Le crépuscule n’en finit pas de s’éterniser. Comme s’il refusait de laisser la place à la nuit noire. Il s’étire dans l’air doux de mai, il lambine, il palpite de bleu doré. Si je le quitte des yeux, juste une seconde ou le temps d’un battement de paupière ou du passage d’une abeille égarée, le voilà absorbé par l’encre de la nuit. Survient alors l’heure de la chouette. L’écouter hululer puis demander aux étoiles qu’elles guident ses prières.
Étiquette : ciel
Crépuscule
Crépuscule
crépuscule
ce peu
lu ces lueurs pressées
ces crues
épelé leur sel
sucé leur suc
pleuré
S’il te plaît
Ne me dis pas que ce fut un mirage non raconte-moi plutôt quels oiseaux chantaient là juste à côté de toi lorsque apparut cette merveille oui vas-y dis-moi leur plumage la taille de leur bec la grâce de leurs ailes dépeins-moi le dessin des écorces les nervures des feuilles la trame des rameaux d’où se lançaient leurs voix décris-moi s’il te plaît les secondes offertes à la peine du ciel lorsque tu pris ton envol vers là-bas.
Ce miracle
Juste avant la naissance du crépuscule il arrive que des mots s’échangent en silence d’arbre à ciel et de feuilles à lune toi aussi tu parles au chaud de ton désir que tes yeux s’ouvrent demain encore sur ce miracle.
Les grues sauvages
Tarifa #4 Tant de mystère
Ciel de nos cieux
immense ciel de nos songes
quelle merveille ou quel désastre
t’efforces-tu d’annoncer
jour après jour
lorsque le soleil baisse
et lorsque la mer s’étonne
de recevoir encore tant de mystère
Elles sont de retour
Juste le temps
de lever les yeux
et les voilà disparues
les grues sauvages
de retour des pays chauds
après à peine
deux mois d’hiver
Ce moment fugace de contemplation
m’a évoqué
deux haïkus
Une pierre pour oreiller
j’accompagne
les nuages
Taneda Santoka
( 1882 – 1939 )
Rien qui m’appartienne
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l’air
Kobayashi Issa
( 1763 – 1828 )
Des heures de peu
Des heures de peu
le corps et la pensée en errance
parmi les vestiges d’en bas
et les signes d’en haut
rien ou pas grand chose
qui puisse dissiper
cet arrière-goût d’abysses
qui rode et s’insinue profond
malgré l’éclatante beauté du ciel
rien ou si peu
qui puisse consoler
de tous ces siècles
à traverser sans toi désormais
mon Jacques
Puiser
Puiser
tout au fond du ciel
la lumière d’hiver
journées avancent
à peine rallongent mais
y puiser le feu
vers d’autres matins
Nos chemins se rejoignent
Au cœur du crépuscule –
la lune s’égare,
nos chemins se rejoignent.
J’offre ce haïku à Thomas Pesquet
ses tweets poétiques me font tellement rêver
Jouer à se perdre
Jouer à se perdre
parmi les jeunes hêtres
les frôler et les embrasser
jouer à se faire peur
dans le brouillard de mai
le savoir passager
jouer à se chercher
au milieu de ces arbres
les deviner parlant
jouer à s’échapper
vers le ciel déployé
le savoir accueillant
Lève la tête
Lève la tête
enfant de cette terre
envoie tes yeux tout là-haut
le voyage t’emmènera
vers continents nouveaux
avec ses terres d’ombres
et ses mers de lumière
ses peuplades camouflées
ses oiseaux de passage
et toujours en dessous
la bienveillance des arbres
guetteurs patients
témoins paisibles
de notre petitesse
de notre évanescence
sous les cieux infinis