Printemps #2 Des voix et le Mont Fuji

Rien de bien neuf avec la nouvelle saison. Je me suis installé devant le printemps naissant dans l’une de mes positions préférées, celle de l’auditeur réfugié sur son île numérique. Et tiens, d’abord, je suis resté fasciné par ces mains sur le Nagra. Elles appartiennent au sculpteur de sons Yann Paranthoën. Je les ai observées en regardant sur la plateforme Tenk le documentaire que lui consacra Pilar Arcila en 2007. Elles montèrent et ciselèrent tant et tant d’émissions et de documentaires, ces mains d’or. Ces mains d’artiste artisan. C’était au temps où la radio se faisait en bande et prenait encore le temps de se ficher de l’air du temps… Paranthoën était breton, fils de tailleur de pierre. Il fut comme un pape de la sculpture de sons, de la création radiophonique. Créatif est un mot minuscule pour qualifier le bonhomme, tant sa patte apporta au genre pendant des décennies. Tant son œuvre reste un patrimoine légué à tous les amoureux et passionnés d’histoires sonores. En écoutant Yann Paranthoën, je suis aussi resté fasciné par son timbre de voix. Doux, juvénile. Comme s’il s’était arrêté à la lisière de la contrée des adultes. Écoute-la à ton tour cette voix, raconter un petit peu de ce qui fut son art.

Samedi, pour me préparer en beauté à dormir soixante minutes de moins – le passage à l’heure d’hiver, avec ses jours qui rallongent, est toujours un moment de l’année que j’attends impatiemment, ce qui était bien moins le cas quand mes minots étaient petits – je suis allé au concert. Au concert ? Parfaitement. Oh, rien de clandestin, non. Très officiel ce concert. À visages découverts. Moussu T et les Jovents nous avaient donné rendez-vous sur Facebook depuis l’Espace Culturel Busserine à Marseille. Pas de public, évidemment. C’était leur premier concert depuis un an. Ils n’ont pas larmoyé sur leur sort, les collègues de La Ciotat, non. Ils ont juste rappelé que comme l’ensemble des artistes, ils désiraient être considérés, respectés. Et que cesse le mépris et l’abandon dans lequel ils sont laissés. Les applaudissements après chaque chanson nous ont manqué. Hélas pas de oaï ni de distribution de pastaga comme jadis aux concerts de Massilia, mais une totale régalade, par écran interposé. Allez, on s’écoute Mademoiselle Marseille.

MoussuT FB

Sinon, dans la série spectacle virtuel, il y a aussi ces quelques photos du Mont Fuji que je bade chaque jour. Monter un jour tout là-haut est l’un de mes plus grands rêves. Je crains de devoir patienter encore quelques années avant de le réaliser. Se satisfaire de le contempler et d’en partager toute la beauté, grâce au photographe japonais Hashimuki Makoto.

Hashimuki Makoto est aussi sur Instagram

Shanghai est un concert de saxos

saxophonistes

Es retourné au parc Fuxing respirer une dernière fois parmi la foule vivante et attachante danseurs amoureux enfants joyeux vieillards fatigués mamans à bébés dompteurs de cerfs volants copines à frisbees gardiens à casquettes solitaires endormis joueurs de mah-jong mangeurs d’insectes marchands de ballons tapeurs de carton jardiniers appliqués ados boutonneux adeptes du tai chi couples muets mendiants exténués t’es empli de leur énergie et les as salué de l’intérieur juste avant la sortie t’es arrêté un instant happé par un concert de saxophones trois joueurs un assis sur son banc face à sa partition un peu hésitant dans son jeu les deux autres debout un peu plus loin sans notes davantage dans la maîtrise de leurs instruments ai imaginé Jean-Marc ton ami guitariste improviser avec eux ça aurait de la gueule aussi ce concert-là puis as repris le métro retrouver Noémie Dawei et les pitchouns pour une dernière soirée tous ensemble.

Aux premières loges

auxpremieresloges

Dresser l’oreille
juste avant les éclairs
dans la moiteur de l’air
ma rue est un concert
piano, violon et hirondelles

encore quelques mesures
et le tonnerre approche
la féerie du matin
s’enfuit le long des murs
je reviendrai demain

 

Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous

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L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris

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costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg

leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi

leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori

redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs

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OJIKELE (le chant de ci-haut)

Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions

 

SévillHaïku #9 Une Toccata pour Murillo

Sur son orgue doré
le virtuose offre
Bach à Murillo

une brillanteToccata et fugue en ré mineur
le chef d’œuvre de Jean-Sébastien Bach
pour célébrer les quatre-cents ans
de la naissance ici du peintre baroque
Bartolomé Esteban de son prénom
vénéré par Séville
comme son aîné Velásquez

Estaban-Murillo-Vierge-de-lImmaculee-Conception-

privilège d’assister
au concert-hommage
donné en l’église toute en dorures
de l’Hospital de los Venerables *

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le virtuose
Padre José Enrique Ayarra
est depuis bientôt un quart de siècle
organiste titulaire de la Giralda
la monumentale cathédrale sévillane

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ce grand maître de l’orgue
a donné plus de mille concerts
dans trente deux pays

* jusqu’au deux avril
l’Hospital de los Venerables
accueille une expo dédiée
aux deux peintre enfants de la cité

Illustration de ci-haut : La Vierge de l’Immaculée Conception – Murillo

Le contre-ténor de la gare

Déjà assisté moulte fois au spectacle de ces pianistes de gare qui se régalent sur le piano mis à leur disposition par la SNCF. À Marseille, à Paris aussi. Mais écouter un chanteur d’opéra en plein récital, jamais. Gare de Montpellier Saint-Roch l’autre soir, ce fut un ravissement.

Sous le kiosque à musique de Salies-de-Béarn, des châteaux en Espagne

Châteaux en Espagne* est l’une des séquences offertes hier-soir sous le kiosque à musique du Jardin public par l’Harmonie municipale de Salies-de-Béarn. Un agréable concert en plein air, à la fraîche, dans un cadre empreint de quiétude où trônent les fameux Thermes salisiens. Le programme des animations et fêtes salisiennes à venir, c’est par ici

souslekiosque

* À l’attention de celles et ceux qui désirent tordre le cou à l’expression construire des châteaux en Espagnece lien  utile.

 

Concert improvisé au soleil couchant

Comme tant et tant d’autres Marseillais, ils sont venus passer la fin de journée sur les pelouses des plages du Prado et n’ont pas oublié leurs instruments. Marc à la contrebasse, Bruno au xylophone et Pascal au djembé ont joué face à la mer. Quelques copains les accompagnaient. Tandis que les derniers baigneurs profitaient de la tiédeur du soir, ils sont restés à partager musique et vin rosé bien après la disparition du soleil derrière les îles du Frioul.

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L’attentat de Santa Machete

C’est un nouveau cadeau sonore adressé par Mathilde. Toujours à l’affut des bons sons la demoiselle. Santa Machete en concert pour la première fois en France après un périple à l’étranger. Attentat, c’est ainsi qu’ils appellent leur show. Là, c’était à Sainte-Foy-la-Grande, dans le sud-ouest. D’abord sur le marché hebdomadaire, puis au bar « Le  Chai ». Rencontres et partage au rendez-vous. Sonorités soul, afro et cumbia. Santa Machete embarque le public dans son univers. A écouter, voir, sentir, gouter et toucher par ici. Et par là, quelques photos signées Mathilde.

chanteuse

trompettiste

La réapparition du mélodica

Il m’a fait de la peine ce vieil homme monté dans le tramway pour faire la manche en soufflant dans son mélodica rouge et blanc. Indifférent aux regards des passagers qui l’entouraient, il semblait au-delà du désir d’aumône. Perché sur ses tristes notes comme un naufragé s’accroche à une maigre bouée. Je suis descendu à l’arrêt suivant. Lui a continué. Plus tard, je me suis souvenu d’un copain d’enfance qui jouait du mélodica. Et puis j’ai découvert que ce fut aussi l’instrument fétiche d’Augustus Pablo, musicien et producteur de reggae et de dub jamaïcain. Écoutez-le en concert en 1986, jouer Java.

Plus d’info sur Augustus Pablo, c’est par ici.