
Dos vers le couchant –
combien de fuites encore
jusqu’au noir sans fin
El Messies (extrait) de George Friedrich Haendel, par la Schola Cantorum d’Algemesí, dirigée par Borja Martínez
Dix ans jour pour jour ont passé depuis le 11 mars 2011 et le terrible tsunami qui endeuilla le nord-est du Japon. La ville de Kamaishi pleura près de 900 morts et des milliers de disparus. Deux ans plus tard, en mai 2013, de retour d’un voyage là-bas, j’ai décidé d’écrire En attendant la pluie, un conte dédié à toutes les personnes que j’y ai rencontrées et qui m’ont bouleversé. Ce petit livre publié aux Éditions Parole est bilingue, en français et en japonais. Il mescle deux langues, deux sonorités, deux cultures. En voici les premières phrases, lues par moi même et par Momomi Machida, qui a traduit le livre.
En hommage aux gens de Kamaishi, si dignes et si courageux, j’avais à l’époque avec mes deux jeunes enfants Zoé et Marius, récité et enregistré quelques haïkus des grands maîtres japonais. Leurs voix ont bien changé depuis mais je me souviens de notre émotion commune ce-jour-là.
14 mélodies du Japon – André Navarra
Photos de Kamaishi (mai 2013) @ErisSchulthess
Les gros doigts de Pépé,
parmi les vignes nues
Sa chemise en sueur
L’automne avancé
Quelle vie mène-t-il,
mon voisin ?
Bashō
Cet automne,
pourquoi ai-je vieilli ?
Oiseaux dans les nuages
Bashō
Autumn Leaves – Nat King Cole
Contribution #19 Place aujourd’hui aux photos et au texte adressés par Paule. Gratitude.
Et les jours s’égrainent, inexorablement. Ils passent dans notre vie comme passent les nuages dans le ciel, parfois teintés de rose, parfois de gris. Le temps qui s’écoule nous prive désormais de tous ces voyages improbables, de ces longues promenades sur des grèves oubliées, sur ces sentiers de montagne esseulés, sur ces plages lointaines où les alizés font frémir les grands filaos, sur ces larges avenues où les feuilles des platanes tombent en pluie dorée l’automne venu… Mais, peu à peu reviendra l’espoir de réaliser nos rêves d’évasion et de liberté. Soyons confiants. Le bonheur, il faut le goûter lorsqu’il est là, à portée de notre main, de notre cœur. Intensément, pour que son souvenir vienne adoucir nos jours de grande nostalgie et accrocher un sourire sur nos lèvres…
(À demain, 8h30…)
Muraille de bambous
Remplie d’êtres vivants
Désir de Chine.
L’espérance fragile
En nos jours confinés
La vie d’après ?
La course de chevaux – Lang Lang (piano) et Guao Gan (erhu)
Contribution #8 J’accueille aujourd’hui les photos et les haïkus adressés par Noémie. Grand merci.
Sortie éphémère
Sable, mer et ciel doré
Une éclaircie au loin ?
Ciel lourd et pesant
Réalité déformée
Seul est le phare.
(À demain, 8h30…)
Merci de continuer à m’adresser vos photos et textes : ericschulthess@mac.com
Longtemps que n’avais plus été à l’école m’y suis replongé avec gourmandise ce lundi bonheur de rencontrer les élèves de CM2 de l’École Joseph Reinach à Digne-les-Bains invité pour parler de mon dernier livre dédié à l’enfant du pays Alphonse Richard le premier Dignois tué à la Grande Guerre avons évoqué cette tragédie le deuil de tant et tant de femmes d’enfants de parents dans chaque camp avons chéri ensemble les mots paix amour et liberté puis m’ont beaucoup questionné sur le travail d’écriture l’inspiration le temps qu’il faut pour faire naître un livre le rôle de l’éditeur le désir la passion d’écrire leur ai répondu de mon mieux en rappelant qu’écrire n’est pas réservé aux écrivains leur ai proposé d’écrire eux aussi des petits textes courts comme des haïkus ont choisi quelques mots pour lancer le déclic chocolat pixel girafe ai ajouté lune soleil et saisons comme l’avais fait à la mi-octobre au Lycée français de Shanghai un peu déroutés au départ les petits Dignois puis se sont laissé aller à faire courir leur imagination sur le papier voici leurs pépites
à écouter sans modération
Méline
La nature sature
la sécheresse caresse
la belle campagne
Laurette
La lune s’est levée
le soleil s’est couché
les nuages s’envolent
Julie
L’hiver apparaît
le manteau blanc
recouvre mon joli pré
Chloé
Sous les rayons dorés
les saisons se réchauffent
en dansant
Samuel
Quand l’hiver repart
que les beaux jours reviennent
on dit au-revoir à la haine
Mathéo
La lune brille
elle est ronde
la nuit elle est belle
Mohammed
Dans la savane
il y a des lions et des girafes
et des zèbres
Tigranuhi
La nature se réveille
tous les matins
joliment
Lucas
La lune toute ronde
le soir de Noël
ouvrons tous nos cadeaux
Angel
Le soleil émerveille
se promène
dans le grand ciel bleu
Joyce
L’astronaute va sur la lune
et voit
un nuage en chocolat
Talina
D’un petit arc en ciel
voilà la licorne
qui tombe flagada
Nolan
Je suis une saucisse
qui aime
manger des frites
Loris
Je suis un mojito
qui aime boire
plein de chocolat chaud
Chady
Dans la nature blanche
le renard mange
du chocolat blanc
Lorenzo
Le soleil est dans l’espace
et ses rayons
réchauffent la terre
Armel
À la nuit des temps
deux loups-garous
réunis pour la nuit
Djelana
Le sapin est vert
la neige est blanche
et Noël est magnifique
Lynh
La nuit elles apparaissent
elles brillent dans le ciel
les étoiles
Mille fois merci à Claire Bésinet la directrice de l’école et à Clémentine Perdreau la maîtresse de la classe de CM2 pour leur accueil bienveillant et chaleureux.
Toujours à portée de ciel
de doigts et de voix
les haïkus de Issa
Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais
Sois donc rassuré
les fleurs aussi qui voltigent
prennent ce chemin
Par la rosée blanche
le chemin du paradis
peut être perçu
Une bise fraîche
ondoyant et tournoyant
est enfin venue
Premier vendredi du mois rime parfois pour moi avec VaseCommunicant. À l’initiative de François Bon et de Jérôme Denis, qui le désire se choisit un(e) partenaire et chacun(e) publie sur le blog (ou le site) de l’autre. Ce mois-ci, c’est avec Marie-Noëlle Bertrand * que j’échange. Elle a écrit 8 haikus, à découvrir sur carnet.sonsdechaquejour.com. Mon poème a trouvé place sur son blog la dilettante. Voici la lecture à voix haute de ce VaseCo inspiré par 4 mots : En attendant le printemps.
Marie-Noëlle Bertrand est aussi sur Twitter @eclectante
De l’eau à profusion. Jaillissement brut sur les pierres. Les oiseaux n’osent approcher. La neige décore encore les branches. Guetter la délivrance. Patienter en relisant les haikus des grands maîtres.
« Dans la vieille mare
a coulé une sandale
tombe la neige fondue. »
Buson
« Si tienne est la neige
tu penses, légère elle sera
sur ton chapeau. »
Kikaku