Printemps #5 Descendre dans les graves

Le pommier paradis. La feuille papillon. Le merle en récital. Les radis du dimanche. Tout semble si léger. Pourtant, la mélancolie rode et je descends dans les graves.

After Bach, par Clovis Nicolas (extrait de l’album Autoportrait)

Plongé dans ce morceau de contrebasse, je réalise que je n’ai plus entendu la voix de mon père depuis qu’il est parti, voilà bientôt quinze mois. Je lui parle souvent, surtout lorsque j’écoute Bach. Je sens qu’il est là mais je n’entends plus sa voix. Lorsque je joue du violoncelle aussi, il est présent. Je sais qu’il est content de savoir que le cello qu’il m’a offert quelques mois avant de mourir me procure joie et réconfort. Mais Papa reste muet. Sa voix me manque. En observant mon petit-fils de cinq ans et demi écrire avec application et jubilation chaque lettre de l’alphabet, je le retrouve dans sa blouse bleu-pétrole, lui qui fut instituteur de la République. Et je le réécoute se raconter.

 

 

L’écouter encore et continuer de lui parler en lui offrant ces rosaces dessinées et coloriées par ses deux arrière petits-fils.

Toujours à fleur de peau

peau

C’est parti hier-matin au petit déjeuner, avec ce qui ressemblait à un jeu d’écriture. Une invitation sur Twitter à raconter sa propre peau. En ajoutant le mot-clic #infraperec Clin d’œil-hommage à Georges Perec, auteur de L’infra-ordinaire et qui écrivait ceci à propos de son livre : « Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m’ennuient, ils ne m’apprennent rien. […] Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? […] »

Gorgées de thé. Petite fraîcheur dans la salle à manger. De ma peau, ne voyais que celle de mes mains et de mes avant-bras. L’ai interrogée. – Vas-y, elle m’a répondu. Raconte-moi ! Alors j’ai écrit ceci : Ma peau se sent bien dans sa peau. Hâlée aux gambettes et aux bras, plus claire ailleurs, elle est un recueil de mémoire et d’enchantements, aux avant-bras; à l’encre de Chine. Ailleurs, ma peau est frileuse et commence à se distendre, à frisoter. Le souffle des ans.

La journée a avancé et m’est venu le désir d’écrire la liste des phrases qui viennent, comme ça, à partir et autour des quatre lettres de peau. En imaginer d’autres aussi. Histoire de poursuivre le jeu. Avec comme seule « contrainte » utiliser ces quatre lettres p. e. a. u. Et pourquoi pas y ajouter le x pour quelques pluriels.

 

Les mots pour le dire

« J’aime écrire des peauaimes. Les peaux mortes vivent longtemps. Nous chantions Armstrong je ne suis pas noir, je suis blanc de peau. De toutes façons, lui, il est toujours à fleur de peau. Notre professeur d’histoire nous raconta l’extermination des Peaux Rouges. Dans la cour de l’école, nous disions il a la peau lisse au cul et nous rigolions. Arrête un peu avec tes blagues de peau tâche. Je me souviens de mes pantalons en peau de pêche. Touche pas à mon peaute ! Raciste, la peaulice ? C’est plus que peaux cibles. Impeaurtant de ne pas l’oublier. À l’impeaussible nul n’est tenu. J’ai déniché le peau aux roses. Au pied de la maison il y a plein de peaux de fleurs. Mémé collectionnait les peaux de nianiourt. Elle faisait de la soupe de peautiron. Y trempions du pain d’épeautre. Peau d’âne, un livre lu il y a si longtemps. Les oiseaux qui ont du peau échappent aux à peaux. Ce qui les posent sont des peauvres types. Dis-moi, il est long, le fleuve Peautomaque ? Et le Peau, son copain italien ? Boycottons Zemmour, Onfray, Buisson, Brunet, ces insuppeaurtables impeausteurs. Sipouplé si tié pas joli reste peauli. Ah oui, je fus quelques années durant exonéré d’impeaux. Le mot apeaustasie n’est pas joli joli. Saurais-tu nommer les douze apeautres ? Mon ami Pierrot, ouvre-moi la peaurte. Au Stade, nous aimons chanter peau peau lo peau peau peau peau ! Parfois, nous chantons Beth cèu de Peau. Toujours le rythme dans la peau. J’aimerais bien un jour aller au Peaurtugal. La galinette m’a peausé un lapin. Peauvre de moi, synonyme de peuchère. Quelle épeauque épique ! Tu y crois, toi, à la peaussibilité d’un Paradis. Peaurque no ? »

Trois petits tours et puis revient (50) Au bout de la farandole…

NoahetBaptisto

 

Contribution #36 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont adressé Noémie et Dawei, depuis Shanghai : La Mer, mon pays, berceuse traditionnelle chinoise *. Mille mercis.

 

Contribution #37 Et puis petit bonus, le cadeau sonore offert par Noah, Baptiste et Empar, depuis Alzira : Premiers mots.

 

NoahetBaptisto

Les mots pour le dire

Nous voilà donc arrivés au bout de la farandole, au bout de ces instants de partage qui nous ont rassemblé chaque matin de confinement, avant de basculer dès aujourd’hui dans le temps d’après. Depuis cinquante jours, nous aurons avancé ensemble, groupés, solidaires, et nous aurons partagé tant et tant de musique, de voix, de refrains, de chansons, de mélodies. Tant et tant d’émotions.

Grâce à vous toutes et tous… j’ai reçu de si beaux cadeaux que je voudrais vous remercier…

MERCI Gérard et Josie, Yolande et Frank, Eliott, Bastien, Sandrine et Philippe,

MERCI Mimi, Christine, Claude et Dany,

MERCI Ema, Delphine, Paule et Dominique,

MERCI Vincent et Camille, Charlotte et Julien, Toshiko et Annick,

MERCI Alexandre, Clément et Raphaël,

MERCI Vincent, merci Nicolas et Alain, Renaud et Marion,

MERCI Noëlle, Marco et Samuel,

MERCI Zoé, Jean-Marc, Alma et Romain,

MERCI Gaby et Vincent, Jesús et Manoli,

MERCI Anne et Chantal, Jonathan et Claire,

MERCI Yan, Nanette, Vincent et Olivier,

MERCI Mathilde et Marius,

MERCI Noémie et Dawei

MERCI Noah, Baptiste et Empar,

et à bientôt !

 

* La Mer, mon pays

« Quand j’étais enfant, 
Maman m’a raconté, 
Que la Mer était comme mon pays, 
Bercé par le souffle du vent marin,
Et le rythme des vagues, 
J’ai grandi auprès de la Mer. 
Grande Mer, oh grande Mer,
Tu es comme ma Maman,
Même si je vais au bout du monde,
Tu seras toujours à mes côtés. »

 

 

Trois petits tours et puis revient (49) Rejoindre une voix connue…

oiseauxépisode49

 

Contribution #34 Petit bonus, j’accueille l’enregistrement que m’a envoyé Mathilde, accompagnée par Camille, depuis Billère : Petit pays, de Gaël Faye. Grand merci.

 

Contribution #35 Et puis autre cadeau, offert par Marius, depuis Salies-de-Béarn : Imagine, de John Lennon. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

oiseauxépisode49

Les mots pour le dire

« J’ai reçu comme un appel venu d’un petit pays tôt ce matin, comme s’il me fallait franchir l’espace qui me sépare du dehors, doucement, et partir rejoindre une voix connue, une voix que tu connais toi aussi, j’en suis sûr. Cette voix singulière est celle de Jacques, un homme qui fut comme un grand-frère et qui me laissait sans voix lorsqu’il parlait aux oiseaux. Lui seul les comprenait et ils le comprenaient. Je l’imagine dans son petit pays et je sais qu’il nous écoute, chaque matin du monde. »

 

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (48) La colère rangée à sa place…

maison

 

Contribution #31 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Yan, depuis Nîmes : Senti figliolu, de Diana Di l’Alba. Ti ringraziu.

 

Contribution #32 Autre bonus, cette chanson postée par Nanette et Vincent, depuis Bénesse-Maremme  : La rose et l’armure, d’Antoine Elie. Un grand merci.

 

Contribution #33 Et puis cette petite mescle poétique envoyée par Olivier, depuis Paris. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

maison

Les mots pour le dire

« Lorsque la casserolade a résonné hier-soir, j’ai senti notre colère s’échapper de la maison, pour rejoindre le concert discret des voisines et des voisins. La sortie de nos confinements se rapproche, et c’est comme si nous lâchions en vrac tout ce que nous avons accumulé comme rage depuis toutes ces semaines : les plus de 25.000 morts, le dénuement sanitaire, les mensonges du gouvernement, sa gestion chaotique de la crise, les Sans Domicile Fixe plus que jamais abandonnés. Ces dernières heures, en lisant Le Monde, j’en ai pris une nouvelle dose de colère en apprenant que la France, depuis  trois ans, a accéléré la destruction de ses stocks de masques et que fin mars, en pleine épidémie, elle continuait à en brûler des millions, alors que la pénurie était criante. Tout ça ajouté au spectacle consternant d’un Président totalement en vrac, en appelant à Robinson Crusoé ! Il y avait hier-soir encore de quoi péter les plombs aux fenêtres. J’ai respiré un bon coup et pour tenter de me calmer, je suis allé retrouver Vincent Lindon, face caméra, chez lui, sur Mediapart.  Tu l’as sans doute vue sa vidéo, tout en maîtrise et implacable. Ensuite, les idées bien en place et la colère rangée à sa place, j’ai savouré comme chaque jour les enregistrements que vous allez découvrir dans un court instant. »

 

 

Trois petits tours et puis revient (47) L’œil pétillant comme avant…

Lucienapiculteur

 

Contribution #29 Petit bonus, voici la chanson que nous offre Jonathan, de Salies-de-Béarn : Baloum Baloum. Grand merci.

 

Contribution #30 Et puis, autre cadeau, j’accueille l’enregistrement que m’a posté Claire, depuis Digne-les-Bains : Mistral gagnant, de Renaud. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

Lucienapiculteur

Les mots pour le dire

« Hier, notre marché de plein air a retrouvé la vie, sous un ciel gris-bleu. Pas vraiment un jeudi-matin de fête, mais un moment plaisant qui évoquait la vie d’avant, ou presque. Sécurité oblige, des barrières partout, une entrée et une sortie dédiées, des masques sur beaucoup de visages, pas plus de tant de personnes à la fois et rien que du commerce alimentaire. Bref, la vie d’aujourd’hui, ou plutôt  la vie de l’Après déjà installée et sans doute pour un moment. Ça m’a bien plu quand même, parce que j’ai retrouvé Lucien l’apiculteur. Plutôt en forme, ses 81 ans pimpants, l’œil pétillant comme avant, les cheveux un peu plus longs, et ses pots de miel alignés bien comme il faut avec les petites étiquettes de prix. Entre bavards, nous avons un peu bavardé et il m’a avoué que ce qui lui avait le plus manqué pendant ces sept semaines hors du temps, ça n’était pas tellement le commerce, non, mais plutôt le contact, il m’a même dit le contac en bon Béarnais qu’il est ! Nous nous sommes dit à la semaine prochaine, et je me languis déjà parce que là, les commerces non alimentaires auront en principe le droit de revenir sur le marché. Hâte de retrouver Jean-Bernard, mon copain bouquiniste. »

 

Trois petits tours et puis revient (46) À plus tard, mais à quand …?

Marilynecran_2e_expo

 

#27 Premier bonus du jour : j’accueille l’enregistrement que m’a envoyé Anne, depuis Paris : River of No Return, de Marilyn Monroe dans le film éponyme.

 

#28 Et puis, second bonus, Chantal, de Salies-de-Béarn, chante La Dernière Séance, d’Eddy Mitchell.

 

(À demain 8h30…)

Marilynecran_2e_expo

Les mots pour le dire

« Tu commences à être habitué à mes fredonnements depuis tous ces jours que nous nous côtoyons dans ce petit feuilleton. Il faut que je te dise qu’en ce moment, je suis très musiques de film. Oui, elles m’accompagnent dès que j’ouvre l’œil, elles m’évoquent des moments heureux, des moments de partage en famille.Tu vas sans doute reconnaître Le vent se lève, de Miyazaki, reconnaître aussi Cinéma Paradiso, et puis la musique du dernier film partagé avec mon fils Marius, La Liste Schindler. Il y a bien sûr beaucoup de mélancolie dans toutes ces mélodies, et si je les fredonne, c’est aussi parce qu’elles rejoignent l’inquiétude que nous partageons tous sans doute à propos de la situation des artistes, des musiciens, des chanteurs, des danseurs, des intermittents du spectacle, la situation des écrivains aussi, qui voient nombre de leurs projets à l’arrêt depuis toutes ces semaines, nombre de leurs concerts annulés, reportés à plus tard, mais à quand ?
Pour tous ces acteurs du monde de la culture, ce sera une année blanche. Ils réclament de l’aide, histoire de ne pas être emportés par le désastre. Ils désirent être entendus concrètement. Alors, je fredonne ces petites musiques belles, un fredonnement de retraité, un fredonnement de solidarité. »

Anne Savelli est écrivaine. Volte-Face est le titre de l’un de ses livres, en attente de publication et « inspiré » par une exposition dédiée à Marilyn Monroe.

Photographie d’illustration : @AnneSavelli

 

Trois petits tours et puis revient (45) Tant de liens profonds…

jesusetmanoli

 

Contribution #26 Petit bonus, j’accueille donc aujourd’hui l’enregistrement que m’ont adressé Jesús et Manoli, depuis Valencia : Canto a la libertad, de José Antonio Labordeta. Muchísimas gracias.

 

(À demain 8h30…)

jesusetmanoli

Les mots pour le dire

« Les cadeaux sonores m’arrivent de partout depuis le début de ce feuilleton : Marseille, Shanghai, Kamaishi, l’Ariège, Paris. Et ça continue : ce matin, alors que nous regardions la Concha de Saint-Sébastien grâce à une webcam, histoire de rêver un peu, un enregistrement m’est parvenu d’Espagne, adressé par nos amis Manoli et Jesús, confinés depuis plus de sept semaines dans leur appartement de Valencia. Vous allez les écouter dans un court instant. Ils nous manquent énormément, ces amis, tout comme nous manquent l’Espagne, les gens d’Espagne, avec qui nous avons tissé et continuons de tisser tant de liens profonds. Là-bas, ils commencent peu à peu à sortir de leur confinement, à mettre le nez dehors, à reprendre les promenades sur la plage. C’est bien organisé, par tranches horaires et tranches d’âge, avec bien sûr toute la prudence et tout le civisme requis. Bientôt, Manoli et Jesús pourront retourner partager une caña à la terrasse d’un café, en attendant que nous puissions les y rejoindre et respirer ensemble l’air de la Méditerranée, presque comme dans la vie d’avant. »

 

Trois petits tours et puis revient (44) Ça m’a un peu chagriné…

Baleines

 

Contribution #25 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Vincent, accompagné à la guitare par son fils Camille, depuis Luz-Saint-Sauveur : La montagne, de Jean Ferrat. Mille fois merci.

ROMEO

***Et puis, un petit cadeau pour Charlotte, qui vient de mettre au monde le petit Roméo, et pour Julien, l’heureux papa. Ils adorent danser, alors, en piste !

(À demain 8h30…)

Baleines

Les mots pour le dire

« Je ne sais pas toi, mais parfois, dans ces journées de confinement, je me pose des questions qui arrivent de je ne sais où. Pas grand-chose à voir avec le scandale du recel des masques par les grandes enseignes ou avec l’absence de budget alloué par nos gouvernants pour soutenir la recherche d’un vaccin contre le COVID-19. Ces questions-là, nous les résoudrons en temps et en heure car nous n’oublierons pas. Non, ce sont des questions assez futiles qui me viennent parfois à l’esprit. Tu vas peut-être me prendre pour un fada mais je te raconte quand même : hier-matin pendant la promenade, je regarde la végétation et j’aperçois une araignée toute fine et toute longue. Elle tisse sa toile tranquille sous les larges feuilles d’un arbuste dont j’ignore le nom, ignare que je suis. J’en viens à ma question : est-ce que les araignées entendent ? Ont-elles une ouie comme les oiseaux ? Sont-elles sensibles aux ondes sonores ? Parce que lorsque je me suis approché d’elle, en douceur bien sûr, tout en délicatesse, elle a fait comme si de rien n’était. Elle m’a ignoré. Ça m’a un peu chagriné. Bon, en rentrant, j’ai tenté d’oublier et je suis tombé sur une info qui m’a beaucoup plu. Les baleines retrouvent un peu la parole depuis que le trafic maritime a diminué. L’océan est plus calme et du coup, avec ce silence tout autour, elles s’expriment davantage, elles communiquent davantage. Saurons-nous nous souvenir de ça aussi dans le temps d’Après, lorsque le virus se sera évanoui et que nos confinements seront derrière nous ? »

Trois petits tours et puis revient (43) Une France en partage…

Depardon

 

Contribution #24 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Gaby, de Nice : Aujourd’hui peut-être, de Fernand Sardou. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

Depardon

Les mots pour le dire

« C’est un beau livre à la couverture toute bleue. Je l’avais feuilleté il y a quelques années à la librairie «l’Odeur du temps» à Marseille, mais je ne l’avais pas acheté. Sans doute, je le confesse, parce que ma ville natale n’y figure pas… «La France de Raymond Depardon» il s’appelle ce livre. Le temps du confinement, les Éditions du Seuil le mettent en lecture libre sur la Toile. Du coup, je  m’y promène depuis quelques jours, je me mets à voyager en France, cette France des sous-préfectures que Raymond Depardon a arpentée au volant de son fourgon Trigano et qu’il a photographiée avec une chambre photographique sur pieds. C’est une France que nous pouvons chacune et chacun raccorder à un souvenir intime, à un moment de vacances, ou à une période de notre vie où ça n’allait pas très fort. Une France qui nous relie aussi à une culture en partage, à une histoire commune : les cafés, les églises, les boutiques, les usines désaffectées, les monuments aux morts, les affiches. Dans sa préface, Raymond Depardon écrit : «j’ai eu envie de revenir au silence de la photographie.» Prenons le temps de l’écouter, ce silence. Il est habité par nos paroles, nos poèmes, nos chants, et par les souvenirs et les voix de nos chers disparus. »

Photo d’illustration @RaymondDepardon

Trois petits tours et puis revient (42) Un rêve étrange…

escargot

 

Contribution #23 Et puis petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Romain depuis Brassac : Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai, de Francis Cabrel. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

escargot

Les mots pour le dire

« J’ai fait un rêve très étrange hier après-midi pendant ma siestounette. Il faut que je te raconte : fenêtre entrouverte, comme à chaque fois qu’il ne pleut pas, et ce bruit de tronçonneuse qui me tire du sommeil, mais pas complètement. Dans ce rêve donc, je sors de ma coquille, au ras du sol je repose, et de là, j’assiste à un spectacle étonnant : les arbres coupés se reconstituent. Oui, oui, les rondins de bois, les bûches, les branchages, tout ça se met à reformer un arbre, des centaines d’arbres, des milliers, oui, oui, toute une forêt qui se redresse, qui reprend sa place, une invasion d’arbres. Ça n’est pas angoissant toute cette vague de végétation, non, non,je respire même mieux soudain. Plus loin dans ce rêve, je fais ma mue, d’escargot je me transforme en oiseau, et je vais me poser sur des branches nouvelles, sur des rameaux tout heureux de ressusciter. C’est en essayant de chanter que je suis vraiment sorti du sommeil. La tronçonneuse s’était tue. »

Trois petits tours et puis revient (41) Mémoire mise à jour…

Muguet

 

Contribution #22 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Alma, depuis Palerme : Ciuri, Ciuri*, chanson populaire de Sicile. Grazie Mille.

 

(À demain 8h30…)

Muguet

Les mots pour le dire

« Entre deux rasades de pluie, hier, un agréable moment de balade et soudain, des corbeaux, plein de corbeaux qui hurlent dans les champs et sur les arbres. Ce ne sont pas trop mes collègues les corbeaux, alors, je leur réponds illico. De retour à la maison,je me suis senti bien ignorant en me promenant sur Twitter. J’ai découvert que le muguet du 1er Mai, notre chère tradition, en fait, c’est à Pétain que nous la devons. Tu le savais peut-être, mais pas moi. Pendant l’Occupation, Pétain imposa le muguet à la place de l’églantine rouge qui fleurissait les boutonnières des travailleurs lors des défilés du 1er mai d’avant. Il ne l’appréciait pas l’églantine, parce que rouge justement, trop révolutionnaire. Ça remet les idées en place ça ! Pétain qui baptise le 1er Mai Fête du Travail, alors que jusqu’alors, c’était la Fête des Travailleurs. Mémoire mise à jour. Plus que jamais active, et ceci vaut pour le futur. Nous n’oublierons pas. Nous n’oublierons rien. »

* Ciuri ciuri di tuttu l’annu / L’amuri ca mi dasti ti lu tornu…

Fleurs, fleurs, fleurs de toute l’année / L’amour que tu m’as donné, je te le rends…

 

Trois petits tours et puis revient (40) Travailleur de toute une vie…

avecPépéetMémé

 

Contribution #21 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a posté Jean-Marc, depuis Marseille : Bella Ciao. Mille fois merci.

 

(À demain 8h30…)

avecPépéetMémé

Les mots pour le dire

« À l’heure de l’angélus hier-soir, j’ai reçu dans ma boite mail un cadeau magnifique, posté par de l’un de mes amis d’enfance, un ami de plus de 50 ans.  Il a dédié sa vie à la musique, à la musique improvisée, vous l’écouterez dans un court instant. Chaque année c’est pareil, le premier jour de mai, je pense à mon grand-père, travailleur de toute une vie, mon pépé ouvrier agricole. Je réentends le merle que j’imaginais l’accompagnant sur le chemin du retour des vignes, des plants de tomates, des sillons à patates, des arbres fruitiers. Me revient l’odeur de sa chemise. Pépé sentait la sueur et la terre et le bois et l’herbe, Il sentait la force de travail louée jour après jour. Le merle, je suis sûr qu’avec Mémé il aimait l’écouter, de mai à avril et d’avril à mai, et même le premier… »

 

Trois petits tours et puis revient (39) Jouer le jeu du circuit court…

circouitcourt

 

Contribution #20 Et puis j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Marion et Renaud, depuis Bordes : Les Champs de Roses, de Danakil. Un grand merci.

 

(À demain 8h30…)

circouitcourt

Les mots pour le dire

« Des petits pois, tu en veux combien ? Un kilo ? D’accord, un kilo de petits pois ! Et toi ? Euh, pas de petits pois, deux bottes de radis et trois kilos de carottes ! C’est noté ! Ça sera tout ? Des fraises, tu veux pas des fraises ? Allez va pour des gariguettes ! Ces derniers temps, notre petite rue a trouvé un moyen de tirer la langue aux longues journées : jouer le circuit court, pour court-circuiter l’interdiction des marchés de plein vent. Je te raconte : depuis 6 semaines, à moins de 15 kilomètres d’ici, Michel le maraîcher confine chez lui entre ses serres et ses cagettes, et jour après jour, il voit sa production faire de l’œil au ciel, désespérément. Du coup, un petit coup de fil, et hop, Chantal organise la collecte des commandes des voisins. Nous avons même assuré la livraison, la semaine passée : du tout frais, du tout bon, sans pesticides, et je te dis pas le goût, mmm… de la régalade ! Jouer en direct le jeu du circuit court, il faudra s’en souvenir durablement, même s’il paraît que début mai, les marchés de plein vent seraient de retour. »

 

Trois petits tours et puis revient (38) Tellement à fleur de peau…

Rose

 

Contribution #19 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Zoé, depuis Nîmes : Il neige, de Voyou. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

Rose

Les mots pour le dire

« L’autre matin, incapable de dire à quelle heure, je sursaute en entendant le passage des éboueurs, et je me demande : quel jour on est ? Lundi, mardi ? Je ne sais pas si ça te le fait à toi aussi, mais depuis six semaines maintenant, c’est fou comme nous perdons la notion du temps. Les heures s’écoulent sur un curieux tempo, comme si nous étions légèrement anesthésiés. Ça n’est sans doute pas pareil pour ceux qui travaillent, ceux qui n’ont pas cessé de travailler et puis aussi pour tous ceux qui depuis le début de cette interminable parenthèse, ressentent une vive incertitude, une profonde angoisse de ne pas parvenir à repartir, à relancer leur activité, à vivre de leur travail comme au temps d’avant. J’ai croisé Fatima la fleuriste hier en allant acheter le pain et les tomates. C’est une artiste des fleurs et une battante, Fatima. Elle est toujours allée de l’avant, elle n’a jamais renoncé. Nous avons bavardé un court instant devant sa boutique désertée par les clients et puis elle m’a dit : – tu sais, le 1er mai approche et personne n’a la tête au muguet, personne. Nous sommes tous tellement à fleur de peau ! »

 

Trois petits tours et puis revient (37) Faudrait pas que ça dure trop longtemps…

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

 

Contribution #18 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Annick, depuis Tence : Il en faut peu pour être heureux. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

Les mots pour le dire

« C’est vraiment pas grand-chose, mais il faut quand même que je te raconte. En allant chercher quelques fruits chez Francis hier-matin, je rêvasse, comme d’habitude, je lambine, lorsque j’entends une voix connue, là, derrière moi : – Éric, Éric ! Je me retourne et j’aperçois, à distance règlementaire bien sûr, j’aperçois Philippe, un copain du temps d’avant. – Ça va ? il me dit – ça va je lui réponds. Je le dévisage un peu et et je lui dis : – toi aussi tu te laisses pousser la barbe ? Il me répond –  oui, oui, depuis le début du confinement, je fous la paix à mon rasoir ! – Tout pareil, je lui réponds. Moi aussi je le laisse tranquille mon rasoir, la barbe, je la laisse pousser. Tu me diras, à part la barbe, y’a pas grand-chose à laisser pousser, hein ! Mis à part le nez, peut-être… Bon, faudrait pas non-plus que ça dure trop longtemps ces histoires de virus et de confinement, nous commençons à devenir gagas ! »

Illustration : Portrait de Hieronymus Holzschuher, d’Albrecht Dürer

 

Trois petits tours et puis revient (36) Le sourire de mon fils…

surlaroute

 

Contribution #17 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Samuel, Noëlle et Marco, depuis Bérenx : On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, de Louis Chédid. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

surlaroute

Les mots pour le dire

« L’autre jour sur la route, en montant chercher mon fils, il y avait en moi un mélange de joie, de tristesse et de colère. La joie de le retrouver bientôt, presque 50 jours après. J’imaginais tous les parents coupés de leurs enfants depuis tout ce temps et sur la route des retrouvailles. C’était doux, c’était bon. Il y avait de la tristesse, oui aussi, en pensant à l’état de manque dans lequel nous plonge la catastrophe que nous traversons, à cette exigence de limitation des contacts, cette impossibilité de nous serrer dans nos bras, cet appauvrissement de notre toucher, cette incertitude sur le futur. Et puis il y avait de la colère, et ça remontait de partout :  les courbes statistiques des décès dus au virus, l’hécatombe dans les EHPAD, les hôpitaux systématiquement paupérisés depuis plus de 30 ans, les violences conjugales en hausse, les policiers en mode open bar qui tabassent les jeunes dans les quartiers populaires, les verbalisations abusives, les actionnaires qui continuent de palper, de toucher leur part, cet empaffé de Donald Trump chantre de l’Eau de Javel, et ces pébrons dans leurs palais et leurs ministères à Paris, qui naviguent à vue et nous promènent depuis le début. Bon, je me suis calmé, et le sourire de mon fils a fait le reste lorsque je l’ai retrouvé et que je l’ai embrassé. »

 

Trois petits tours et puis revient (35) C’était si bon de se taquiner…

 

Contribution #16 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Paule, de Salies-de-Béarn : Le P’tit Quinquin, chanson traditionnelle du Nord. Je suis sûr que Francis appréciera. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Ça va peut-être te sembler idiot, ou déplacé, ou les deux, mais je t’avoue que ça commence à me manquer de regarder le foot à la télé, de me poser devant un bon match avec du beau jeu, des actions de classe, de l’intensité, de la virtuosité, des buts de folie, comme le Liverpool de Mohammed Salah et de Sadio Mané, tiens par exemple ! Oui,ce spectacle-là me manque, je le confesse. Ce que j’ai peut-être encore davantage hâte de retrouver, c’est de pouvoir se chambrer en souriant avec Francis l’épicier, comme au temps d’avant… Lui, il est pour Lille. Normal, c’est un CHTI, Francis. Et moi je suis pour l’OM, évidemment ! Avant – j’allais dire autrefois – qu’est-ce que c’était bon de prendre le temps de bavarder, entre une pesée de légumes et une découpe de fromage. Oui, c’était si bon de se taquiner, d’être gentiment chauvins, de rigoler un bon coup en parlant ballon. Aujourd’hui, dans son alimentation, il faut se tenir à distance, il y a d’autres clients qui attendent dehors, il faut aller vite, tous deux derrière nos masques, lui à sa caisse derrière la petite cloison en plexiglas, nous n’avons plus le temps de nous poser, plus le temps de prendre le temps. Dis-moi, ça te fait ça à toi aussi ?« 

Trois petits tours et puis revient (34) Nous jouions ensemble…

billet33

 

Contribution #15 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Nicolas et Alain, de Salies-de-Béarn : Le chant des sirènes, de Fréro Delavega. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

billet33

Les mots pour le dire

« Au petit matin, j’ai été réveillé par un tic tic tic, ou un tac tac tac discret. Il remontait de la rue, ce tac tac tac, comme une vieille horloge un peu mouillée, avec le roulement de la rivière en toile de fond. Les oiseaux n’étaient pas encore debout. Alors, je me suis rendormi, et dans le rêve qui a suivi, nous jouions ensemble à un jeu de société avec des feuilles  et des stylos. Je crois bien qu’il s’appelait le Petit Bac ce jeu. Je suis sûr que tu t’en souviens toi aussi : tu dis un mot, pays ou ville ou plat ou fleur ou métier, et puis tu choisis une initiale et il faut trouver cinq mots qui commencent par cette lettre. Le chronomètre tourne, tic tic tic, tac tac tac, et c’est le premier qui a trouvé cinq mots qui a gagné, et on repart pour une autre lettre. En me réveillant, j’ai repensé à ce rêve et je me suis dit qu’il faudrait peut-être penser à réviser un peu nos mots, pour la prochaine fois où nous jouerons ensemble. Il nous faudrait réviser les noms de fleurs par exemple, les noms d’oiseaux, les noms d’arbres, les noms de tout ce qui nous tend les bras bien souvent et que la plupart du temps nous négligeons, que nous ne savons pas nommer. »

Trois petits tours et puis revient (33) Trois mois après le temps d’avant…

PHOTOPETITSFILS

 

Contribution #14 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Alexandre, Clément et Raphaël, depuis Shanghai. Mille mercis, les pitchouns.

 

(À demain 8h30…)

petitsfilsfooteux

Les mots pour le dire

« Les jolis cadeaux arrivent du lointain ces temps-ci. Tu te souviens des cerisiers en fleurs japonais, l’autre jour, du chant de Kamaishi, eh bien figure toi qu’hier, mes petits-fils m’ont envoyé depuis Shanghai l’enregistrement de petites chansons, bien joyeuses. Tu vas les écouter dans un court instant. Il faut dire que trois mois après le temps d’avant, leur horizon s’est un peu éclairci : ils ont enfin pu retrouver leurs copains de foot et partager leurs entraînements. Plus de 100 jours après le début de leur confinement. Bon, pour la reprise de l’école et du collège, ça sera à la mi-mai, pas avant… Chez nous, en France, il paraît que le retour en classe est prévu pour le 11 mai. Mmmmouais… Sérieusement, tu y crois, toi, au début du temps d’après, le 11 mai ? »

Trois petits tours et puis revient (29) En pleine floraison…

Kamaishi1

 

Contribution #10 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Toshiko depuis Kamaishi, au Japon : l’air traditionnel Kamaishi Kouta. Merci à elle, du fond du cœur.

 

« Ici on est à Kamaishi, au port de trésor,
Il y a de l’or et de l’argent
C’est un endroit merveilleux
Venez ne serait-ce qu’une fois, venez voir ! »

 

(À demain 8h30…)

image0Photos @ToshikoMiyazaki

« Mon gîte au printemps
Parce qu’il n’y a rien
De rien je ne manque. »

Kobayashi Issa

Les mots pour le dire

« Tu vas être d’accord avec moi, le monde ne nous fait pas de cadeau en ce moment, comme s’il nous disait à tous : vos guirlandes de Noël… vous n’êtes pas près de les ressortir. Et pourtant, ces temps-ci, ma boîte mail m’en offre, des cadeaux. Je reçois de nombreux enregistrements, et ça fait vraiment du bien. Le dernier en date remonte à hier-soir, en provenance du Japon, de Kamaishi. Kamaishi, c’est l’une des villes terriblement meurtries par le tsunami de mars 2011. Cette contribution, vous irez l’écouter dans un instant. Deux photos l’accompagnaient :  des merveilles de cerisiers en pleine floraison. Du coup, je me remets un peu à croire à nouveau à la possibilité d’un Noël, et à la réalisation de l’un de mes rêves les plus grands : grimper un jour jusqu’au sommet du Mont Fuji, la montagne sacrée des Japonais. »

Trois petits tours et puis revient (28) On va finir par y arriver…

Contribution #9 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont adressé Claude et Dany, depuis Salies-de-Béarn : Ça va ça vient, de Vitaa et Slimane. Grand merci à eux.

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Je suis sûr que ça te le fait à toi aussi. Parfois, je me réveille en pleine nuit, le souffle court, et me reviennent des paroles entendues dans la journée, à distance sociale règlementaire. Le libraire d’abord, une fois payée la commande : – oui oui, ça va !, ça va à peu près, on fait face, les lecteurs sont solidaires, on vide un peu les stocks. Ensuite la dame au gros chien noir tout gentil croisée sur le chemin de promenade règlementée. Elle me dit :vous avez entendu les casseroles aux balcons hier-soir ? Ça faisait une belle musique ! Il faut de l’amour et encore de l’amour, faut pas lâcher ! Il y a aussi les mots du voisin, l’autre dimanche : – je retrouve un peu le sommeil. Pendant deux semaines, c’était dur, mais bon, ça va mieux… on va finir par y arriver ! »

 

Trois petits tours et puis revient (27) Un maillot de foot tricolore…

RobertCapaPhoto @RobertCapa

Contribution #8 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a transmis Vincent, depuis Bordeaux : Hasta siempre, de Carlos Puebla. Merci à lui.

(À demain 8h30…)

RobertCapa

Les mots pour le dire

« À la boulangerie l’autre matin, je patiente sagement, je rêvasse comme souvent, je me tiens bien à distance des autres clients, lorsque soudain, je sens sur ma droite que des gâteaux me font de l’œil. Oui, oui, les gâteaux confinés derrière la vitre du présentoir. Ils m’aguichent, les petits. Ils me disent : – tu peux nous sortir de là ? tu veux bien ? Je résiste quelques secondes, oh pas plus longtemps, et lorsque mon tour arrive, je demande à la boulangère de délivrer pour moi un éclair au chocolat et un baba au rhum. En sortant, je croise un client qui porte un maillot de foot tricolore.  Rouge jaune et violet,  les couleurs de la Seconde République Espagnole, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Franco. Au revers de ce maillot, deux mots : NO PASARAN ! Tu l’as déjà vu, toi, ce maillot ? »

Trois petits tours et puis revient (26) De l’autre côté de la rivière…

chouette

 

Contribution #7 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a adressé Dominique, depuis Paris : Milestones, de Miles Davis. Grand merci à lui.

 

(À demain 8h30…)

 

chouette

Les mots pour le dire

« Elle est vraiment coquine la chouette d’en-face la maison. Hier-soir, je suis en train d’écouter du jazz, tranquille dans mon lit, souple, quand je l’entends hululer en douceur de l’autre côté de la rivière. Dès que je m’approche de la fenêtre pour mieux l’entendre, hop, elle se tait ! Nada. Rien que le bruit de l’eau. Je patiente un peu, toujours rien. Alors je me recouche. Et là, hé bien oui, dame chouette se remet à raconter au quartier son début de nuit. Du coup, sur la pointe des pieds, je me relève. Incognito je lance mon enregistreur, et hop, c’est dans la boîte. Tout content, je retourne à mon vieux copain Thelonius Monk. »

 

Trois petits tours et puis revient (25) Alors, je me suis souvenu…

NODREDAMEDEPARIS

Photo @BrunaUccello

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Les mois filent si vite que je ne me rappelais plus cette date… le 15 avril 2019. Notre-Dame de Paris en flamme, le peuple parisien effondré, le chagrin, l’impuissance. Un an après jour pour jour, j’ai reçu d’une amie le son du gros bourdon de la Cathédrale. Il a résonné hier-soir à 20 heures au moment où tant de gens partout dans le monde applaudissent les soignants aux fenêtres et aux balcons. Alors, je me suis souvenu. M’est revenu aussi le souvenir du tout premier voyage à Paris. J’étais minot, avec mes parents, nous étions montés en train, c’était loin, c’était si beau. Je m’étais senti presque comme dans un lieu familier, un lieu joyeux, un endroit unique au monde. Je me souviens très bien de ces journées de printemps, la promenade à Montmartre, le Mur des Fédérés au Père Lachaise, Papa nous avait parlé de la Commune. Ce qui m’a marqué aussi c’est que lorsque nous avions quitté Notre-Dame, les cloches carillonnaient. »

« À Paris », chanson interprétée par Yves Montand sur des paroles de Francis Lemarque

Trois petits tours et puis revient (24) Lorsque le ciel grondait soudain…

orage

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Comme en plein été, sans prévenir, l’orage a surgi sur la ville et a pris ses aises. Gros grains de pluie et tonnerre à cœur joie, comme les après-midis d’août à Bauduen, dans notre Provence de l’enfance, lorsque le ciel grondait soudain et nous sortait de la sieste qui nous tenait à l’abri de la canicule. Pas d’éclair au-dessus des toits. Rien que le rythme jazzy des gouttes sur les vitres et les tuiles. »

 

Trois petits tours et puis revient (21) Une arène immense…

OssauPhoto @FrédéricMarulier

 

Un rêve de la nuit d’avant. Une arène immense et nous tous dedans. Des murs blancs tout autour et du sable clair sous nos pieds. Pas de trace de sang. Pas de taureau. Pas de souffrance. Rien que le son de nos voix étonnées de nous retrouver face à face et de nous parler. De nous sourire et nous embrasser à nouveau après tout ce temps. Sans cette distance qui nous assèche et nous rend infirmes de nos sens. Tout autour de l’arène, la montagne respirait. Il aurait pu y avoir la mer et ses baleines mais dans ce rêve, c’était la montagne et ses immortelles qui nous réunissait.

 

 

Ossau

(À demain 8h30…)

Amor d’Aussau – Quinz Amics

 

Trois petits tours et puis revient (19) Remonter le temps…

 

mimosa

 

 

J’ai beau savoir que Facebook nous espionne, quelle surprise en me connectant, hier-matin ! Papa en photo sur mon mur, sérieux comme un pape, le dos à la mer. Dans ses bras, du mimosa, sa fleur préférée. Remonter le temps. Marseille. L’appartement face à la rade. Il y aura vécu trente-deux ans, après son départ à la retraite. Six ans jour pour jour, cette photo. Postée avec un petit lien pour l’écouter évoquer l’un des souvenirs les plus marquants de sa vie. Son destin d’instituteur de la République. Retrouver sa voix pour la première fois depuis son départ vers le Grand Tout, fin février. Arrêter le temps.

 

 

mimosa

 

(À demain 8h30…)

 

Dis, quand reviendras-tu ? – Barbara

 

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (18) Accepter de lâcher prise…

 

 

Vous aussi j’en suis sûr. En dents de scie, le sommeil. Chaotique. Nuits confinées, nuits agitées. Dormons mal. Cauchemardons. Pire avec la pleine lune. Trois, quatre, cinq fois dans la nuit, se frotter les yeux et regarder l’heure. Trop tôt pour se lever. Tourner virer sous la couette. Bailler. Et puis, allez, debout ! Déjà le jour d’après. Tenter de ne pas trop ruminer ses mauvais rêves. Accepter de lâcher prise, de partir un peu en vrille.

 

 

démonsminuit

(À demain 8h30…)

Les démons de minuit – Imagine

 

 

Trois petits tours et puis revient (16) Nous tenons proches…

 


Pour continuer à prendre patience, précieuse est la compagnie des livres et de la musique. Certains jours, c’est compliqué de se concentrer sur la lecture. Un peu moins de s’adonner à de petites récréations sonores, à des rendez-vous qui nous rassemblent. Depuis que sommes confinés, les Live fleurissent sur les réseaux sociaux, et ça fait du bien. Concerts annulés, tournées reportées, les artistes accusent le coup. Privés de scène, ils restent debout aux côtés des soignants et de nous autres, ils s’installent sur la Toile et ils partagent. D’où que nous les écoutions, nous nous évadons et nous nous tenons proches. Le temps d’un confinement musical, remercions tous ces gens du spectacle qui nous aident à continuer à prendre patience.

 

CAPUCONJOUE Camille chante

(À demain 8h30…)

Le chant des oiseaux – Gautier Capuçon et 28 jeunes violoncellistes

 

What You Gonna Do ? – Ryon

 

 

Trois petits tours et puis revient (15) Depuis son balcon marseillais…

YOLANDEphoto

 

 

Un petit matin en apnée. La guerre mondiale des masques. Le déferlement des courbes statistiques. Les violences aux femmes en hausse. Les vieux triés dans les EHPAD. L’aumône aux sans domicile. Les livreurs à vélo en danger. Les propos racistes sur les ondes. Les phrases assassines des autorités policières. Les dénonciations comme en 40. La fermeture de lits hospitaliers annoncée. Comme un trop plein de nausée. Tenter de l’évacuer un court instant en écoutant Yolande chanter depuis son balcon marseillais.

 

 

 

YOLANDEphoto

 

(À demain 8h30…)

 

La mer – Charles Trénet

 

Trois petits tours et puis revient (14) Ne pas traîner…

salies

 

 

Escapade pour quelques courses. Remplir attestation. Râler dans ma barbe. Prendre chariot à roulettes. Comme les petits vieux. Douceur de l’air dehors. Pour tout le monde. Saluer de loin les gens connus. Hausser les épaules. Plus de poignée de main. Éternuer dans mon coude. Me dire  » à tes souhaits ! « . Se tenir à distance des autres. Se méfier de son prochain comme de soi-même. Colère rentrée. Chez l’épicier, ne pas trainer. Hop hop hop ! Aller droit au but, puis renouer un court instant avec la radio, autrefois si familière, si nécessaire, si légère.

 

 

salies

 

(À demain 8h30…)

 

Pourvu qu’elles soient douces – Mylène Farmer

 

 

Trois petits tours et puis revient (13) Il n’oubliera pas…

frankbalconhotel

 

 

Lire ces mots dans les carnets d’Arnaud Maisetti : «  Il n’y a pas d’horizon dans ces jours d’attente et de répétition, qui entasse rage, dégoût, désespoir et silence : pas d’horizon, seulement l’acharnement à construire du temps qui saura le transpercer et renverser le désespoir et la rage en monde. » Penser à mon ami Frank, en mission dans une raffinerie de Taranto, au sud de l’Italie. Demain dimanche, son horizon s’écrira en lettres plus claires. Il pourra quitter les 20 mètres carrés de la chambre d’hôtel où il est confiné depuis le 21 mars. En retrouvant l’air libre, la rage et le dégoût devant la tragédie vécue par le peuple italien ne l’auront pas quitté, non. Il n’oubliera pas non plus le monde imaginé chaque jour de quarantaine en apercevant la mer depuis sa fenêtre.

 

 

frankbalconhotel

(À demain 8h30…)

Supplique pour être enterré à la plage de Sète – Georges Brassens

Trois petits tours et puis revient (12) Jeunes et frêles d’épaules…

Eric à Gémenos été 60

 

Pour nous échapper quelques instants de notre présent pesant, nous sommes nombreux à revisiter et partager nos photos d’avant, de ce temps d’autrefois qui a filé sans prévenir. Je me rappelle cette époque où nous nous moquions un peu des vieux lorsque nous les entendions murmurer  » c’était le bon temps  » en soupirant. Aujourd’hui, avouons-le, devant ces photos d’antan, nous faisons pareil. Tandis qu’ensemble nous rions aux éclats devant telle coupe de cheveux ou tel accoutrement, sans doute nous moquons-nous aussi un peu de nous mêmes. Avec joie et tendresse. Nous étions jeunes et frêles d’épaules. Si légers. S’étonner d’avoir si peu changé, finalement. Prier pour que revienne un jour ce temps de l’insouciance et de la légèreté.

 

 

Eric à Gémenos été 60

 

(À demain 8h30…)

 

Jésus que ma joie demeure – Jean-Sébastien Bach

Trois petits tours et puis revient (11) Nous rapprocher des proches…

maisonpourmarionnettes

 

 

Je suis sûr que vous faites pareil. Dès le saut du lit, avec Chantal, nous prenons des nouvelles des êtres chers. Qu’ils vivent à deux pas de la maison ou bien un peu plus loin ou bien encore plus loin, très loin même. Sans doute davantage qu’en temps normal, besoin de nous rapprocher des proches et des amis. Ne pas perdre le fil de ce qui continue de nous relier. Même si ce lien s’est dissous parfois au fil des années, il ne s’efface pas. Il continue de nous tenir ensemble. Ce-matin, devant un café au lait, c’est d’un homme qui nous raccorde à nos enfances à toutes et tous qu’ensemble nous nous sommes rapprochés.

 

 

maisonpourmarionnettes

(À demain 8h30…)

 

Aline – Christophe

 

 

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (10) Pape Diouf…

pape

 

Pas les mots ce matin. Rien que les siens.

« On naît, on vit, on part, on est tous de passage. On se succède les uns aux autres. C’est la loi de la nature. Je n’ai pas peur qu’on m’oublie. L’essentiel est que mes enfants et ma famille ne m’oublient pas. »

Pape Diouf, 1951-2020

 

 

pape

Birima  – Youssou N’Dour

 

(À demain 8h30…)

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (9) Dans un motel en plein désert…

ciel3

 

 

Je vais faire mon curieux. Sur l’écran noir de vos journées et de vos nuits blanches, quel film vous projetez-vous ? Lequel s’accorde le mieux à vos pensées, à votre humeur, à votre désir ? La Grande Illusion ou la Grande Vadrouille ? Le Dernier Métro ou Le Dernier Tango à Paris ? La Liste Schindler ou Inglorious Basterds ? Apocalypse Now ou Cinema Paradiso ? Jules et Jim ou Marius et Jeannette ? Hier, j’avais un rendez-vous dans un motel en plein désert…

 

 

ciel3

 

Ô joie, en une seule journée, six de vos contributions sont arrivées dans ma boîte mail ericschulthess@mac.com.

Demain, ici même, je publierai l’une d’entre elles.

(À demain 8h30…)

 

Calling You – Jevetta Steele

 

Trois petits tours et puis revient (8) Ils ont osé…

CHATEAUPAU

 

 

Ils ont osé. Alléluia. Huit jours à peine que je partage ce petit feuilleton sonore et ils ont osé faire fi de tout ce que la timidité nous empêche de faire parfois, de tout ce que la pudeur nous interdit d’exprimer, au point de rester sans voix alors que nous voudrions tant sortir du silence. Joss et Dgégé sont les premiers à me rejoindre et à se lancer dans la ronde. Joliment, en plus. Grand merci à eux deux. Ça fait chaud au cœur de rester debout. Tous ensemble. En lien et en partage.

 

 

CHATEAUPAU

(À demain 8h30…)

 

Un homme debout – Claudio Capéo

Trois petits tours et puis revient (7) Il n’y a pas la mer…

depuismafenetre

 

 

Parfois, le matin, en ouvrant la fenêtre de ma chambre, je me dis que je vais voir la mer en vrai, comme quand j’étais minot depuis notre maison d’Endoume, à Marseille. Et bien non, il n’y a pas la mer. C’est joli dehors mais il n’y a pas la mer. Ça m’attriste un peu. Et puis je me dis que lorsque tu ouvres ta fenêtre toi aussi, tu ne vois ni la mer ni le ciel. Tu n’aperçois même pas un arbre. Ça me fend le cœur de réaliser ça. Je sais aussi qu’il y en a qui ouvrent leur fenêtre le matin, qui voient la mer et qui sont tout aussi tristes.

 

 

depuismafenetre

 

(À demain 8h30…)

 

Par la fenêtre – Moussu T e lei Jovents

 

Trois petits tours et puis revient (6) Entre deux tartines…

PhotoCoquilleMarseille

Je sais, je ne devrais pas surfer pendant le petit-déjeuner. Depuis dix jours, j’explose mes temps d’écran. J’avoue que de bonne heure, je m’introduis dans le tourbillon chaotique des journaux en ligne, des blogs et de Twitter. J’y navigue pour me tenir informé, cueillir des éclats de colère, m’éveiller à l’humour des autres, glaner des éclairs de beauté et de solidarité. Hier-matin, entre deux tartines, je découvre la photo ci-dessus – signée David Coquille, journaliste au quotidien La Marseillaise – d’une banderole géante déposée devant l’Institut Hospitalo-universitaire Méditerranée Infection du Professeur Didier Raoult. La banderole a été fabriquée par les South Winners 87, un groupe de supporters de l’Olympique de Marseille. J’applaudis illico presto et me mets à fredonner.

 

ciel2

 

(À demain 8h30…)

 

Jump – Van Halen

 

Trois petits tours et puis revient (4) Téléporté sur l’Île…

L1094624

 

La neige hier-matin sur la Corse. Un paysage de dessin animé. Sur le continent, n’avons pas eu d’hiver et nous demandons s’il y aura un été, un vrai de vrai, après ce printemps de cauchemar au visage emmasqué. À l’heure de l’angélus, j’ai fermé les yeux, me suis téléporté sur l’Île saupoudrée de flocons pour accompagner les prières…

 

Dio vi salvi Regina – Jean-Paul Poletti et le Chœur d’hommes de Sartène (1999)

 

(À demain 8h30…)

L1094624

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (3) Juché sur mes épaules…

CELLELÀ

 

Réveil d’une petite sieste hier après-midi. Des voix d’enfants m’attirent vers la fenêtre de la chambre laissée ouverte au soleil. Ils jouent au ballon dans leur jardin, de l’autre côté de la rivière qui glisse en silence juste en bas de la maison. À l’air libre au sommet de la vitre, une araignée prend le temps de savourer le printemps. En moi, ni chagrin du matin, ni espoir du soir. Juste le souvenir soudain d’un après-midi de promenade en Haute-Provence, il y a cinq ans. Mon petit-fils Clément est juché sur mes épaules et il chante.

Trois petits tours et puis revient 3

À Shanghai, Clément et ses deux frères – Alexandre et Raphaël – commencent à entrevoir le début de la fin de leur confinement, entamé il y a deux mois. Dimanche, avec Noémie et Dawei, leurs maman et papa, ils sont allés balader dans un parc et ont lancé au ciel leurs cerfs volants. Ils ne savent toujours pas quand ils pourront retrouver leurs copains d’école et de collège pour jouer au foot…

(À demain 8h30…)

L’araignée Gipsy

 

Et pour les Soundcloudistes

 

 

 

 

Deux pépites d’écoute

Respirer
regarder le ciel
retomber en enfance
en se laissant porter
par les contes animaliers
proposés par Phaune Radio
en ai choisi deux
il y en a plein d’autres à déguster

herisson

mesange

Au chevet des survivants de la torture

centreprimolevi

Capitale de la douleur et de la guérison
que pèsent ces pauvres mots surgis dans ma pauvre tête
à l’écoute – grâce au podcast de La Série Documentaire sur France Culture
de cette presque heure d’immersion sonore
profonde et poignante et pudique
au Centre Primo Levi
à Paris

centreprimolevi

 

que pèsent donc mes pauvres mots devant l’absolue souffrance
de ces femmes et de ces hommes
de leurs enfants aussi
torturés
violés
pourchassés
niés
réfugiés dans notre terre d’asile
cette terre de France pourtant si hostile encore
si peu généreuse
si frileuse
si réticente à accorder le droit d’asile
justement
à offrir un nouveau destin
à ces survivants de la torture
si peu désireuse de les accueillir
dans notre communauté d’humains

que pèsent mes pauvres mots
face à ceux prononcés chaque jour avec amour
par l’équipe soignante
que pèsent-ils
face aux paroles accueillies
au silence respecté
aux mains tendues
aux sourires échangés
aux guérisons entrevues

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je me demande aussi
alors que le jour baisse ici
et que s’approche la nuit
sous les arbres libres
je me demande
comment survivre à la torture
comment résister aux tortionnaires
comme elles l’ont fait
comme ils l’ont fait
comme elles et ils le font chaque jour
dans un pays sur deux dans le monde
aurais-je résisté
résisterais-je
pourrais-je survivre
pourrais-je encore parler
pourrais-je encore écrire
pauvre Français que je suis

Photos @ Centre Primo Levi

Pour prolonger, c’est ici

Paresse

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Pas bouger
Écouter la pluie tapoter les tuiles
Paresse.

Keeps on raining – Billie Holiday

Un mécano tendre

Dans moins de deux semaines, Brest. Longueur d’Ondes. Le Festival de la radio et de l’écoute. Je me languis d’y être et de déployer bien larges mes oreilles. Parmi les pépites sonores sélectionnées qui seront diffusées lors des séances d’écoutes du 13 au 16 février, ce moment de grâce, signé Jérôme Bailly.

Mécanique des sons est un lieu dédié aux sons de l’autre bout de la France quand on regarde la carte depuis Marseille. Jérôme Bailly en est le mécano en chef.