Trois fois clic clac et puis revient (26) Désir de mer…

Comme un soudain désir de mer, de flots, d’embruns, de vagues qui tapent, d’écume qui danse, de palmes et de tuba, de nage vers le large, d’yeux qui piquent, de rochers salés, de crabes qui pincent, d’algues qui glissent, d’arapèdes qui s’accrochent, de poissons qui promènent, de coquillages qui coupent, de bateaux qui croisent, de gabians qui crient, de soleil qui cuit, d’horizon qui se dégage. Désir, ô désir, calme-toi, mon ami ! Tempère-toi si tu le peux ! D’ici, la mer t’attend hélas bien au-delà des vingt kilomètres autorisés. Alors, prends le large autrement. Évade-toi sur d’autres voies et poursuis ton inlassable et pénible marche sur les sentiers de la patience…

Well You Needn’t – Thelonius Monk (Live à Paris 1961)

Contribution #23 Accueillons aujourd’hui les photos et le texte adressés par Mireille. Mille fois merci !

Malgré cette période difficile, je voudrais être optimiste car je me sens privilégiée tous les matins lorsque j’arpente toutes ces jolies petites rues du Roucas et que j’aperçois cette belle Méditerranée si bleue si calme et solitaire sans les bateaux. Je recharge mon esprit de positif et je reprends espoir. Alors je voulais partager ce moment de bonheur avec ceux qui n’ont pas cette chance. Bonne journée à vous tous !

(À demain, 8h30…)

Respiration #1 La rade en face

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Grand besoin de m’oxygéner
l’écrivais hier ici

sans tarder
joindre le geste à la parole

séduit suis par le site Respirations
proposé par Alexandre Liebert
et découvert grâce à Arnaud Maïsetti

simple comme un bonjour ou un bonsoir
ce rendez-vous pour vidéos qui respirent
une minute en plan fixe
avec un petit titre pour ouvrir l’imagination
et susciter le désir de respirer et de reprendre espoir

le lieu : chez mon Papa
au-dessus de la Campagne Pastré
Frioul et Mont-Rose en vue

l’heure : midi, quand le mistral continue de s’apaiser

le titre : La rade en face

et à un de ces quatre
qui sait
avec une nouvelle respiration
pour se faire du bien

Verts de désir

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Sur la vieille jarre ébréchée
se dessinent des monts pelés
des pics imprenables
des parois intouchables
des souvenirs de terre mouillée
façonnée à la main
par quelque derviche devin
qu’importe l’émail craquelé
reste le grain du ventre
sur ce corps rond
gourmand d’eaux et de vins
ce corps caressé de doigts paisibles
la trace de libations et de partages
offerts à pleines paumes
à des amants de passage
amants verts de désir
assoiffés de vertige

Vieux platane

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À force de subir le tocsin
tu te noues de dedans
vieux platane troué de chagrin
tes bras déployés cherchent
le peu de sève qu’il reste
à offrir à la croix
pourtant sans avoir l’air
tu arbores étonné
de petits rameaux verts
puisse le printemps t’offrir
oiseaux sur le feuillage
et souffles de désir

Dans la moiteur de l’ascenseur

Tu n’en ressortiras pas vivant
de ces aller-retours saccadés
enfermé comme au jour dernier
tu étouffes à petit jeu
depuis quand ?
tu ne sais plus
alors, caresse les boiseries
lèche les poignées cuivrées
surtout ne t’enfuis pas
palpite encore près du miroir
ignore le bouton arrêt

imagine la place que prendrait
dans ta vie, Aimée la douce
là, juste devant ta face en feu
dirais les mots inavoués
et les paroles crues
oserais un baiser sur ses cils
tenterais de mordiller la langue
de celle qui te résisterait
dans la moiteur de l’ascenseur

l’ange bouillant s’en est allé
sans un regard vers ton visage
sens arriver la chute raide
déserté le chemin rêvé
la porte s’ouvre et tu t’écrases
sur le monde froid du rez-de-chaussée