Ce printemps qui ne vient pas

Ne pas se fier aux apparences. L’hiver aux trousses, continuons d’avoir. Les aborigènes humiliés. Erri de Luca hospitalisé. Les baleines massacrées. Chez nous, le bleu foncé et le brun en avancée. D’où qu’elles viennent, les nouvelles nous racontent un hiver qui se prolonge. Ces oiseaux et ce piano, ce serait comme pour croiser les doigts. Comme pour nourrir la petite flamme de l’espoir. En récitant ce haiku de Yosa Buson :

Rien d’autre aujourd’hui

que d’aller dans le printemps

rien de plus.

  Le morceau de piano qui accompagne les oiseaux est l’œuvre de la pianiste japonaise Yuki Murata, membre du groupe Anoice.

Les fūrin du matin

Le temple Honmonji. Sud de Tokyo. Dans le vent du matin tintent les fūrin, ces petits carillons au son délicat. À leur battant, il est de coutume d’accrocher un petit morceau de papier sur lequel on a écrit un haiku.

« Les fleurs de cerisiers tombées,

le temple appartient

aux branches. »

Yosa Buson


Les fūrin du matin

Le temple Honmonji. Sud de Tokyo. Dans le vent du matin tintent les fūrin, ces petits carillons au son délicat. À leur battant, il est de coutume d’accrocher un petit morceau de papier sur lequel on a écrit un haiku.

« Les fleurs de cerisiers tombées,

le temple appartient

aux branches. »

Yosa Buson


Une hirondelle en hiver

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-swallow-in-winter

Un son d’hiver. Un nom d’oiseau. Alors que depuis deux jours ici dans le sud s’échappe de la buée de nos bouches lorsque nous parlons, j’ai voulu partager cette évocation poétique d’une hirondelle par Nobuto Suda. Le compositeur japonais nous entraîne en douceur dans le proche basculement vers l’hiver. Les hirondelles, elles, ont déjà pris le chemin de l’Afrique. Pour prolonger cette écoute, découvrir la richesse des oiseaux du Japon sur oiseaux.net et se replonger dans la lecture de haikus de grands maîtres japonais, Issa, Buson, Bashō, ou Sôseki

Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle

Natsume Sôseki (1867-1916)

Hirondelledaprès-Kano-Naonobu-Japanese-1607–1650-et-détail

Hirondelle, d’après Kano Naonobu (1607–1650)

Livres de ma vie / Haiku. Issa #3

Les cerisiers en fleurs. Ils inspirent les poètes japonais depuis des siècles. Leur floraison ne dure que quelques jours. Peut-être est-ce là que réside la source de l’adoration que vouent les Japonais à ces arbres magiques. Issa leur a dédié de nombreux haïkus. En voici quatre. Empreints d’un souffle qui tutoie l’universel.

 

HaikuIssa

 

« Fleurs de cerisier

dans la nuit – de belles femmes

descendant du ciel »

 

« Cerisiers la nuit

une musique du ciel

qu’écoutent les hommes »

 

« Ce monde imparfait

mais pourtant recouvert de

cerisiers en fleurs »

 

« Fleurs de cerisier –

au milieu d’elles se traîne

le genre humain ! »

 

 Copyright @ Editions Verdier

Livres de ma vie / Haiku. Issa #2

Une vie d’errance à observer le monde. Issa ne cessa de contempler la nature. À l’âge de 28 ans, il partit pour un pèlerinage à travers son pays. Crâne rasé et vêtu d’une simple robe. Il marcha pendant 7 ans. Entouré de fleurs, de vent et d’oiseaux.

 

HaikuIssa

 

« Hirondelles du soir

et pour moi un lendemain

sans le moindre but »

 

« Dans les fleurs de thé

ils s’amusent à cache-cache

les petits moineaux ! »

 

« Viens donc avec moi

et amusons-nous un peu

moineau sans parents »

 

Copyright @ Editions Verdier

Livres de ma vie / Haiku. Issa #1

Issa. Quatre lettres pour un nom qui embrasse toute la poésie du monde. L’un des maîtres du haïku il fut. Fils de paysans japonais. Une vie de moine tissée de deuils et de malheur. Un désir quotidien pourtant de dire « le merveilleux sentiment de vacuité d’où surgit l’événement. » Découvert Issa grâce à ma fille aînée qui me parla de la poésie courte venue de Chine. Ancêtre des haïkus. Issa en est l’un des grands maîtres. Il vécut de 1763 à 1827. Comme si c’était hier. Ses haïkus m’accompagnent chaque jour. Tristes souvent. Merveilleux toujours.

 

HaikuIssa

 

« Lorsque l’on vieillit

même la longueur des jours

est source de larmes »

 

« Une grande paix

son regard perce la haie

moine de montagne »

 

« Là puis envolée

la première luciole –

du vent dans ma main »

 

Copyright @ Editions Verdier

Le ruisseau des Sauvasses

Mon ami Jean m’a encore gâté. Quelques jours après son océan de l’Algarve, il m’adresse une carte postale sonore depuis la Vallée de la Blanche, dans les Alpes de Haute-Provence. Grand amateur de promenades en montagne, Jean est tombé sous le charme d’un tout petit ruisseau entre deux champs. La carte a été postée depuis le hameau des Sauvasses sur la commune de Montclar, à 1.400 mètres d’altitude.
Cette carte sonore m’évoque les montagnes où j’ai marché jadis. Elle m’emmène aussi vers celles où je rêve de cheminer un jour, comme ces montagnes du Japon dont les Haïkus racontent de si belle manière le charme et le mystère.
Azalées en fleur,
dans le village de montagne
blancheur du riz cuit
Buson
La Vallée de la Blanche, c’est par ici

Mescle de pluie

Je ne sais pas chez vous, mais ce soir, ici en Béarn il pleut et ça fait du bien, c’est très agréable. Après une journée chaude comme tout, l’obscurité a ramené les nuages de l’océan vers l’intérieur et les gouttes ont entamé leur ballet sur les tuiles des toits. Du coup, j’ai cherché et trouvé du bon son de pluie mêlé à de la musique apaisante. C’est Alexander Plaum, chercheur de sons de nature, qui depuis Saint-Pétersbourg nous envoie cette mescle. Nisk Rain est le titre du morceau.

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Vous connaissez ma passion pour les haïkus. En voici deux, du grand maître japonais Bashô, que lui a inspiré la pluie.

Voyageur                                                             La pluie brumeuse
ainsi m’appellera-t-on –                                    un jour sans voir le mont Fuji –
première bruine                                                 que c’est agréable

Bashô (1644-1694)

 

L’orage de printemps

Un orage éclate soudain au coeur du printemps
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Foudre de printemps –
elle joue dans le ciel
sans descendre sur terre
Fukuda Kineo