Dans le Tanger de Candice Nguyen

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Il faudrait pouvoir dérouler la longue contemplation
du détroit de Gibraltar et de Tarifa :
cette Europe qui semble si proche, si proche…
combien de personnes noyées entre ses bras ?
déstabilisant le vertige ressenti ici
depuis le petit muret sur lequel nous sommes assis.

Ils résonnent fort en moi ces mots de Candice Nguyen publiés dans son Carnet tangérois me souviens que début mars à Tarifa de ce côté-ci de la mer avais marché avec mon amoureuse jusqu’au bout de la digue qui mène à l’Île des Colombes le point le plus au sud de l’Europe l’endroit où se mélangent l’Atlantique à droite en regardant la mer et la Méditerranée à gauche avec le Maroc en face juste là on touchait presque Tanger nous étions émerveillés devant ce ballet des flots avions senti aussi monter en nous de la honte devant cette Méditerranée qui pleure tant de migrants disparus noyés à quelques brassées à peine de notre continent tellement égoïste ensuite je me souviens avions hésité un moment à prendre un ferry et partir découvrir Tanger et puis non trop court pas assez de temps devant nous une journée bien trop court Tanger ne se déguste pas au pas de course alors en remontant vers Cadix et Séville nous sommes promis d’y aller sans tarder en prenant vraiment le temps cette ville magique Candice l’a arpentée l’a respirée l’a lue l’a photographiée y a écrit combien de temps est-elle restée je ne sais mais de là-bas elle a ramené un Carnet tangérois tellement beau tellement touchant que je ne résiste pas au plaisir d’en lire à voix haute un extrait Le Café à l’anglaise ça s’appelle

à Tanger irons bientôt j’espère Inch’Allah boire le thé et parler avec ces femmes magnifiques qui le tiennent en écoutant Sabâ Peşrev – Tanburi Büyük Osman Bey découvert grâce à Candice.

 

Photo de ci-haut @CandiceNguyen

 

Bach, Candice et Sama

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Pas un jour sans Bach violoncelle seul les six suites m’accompagnent en écriture Rostropovich Casals bien sûr et Queyras au jeu moins lyrique moins romantique disons davantage protestant l’écoute religieusement et l’emmène avec moi regarder les grues passer là-haut près des des traces fugaces laissées par les avions

un peu de Twitter aussi juste ce qu’il faut pour rester connecté avec celles et ceux dont j’aime la petite musique et justement hier un tweet de Candice Nguyen exilée à Montréal pour combien de temps je ne sais quand reviendra à Marseille reviendra-t-elle mystère mais savoir que tout le temps où je veux quand je veux sa merveille de site m’est ouverte

 

et donc ce tweet qui ouvre la curiosité « Un après-midi avec Sama, la DJ qui a ramené la techno en Palestine » et là je clique découvre l’interview de l’artiste dans Noisey son courage son engagement sa liberté de ton et en quelques minutes par la magie du Web passe du Québec à Ramallah en me disant que Twitter quand même c’est chouette j’écris quand même parce que souvent las me trouve devant la foire aux egos on s’aime mais surtout on aime qu’on nous aime vous me comprenez hein mais bon avec Candice c’est un autre feeling jamais déçu suis par sa curiosité sa poésie et son talent pour partager voilà à mon tour je partage avec plaisir les morceaux de Sama découverts alors que la nuit tombe ici qu’il commence à faire froid dehors moins beaucoup moins qu’à Montréal mais tellement chaud dedans comme à Ramallah cette musique c’est de la régalade.

https://soundcloud.com/sama_saad

 

Au pays des lichens et des baleines

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Il est des froids qui réchauffent l’âme
des gels qui pansent les plaies
des blancs profonds tels le silence
et des bleus en majesté
il est des départs qui caressent
des mots qui jamais ne blessent
il est des voyages qui bouleversent
des découvertes qui émerveillent
il est des humains qui partagent
et ouvrent le cœur au beau
il est des femmes qui se posent là
portées par la lumière du monde
Candice Nguyen est de celles-là

ses carnets du froid sont des bijoux
tout y scintille de vivant et d’humain
mots
photos
vidéo

j’ose y mêler le son
à voix haute
haute comme ce point sur la carte
sud de Maniitsoq, Groenland
où se pose et nous entraîne
au pays des lichens et des baleines
Candice Nguyen

* Ces carnets du froid vous attendent sur l’Autre Quotidien, parmi d’autres pépites.
Candice y est chroniqueuse de l’ailleurs.

* Photos ce ci-haut @CandiceNguyen

* La retrouver sur son journal et sur Twitter @theoneshotmi

a. il/leurs / Le poétique et sonore #VaseCommunicant de Candice Nguyen

[vimeo 97198026 w=500 h=281]

Avec Candice Nguyen, nous partageons un pays de connaissance qui s’appelle Marseille. Depuis plus de vingt-six siècles, notre ville est le pays de tous les accueils et de toutes les mescles. De tous les ailleurs.

Ailleurs. Regardez-le bien ce mot. Pouvez jouer avec lui. Il a deux ailes. Singulier, il s’écrit comme un pluriel. Il est tourné vers les autres. Vers leurs ailleurs.

Ce mot, nous l’aimons tant que nous avons choisi de le célébrer comme une fleur à créer et à composer comme il nous plaît. À déposer dans nos deux vases communiquants. Chacun dans l’espace de l’autre. En ce mois de juin 2014, je suis heureux et fier d’accueillir l’ailleurs poétique et mystérieux inventé par Candice. Raconté en mots et en musique. Une musique venue d’un ailleurs lointain puisqu’il est australien.

J’ai reçu ce vase avec ravissement hier à mon retour d’Afrique. Cette Afrique d’où j’ai ramené le mien que Candice me fait l’honneur d’accueillir chez elle.

Un chaleureux merci à Brigitte Célérier, qui mois après mois veille avec grande attention et générosité aux rendez-vous des vases.

Remerciements aussi à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – . Sans eux, les Vases Communicants n’existeraient pas. Ce projet est simple et beau : le premier vendredi du mois,  chacun écrit et publie sur le blog d’un autre. Un autre de son choix à inviter selon son envie. La circulation est horizontale, histoire de produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous tente, faites le savoir sur le groupe dédié sur Facebook, sur Twitter ou sur le blog http://rendezvousdesvases.blogspot.fr, qui vous permet aussi de circuler à votre guise entre les vases.

 

 

Soudain, de la grêle partout

L’orage n’a duré qu’une poignée de minutes. Suffisamment pour coiffer la ville d’un blanc grêlé qui nous a fait retomber en hiver. Dans le ciel gris sale, j’ai lu comme un écoeurement teinté de vilaine pitié pour ce pays, notre pays, – et notamment ma région – qui se laisse meurtrir sans trop broncher par les assassins d’horizon.

horizon

Cette photo est signée Candice Nguyen. Elle l’a postée sur Twitter dimanche-soir depuis Marseille. Comme moi, elle voyage avec les mots, les sons et les lumières du monde. Je vous recommande son superbe blog. C’est par ici.