route qui avance maintenant vers l’autre bout vers l’ouest et tu lis un gros quarante cinq écrit en rouge tu crois il te semble que c’est bien peu quarante cinq kilomètres pour aller de l’autre côté de Shanghai où tu es attendu c’est plutôt soixante tu te dis alors tu respires un grand coup et tu commences à tenter de parler un peu avec le jeune homme aux deux téléphones un pour le GPS et l’autre pour tchatcher avec un collègue tu penses que c’est par WeChat c’est autorisé ici au volant tu te demandes mais tu t’en moques car il est père de famille tu comprends que son enfant a trois ans il te montre les années avec ses doigts l’auriculaire replié avec le pouce ils énoncent les chiffres ainsi avec les doigts les Chinois tu t’en souviens Clément te l’a montré cet été tu as un peu révisé avec lui tout comme les mots de chinois qui te permettent d’échanger avec le chauffeur qui est tout sourire en te disant que tu parles bien alors tu réponds que tu adores parler chinois même si c’est difficile et l’écrire encore bien plus il te demande si le français c’est dur aussi tu réponds que oui alors il met la radio chinese music il te dit avec un zeste d’ironie c’est de la musique au mètre avec paroles en chinois il danse un peu sur son siège en souriant encore puis il baisse la vitre se racle la gorge et crache vers le bas côté lorsque la voiture ralentit car les embouteillages commencent à freiner le flot de véhicules dans la nuit installée maintenant sur la ville ça klaxonne moins que l’an passé tu te dis sauf les gros camions verts sur la droite bondés de travailleurs aux visages épuisés avec derrière des remorques chargées de rouleaux de fil de fer de plaques de béton de tuyaux géants car ça construit à tour de bras à Shanghai tu le sais bien que la ville pousse vers l’ouest chaque jour davantage cet ouest où tu arrives maintenant tu reconnais le quartier la station service le practice de golf avec ses hauts filets de protection l’hôtel un peu moisi d’en face le restaurant italien où la pizza se défend et l’établissement de massages au parking qui ne désemplit pas tu passes le poste de garde et tu arrives au bout de l’allée il y a des drapeaux chinois fixés sur les poteaux électriques parce que bientôt la Chine fête l’anniversaire de la création de la République populaire ça y est tu descends et marches à présent dans l’air tiède et déjà les grillons font cri cri cri doucement tu avances vers la maison où tu es attendu pour l’anniversaire de Raphaël deux ans tout juste le pitchounet que tu chéris de tout ton cœur et tu sais que tu vas fondre en l’embrassant .

Le manège et Clément

Il est parfois des moments où surgissent de surprenants contrastes sonores. A chaque fois, la cohabitation de ces sons me titille l’oreille. Exemple hier, ce que j’ai entendu auprès du manège où mon petit-fils Clément, 3 ans et demi, s’était installé pour quelques tours, tandis que nous patientions sous une pluie battante…

 Et forcément, ceci me rappelle le merveilleux Manège enchanté