Trois petits tours et puis revient (3) Juché sur mes épaules…

CELLELÀ

 

Réveil d’une petite sieste hier après-midi. Des voix d’enfants m’attirent vers la fenêtre de la chambre laissée ouverte au soleil. Ils jouent au ballon dans leur jardin, de l’autre côté de la rivière qui glisse en silence juste en bas de la maison. À l’air libre au sommet de la vitre, une araignée prend le temps de savourer le printemps. En moi, ni chagrin du matin, ni espoir du soir. Juste le souvenir soudain d’un après-midi de promenade en Haute-Provence, il y a cinq ans. Mon petit-fils Clément est juché sur mes épaules et il chante.

Trois petits tours et puis revient 3

À Shanghai, Clément et ses deux frères – Alexandre et Raphaël – commencent à entrevoir le début de la fin de leur confinement, entamé il y a deux mois. Dimanche, avec Noémie et Dawei, leurs maman et papa, ils sont allés balader dans un parc et ont lancé au ciel leurs cerfs volants. Ils ne savent toujours pas quand ils pourront retrouver leurs copains d’école et de collège pour jouer au foot…

(À demain 8h30…)

L’araignée Gipsy

 

Et pour les Soundcloudistes

 

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (2) Comme un air d’opéra…

CELLELÀ

 

Frères d’Italie, sœurs d’Italie, au réveil tout à l’heure, avant même que s’ouvrent mes yeux, tournait en moi un air familier. Entendu tant de fois ces semaines passées. Une mélodie chantée par vous, confinés partout. Jouée depuis les balcons de vos villes, de vos quartiers, de vos cités, de vos villages. C’était joyeux au creux de mes paupières, bleu azur comme le maillot de votre Squadra azzurra. Le plus beau des bleus. Dans mes draps, je l’ai savouré comme un air d’opéra. Ensuite, il m’a ouvert le chemin jusqu’au café que nous avons partagé.

Trois petits tours et puis revient 2

Frères d’Italie, sœurs d’Italie, il y a si peu de mots ce matin encore pour vous accompagner du plus profond de notre affection. Seuls flottent en silence et en boucle, au creux de nos lèvres et de nos gorges confinées, stupeur, chagrin, deuil, colère, justice. Et puis tourne cet air d’opéra qu’ici, à vos côtés, nous dégusterons toujours, Fratelli e Sorelle d’Italia…

(À demain 8h30…)

Fratelli d’Italia

 

Et pour les Soundcloudistes

 

 

Trois petits tours et puis revient (1) Sur la pointe des pieds…

CELLELÀ

 

J’ai dû hériter ça de Papa. Dès le saut du lit, je sifflote, je fredonne, chansonne, chantonne, scie, vibre, vocalise, dans ma barbiche blanche. Ça tourne en boucle dans ma tête, dans crâne, bouche, nez. J’en perds la voix aussi lorsque la gorge se noue. Ça m’arrive, oui.

Un mois que Papa est parti et voilà que ces mélodies se font plus présentes chaque jour. Même dans la nuit ces refrains s’installent. Ils tournent en moi encore davantage depuis les premières heures de ce tunnel de confinement. Parfois je sifflote aussi. Pas toujours juste mais qu’est-ce que ça fait du bien d’accueillir ces sons, de les lancer doucement dans l’espace de la chambre, du bureau, de la salle à manger, du balcon, sur le court chemin des courses vers le pain, le vin, la salade, les lentilles et le fromage.

Ces jours-ci, une envie est née au fond de moi. En douceur. Les partager ces sons. Pas les garder pour moi. Les faire sortir de leur confinement. Les lâcher en liberté. Oser le faire, oui. Sur la pointe des pieds. Et pardon pour les fausses notes, les rythmes à la six quatre deux, les tempos chaotiques. Sans doute un écho à nos quotidiens fragiles de confinés. Allez, la première mélodie nous ramène en hiver avec Franz Schubert. Je ne me lasse pas de ce voyage.

Trois petits tours et puis revient 1

Tant que ne prendra pas fin notre film noir, je viendrai ici chaque matin à 8H30, en catimini, pour partager ce qui rythme mes heures et me tient en éveil près de vous qui fredonnez, chansonnez, chantonnez sans doute aussi.

Am Brunnen vor dem Tor, par Olivia Gay

Et pour les Soundcloudistes