À l’écart des passants
sous les arbres mouillés
le ballet des anciens
perdus dans leurs pensées
les corps au ralenti
rien ne peut les distraire
de leur danse ancestrale
que l’on nomme Tai Chi
belle et douce énergie
la paix les enveloppe
ils reviendront demain
et dans mille ans aussi.
danse
Si j’étais un oiseau
[vimeo 241007433 w=640 h=360]
Déniché cette merveille hier sur Twitter
Murmuraciones o el arte del vuelo: dos poéticos vídeos de estorninos https://t.co/vJi00MHlK8 pic.twitter.com/z0PJ4gPrqJ
— Cultura Inquieta (@culturainquieta) 10 décembre 2017
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Ces murmurations des étourneaux m’ont captivé un long moment me suis repassé en boucle ces images tournées par la cinéaste Jan Van Ijken puis ai écrit ces menus vers histoire de rester le plus léger possible pour qui sait apprendre un jour à m’envoler moi aussi
Si j’étais un oiseau
serais un étourneau
je danserais là-haut
avec tous mes potos
il ne ferait pas chaud
mais juste ce qu’il faut
nous partirions très tôt
entourés de bravos
comme un joli cadeau
offert par les badauds
Photo de ci-haut @CulturaInquieta
Shanghai est un moment de grâce
Tu entres dans Zhōng Shān Gōng Yuán l’un des parcs publics de la ville non-loin de l’ancienne concession française une musique t’appelle derrière les barrières de pierre tu les franchis et là apparaissent des dizaines de couples de danseurs hommes et femmes femmes et femmes hommes et hommes seuls ou seules aussi pour certain.e.s les yeux accordés au rythme et les corps à l’unisson la plupart ne sont plus tout jeunes ils se sourient certains les corps s’écoutent ils s’appliquent avec légèreté la musique s’échappe de sonos portatives posées au bord de la piste improvisée beaucoup de monde autour pour regarder partager ce moment de grâce chacun et chacun.e est venu.e comme il.elle est personne pour se moquer personne pour montrer du doigt tel ou telle maladroit.e non le plaisir d’être ensemble avant tout et d’apprécier le ballet tu perçois chez certains danseurs un voile de nostalgie dans le regard leur jeunesse est loin maintenant mais y avait-il autant de grâce lorsqu’ils dansaient ensemble avant sans cette fragilité d’aujourd’hui qui te bouleverse, Papet, toi qui n’a jamais su danser jamais osé tant tu avais peur d’être ridicule sauf quand la musique était lente et que les slows s’enchaînaient et là tu savourais quelques minutes de grâce auprès des filles aux cheveux qui sentaient si bon.
Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous
L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris
costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg
leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi
leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori
redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs
OJIKELE (le chant de ci-haut)
Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions
SévillHaïku #11 À la Casa del Flamenco
Tous les soirs en spectacle
Casa del Flamenco
ces artistes d’ici
jouent ensemble chaque soir
en plein cœur de Séville
dans un patio au large tablao
et aux azulejos foncés
tous sont enfants d’Andalousie
nourris depuis petits
de ce chant fiévreux
ces danses en arabesques
ces fiers et sensuels jeux de mains et de pieds
douloureux et plaintif
leur art conte la passion
les amours impossibles
dévoile avec fougue
les plaisirs offerts
il évoque en pleurant
le deuil
l’absence
les souvenirs enfouis
et leurs chagrins profonds
Entre femmes
Elles se retrouvent à la nuit tombée
le dimanche
entre femmes
une sono sur le trottoir
et elles dansent
pendant des heures
des amies ou des copines du quartier sans doute,
ces danseuses du soir
ouvertes aux nouvelles venues
à ces mamans avec enfant qui se joignent au bal
point d’homme sur la piste
ils observent de loin
ils auraient envie, qui sait
de venir se mêler aux pas légers de ces femmes
et respirer le parfum de liberté
qui glisse autour de leurs corps offerts à la nuit
mais ils ne savent pas se lâcher
peut-être le désirent-ils mais ils n’osent pas
seul le marchand ambulant approche son tricycle et il sourit.
Échappée
Boléro du lundi
Un chantier en bas au rez-de-chaussée
frisquet il fait
ce fut un beau dimanche de bal, il se dit
bijoux légers, cous brûlants et baisers aux sourcils
sourires offerts contre l’épaule
et ce désir de balancer les corps ensemble
en volutes tendres, en arabesques souples
dans la grande salle de danse au parquet verni
hélas close aujourd’hui puisque c’est lundi
encore tout chaud dedans du parfum de sa belle
le travailleur du chantier siffle
le Boléro de Ravel
Sardana, Catalunya i independència / Barcelona #6
Alex Ruig est le contrebassiste de La Cobla La LLobregat, un orchestre – fondé en 1929 – qui fait vivre dans toute la Catalogne la tradition de la musique d’ici. Ai bavardé avec Alex sur la grand place de la Cathédrale de Barcelone, entre deux Sardanas offertes par l’orchestre coutumier des concerts publics. Les Barcelonais y étaient nombreux à danser avec émotion et fierté. La Sardana, c’est le nom de cette danse populaire – c’est aussi le nom de la musique qui l’accompagne – considérée comme la danse nationale de Catalunya. Les hommes et les femmes la partagent en se tenant par la main et en formant une ronde. Ci-dessous, la traduction des paroles d’Alex.
Nous sommes les héritiers d’une tradition, d’une culture et d’une langue propres. Historiquement nous sommes espagnols mais le sentiment catalan est très vivace ici.
– Et sous le franquisme, la Catalogne était un pays de résistance ?
– Oui, et en plus, certaines Sardanas qui se jouent aujourd’hui étaient interdites. Du coup, aujourd’hui, nous y tenons encore plus.
– Et aujourd’hui, l’indépendance de la Catalogne serait une bonne chose ?
– Je crois que oui.
– Ce serait possible ? Au plan économique ?
– Oui. Aux politiques de le décider.
Carnet d’Afrique #8
Jour après jour, attendre que s’égrènent les heures.
Ne rien espérer d’autre que vivre le lendemain et lui survivre. À l’écart de la foule, l’athlète glisse à lentes foulées sur la plage, le dos dénudé. Tout en muscles bombés. Les bras tendus en arc vers le ciel voilé strié de palmiers. Deviner une prière éphémère. Ne pas déranger la statue souple et forte et sûre de sa beauté. Il était là hier déjà. Et avant-hier. Comme pour un rituel paisible et rassurant.
Cet homme est un danseur paisible et fataliste qui prie le monde entre sable et océan.