Une commerçante béarnaise « non essentielle » offre une paire de tennis trouée à Jean Castex

Elle en a plein les bottes d’être non-essentielle, la patronne des « Chaussures Lété »*, à Salies-de-Béarn. Comme tous ses collègues, Maylis Lété n’a toujours pas le droit de travailler. Ils ont perdu 40% de leur chiffre d’affaires et totalisé près de cinq mois de fermeture en une année. Comme ils en ont assez de ces rideaux baissés en cascade, ils ont décidé de passer à l’action en envoyant des paires de chaussures usées au chef du gouvernement et à son ministre de l’économie, histoire de tenter de leur faire comprendre qu’il est grand temps que les boutiques rouvrent.

Ces fermetures à répétition ont coïncidé avec les changements de saison et donc l’arrivée des nouvelles collections, avec des fournisseurs à payer. Certains d’entre eux ont dû déjà mettre la clé sous la porte. Pour garder le moral et s’entraider, 2.000 professionnels de la chaussure, dont Maylis Lété, ont créé un groupe Facebook. Ils sont déjà 130 à avoir posté des chaussures usagées à l’attention de Jean Castex et Bruno Lemaire.

*la boutique existe depuis cinq générations

Au Moment Librairie, la fête et l’espoir que revienne vite le temps de l’essentiel pour tous

Je passe les saluer et bavarder avec eux presque chaque jour, les deux libraires du Moment Librairie. Hier après-midi, j’ai profité d’aller chercher une commande – photo ci-dessus – pour fêter avec Laure et Olivier deux anniversaires : les deux ans de leur ouverture en plein cœur de Salies et les 40 ans de la loi Lang sur le prix unique du livre. Comme les nombreux clients de passage, j’ai reçu en cadeau un livre rappelant cet anniversaire, accompagné d’une rose, histoire de fêter en beauté la Librairie indépendante. Avec la pandémie, tout comme tous leurs collègues partout, ils ont dû sacrément résister. D’abord, ils se sont fait du souci lorsqu’ils furent contraints fermer boutique. Mais ils n’ont jamais cessé d’y croire et ils se sont relevés, en travaillant beaucoup – pour gagner peu – grâce aussi à la solidarité qui s’est manifestée autour de leur librairie. C’est peu de dire qu’ils respirent mieux depuis que leur secteur est à nouveau labellisé essentiel.

Rencontre croisée avec Laure et Olivier, soulagés, heureux mais pas amnésiques. Tous deux sont impatients de voir toutes les actrices et tous les acteurs du monde la Culture ainsi que tous les commerçants, sans exception, retrouver le chemin du respect et de la liberté.