Trois petits tours et puis revient (37) Faudrait pas que ça dure trop longtemps…

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

 

Contribution #18 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Annick, depuis Tence : Il en faut peu pour être heureux. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

Les mots pour le dire

« C’est vraiment pas grand-chose, mais il faut quand même que je te raconte. En allant chercher quelques fruits chez Francis hier-matin, je rêvasse, comme d’habitude, je lambine, lorsque j’entends une voix connue, là, derrière moi : – Éric, Éric ! Je me retourne et j’aperçois, à distance règlementaire bien sûr, j’aperçois Philippe, un copain du temps d’avant. – Ça va ? il me dit – ça va je lui réponds. Je le dévisage un peu et et je lui dis : – toi aussi tu te laisses pousser la barbe ? Il me répond –  oui, oui, depuis le début du confinement, je fous la paix à mon rasoir ! – Tout pareil, je lui réponds. Moi aussi je le laisse tranquille mon rasoir, la barbe, je la laisse pousser. Tu me diras, à part la barbe, y’a pas grand-chose à laisser pousser, hein ! Mis à part le nez, peut-être… Bon, faudrait pas non-plus que ça dure trop longtemps ces histoires de virus et de confinement, nous commençons à devenir gagas ! »

Illustration : Portrait de Hieronymus Holzschuher, d’Albrecht Dürer

 

Trois petits tours et puis revient (36) Le sourire de mon fils…

surlaroute

 

Contribution #17 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Samuel, Noëlle et Marco, depuis Bérenx : On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, de Louis Chédid. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

surlaroute

Les mots pour le dire

« L’autre jour sur la route, en montant chercher mon fils, il y avait en moi un mélange de joie, de tristesse et de colère. La joie de le retrouver bientôt, presque 50 jours après. J’imaginais tous les parents coupés de leurs enfants depuis tout ce temps et sur la route des retrouvailles. C’était doux, c’était bon. Il y avait de la tristesse, oui aussi, en pensant à l’état de manque dans lequel nous plonge la catastrophe que nous traversons, à cette exigence de limitation des contacts, cette impossibilité de nous serrer dans nos bras, cet appauvrissement de notre toucher, cette incertitude sur le futur. Et puis il y avait de la colère, et ça remontait de partout :  les courbes statistiques des décès dus au virus, l’hécatombe dans les EHPAD, les hôpitaux systématiquement paupérisés depuis plus de 30 ans, les violences conjugales en hausse, les policiers en mode open bar qui tabassent les jeunes dans les quartiers populaires, les verbalisations abusives, les actionnaires qui continuent de palper, de toucher leur part, cet empaffé de Donald Trump chantre de l’Eau de Javel, et ces pébrons dans leurs palais et leurs ministères à Paris, qui naviguent à vue et nous promènent depuis le début. Bon, je me suis calmé, et le sourire de mon fils a fait le reste lorsque je l’ai retrouvé et que je l’ai embrassé. »

 

Trois petits tours et puis revient (35) C’était si bon de se taquiner…

 

Contribution #16 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Paule, de Salies-de-Béarn : Le P’tit Quinquin, chanson traditionnelle du Nord. Je suis sûr que Francis appréciera. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Ça va peut-être te sembler idiot, ou déplacé, ou les deux, mais je t’avoue que ça commence à me manquer de regarder le foot à la télé, de me poser devant un bon match avec du beau jeu, des actions de classe, de l’intensité, de la virtuosité, des buts de folie, comme le Liverpool de Mohammed Salah et de Sadio Mané, tiens par exemple ! Oui,ce spectacle-là me manque, je le confesse. Ce que j’ai peut-être encore davantage hâte de retrouver, c’est de pouvoir se chambrer en souriant avec Francis l’épicier, comme au temps d’avant… Lui, il est pour Lille. Normal, c’est un CHTI, Francis. Et moi je suis pour l’OM, évidemment ! Avant – j’allais dire autrefois – qu’est-ce que c’était bon de prendre le temps de bavarder, entre une pesée de légumes et une découpe de fromage. Oui, c’était si bon de se taquiner, d’être gentiment chauvins, de rigoler un bon coup en parlant ballon. Aujourd’hui, dans son alimentation, il faut se tenir à distance, il y a d’autres clients qui attendent dehors, il faut aller vite, tous deux derrière nos masques, lui à sa caisse derrière la petite cloison en plexiglas, nous n’avons plus le temps de nous poser, plus le temps de prendre le temps. Dis-moi, ça te fait ça à toi aussi ?« 

Trois petits tours et puis revient (34) Nous jouions ensemble…

billet33

 

Contribution #15 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Nicolas et Alain, de Salies-de-Béarn : Le chant des sirènes, de Fréro Delavega. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

billet33

Les mots pour le dire

« Au petit matin, j’ai été réveillé par un tic tic tic, ou un tac tac tac discret. Il remontait de la rue, ce tac tac tac, comme une vieille horloge un peu mouillée, avec le roulement de la rivière en toile de fond. Les oiseaux n’étaient pas encore debout. Alors, je me suis rendormi, et dans le rêve qui a suivi, nous jouions ensemble à un jeu de société avec des feuilles  et des stylos. Je crois bien qu’il s’appelait le Petit Bac ce jeu. Je suis sûr que tu t’en souviens toi aussi : tu dis un mot, pays ou ville ou plat ou fleur ou métier, et puis tu choisis une initiale et il faut trouver cinq mots qui commencent par cette lettre. Le chronomètre tourne, tic tic tic, tac tac tac, et c’est le premier qui a trouvé cinq mots qui a gagné, et on repart pour une autre lettre. En me réveillant, j’ai repensé à ce rêve et je me suis dit qu’il faudrait peut-être penser à réviser un peu nos mots, pour la prochaine fois où nous jouerons ensemble. Il nous faudrait réviser les noms de fleurs par exemple, les noms d’oiseaux, les noms d’arbres, les noms de tout ce qui nous tend les bras bien souvent et que la plupart du temps nous négligeons, que nous ne savons pas nommer. »

Trois petits tours et puis revient (33) Trois mois après le temps d’avant…

PHOTOPETITSFILS

 

Contribution #14 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Alexandre, Clément et Raphaël, depuis Shanghai. Mille mercis, les pitchouns.

 

(À demain 8h30…)

petitsfilsfooteux

Les mots pour le dire

« Les jolis cadeaux arrivent du lointain ces temps-ci. Tu te souviens des cerisiers en fleurs japonais, l’autre jour, du chant de Kamaishi, eh bien figure toi qu’hier, mes petits-fils m’ont envoyé depuis Shanghai l’enregistrement de petites chansons, bien joyeuses. Tu vas les écouter dans un court instant. Il faut dire que trois mois après le temps d’avant, leur horizon s’est un peu éclairci : ils ont enfin pu retrouver leurs copains de foot et partager leurs entraînements. Plus de 100 jours après le début de leur confinement. Bon, pour la reprise de l’école et du collège, ça sera à la mi-mai, pas avant… Chez nous, en France, il paraît que le retour en classe est prévu pour le 11 mai. Mmmmouais… Sérieusement, tu y crois, toi, au début du temps d’après, le 11 mai ? »

Trois petits tours et puis revient (32) C’est plus fort que moi…

photopourépisode32

 

Contribution #13 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Ema, de Labastide-Villefranche : un chant chamanique, par elle inventé. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

photopourépisode32

Les mots pour le dire

« Je vais te faire une confidence, jamais je n’ai su danser ! Jamais ! Et je suis sûr que toi et moi, nous ne faisons pas partie du même monde. Toi tu enchaînes les rocks, les twists, les djerks, les tangos, les paso-doble, les macarena et tutti quanti… pendant ce temps, je reste assis, je te bade, je t’envie. J’aimerais bien oser, mais bon, quand on est raide comme un passe-lacets, quand on a la souplesse d’un fer à repasser, on contemple les cadors, on prend des notes, même si on sait bien qu’elles ne serviront jamais ces notes ! Chantal a beau me dire d’essayer, je n’y arrive pas, c’est plus fort que moi. Bon, pour être honnête, il y a quand même une danse qui depuis l’adolescence ne m’a pas trop rebuté, une seule, c’est le slow.  Ah, le slow, le slow… là il faut vraiment avoir ze rytheum in ze skin ! »

Trois petits tours et puis revient (29) En pleine floraison…

Kamaishi1

 

Contribution #10 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Toshiko depuis Kamaishi, au Japon : l’air traditionnel Kamaishi Kouta. Merci à elle, du fond du cœur.

 

« Ici on est à Kamaishi, au port de trésor,
Il y a de l’or et de l’argent
C’est un endroit merveilleux
Venez ne serait-ce qu’une fois, venez voir ! »

 

(À demain 8h30…)

image0Photos @ToshikoMiyazaki

« Mon gîte au printemps
Parce qu’il n’y a rien
De rien je ne manque. »

Kobayashi Issa

Les mots pour le dire

« Tu vas être d’accord avec moi, le monde ne nous fait pas de cadeau en ce moment, comme s’il nous disait à tous : vos guirlandes de Noël… vous n’êtes pas près de les ressortir. Et pourtant, ces temps-ci, ma boîte mail m’en offre, des cadeaux. Je reçois de nombreux enregistrements, et ça fait vraiment du bien. Le dernier en date remonte à hier-soir, en provenance du Japon, de Kamaishi. Kamaishi, c’est l’une des villes terriblement meurtries par le tsunami de mars 2011. Cette contribution, vous irez l’écouter dans un instant. Deux photos l’accompagnaient :  des merveilles de cerisiers en pleine floraison. Du coup, je me remets un peu à croire à nouveau à la possibilité d’un Noël, et à la réalisation de l’un de mes rêves les plus grands : grimper un jour jusqu’au sommet du Mont Fuji, la montagne sacrée des Japonais. »

Trois petits tours et puis revient (28) On va finir par y arriver…

Contribution #9 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont adressé Claude et Dany, depuis Salies-de-Béarn : Ça va ça vient, de Vitaa et Slimane. Grand merci à eux.

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Je suis sûr que ça te le fait à toi aussi. Parfois, je me réveille en pleine nuit, le souffle court, et me reviennent des paroles entendues dans la journée, à distance sociale règlementaire. Le libraire d’abord, une fois payée la commande : – oui oui, ça va !, ça va à peu près, on fait face, les lecteurs sont solidaires, on vide un peu les stocks. Ensuite la dame au gros chien noir tout gentil croisée sur le chemin de promenade règlementée. Elle me dit :vous avez entendu les casseroles aux balcons hier-soir ? Ça faisait une belle musique ! Il faut de l’amour et encore de l’amour, faut pas lâcher ! Il y a aussi les mots du voisin, l’autre dimanche : – je retrouve un peu le sommeil. Pendant deux semaines, c’était dur, mais bon, ça va mieux… on va finir par y arriver ! »

 

Trois petits tours et puis revient (27) Un maillot de foot tricolore…

RobertCapaPhoto @RobertCapa

Contribution #8 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a transmis Vincent, depuis Bordeaux : Hasta siempre, de Carlos Puebla. Merci à lui.

(À demain 8h30…)

RobertCapa

Les mots pour le dire

« À la boulangerie l’autre matin, je patiente sagement, je rêvasse comme souvent, je me tiens bien à distance des autres clients, lorsque soudain, je sens sur ma droite que des gâteaux me font de l’œil. Oui, oui, les gâteaux confinés derrière la vitre du présentoir. Ils m’aguichent, les petits. Ils me disent : – tu peux nous sortir de là ? tu veux bien ? Je résiste quelques secondes, oh pas plus longtemps, et lorsque mon tour arrive, je demande à la boulangère de délivrer pour moi un éclair au chocolat et un baba au rhum. En sortant, je croise un client qui porte un maillot de foot tricolore.  Rouge jaune et violet,  les couleurs de la Seconde République Espagnole, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Franco. Au revers de ce maillot, deux mots : NO PASARAN ! Tu l’as déjà vu, toi, ce maillot ? »

Trois petits tours et puis revient (26) De l’autre côté de la rivière…

chouette

 

Contribution #7 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Dominique, depuis Paris : Milestones, de Miles Davis. Grand merci à lui.

 

(À demain 8h30…)

 

chouette

Les mots pour le dire

« Elle est vraiment coquine la chouette d’en-face la maison. Hier-soir, je suis en train d’écouter du jazz, tranquille dans mon lit, souple, quand je l’entends hululer en douceur de l’autre côté de la rivière. Dès que je m’approche de la fenêtre pour mieux l’entendre, hop, elle se tait ! Nada. Rien que le bruit de l’eau. Je patiente un peu, toujours rien. Alors je me recouche. Et là, hé bien oui, dame chouette se remet à raconter au quartier son début de nuit. Du coup, sur la pointe des pieds, je me relève. Incognito je lance mon enregistreur, et hop, c’est dans la boîte. Tout content, je retourne à mon vieux copain Thelonius Monk. »