Que Noël vienne pour les migrants

mig2

Migrants présents ici dans ces pages ces enfants et ces grands
ces gestes ces solidarités qui sauvent malgré la loi qui scandaleusement punit
ces voix qui ne se taisent pas pour dire nos peurs notre effroi parfois
pour clamer notre exigence d’humanité et notre honte souvent
migrants par la mer par les montagnes
nos sœurs nos frères en danger migrants accueillis chassés reconduits renvoyés
migrants salués par les mots d’Anna Jouy
dans ce texte publié chez les Cosaques des frontières de Jan Doets
en ce jour de Noël
envie de le lire à voix haute
et de partager

Mots sous l’aube le blog d’Anna Jouy

Les Cosaques des Frontières le site de Jan Doets

Photo de ci-haut @@StefanodeLuigi

Callelongue dans la présence d’Izzo

Callelongue2

Chaque fois que mes pas me mènent ici en ce bout du monde marseillais je sais je sens que Jean-Claude Izzo m’accompagne pareil hier sous les embruns et les bourrasques de ce vent d’est furieux Callelongue et ses cabanons trempés sa roche blanche indondée teintée de beige par la pluie son sémaphore tendu vers le ciel gorgé de gris face aux îles Maïre et Tiboulen de Maïre secouées de vagues et d’écume Jean-Claude Izzo tremble à mes côtés devant ce Marseille grandiose terrible et cette Méditerranée où tant d’humains de migrants de marins continuent de se perdre

Je me souviens qu’il y a plus de deux ans et demi je m’étais installé au rond-point de Callelongue pour lire à voix haute un texte de Jean-Claude Izzo

Mon billet de blog du 1er avril 2015 c’est par ici.

 

Retomber en jeunesse avec Erri de Luca

Erri de Luca

Avais quitté Erri de Luca à Paris
après son passage sur la scène de la Maison de la Poésie
ses mots si puissants pour évoquer son Naples natal
et la tragédie de la Méditerranée transformée en cimetière pour migrants

l’avais remercié pour ses écrits et ses combats en lui offrant mon Marseille rouge sangs
avions posé ensemble devant le regard affectueux du photographe Hervé Boutet
puis chacun avait repris sa route

Erri de Luca

lui en partance vers le bateau de SOS Méditerranée
moi de retour parmi les miens
les yeux tournés vers ses merveilles de textes
en ce printemps qui laisse monter
dans l’air
chaque jour
le parfum d’un espoir possible
l’amorce d’un changement chez nous
un rêve éveillé de vraie rupture avec le règne du fric tous azimuts
un changement profond qui pourrait nous permettre
de parler à nouveau d’amour de partage de justice de paix de poésie
puis scintiller et rejaillir sur le monde

ce printemps de l’amour retrouvé
Erri l’évoque aussi
dans l’un des trente-sept textes
de son livre Le plus et le moins

Un poids délicieux
ou le souvenir vivace
universel ?
du tout premier baiser

[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/317002194″ params= »color=ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false » width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]

Photos de ci-haut @ Hervé Boutet

La Nuit 65 de Joachim Séné

IMG_1463

J’ai reçu un très joli cadeau
avais commandé une surprise à Joachim Séné
séduit par sa formule magique de Nuit à la demande
hier-matin, la Nuit 65 m’attendait dans la boîte aux lettres
écrite à la main rien que pour moi
enveloppée d’un carton bordeaux
accompagnée d’une photo prise un matin de septembre 2015
au métro Gabriel Péri, ligne 13

cette Nuit 65, l’auteur la publia le 27 septembre 2015 sur son site
n’ai pas résisté au désir de la lire à voix haute
pour prolonger la découverte et tenter d’approcher de près la musique de ses mots

Lire Jean-Claude Izzo au rond-point de Callellongue

J’ai franchi le pas. Impressionné et séduit depuis des mois par le projet que mène François Bon en partenariat avec le Pôle des arts urbains Saint-Pierre des Corps, le tour de Tours en 80 ronds-points. Alors, j’ai décidé de me lancer, de tenter le coup, et d’aller lire à voix haute – un jour peut-être crierai-je moi aussi – de la littérature. J’ai choisi Jean-Claude Izzo, un extrait de Marseille, la lumière et la mer, et me suis installé au rond-point de Callelongue.

Izzo parce que l’auteur des Marins perdus et du Soleil des mourants – je n’oublie pas Total Khéops et la suite – a écrit tant de beaux textes sur Marseille. Izzo car c’est lui qui m’encouragea à ne rien lâcher et à continuer à écrire, alors que mes nouvelles essuyaient refus après refus d’éditeurs parisiens.

Callelongue parce qu’avec L’Estaque, c’est le quartier d’une extrémité de ma ville. Ouvert sur la possibilité de s’en aller,  de voyager, d’imaginer d’autres vies possibles, d’autres destins. Ce rond-point de Callelongue est l’ultime rond-point marseillais avant le chemin des calanques. Une impasse à l’extrême sud-est de la cité. Le décor est minimaliste : quelques cabanons dans le fond du port, un bar restaurant, un parking, le terminus de la ligne 20 du bus et une fontaine pour les marcheurs. Chaque fois que j’y viens pour promener entre mer et roches blanches, me revient en mémoire la voix de Izzo. Posée. Chaleureuse. Timide. Tout comme le quartier du Panier ou le marché des Capucins, au coeur de Marseille, cet endroit est intimement lié à l’écrivain. Izzo adorait s’y perdre, en toute saison. Cet ailleurs dans Marseille lui rappelait la Grèce fondatrice. Il y côtoyait les gens de peu. Pêcheurs, marcheurs, cabannoniers, anonymes happés par la magie de l’endroit. C’est peut-être ici qu’Izzo écrivit Marseille, la lumière et la mer, qui figure dans l’anthologie Méditerranées qu’il publia avec Michel Le Bris en janvier 1999, quelques semaines avant sa mort. Douze autres écrivains y sont associés, dont Erri de Luca, Amin Maalouf, Jacques Lacarrière et Assia Djebar.

Située à l’entrée du Parc national des calanques, Callelongue est posée tout au bout de la route du bord de mer, après le village des Goudes. Pour y accéder, il faut traverser le quartier de la Pointe-Rouge, qui nous renvoie à un passé industriel aujourd’hui mort et enterré. À partir de la fin du XVIIIème siècle, ce quartier abrita des usines : traitement de la soude, traitement du plomb, puis raffinage du soufre. La soude permettait d’alimenter les multiples verreries et savonneries marseillaises. Nettoyé de ses impuretés, le soufre était destiné aux moulins à poudre marseillais et aux industriels de textiles pour le blanchiment de la laine ou de la soie. Une partie de leur production était également exportée vers l’Orient. D’où l’intérêt d’une implantation en bord de mer. Aujourd’hui, les collines de Callelongue et des Goudes gardent quelques traces encore visibles de ces usines, entre autres des cheminées rampantes, condensateurs destinés au filtrage des vapeurs d’acide chlorhydrique.

Ce que le rond-point voit de Marseille

Callelongue1 Callelongue2 Callelongue3 Callelongue4 Callelongue5

autour du rond-point

Callelongue6 CAllelongue7

le rond-point vu de l’extérieur

Callelongue8 Callelongue9 Callelongue10 Callelongue11 Callelongue12 Callelongue13

Google Earth 43 ° 12’45.63 N – 5°21’12.18 E

callelonguegoogleearth

 

 

Le poids du papillon, éprouvé par Erri de Luca

Tout comme Montedidio, j’ai dévoré Le poids du papillon, le conte poétique d’Erri de Luca. Ne suis pas chasseur. Ne suis pas alpiniste. N’empêche, j’ai été bouleversé par ce texte où résonne l’amour de l’écrivain napolitain pour la montagne, ainsi que toute l’admiration qu’il voue au dépassement de soi dont font preuve parfois les humains. Cet extrait raconte la fin de l’histoire de ce roi des chamois et de ce chasseur vieillissant. Une rencontre sur les rivages escarpés de la mort. Je l’ai choisi pour sa beauté, sa poésie et pour ce qu’il dit de la finitude. Celles des rois comme celle des héros.

Les mains offertes à Cécile Portier

La photo avant le texte. Ces mains m’ont attiré d’abord car tatouées. Les tatouages accompagnent ma vie depuis des années. Le texte m’a séduit car il évoque une rencontre fugace et profonde à la fois. L’un de ces rencontres qu’il faut avoir l’audace de provoquer, pour convoquer ce qu’il y a d’humain en nous. Pour se raconter des histoires. Porter notre regard sur l’autre dans toute sa singularité, toute sa différence. Ces mains offertes à Cécile Portier m’évoquent ces moments de grâce où en pleine ville, l’on arrête une passante pour lui dire que vous êtes belle ! Avant de s’en retourner à ses pas, chacun de son côté. Ne jamais s’interdire ces secondes où les mots énoncés à voix haute rendent la vie un peu plus douce. Un peu plus partagée. Cécile Portier tient un blog d’écriture, Petite Racine, fait pour écrire. à mains nues en est l’une des facettes. D’autres histoires de mains nous y attendent. Sur une autre page – La tête que ça nous fait – allez lire le très beau texte qu’elle écrivit après l’attentat contre Charlie Hebdo, intitulé Résister.

François Bon, l’homme qui parle littérature aux ronds-points

La littérature se crie dans les ronds-points, c’est l’aventure singulière menée depuis la mi-septembre par François Bon, parallèlement à son tour de Tours en 80 ronds-points. Inédit voyage sur, dans, autour, depuis les ronds-points de cette ville à laquelle François Bon consacrait en 2006 une série Tours capitale des ronds-points d’art. Passionnante aventure parce que s’y mêlent entre autres littérature, urbanisme, politique, mémoire et performance d’acteur. La philosophie et le protocole de ce projet ronds-points sont exposés ici.

Je ne connais pas Tours. J’ignore sa géographie, son histoire, je n’ai jamais lu que la moitié des auteurs criés, joués, vécus par François Bon. Et encore. N’empêche, je suis captivé par la visite inédite qu’il en propose et par la découverte des autres. Fasciné par ce périple puissant et amoureux de celui qui sur son tierslivre sait m’emmener auprès d’Edgar Poe, de Rabelais et de Rimbaud. La littérature est partout chez elle. Jusqu’au ras du bitume. Elle éclaire. Elle se vit avec le corps. François Bon lui donne aussi une voix qui enchante le tumulte du monde.

Transoxiane, un roman fada

Fada. Fou en langage marseillais. Fada, proche de Dada, ce mouvement artistique et littéraire du début du XXème siècle dont j’aime tant l’esprit provocateur, mutin, extravagant et engagé. Transoxiane est une oeuvre numérique signée Guillaume Vissac et publiée il y a quelques jours par les Editions Walrus. Transoxiane est un roman fada dans le sens où il déroute le lecteur, l’envoie sur des pistes qui semblent n’avoir aucun lien, le plonge dans un univers à la fois bien réel et totalement surréaliste. Transoxiane – ici, la lecture des premières pages qui m’ont invité à suivre le chemin de Misère Balkaï – est une fiction poétique aux mots teintés de colère, de fièvre et parfois de désespoir comme d’absurde. J’en apprécie la couleur et je reste souvent le souffle coupé en avançant dans l’histoire. Bref, un vrai plaisir de lecture, à prolonger sur le blog de Guillaume Vissac, tout aussi fada je trouve : fuir est une pulsion.

Angèle Casanova raconte « Le fils du guerrier » et « Jazz qui souffle »

https://soundcloud.com/vases-communicants/le-fils-du-guerrier-par-eric-schulthess-lu-par-angele-casanova

Le fils du guerrier est un texte publié sur le blog d’Olivier Savignat, avec qui j’ai partagé le VaseCommuniquant du mois de novembre vendredi dernier. C’est l’histoire que m’a inspirée cette photo par lui adressée.

PHOTOolivierpourVaseCo

J’aime la lecture qu’en fait Angèle Casanova, qui oeuvre désormais pour animer cette aventure d’écriture sur le blog d’un autre, initiée par François Bon et Jérôme Denis. Sur son blog Gadins et bouts de ficelle, Angèle propose – associée à Olivier Savignat – une lecture à voix haute des textes de tous les auteurs qui ont participé à ces VasesCommuniquants. Parmi les récits, j’ai été particulièrement séduit par Jazz qui souffle, un texte de Dominique Hasselmann, qui nous donne chaque jour rendez-vous sur son blog Métronomiques.

https://soundcloud.com/vases-communicants/jazz-qui-souffle-par-dominique-hasselmann-lu-par-angele-casanova