C’est un coffret de planches illustrées, de reproductions de toiles de Cézanne. Sur la tranche, dix lettres : CÉZANNE en gros caractères et N.E.F. , pour Nouvelles Éditions Françaises, en plus petit. C’est avec ce livre au format 32,5 cm x 24 cm que mon père m’a fait découvrir les grands peintres, comme il aimait me les présenter. – Regarde comme c’est beau ! , il me disait, en s’attardant sur les toiles peintes à Marseille. Je me souviens de Neige fondue à l’Estaque, paysage d’hiver à la tonalité noirâtre, si proche de celle qui empreint parfois ma ville les longs jours sombres d’hiver. Je me souviens aussi de Le golfe de Marseille vue de l’Estaque, qui m’offrait un inédit panorama sur la cité. Inédit pour moi, petit Marseillais accroché à mon quartier d’Endoume, baigné par la mer certes, mais d’où ne me sautait aux yeux que le contre-champ de cette toile.
Ce livre m’a aussi plongé dans l’univers des mots qui décrivent la peinture puisque au verso de chacune des planches figurait un texte racontant le rapport du peintre à la toile. Plus tard, je me surprendrai parfois en visitant une exposition à porter d’abord mon regard sur la description et le titre de la toile plutôt que sur la peinture elle-même… J’essaie de me corriger… Dans la bibliothèque de mon père depuis les années 60, ce Cézanne est rangé aux côtés d’autres coffrets aux noms mythiques Van Gogh, Renoir, Monet, Toulouse-Lautrec, notamment. D’autres très belles découvertes d’enfance. J’y reviendrai ici.