Un petit Prrri réussi

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On a souvent besoin d’un plus petit que soi… La tête vers le ciel, je me délecte toujours du ballet furtif des hirondelles. Il me remplit de joie. Surtout en ce moment. Elles sont plus nombreuses que les années passées. Vestige provisoire du temps du confinement ? Les enregistrer, ces demoiselles, pas compliqué. J’aimerais n’entendre qu’elles mais pas trop le choix. J’ai pris mon parti de capter aussi les divers sons de ma rue. Les travaux, la circulation, les passants, les autres oiseaux. Réécouter ensuite et repérer leurs fugaces Prrri Prrri Priii. Les photographier, c’est plus difficile. Hier, j’ai installé mon poste de guet sous une fenêtre et attendu l’instant, le cou un peu crispé à force. Failli me faire un torticolis. Désirais saisir la petite seconde de l’hirondelle. Son surgissement contre le nid lorsqu’elle déboule du haut du ciel pour nourrir ses jeunes. D’abord, je n’ai pas réagi assez vite. Hop, hop. Prrri Prrri Prrri. Présente au monde plus vite que son ombre la pitchounette. En à peine une seconde, la voilà qui était repartie. Prrri Prrii Prrri. Je déclenchais. En rafales. Mais sur les photos, rien de plus que la fenêtre, la corniche aux nids de boue brune et le ciel. Le temps de me moquer de mes réflexes très élastiques, je me suis souvenu que patience et longueur de temps… Quelques bonnes poignées de minutes plus tard, clic clac, j’avais réussi mon petit Prrri.

 

Allegro du Concerto pour 2 violoncelles en sol mineur RV. 531 d’Antonio Vivaldi, par Ophélie Gaillard et l’Orchestre Pulcinella

Aux premières loges

auxpremieresloges

Dresser l’oreille
juste avant les éclairs
dans la moiteur de l’air
ma rue est un concert
piano, violon et hirondelles

encore quelques mesures
et le tonnerre approche
la féerie du matin
s’enfuit le long des murs
je reviendrai demain

 

Hirondelles des matins clairs

hirondelles

Jamais ne vous arrêtez
joyeuses hirondelles
le tournis toujours me donnez
à tire d’ailes

j’entends là-haut vos tout petits
les becs offerts
criez criez donc les chéris
un jour aussi fendrez l’air

prisonnier de la pesanteur
je vous envie
jamais ne vivrai le bonheur
de frôler vos nids

hirondelles des matins clairs
jamais ne cessez de voler
que monte vers vous ma prière
pour l’éternité

Ma belle

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Lorsque se taisent les hirondelles
lorsque le merle se rend
lorsque frissonnent les roses
lorsque les murs tiédissent
j’espère un signe
juste un seul
alors
à demi nue
tu réapparais
je te salue
et file retrouver ma belle

Premières

2016-04-28 20.10.22

Soudain au-dessus des tilleuls
tout là-haut
les premières hirondelles
envolées à tire d’ailes

Bientôt près du cimetière
tout en bas
les premières lucioles
tournées vers les nuits d’été

Demain vers ne sais quelle heure
autour de nous
les premières prières
lancées vers les cieux et les dieux

Une hirondelle en hiver

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-swallow-in-winter

Un son d’hiver. Un nom d’oiseau. Alors que depuis deux jours ici dans le sud s’échappe de la buée de nos bouches lorsque nous parlons, j’ai voulu partager cette évocation poétique d’une hirondelle par Nobuto Suda. Le compositeur japonais nous entraîne en douceur dans le proche basculement vers l’hiver. Les hirondelles, elles, ont déjà pris le chemin de l’Afrique. Pour prolonger cette écoute, découvrir la richesse des oiseaux du Japon sur oiseaux.net et se replonger dans la lecture de haikus de grands maîtres japonais, Issa, Buson, Bashō, ou Sôseki

Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle

Natsume Sôseki (1867-1916)

Hirondelledaprès-Kano-Naonobu-Japanese-1607–1650-et-détail

Hirondelle, d’après Kano Naonobu (1607–1650)

La fontaine, les hirondelles du soir et la marche dans la colline de Bauduen

À l’entrée du village, avant-hier soir, le ballet des hirondelles au-dessus des toits et entre les façades. À l’écart, la vieille fontaine poursuit son chant. Rarement tari. S’y abreuver et puis projeter de monter le lendemain vers la colline par Saint-Sauveur. C’était la promenade préférée de ma grand-mère Zoé. Toujours à l’abri du mistral.

Une balade, donc hier.  Sous le soleil revenu. Le piano de Philippe Glass en tête, suivre le chemin qui mène au plateau tout là-haut sous les nuages chantilly. Chênes, cailloux et fleurs bleues dont j’ignore le nom. Et ce parfum de collline que nulle photo ne sait rendre. Il n’a pas varié depuis l’enfance. Une mescle de thym et de buis.

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Et soudain, le lac de Sainte-Croix. Les Alpes de Haute-Provence, au loin. Moustiers Sainte-Marie au-delà des cimes

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En redescendant vers le village, terrasses et murettes construites au temps des cultivateurs et des muletiers

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Retrouver le village au bout d’une heure et quart de balade et constater que les jardiniers bauduennois ont préparé la terre. Les semailles ne sauraient tarder.

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